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Noesam@Voila.fr

  • : sionazisme
  • : Tout Juif qui se respecte, religieux ou séculier, ne peut plus garder le silence, voir pire, soutenir le régime sioniste, et ses crimes de génocide perpétrés contre le peuple palestinien...La secte sioniste est à l’opposé du Judaïsme. .................... Mensonge, désinformation, agression, violence et désobéissance de la loi internationale sont aujourd’hui les principales caractéristiques du sionisme israélien en Palestine.
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Israèl est contre TORAH

*"Les sionistes me dégoûtent autant que les nazis."
(Victor Klemperer, philologue allemand d'origine juive, 1881-1960)

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L’initiative sioniste de proclamer l’État d’Israël constitue une révolte contre la volonté divine, contre la Torah, une révolte qui a engendré une vague interminable de violence et de souffrance. À l’occasion de la fondation de l’État hérétique, les juifs fidèles à la Torah pleurent cette tentative d’extirper les enseignements de la Torah, de transformer les juifs en une « nation laïque » et de réduire le judaïsme au nationalisme.......Nous déplorons les tragédies que la révolution sioniste a provoquées chez les Palestiniens, notamment des déportations, l’oppression et la subjugation..Que nous méritions que cette année toutes les nations, en acceptant la souverainet

é divine, puissent se réjouir dans une Palestine libre et dans une Jérusalem libre! Amen. Offert par Netouré Karta International : www.nkusa.orglink

                                               


   

 


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FATHER OF SIONAZISJACOB HITLER

La prétendue ascendance juive d'Hitler: Une "explication" par la haine de soi
Une publication parue cette semaine a attiré mon attention. Il s’agit ni plus ni moins de la généalogie d’Adolf Hitler qui aurait des ascendants juifs !! Dans son article, Gilles Bonafi présente une fiche des Renseignements généraux que le magazine Sciences et Avenir a publié en mars 2009, et où on peut clairement lire le deuxième prénom d’Hitler : Jacob. Adolf Jacob Hitler serait le petit-fils de Salomon Mayer Rothschild. Cette information a été divulguée par deux sources de très haut niveau : Hansjurgen Koehler officier d’Heydrich, qui était lui-même l’adjoint direct d’Heinrich Himmler et Walter Langer le psychiatre qui a réalisé le profil psychologique d’Hitler pour l’OSS, les services secrets US pendant la Seconde Guerre mondiale.
SOURCE ;alterinfo

Archives

10 janvier 2009 6 10 /01 /janvier /2009 16:55
Les 20 dates-clefs du conflit israélo-palestinien
publié le lundi 15 janvier 2007

Dominique Vidal
 

2 novembre 1917 : La déclaration Balfour

29 novembre 1947 : Le plan de partage de l’ONU

14 mai 1948 : La déclaration d’indépendance d’Israël

30 mai 1964 : La création de l’OLP

juin 1967 : Israël occupe la Cisjordanie et la bande de Gaza

16 septembre 1970 : « Septembre noir »

13 avril 1975 : Le début de la guerre civile libanaise

17 mai 1977 : La victoire du Likoud en Israël

17 septembre 1978 : Les accords de Camp David

6 juin 1982 : L’invasion du Liban par Israël

7 décembre 1987 : Le déclenchement de l’Intifada

30 octobre 1991 : La Conférence de Madrid

13 septembre 1993 : L’accord d’Oslo

4 novembre 1995 : L’assassinat d’Itzhak Rabin

25 juillet 2000 : L’échec de Camp David

11 septembre 2001 : "Notre Ben Laden c’est Arafat

29 mars 2002 : L’opération "Rempart"

14 août 2005 : Le visage unilatéral d’Ariel Sharon

25 janvier 2006 : Le Hamas au pouvoir

12 juillet 2006 : Guerre du Liban

Conclusion

Voir aussi ces documents sur notre site

2 novembre 1917 : La déclaration Balfour

Un an après avoir publié son livre L’État des juifs, fondement du sio- nisme politique, Theodor Herzl avait réuni, en 1897, le premier Congrès sioniste à Bâle, afin d’« obtenir pour le peuple juif en Palestine un foyer reconnu publiquement et garanti juridiquement ». Puis il chercha durant toute sa vie à obtenir des appuis internationaux. Il rencontra le sultan turc, les ministres du tsar, le kaiser allemand, mais sa préférence allait d’emblée à la Grande-Bretagne. Il déclara en 1904 : « Avec l’Angleterre en guise de point de départ, nous pouvons être assurés que l’idée sioniste s’élancera plus avant et plus haut que jamais auparavant. »

Si Theodor Herzl meurt en 1907 sans avoir obtenu le soutien public britannique qu’il espérait, son successeur Haïm Weizmann réussit dix ans plus tard, le 2 avril 1917 : le secrétaire au Foreign Office, Lord Arthur James Balfour, déclare que le gouvernement de Sa Majesté « envisage favorablement l’établissement en Palestine d’un Foyer national pour le peuple juif et emploiera tous ses efforts pour faciliter la réalisation de cet objectif, étant clairement entendu que rien ne sera fait qui puisse porter atteinte aux droits civils et religieux des collectivités non-juives existant en Palestine, ou aux droits et statut politiques dont les Juifs jouissent dans tout autre pays ».

Cette « déclaration Balfour » contredit les autres engagements que la Grande-Bretagne avait déjà pris à l’époque. D’abord la promesse faite en 1916 au chérif Hussein, comme à Ibn Saoud, en échange de leur participation à la guerre contre les Turcs, de« reconnaître et soutenir l’indépendance des Arabes ». Ensuite, les accords Sykes-Picot passés la même année avec les Français, qui partagent entre les deux pays le grand royaume soi-disant destiné aux Arabes et qui internationalisent la Palestine, sans y prévoir d’ailleurs de Foyer national juif. Arthur Koestler a résumé d’une très belle formule cette opération : « Une nation a solennellement promis à une seconde le territoire d’une troisième. »

Londres compte effectivement, à l’époque, sur le mouvement sioniste dans l’immédiat pour renforcer le camp allié dans la guerre contre l’Allemagne qui s’éternise, mais surtout pour s’assurer, après guerre, une mainmise sur le Proche-Orient. De fait la Palestine, théoriquement internationalisée par les accords Sykes-Picot, devient en 1920 un mandat britannique. Elle représente, en effet, le carrefour stratégique de toutes les routes de l’Orient et notamment la protection directe du canal de Suez.

Les espoirs sionistes ne vont donc pas être déçus. Les hauts-commissaires britanniques successifs en Palestine vont couvrir la création d’un embryon d’État juif. Entre 1917 et 1948, les Juifs passent de 10 % à 30 % de la population de la Palestine, la superficie agricole qu’ils cultivent est multipliée par trois, le nombre de leurs colonies par dix, et leur indice de production industrielle par cinquante. L’arrivée d’Hitler au pouvoir en Allemagne renforce considérablement l’afflux d’immigrants et de capitaux juifs en Palestine. L’Organisation sioniste signe d’ailleurs avec les autorités nazies, dès 1933, l’accord dit Haavara qui permet et facilite cette immigration d’hommes et de capitaux.

Mais si le calcul est bon du côté sioniste, il l’est beaucoup moins du côté britannique. Londres a sous-estimé la résistance des Arabes. Le mécontentement contre la trahison par les Britanniques de leurs promesses, déjà vif en 1917, grandit durant l’entre-deux guerres au fur et à mesure de la construction du Foyer national juif, en violation de la clause du Mandat qui protège les population non-juives, majoritaires...

D’où des révoltes de plus en plus massives et de plus en plus violentes, suivies chaque fois d’une commission d’enquête et de livres blancs d’une Grande-Bretagne soucieuse de ne pas miner son pouvoir en Palestine et donc au Moyen-Orient en général. Des premiers heurts graves ont lieu en mai 1921, suivis d’un premier Livre blanc en 1922. Les incidents plus graves de 1929 sont suivis d’un nouveau Livre blanc en 1930. En 1936 éclate une véritable grève insurrectionnelle palestinienne, qui dure près de trois ans. Après l’avoir réprimée sauvagement avec l’aide des milices juives, Londres tente de tirer les leçons politiques de ce qui s’est passé.

Le coup d’essai rate : la commission conduite par Lord Peel - qui propose, en 1937 déjà, le partage de la Palestine, mais aussi un « transfert » des populations arabes vivant dans la partie allouée au futur État juif - se heurte au refus de toutes les parties prenantes, aussi bien juives que palestiniennes. En fait le Livre blanc du 17 mai 1939 pour enregistrer un véritable tournant de la politique britannique. Il prévoit, lui, des mesures draconiennes :

-  limitation de l’immigration juive à 75 000 personnes pendant cinq ans, après quoi toute immigration suivante sera soumise au consen- tement arabe ;
-  interdiction de l’achat de terres par le mouvement sioniste dans l’essentiel du pays et réduction drastique ailleurs ;

Bref, la Palestine, vouée à l’indépendance dans les dix ans, serait certaine de rester majoritairement arabe. Pourquoi ce retournement britannique ? L’intérêt supérieur du Royaume-Uni est en jeu : le conflit entre Juifs et Arabes en Palestine atteint une telle acuité que les dirigeants des pays arabes voisins menacent Londres de renverser leurs alliances, c’est-à-dire de répondre aux avances de l’Allemagne nazie. Cette pression est d’au- tant plus efficace que Londres, comme Paris, s’inquiète de la montée en puissance de l’Allemagne hitlérienne, très active dans la région. D’où une rupture durable entre Londres et le mouvement sioniste. Le Livre blanc s’appliquera jusqu’au retrait britannique, le 14 mai 1948. Et l’al- lié d’hier - le mouvement sioniste - ira jusqu’à l’action terroriste pour forcer Londres à abandonner dans un premier temps cette politique, puis dans un second temps son Mandat lui-même sur la Palestine.

29 NOVEMBRE 1947 : Le plan de partage de l’ONU

La Seconde Guerre mondiale marque un véritable tournant dans le conflit israélo-palestinien. Jusque-là, l’idée sioniste restait minoritaire, y compris parmi les juifs largement intégrés dans les différents pays où ils vivaient, en particulier en Europe. Le génocide change tout :

-  concrètement, des centaines de milliers de juifs survivants du génocide ne peuvent pas ou ne veulent pas rentrer dans leur pays d’origine et se voient refuser toute immigration souhaitée vers les États-Unis. Le mouvement sioniste en profite pour organiser une immigration « illégale » vers la Palestine ;
-  idéologiquement, l’extermination de six millions de juifs donne une légitimation tragique au combat des sionistes pour un État juif, notamment aux yeux des consciences occidentales travaillées par un sentiment - justifié - de culpabilité. Dès le congrès sioniste de Baltimore, aux États-Unis, en 1942, qui fixe explicitement l’objectif de l’État juif, David Ben Gourion lance : « Qui veut et peut garantir que ce qui nous est arrivé en Europe ne se reproduira pas ? [...] Il n’y a qu’une sauvegarde : une patrie et un État. » On imagine la force de l’argument en 1945 après la découverte de la Shoah...

Or l’opinion occidentale ignore tout des Palestiniens, lesquels ne font pas grand chose pour s’en faire comprendre : les dirigeants arabes palestiniens, en tête le grand mufti (de retour de Berlin où il a supervisé pendant deux ans les divisions SS musulmanes), boycotteront les commissions d’enquête internationales, en premier lieu l’Unscop qui séjourne en Palestine durant l’été 1947.

Londres a passé la main sous les pressions conjuguées à la fois du mouvement sioniste et de la Maison-Blanche, très sensible à l’argumentation de celui-ci - sans oublier l’opinion britannique elle-même qui veut sortir du bourbier. Les deux autres grandes puissances - l’URSS et les États-Unis - prônent le partage, avec la volonté d’utiliser la Palestine comme un levier pour mettre fin à la domination britannique sur le Proche-Orient. Rien d’étonnant dès lors si, le 29 novembre 1947, l’Assemblée générale des Nations unies, à la majorité requise des deux tiers, adopte la résolution 181 :

-  un État juif sur 56 % de la Palestine - dont les juifs représentent à l’époque 32 % de la population et ne détiennent que 7 % des terres ;
-  un État arabe sur les 44 % restants ;
-  un régime de tutelle internationale pour Jérusalem et les Lieux saints (« corpus separatum »).

La guerre civile commence le jour même de la décision des Nations unies. Six mois plus tard, les forces juives, financées par les États-Unis et armées par l’URSS via Prague, se sont emparées de la plupart des villes arabes et ont déjà chassé le 14 mai 1948 près de quatre cent mille Palestiniens du territoire prévu pour l’État juif. Le Plan de partage est déjà mort lorsque Israël proclame son indépendance.

14 MAI 1948 : La déclaration d’indépendance d’Israël

La déclaration d’indépendance d’Israël constitue un tournant majeur de la première guerre israélo-arabe :
-  côté israélien, car le texte de la déclaration oublie délibérément qu’un second État a été prévu par l’ONU dans le plan de partage : « En vertu du droit naturel et historique du peuple juif, et de la résolution des Nations unies, dit le texte, nous proclamons par le présent acte la création de l’État juif de Palestine qui prendra le nom d’Israël. » Contrairement à tous les usages, cette déclaration ne définit pas les frontières du nouvel État. Bref, on mesure là que les dirigeants sionistes veulent, en fait, au-delà de que que l’ONU a prévu, l’État juif le plus grand possible et le plus « homogène » possible.

-  côté arabe, car la déclaration d’indépendance d’Israël est immédiate- ment suivie par l’intervention des armées des États arabes voisins, officiellement pour empêcher la naissance de l’État juif. En fait, les historiens le confirment, le roi Abdallah de Jordanie veut s’emparer du territoire prévu pour l’État arabe, et les autres pays arabes entendent l’en empêcher. Aucun de ces pays ne souhaite une Palestine arabe indépendante. Entre le 15 mai 1948, date de l’entrée des troupes arabes en Pales- tine, et le 10 mars 1949, date de la dernière bataille de la guerre (prise d’Umm Rashrash, future Eilat), une alternance de combats et de trêves débouche pour les Palestiniens sur la Nakba, c’est-à-dire la « catas- trophe ». Le bilan de la première guerre israélo-palestinienne, puis israélo-arabe, est le suivant : Israël a augmenté d’un tiers la superficie prévue pour lui par les Nations unies, il se répartit ce qui reste de l’État arabe avec la Transjordanie, qui annexe la Cisjordanie et l’Égypte, qui obtient la tutelle de Gaza. Et dans cette période huit cent mille Palestiniens ont pris les chemins de l’exil.

Longtemps, cette guerre a été racontée par ses vainqueurs. Le récit israélien a dominé. Mais tout a changé dans les années 1980, avec l’apparition des « nouveaux historiens » israéliens qui ont trouvé dans les archives israéliennes de quoi ébranler trois mythes fondamentaux :

-  Premièrement celui d’une menace mortelle qui aurait pesé sur Israël à l’époque : contrairement à l’image d’un frêle État juif à peine né et déjà confronté aux redoutables armées d’un puissant monde arabe, les « nouveaux historiens » établissent la supériorité croissante des forces israéliennes (en effectifs, armement, entraînement, coordination, motivation...), à la seule exception de la courte période allant du 15 mai au 11 juin 1948. De surcroît, l’accord tacite passé entre Golda Meïr et le roi Abdallah, le 17 novembre 1947, bouleversait la situation stratégique : la Légion arabe, seule armée arabe digne de nom, s’engageait à ne pas franchir les frontières du territoire alloué à l’État juif en échange de la possibilité d’annexer celui prévu pour l’État arabe. Abdallah tiendra sa promesse. Et, de fait, le partage du 17 novembre se substituera à la fin de la guerre à celui du 29 novembre...

-  Le deuxième mythe concerne l’exode des Palestiniens. Selon la thèse traditionnelle, ceux-ci ont fui à l’appel des dirigeants palestiniens et arabes. Or les « nouveaux historiens » n’ont pas trouvé la moindre trace d’un tel appel, ni par écrit, ni par radio. En revanche, de nombreux documents attestent, sinon d’un plan d’expulsion global, en tout cas de pratiques d’expulsion généralisées, notamment suite à des massacres comme celui de Deir Yassin. Le premier bilan de l’expulsion est dressé par les Services de renseignements de la Hagana en date du 30 juin 1948 et il porte sur la première période (judéopalestinienne) de la guerre : il estime que 73 % des 391 000 départs recensés ont été directement provoqués par les Israéliens. Durant la seconde période (israélo-arabe), une volonté d’expulsion ne fait plus le moindre doute avec le symbole de l’opération de Lydda et Ramlah, d’où, le 12 juillet 1948, 70 000 civils sont évacués militairement (près de 10 % du total !), sous la conduite d’Itzhak Rabin et avec le feu vert du Premier ministre Ben Gourion.

-  Le troisième mythe concerne la volonté de paix d’Israël au moment des négociations de 1949. Dans une première phase, Tel-Aviv a effectivement fait une ouverture : le 12 mai, sa délégation ratifie, avec celles des États arabes, un protocole réaffirmant à la fois le plan de partage de l’ONU et la résolution 194 de l’Assemblée géné- rale des Nations unies du 11 décembre 1948. En clair, cela signifie qu’Israël reconnaît le droit à l’existence d’un État arabe en Palestine et le droit au retour des réfugiés, mais aussi que les Arabes recon- naissent le droit à l’existence d’un État juif en Palestine. Mais, ce même 12 mai, l’État juif est admis à l’ONU. Dès lors, confiera Walter Eytan, codirecteur général du ministère israélien des Affaires étran- gères, « mon principal objectif était de commencer à saper le protocole du 12 mai, que nous avions été contraints de signer dans le cadre de notre bataille pour être admis aux Nations unies ». De fait, la conférence de Lausanne finira dans une impasse. Israël s’oppose à tout retour des réfugiés palestiniens. Et pour cause : la loi dite « propriétés abandonnées » lui permet de mettre la main sur les biens arabes. Selon un rapport officiel, le jeune État a ainsi récupéré trois cent mille hectares de terres ; plus de quatre cents villes et villages arabes disparaîtront ou deviendront juifs.

Tout se passe comme si les fondateurs d’Israël ont cru pouvoir effa- cer le peuple palestinien d’un coup de gomme. Les quinze années qui suivent semblent donner raison à ceux qui rêvent d’une assimilation des Palestiniens dans les pays arabes. Faute d’une organisation représenta- tive, ils disparaissent même de la scène politique. Mais l’apparition de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) va changer la donne.

30 MAI 1964 : La création de l’OLP

La naissance de l’OLP sous l’égide égyptienne résulte d’une déci- sion de la Ligue arabe. Mais elle exprime aussi la nécessité pour ces régimes de tenir compte de la réalité palestinienne nouvelle, et en premier lieu, de la formation en exil d’une élite palestinienne de très haut niveau culturel et politique.

Bien plus qu’Ahmed Choukeyri, placé à la tête de l’OLP par Nasser, Yasser Arafat symbolise la nouvelle génération palestinienne : jeune ingénieur, plus radical et plus indépendant des pays arabes, président de l’Union des étudiants palestiniens de 1952 à 1956, il a créé avec ses amis au Koweït, en 1959, le mouvement Fatah.

Dix ans après sa fondation, ce dernier deviendra le principal courant de l’OLP et en prendra la direction. Cette marche vers le pouvoir a aussi permis l’évolution stratégique de l’OLP en plusieurs étapes :

-  1er janvier 1965, la branche militaire du Fatah effectue sa première opération en Israël. Ce modèle du combattant, le Fedaï, mobilise largement la jeunesse palestinienne.

-  1967, la défaite arabe au cours de la guerre des Six Jours radicalise l’OLP.

-  22 mars 1968, au lendemain de la bataille presque légendaire de Karameh (en Jordanie), les organisations de fedayin intègrent l’OLP qui adopte sa « Charte nationale ».

-  4 février 1969, Yasser Arafat devient président du Comité exécutif de l’Organisation de libération de la Palestine.

Cet événement marque la victoire de la stratégie de la lutte populaire armée. Mais cette ligne se heurtera, comme on le verra, aux événements dans lesquels l’OLP sera entraînée, souvent contre sa volonté, en Jordanie puis au Liban. D’où la nécessité d’adapter son orientation.

Sans entrer dans les détails, on peut résumer le long débat interne au sein de l’OLP en le qualifiant de lutte entre « jusqu’au-boutistes » et « réalistes » :

-  dans un premier temps, suite au revers subi en Jordanie, l’OLP se lance - sous couvert de l’organisation « Septembre noir » - dans une stratégie terroriste ;

-  dans un deuxième temps, après la guerre d’octobre 1973, elle accumule plusieurs succès qui vont mettre fin au recours aux attentats et renforcer en son sein le courant politique : la reconnaissance de l’OLP comme « seul représentant du peuple palestinien » par le sommet arabe de Rabat en 1973 et l’invitation de Yasser Arafat à l’Assem- blée générale des Nations unies en 1974 sont des grandes victoires pour les « réalistes » ;

-  d’où, dans un troisième temps, une évolution accélérée qui va voir l’OLP passer du mot d’ordre de « Palestine laïque et démocratique » - qui implique la destruction de l’État d’Israël - à celui de construc- tion d’un État « sur toute partie libérée de la Palestine » - qui admet, de fait, l’existence d’Israël. Malgré le front du refus, constitué par le Front populaire de libération de la Palestine (FPLP) et quelques autres organisations, l’objectif d’une coexistence entre deux États s’impose entre 1974 et 1977.

Mais revenons auparavant au grand tournant du conflit Proche-Orient.

JUIN 1967 : Israël occupe la Cisjordanie et la bande de Gaza

La troisième guerre israélo-arabe - dite guerre des Six Jours - constitue une étape décisive. Jusqu’en 1967, Israël occupe plus que le territoire prévu par l’ONU, mais le reste de la Palestine demeure dans des mains arabes. La Jordanie et l’Égypte n’ont d’ailleurs jamais profité de la situation pour créer un État palestinien en Cisjordanie et dans la bande de Gaza. Le 12 juin 1967 introduit un changement radical : l’État juif, qui vient de s’emparer - outre le Sinaï et le Golan - de Jérusalem- Est, de la Cisjordanie et de la bande de Gaza, occupe ainsi la totalité de la Palestine. Il détient désormais seul la clef du problème palestinien.

Au début, le gouvernement et les diplomates israéliens présentent les Territoires occupés en 1967 comme une carte qu’ils sont prêts à jouer dans des négociations : conformément à la résolution 242, adop- tée par le Conseil de sécurité de l’ONU le 22 novembre 1967, il s’agit d’échanger la Cisjordanie et Gaza contre la paix. Cette promesse de négociation n’est pas vérifiable, puisque les États arabes réunis à Khartoum refusent toute négociation.

En même temps, Israël annexe dès juillet 1967 Jérusalem-Est et proclame la ville « réunifiée » capitale d’Israël. Cette décision, comme celle de 1949 de faire de Jérusalem-Ouest sa capitale, viole toutes les résolutions de l’ONU : la résolution 181 du plan de partage de 1947 prévoyant un « corpus separatum », les textes des armistices de 1949, la résolution du 19 décembre 1949 qui réaffirmait l’internationalisation de Jérusalem, sans oublier la résolution 242.

Mais surtout la volonté de colonisation des Territoires occupés s’af- firme. Dès juillet 1967, de premières colonies y sont établies et le vice- Premier ministre israélien Allon présente un plan portant son nom qui prévoit l’annexion de près d’un tiers de la Cisjordanie et la multiplication des colonies dites de « sécurité », en particulier dans la vallée du Jourdain. Toutefois, dix ans plus tard, le nombre total de colons n’est que de cinq mille, contre plus de deux cent mille aujourd’hui (sans compter les deux cent mille habitants juifs de Jérusalem-Est).

Par ailleurs, l’occupation des Territoires à partir de 1967 en refait le centre du combat palestinien. Cette tendance est soulignée à la fois :

-  positivement, par la montée de la puissance de la résistance « de l’in- térieur » - de l’insurrection de 1981 jusqu’à la première Intifada, née fin 1987 ;

-  négativement, par les échecs subis par l’OLP en Jordanie et au Liban.

16 SEPTEMBRE 1970 : « Septembre noir »

Après la guerre des Six Jours, l’OLP considère que la Jordanie consti- tue sa base arrière numéro un pour mener la lutte armée contre Israël. Cette stratégie pose de graves problèmes au régime hachémite :
-  à court terme, le pays subit durement des représailles israéliennes après chaque opération des fedayin ;
-  à plus long terme, le développement d’un contre-pouvoir palestinien sape l’autorité du roi Hussein et gêne ses tentatives de règlement ;

Mais l’essentiel est ailleurs : le « petit roi » sait que son trône est d’autant plus fragile que la majorité de la population est palestinien- ne. Hussein veut donc « récupérer » la Cisjordanie par un accord avec Israël pour réunifier les deux rives, comme son grand-père Abdallah l’avait fait. Il redoute la tentation de transformer la Jordanie en État palestinien propre à la droite israélienne et aux organisations les plus radicales de l’OLP. Ces dernières sont à l’origine de la crise de 1970-1971 en Jordanie : pour elles, « la route de Jérusalem passe par Amman ». D’où la provocation du 7 septembre 1970, lorsque des hommes de George Habache détournent trois avions occidentaux sur Zarka et les font exploser. Le roi Hussein saisit l’occasion et lance son armée contre les fedayin le 16 septembre 1970.

L’aviation et les chars syriens menacent d’intervenir aux côtés de l’OLP. Mais la pression d’Israël - prêt à intervenir si le trône est en dan- ger - et du secrétaire d’État américain Henry Kissinger - qui couvre l’éventuelle entrée en lice de l’État juif - suffisent à Hafez Al-Assad pour refuser de fournir une couverture aérienne aux blindés syriens entrés en Jordanie. Les Palestiniens sont écrasés par l’armée hachémi- te. Les combats, qui se terminent le 27 septembre, font des milliers de victimes - dont Gamal Abdel Nasser qui meurt d’une crise cardiaque après avoir obtenu un cessez-le-feu entre la Jordanie et l’OLP.

C’est « Septembre noir », marqué par des massacres massifs non seulement de fedayin mais aussi de civils dans les camps palestiniens. Un an plus tard, l’OLP a été complètement expulsée de Jordanie.

13 AVRIL 1975 : Le début de la guerre civile libanaise

Le

Le piège libanais va se refermer sur l’OLP selon le même schéma que le piège jordanien :
-  après son expulsion de Jordanie, le Liban devient la seule base arrière de l’OLP à proximité d’Israël ;
-  les opérations des commandos palestiniens contre l’État juif entraînent des représailles dont la population libanaise est aussi victime ;
-  les dirigeants libanais sont de plus en plus inquiets de voir les Palestiniens constituer un État dans l’État, avec des camps de réfugiés, des milices, des quasi-ministères, des services d’aide sociale, etc.

La présence palestinienne, légalisée par les accords du Caire en novembre 1969, est d’autant plus mal vécue qu’elle bouscule l’équilibre déjà précaire du Liban, dont le système économique, social, politique et institutionnel, hérité du Pacte national de 1943, repose sur l’hégémonie des chrétiens maronites et l’alliance de ceux-ci avec l’élite sunnite, elle-même dominante parmi les musulmans.

Or l’évolution démographique a bouleversé ce schéma : la majorité est musulmane et non plus chrétienne et, parmi les musulmans, chiite et non plus sunnite. La construction libanaise doit donc être réformée pour tenir compte des réalités. Mais les élites ne sont pas prêtes à renoncer à leurs avantages économiques et politiques. Au lieu de négocier la transformation du système, elles s’arc-boutent sur leurs privilèges au risque d’un affrontement avec les forces réformatrices, regroupées au sein du Mouvement national. Ce dernier, quant à lui, cherche à créer le rapport de forces le plus favorable possible pour obtenir la laïcisation de l’État : il fait donc tout pour entraîner les fedayin à ses côtés dans cette bataille. Si la direction de l’OLP est consciente du danger, le FPLP et le FDLP foncent tête baissée dans le piège qui leur est tendu. Les Phalangistes en appellent à la Syrie, qui intervient le 1er juin 1976, écrase le Mouvement national et les Palestiniens, avant de se retourner contre ceux qui l’avaient appelée. Les troupes de Damas sont d’ailleurs toujours là, vingt-six ans après...

On n’a pas le temps de faire ici l’histoire de la guerre civile libanaise. La fusillade dont un bus palestinien est victime dans le faubourg d’Aïn Al Remmaneh, le 13 avril 1975, marque le début de quinze années de combats sanglants, dont les Palestiniens sont parmi les premières victimes, du massacre de Tall Al Zaatar pendant l’été 1976 par les Syriens et des Phalangistes, à celui de Sabra et Chatila en 1982 par les milices chrétiennes sous les yeux d’Ariel Sharon...

17 MAI 1977 : La victoire du Likoud en Israël

On a parfois la tentation de considérer le Parti travailliste et le Likoud comme « blanc bonnet et bonnet blanc ». Comme toutes les formules simplistes, celle-ci n’aide pas à comprendre. Ainsi la victoire de la droi- te et de l’extrême droite en 1977, pour la première fois dans l’histoire d’Israël, marque un tournant redoutable pour les Palestiniens.

Certes, le Parti travailliste est l’héritier de la ligne nationaliste de David Ben Gourion. À partir de 1967 notamment, il assume l’occupation et la colonisation de Jérusalem-Est, de la Cisjordanie et de la bande de Gaza - comme celles du Golan. Mais Menahem Begin, après la victoi- re du Likoud aux élections législatives le 17 mai 1977, radicalise tous azimuts la politique du gouvernement travailliste :
-  il intensifie la colonisation dans tous les Territoires occupés - et plus seulement dans les « zones de sécurité ». Lors de l’arrivée au pouvoir de Itzhak Rabin, quinze ans plus tard, on compte 110 000 colons en Cisjordanie, 120 000 à Jérusalem-Est, 4 000 à Gaza, 12 000 dans le Golan ;
-  le chef du Likoud multiplie les opérations militaires ou répressives contre la Résistance palestinienne, depuis la première intervention massive au Sud-Liban en 1978 jusqu’à l’invasion totale du Liban en 1982, en passant par la répression extrêmement violente de l’in- surrection des Territoires occupés de mai 1981 ;
-  car le projet de Menahem Begin va bien au-delà de ceux de ses prédécesseurs : il affirme clairement sa volonté de réaliser Eretz Israël - le Grand Israël.

Le gouvernement du Likoud est d’autant plus inquiétant, qu’il sait conjuguer une plus grande fermeté sur les principes et une plus gran- de souplesse quant à la tactique. Le meilleur exemple est celui des négociations entre Israël et l’Égypte, sous l’égide des États-Unis, à Camp David.

17 SEPTEMBRE 1978 : Les accords de Camp David

Le 19 novembre 1977, Sadate effectue une visite surprise à Jérusalem. Le raïs égyptien estime avoir remporté une victoire psy- chologique suffisante lors de la première phase de la guerre du Kippour, en octobre 1973, pour rechercher avec Israël la paix dont son pays a besoin.

Pendant un temps pris à contre-pied, Begin se ressaisit et exploite à fond le désir de Sadate et du président Carter d’aboutir à un accord rapide. Sachant que les questions de l’arrêt de la colonisation, du retrait israélien de la Cisjordanie et de Gaza et de l’autodétermination des Palestiniens sont les plus difficiles pour lui, il focalise les négocia- tions sur... ce qui n’est pas négociable : le retrait évident d’Israël du Sinaï et la normalisation, évidente en cas d’accord de paix, des rela- tions égypto-israéliennes. Il obtient ainsi la dissociation des deux dos- siers : le document de Camp David du 17 septembre 1978 comprend deux « accords-cadres » :
-  le premier concerne la conclusion de la paix entre l’Égypte et Israël qui aboutira effectivement au traité du 26 mars 1979. L’Égypte récu- pérera le Sinaï le 25 avril 1982, en échange de la normalisation entre les deux pays ;
-  en revanche, dans le second texte consacré aux Palestiniens, si Israël a dû accepter la mention de la résolution 242, le processus proposé est mort-né, et c’est en vain que l’Égypte tente d’entraîner la Jordanie et l’OLP dans la négociation.

Ainsi Menahem Begin a obtenu en échange du Sinaï - secondaire pour Israël - quelque chose au contraire essentiel pour lui : une paix séparée qui élimine le risque d’une guerre sur plusieurs fronts. Pour preuve : un mois et demi après la normalisation égypto-israélienne, le 25 avril 1982, Tsahal se lance dans l’invasion du Liban.

6 JUIN 1982 : L’invasion du Liban par Israël

« Paix en Galilée » est le nom officiel de l’opération déclenchée le 6 juin 1982 par Israël au Liban pour y liquider la structure politico-militaire de l’OLP. Mais la fiction d’une intervention limitée à quarante kilomètres au nord de la frontière libano-israélienne ne tient pas longtemps : sur ordre du ministre de la Défense, Ariel Sharon, Tsahal remonte jusqu’à Beyrouth.

Mais, contrairement aux espoirs des organisateurs, l’opération s’en- lise. Non seulement le siège de Beyrouth dure plus de deux mois, mais les fedayin ont déjà embarqué sous la protection de la Force multina- tionale dans des bateaux français, le 30 août, lorsque les Israéliens pénètrent dans la capitale libanaise, le 15 septembre. La veille, l’hom- me des Phalanges et d’Israël, Bechir Gemayel, a été assassiné. Le len- demain, commencent les massacres des camps palestiniens de Sabra et de Chatila par les hommes (si on peut dire) des Forces libanaises et de l’Armée du Liban sud, sous les yeux de l’état-major israélien. Pour l’État juif, l’aventure libanaise se transforme en un bourbier sanglant, coûteux humainement et désastreux politiquement. Il suffit de comparer les objectifs affichés et les résultats :

-  Ariel Sharon voulait mettre en place un Liban avec un gouverne- ment fort, à direction chrétienne, capable de sortir le pays de la guerre civile et de signer une paix durable avec Israël. Or l’accord de paix israélo-libanais du 17 mai 1983 ne durera pas plus long- temps que le pouvoir d’Amine Gemayel.

-  Ariel Sharon voulait « détruire totalement et pour toujours les terroristes de l’OLP. » Or, si la centrale palestinienne a perdu beaucoup de com- battants, si elle est privée de son quasi-État et dépossédée de sa dernière base proche des masses palestiniennes, c’est-à-dire des Territoires occupés, elle n’est pas pour autant détruite.

Ce qui explique pourquoi, trois ans après, Israël finit par se replier sur la bande dite « de sécurité », au Sud-Liban, avec des pertes considé- rables : des centaines de morts, des milliers de blessés, des milliards de dollars gaspillés, sans compter la dégradation de l’image de l’État juif à l’étranger.

Pour les Palestiniens, la leçon est claire : ils ne remporteront pas le combat pour l’autodétermination ailleurs qu’en Palestine même. Ce n’est pas un hasard si, deux ans après le repli israélien du Liban, l’Intifada se déclenche.

7 DÉCEMBRE 1987 : Le déclenchement de l’Intifada

À Gaza, le 7 décembre 1987, un accident de circulation entre un véhicule israélien et un taxi collectif palestinien, dont deux occupants meurent, met le feu aux poudres. Le soulèvement durera trois ans, malgré une répression brutale - mais sans commune mesure avec la répression actuelle.

Avec le recul, l’Intifada représente le bond qualitatif le plus important du mouvement palestinien depuis 1967. C’est un mouvement populaire massif et non armé, de longue durée, dont les effets se font sentir :

-  sur l’opinion israélienne qui, comprenant que le statu quo n’est pas durable, vit une lente bipolarisation : une fraction minoritaire opte pour l’annexion des Territoires occupés et même pour le « transfert » de leurs habitants, mais une majorité choisit la recherche d’une paix de compromis ;

-  sur la stratégie de la Jordanie, où le roi Hussein renonce au rêve de récupérer la Cisjordanie conquise par son grand-père Abdallah et perdue en 1967 ;

-  sur l’OLP elle-même, qui est transformée, par la décision jorda- nienne de renoncer à la Cisjordanie, en interlocuteur incontour- nable pour Israël et la communauté internationale ;

-  sur l’opinion internationale qui est choquée par le spectacle d’une armée puissante réprimant durement des jeunes ne lançant - à l’époque - que des pierres.

D’autant que les Palestiniens lui donnent un débouché politique avec le Conseil national palestinien d’Alger de novembre 1988, qui franchit un triple pas :

-  il proclame l’État indépendant de Palestine ;

-  il accepte comme bases de règlement les résolutions des Nations unies : la résolution 181 de l’Assemblée générale de 1947 (partage), la 242 du Conseil de sécurité de 1967 (échange de territoires contre la paix) et la 338 du Conseil de sécurité de 1973 qui actualise la précédente ;

-  il condamne explicitement toute forme de terrorisme.

La reconnaissance d’Israël sera confirmée le 15 décembre 1988 par Yasser Arafat devant l’Assemblée générale des Nations unies, réunie à Genève. Les États-Unis lui ayant demandé de traduire explicitement la déclaration du Conseil national palestinien, le chef de l’OLP prononce les mots magiques. Ceci provoque un véritable bouleversement du paysage proche-oriental :

-  le soutien à l’Intifada grandit, l’État de Palestine, proclamé à Alger, est reconnu à l’époque par quatre-vingt-dix pays, c’est-à-dire plus que le nombre de pays qui reconnaissaient l’État d’Israël ;

-  le président Ronald Reagan annonce l’ouverture du dialogue américano-palestinien ;

-  les dirigeants israéliens, de plus en plus isolés, entament une longue période de résistance, puis Itzhak Shamir, qui dirige le gouvernement israélien, essaye de manoeuvrer en retrait pour éviter les plans américains de paix successifs. Itzhak Shamir disait à propos du plan Shultz (secrétaire d’État de Ronald Reagan) : « Je suis d’accord sur un seul point, la signature ! »

Cette impasse au Proche-Orient favorise les plans de Saddam Hussein qui espère en profiter pour assurer le leadership de l’Irak sur la région. D’où la crise puis la guerre du Golfe, après laquelle seulement on reviendra à la négociation interrompue à laquelle Israël devra cette fois participer.

30 OCTOBRE 1991 : La Conférence de Madrid

Malgré la survie de la dictature de Saddam Hussein, la guerre du Golfe se solde pour les États-Unis par une grande victoire :
-  ils ont réaffirmé leur leadership mondial et régional face au défi de l’Irak, mais aussi de l’URSS en décomposition et des Occidentaux qui sont contraints de suivre leur grand allié. James Baker parle du « test politique de l’après-guerre froide. L’Amérique doit diriger » ;

-  ils ont commencé à redessiner politiquement la carte du Proche- Orient en leur faveur avec la vaste alliance anti-irakienne ;

-  ils ont renforcé leur mainmise sur le pétrole (la région détient 65 % des réserves mondiales).

Ces modifications fondamentales entraînent un infléchissement stratégique dans la politique américaine. Certes, Israël demeure l’allié le plus puissant, le plus fiable et le plus durable. Mais cette alliance est relativisée par la disparition de la « menace » soviétique. La priorité pour Washington est désormais la stabilisation des acquis de la guerre du Golfe. Or le « consensus stratégique », dont l’Amérique a toujours rêvé au Proche-Orient, achoppe comme toujours sur le conflit israélo- arabe, donc en dernier ressort sur le problème palestinien.

D’où la pression sans précédent des États-Unis sur Israël pour négocier un compromis. Avec deux atouts : l’affaiblissement du lobby pro-israélien en Amérique et la dépendance croissante de l’État juif vis-à-vis des États-Unis du fait du coût fantastique que représente l’in- tégration des juifs qui arrivent de l’Union soviétique.

Un an, jour pour jour, après l’occupation du Koweït, Itzhak Shamir est contraint d’accepter le principe de la conférence de paix proposée par les États-Unis, avec une participation palestinienne au sein d’une délégation commune avec la Jordanie. Malgré cette limite, l’ouverture de la conférence de Madrid, le 30 octobre 1991, marque une victoire historique pour les Palestiniens puisque, pour la première fois, ils se retrouvent aux côtés des autres délégations arabes pour négocier avec Israël une paix fondée sur le retrait de celui-ci des Territoires occupés en échange de la normalisation des relations.

Ces négociations bilatérales et multilatérales officielles s’enlise- ront, mais elles déboucheront sur des tractations, secrètes, à Oslo.

13 SEPTEMBRE 1993 : L’accord d’Oslo

C’est une des images les plus fortes de l’histoire du Proche-Orient : la poignée de mains d’Itzhak Rabin et de Yasser Arafat, sous le regard de Bill Clinton, sur la pelouse de la Maison-Blanche.

La déclaration de principes sur l’autonomie qu’ils viennent de para- pher représente, malgré les limites qui reflètent les rapports de forces très défavorables aux Palestiniens, une triple avancée :

-  pour la première fois, Israël et l’OLP se reconnaissent mutuelle- ment. C’est une nouveauté absolue pour le gouvernement israé- lien, alors que le Conseil national palestinien, lui, avait franchi ce pas en 1988 ;

-  les deux signataires affirment vouloir mettre en place une autono- mie palestinienne transitoire dans les Territoires occupés par Israël en 1967 ;

-  ils conviennent théoriquement de trouver une solution définitive, dans les cinq ans, aux questions cruciales qui sont nommées dans le texte : statut, frontières, territoires, avenir des colonies juives, sort des réfugiés, sans oublier Jérusalem.

Ce cadre se remplit avec l’accord du Caire, dit Oslo I, en mai 1994, dont l’application commence sur le terrain au début de 1995. L’armée israélienne se retire progressivement des grandes villes palesti- niennes. Yasser Arafat est élu démocratiquement président, à la tête d’un Conseil législatif qui est majoritairement acquis au Fatah. L’Autorité palestinienne se met en place.

Une nouvelle étape est franchie le 28 septembre 1995, avec la signature à Taba d’un nouvel accord, dit Oslo II. Mais cet accord ne sera jamais appliqué puisque, un mois plus tard, le Premier ministre israé- lien est assassiné.

4 NOVEMBRE 1995 : L’assassinat d’Itzhak Rabin

A-t-il été victime d’un individu isolé ? Ou d’un complot par les ennemis de la paix avec la complicité des responsables des services secrets israéliens ? En tout cas, la droite et l’extrême droite menaient depuis des mois une campagne hystérique contre Oslo et contre son signataire israélien, n’hésitant pas à le dépeindre en uniforme SS.

Avec le recul, il est clair que ce drame a condamné à terme le pro- cessus de paix. Les circonstances tragiques de la mort d’Itzhak Rabin ne justifient bien sûr pas qu’on le présente sous les traits d’un pacifis- te de toujours : il a été successivement un des acteurs majeur de l’ex- pulsion des Palestiniens en 1948, le dirigeant des principales guerres d’Israël et le chef de la répression de la première Intifada. Mais le vieux général avait tiré des leçons de l’impasse de l’occupation et choisi cou- rageusement d’essayer d’en sortir.

Son successeur, Shimon Peres, va, lui, se suicider politiquement. Le 5 janvier 1996, en période de calme, il donne le feu vert à l’exécution de l’« ingénieur » du Hamas, Yehia Ayache. Le mouvement islamiste riposte par une vague d’attentats terroristes en Israël. Tel-Aviv répond par le blocus des Territoires. Le Hezbollah libanais envoie, par solida- rité, des roquettes sur l’État hébreu. Lequel déclenche l’opération des « Raisins de la colère » et commet une « bavure » meurtrière à Canaa. Le résultat, c’est que la droite et l’extrême droite remportent, avec Benyamin Netanyahou, les élections du 29 mai 1996.

À l’exception de l’arrangement de Hebron, le nouveau Premier ministre va bloquer toute négociation sérieuse avec les Palestiniens. Trois ans après, Benyamin Netanyahou est battu par Ehud Barak. Pour la troisième fois en sept ans, la majorité des Israéliens bascule.

25 JUILLET 2000 : L’échec de Camp David

Le nouveau Premier ministre va hélas décevoir les espoirs de paix qui ont été placés en lui. Pendant un an durant, Ehud Barak reporte aussi bien le troisième redéploiement de l’armée israélienne des Territoires occupés que les négociations sur le statut final, qui auraient dû commencer en 1996 !

Lorsque il se tourne enfin, au printemps 2000, vers les Palestiniens, c’est après l’échec de ses négociations avec la Syrie, et le fossé entre les positions des deux parties est très profond. C’est pourquoi Yasser Arafat propose de reporter le sommet. Mais le président Clinton tient à conclure ses deux mandats sur un succès international. Et Ehud Barak rêve d’imposer, grâce à cette situation d’urgence, ses propositions aux Palestiniens, en sous-estimant une donnée fondamentale : cette fois, l’accord n’est pas intérimaire, mais définitif.

Les trois parties se retrouvent donc à Camp David le 11 juillet pour se séparer, deux semaines plus tard, sur un constat d’échec. L’explication souvent donnée est simple, pour ne pas dire simpliste : Ehud Barak a fait une « offre généreuse », et Yasser Arafat l’a refusée. Les propositions de Ehud Barak vont effectivement plus loin qu’aucun de ses prédécesseurs n’avait été. Mais pas assez loin, ni du point de vue du droit international, ni au regard des conditions nécessaires à la créa- tion d’un État palestinien réellement indépendant et viable :

-  il aurait, dit-on, promis le retrait de 90 % de la Cisjordanie, mais ce chiffre « oublie » la région de Jérusalem, la vallée du Jourdain et le territoire contrôlé par les colonies (42 % de la Cisjordanie). Surtout, les zones qu’Israël prétend annexer pour regrouper 80 % des colons coupent la Cisjordanie en trois morceaux discontinus ;

-  sur Jérusalem, il n’y a pas d’avancée décisive. La fameuse déclaration sur le partage de la souveraineté n’interviendra que le 29 septembre ;

-  de même, sur le sort des réfugiés, il n’y a pas un millimètre d’avan- cée dans les positions de Ehud Barak à Camp David.

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10 janvier 2009 6 10 /01 /janvier /2009 16:55
1975 : « L’Europe ne nous aime pas »
//1975 : “Europe doesn’t like us”

Publié le 14-04-2008


C’est en Europe que les Juifs ont subi les pires persécutions de leur histoire, qui ont atteint un paroxysme au XXème siècle avec le génocide, préparé puis perpétré par un régime nazi bénéficiant de la complicité, voire de la participation active de nombreux gouvernements du Vieux Continent.

Mais instrumentalisant cette réalité, les dirigeants israéliens ont toujours entretenu l’illusion que les Etats européens avaient des politiques « hostiles à Israël », à la différence des Etats-Unis, « naturellement alliés ».

Faux. C’est un pays européen, l’Union soviétique, qui est le premier à reconnaître Israël en 1948, et à lui vendre des armes sophistiquées, avant que les relations se détériorent dans les années suivantes. L’Allemagne de l’Ouest du début des années 1950, où bien des hauts fonctionnaires ayant fidèlement servi Hitler occupent encore des positions importantes, est pour sa part trop heureuse de s’acheter un brevet de bonne conduite, en versant à Israël des réparations financières au titre des souffrances infligées aux Juifs européens. C’est dans la société israélienne qu’on observe des réticences morales, bien compréhensibles, à la normalisation. Pas côté allemand.

Les autres grands pays européens, la France en premier lieu mais la Grande-Bretagne aussi, développeront très rapidement une relation privilégiée de soutien à Israël, dans le domaine militaire d’abord, puis économique, scientifique, culturel.

C’est dès 1975, on l’oublie souvent, que la Communauté économique européenne (CEE, ancêtre de l’Union européenne) donne à Israël un statut de membre associé, 10 ans avant la signature d’un accord similaire américano-israélien. Lorsqu’en 2002, les députés du Parlement européen votent la suspension du traité, pour protester contre la répression du peuple palestinien, leurs gouvernements refusent d’en tenir compte, et le statut privilégié d’Israël est maintenu. L’Union européenne est aujourd’hui le premier partenaire commercial d’Israël, loin devant les Etats-Unis.

C’est aussi dans les années 1970 qu’Israël entre dans les diverses institutions de l’Europe, bien que ce pays soit extérieur au continent : admission au réseau Eurovision, aux compétitions sportives européennes, etc.

Mais lorsqu’un dirigeant européen s’avise de lâcher quelques bonnes paroles sur les droits des Palestiniens, comme le fit le président français Jacques Chirac lors d’une mémorable scène filmée dans la Vieille Ville de Jérusalem en 1996, la « politique arabe de la France » est vite fustigée. Un « rééquilibrage », c’est-à-dire l’octroi d’avantages additionnels, est ensuite exigé par Israël. Et obtenu.

par CAPJPO-EuroPalestine


ENGLISH TEXT--------------------------

1975

“Europe doesn’t like us”

It was in Europe that the Jewish people suffered the worst persecutions in their history, reaching a nadir in the 20th century with the genocide prepared and perpetrated by a Nazi regime benefiting from the complicity, or even the active participation, of many governments on the Old Continent.

But the Israeli leaders have exploited this reality to maintain the fiction that European states conduct policies that are “hostile towards Israel”, unlike the United States, its “natural allies”.

This is false. It was a European country, the Soviet Union, which was the first to recognise the State of Israel in 1948 and to sell it sophisticated weapons, before relations deteriorated in the following years. In the early 1950s, West Germany, where many senior officials who had faithfully served Hitler still occupied important positions, was only too willing to buy itself a certificate of good conduct, by paying Israel damages for the suffering inflicted on European Jews. It was in Israeli society that reserves were expressed, quite understandably, about the morality of normalising relations. Not in Germany.

The other large European countries, France and then Great Britain, quickly developed a special relationship in support of Israel, firstly in the military domain, and then economic, scientific and cultural.

It is often forgotten that the EEC (European Economic Community – the forerunner of the European Union) gave Israel the status of associate member as early as 1975, ten years before the signing of a similar agreement between Israel and the USA. When the members of the European Parliament voted to suspend the agreement in 2002, to protest against the repression of the Palestinian people, their national governments refused to accept this vote, and the special status of Israel was maintained. Today, the European Union is the leading commercial partner of Israel, far ahead of the USA. And it was also in the 1970s that Israel entered many different European institutions (the Eurovision network, sporting competitions, etc.), despite the fact that the country actually lies outside the continent.

But when European leaders dare to say a few words about Palestinian rights, as French President Jacques Chirac did during a memorable scene filmed in the Old City of Jerusalem in 1996, their “pro-Arab policy” is immediately denounced. “Greater balance” – i.e. the granting of further advantages – was then demanded by Israel, and obtained.

By CAPJPO-EuroPalestine


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10 janvier 2009 6 10 /01 /janvier /2009 16:54
 L'Entité Sioniste vit la peur de l'émigration
Historiquement, le mouvement sioniste international a beaucoup profité de l'holocauste, surtout pour créer son « Etat d'Israël ». Toutefois, soixante ans après cette création, « Israël » n'a pas réussi à être effectivement un Etat sûr pour tous les Juifs. Elle vit toujours dans une situation de guerre, avec les Arabes en général et avec les Palestiniens en particulier. De plus, elle devient le lieu le plus dangereux au monde, pour les Juifs. Car, tout simplement, elle n'avait pas été mise en place que pour être et rester une base stratégique avancée de l'impérialisme occidental. Cette base a un rôle fonctionnel dans le projet impérialiste général qui varie d'un temps à l'autre.


L'Entité Sioniste vit la peur de l'émigration

Tawfiq Al-Madini



Bien évidemment, l'agressivité et la politique d'expansion territoriale d'« Israël », traduit par l'occupation de territoires arabes, ont suscité une vague de condamnation mondiale « logique ». Elles ont aussi ressuscité l'appréhension des Juifs, dans le monde entier. Les Sionistes, pour leur part, ne reconnaissent pas le titre de condamnation logique, pour la simple raison qu'ils considèrent toute critique envers « Israël » comme de l'antisémitisme, et que cet antisémitisme n'est qu'un virus vivant dans les coeurs des autres, sans aucun rapport avec ce que font les Juifs ou « Israël ».

Il y a donc une vraie crise. Cette crise pousse les habitants d'« Israël » à la quitter. Le nombre de départs devient dangereux, à tel point qu'il commence à menacer l'équilibre démographique de laquelle les Sionistes se soucient déjà trop. En fait, en 2004, il y avait 760 mille Israéliens vivant à l'extérieur. 40% d'augmentation par rapport à l'an 2000, l'année du déclenchement de la deuxième Intifada.

A la veille du soixantième anniversaire de la création d'« Israël », le ministère israélien des nouveaux immigrants a récemment révélé qu'il lance une vaste campagne destinée à faire revenir au pays un maximum d'Israéliens. Le nombre de ces derniers a atteint les 700 mille personnes. Ils sont partis vivre aux Etats-Unis, en Europe et en Australie, où ils trouvent une vie meilleure. Il est trop difficile de les convaincre, dit le ministère. A peine cinq mille d'entre eux retournent, annuellement, contre vingt mille qui partent.

A savoir que le mouvement sioniste ne cache pas le fait qu'il mène un combat acharné pour arriver, principalement, à deux buts : mettre la main sur la terre de la Palestine et renforcer l'immigration pour avoir la majorité juive. Actuellement, les choses ne vont pas comme il le veut. Dans la « Grande Israël », tant chère au cœur du parti de droite « le Likoud », les Juifs sont au nombre de 5,4 millions. Cependant, si les Arabes sont actuellement au nombre de 4,1 millions, ils seront majoritaires dès que l'an 2010 verra le jour. Et plus tard, le fossé se creusera encore plus : 8,10 millions d'Arabes contre seulement 6.7 millions de Juifs. Et « Israël » ne possède que deux solutions contre ce risque : renforcer l'immigration des Juifs vers l'Entité sioniste ou/et chasser les Palestiniens.

Faute des actions antisémitismes très graves en Occident, la première solution n'a pas l'air d'être pratiquement possible. La deuxième solution, connue sous le nom de « transfert », rêvée par une partie de la droite sioniste, n'est pas aussi réalisable, sauf en cas de troubles et de confrontations régionales, extrêmes.

En attendant, « Israël » souffre d'une émigration aggravée. Les Juifs des pays occidentaux, notamment des Etats-Unis, ne s'identifient pas à « Israël », et notamment les jeunes. En fait, 52% des Juifs américains ne lui donnent aucune importance.

Le sionisme est aujourd'hui devant un autre dilemme. Chaque jour, une cinquantaine de Juifs américains quittent leur religion, dit Nahman Chaï, directeur général du Centre de planification des politiques du peuple juif. Les causes de tous ces changements pourraient être résumées en quelques points.

En premier lieu, la société israélienne, depuis sa création, est un établissement de colonisation d'un aspect purement militaire. Etant toujours sur les nerfs et prête au combat, elle vit loin de toute stabilité et sécurité.

Deuxièmement, en Occident, la plupart de Juifs mènent une vie aisée. 90% des Juifs du monde vivent dans des pays dont le niveau économique est plus élevé qu'en « Israël ». Les Etats-Unis, la France, la Grande-Bretagne, l'Allemagne, à titre d'exemple.

Troisièmement, les Juifs des Etats-Unis s'identifient de moins en moins à « Israël », remarquant la politique agressive menée par les autorités de l'occupation israélienne contre le peuple palestinien. Ils voient « Israël » réagir comme un outil d'exécution des politiques américaines, au moment où elle devrait réagir selon des critiques morales et humaines.

L'équilibre démographique juif est menacé. Les relations entre « Israël » et les Juifs de l'extérieur ne sont pas au beau fixe. Ce sont des éléments de grande inquiétude pour l'Etat hébreu. Il s'agit de son existence comme étant un Etat juif qui est menacée. Le nombre d'immigrants vers « Israël » était de 100 mille juifs par an, dans les années quatre-vingt-dix. De nos jours, il a dégringolé à 14 mille seulement. Au même moment, l'émigration est en montée considérable.

En somme, plusieurs éléments pourraient être les raisons de cette baisse. Par exemple, le nombre de Juifs au monde a diminué de 21 millions, en 1970, à environ 12 millions de personnes en 2007, dit une récente étude. Et selon des rapports américains, les mariages mixtes de Juifs avec des personnes d'autres religions sont en augmentation de 51%. Il y a aussi le problème d'intégration dans les sociétés d'origine. Le niveau d'intégration est estimé à 70% en Russie. Aux Etats-Unis à 50%. En Europe à 45%. Il y a également le problème du non respect des traditions juives. Le fait de ne pas penser au mariage pour un certain nombre de jeunes juifs des Etats-Unis et même d'« Israël » en est la meilleure image.

Article résumé et traduit par le CPI

Lundi 14 Avril 2008

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10 janvier 2009 6 10 /01 /janvier /2009 16:53
1974 : Rabin / Sharon : le mythe gauche / droite
//1974 : Rabin/Sharon : the left-right myth

Publié le 13-04-2008


« La guerre est une chose trop sérieuse pour être confiée à des militaires », disait en 1917 le chef du gouvernement français Georges Clemenceau, pendant la boucherie de Verdun. En 1974, Israël applique un principe inverse, selon lequel « la politique est une chose trop sérieuse pour être confiée à des civils ».

C’est donc un militaire qui devient Premier ministre, en la personne du général Yithzak Rabin, auréolé de ses victoires de 1967. Pourtant, la carrière du futur Prix Nobel de la Paix a commencé de manière peu glorieuse.

Yithzak Rabin porte en effet la responsabilité d’avoir conduit l’une des opérations les plus dures de la déportation du peuple palestinien. En juillet 1948, ses troupes se sont emparées facilement des villes palestiniennes de Lydda (en hébreu, Lod) et Ramleh, après avoir mitraillé les rues et bombardé les mosquées.

Le jeune commandant de 26 ans demande à son leader Ben Gourion des indications concernant les 70.000 habitants des deux villes. Ben Gourion ne lui dit rien, mais fait de la main un geste éloquent. Rabin comprend vite, et les soldats expédient aussitôt la foule impuissante sur les routes, n’hésitant pas à tirer sur les traînards et les récalcitrants.

Il n’est donc pas étonnant, en 1974 en tout cas, que le nouveau Premier ministre « travailliste » aille chercher dans les rangs du Likoud un Conseiller spécial pour les affaires de sécurité nommé … Ariel Sharon !

Sharon est alors à l’exact milieu de sa très longue carrière criminelle. Né en 1928 près de Jaffa, élevé par des parents sionistes dans la haine de l’indigène arabe, Ariel Sharon est enfant-soldat dès l’âge de 14 ans dans une première milice, la Gadna, avant d’intégrer l’armée nationale en 1948, comme capitaine. Chaque épisode de la vie militaire de Sharon se caractérisera ensuite, non seulement par des exploits guerriers, régulièrement vantés par une presse complaisante, mais surtout par l’extrême brutalité du personnage, contre les populations civiles palestiniennes bien sûr, mais aussi dans l’exercice de la guerre conventionnelle, où il fait procéder à l’exécution sommaire de centaines de prisonniers égyptiens désarmés.

Pour autant, pas plus que Rabin, Sharon n’est une brebis galeuse de l’histoire du sionisme. Dès le début des années 1950, le fondateur de l’Etat, David Ben Gourion avait salué ce « bagarreur », et vu en lui le prototype du « Juif Nouveau », devant servir de modèle à tout citoyen du pays.

par CAPJPO-EuroPalestine


ENGLISH TEXT-------------------------

1974

Rabin/Sharon : the left-right myth

War is too important to be left to the generals,” said the head of the French government George Clemenceau in 1917 at the time of the slaughter at Verdun. In 1974, Israel applied the principle in reverse, in which “politics are too important to be left to the civilians”. Thus, a soldier became prime minister, in the person of Yitzhak Rabin, star of the 1967 victories. Yet the career of the future winner of the Nobel Peace Prize hardly began in a glorious way.

In fact, Yitzhak Rabin bears the responsibility for having led one of the harshest deportation operations against the Palestinian people. In July of 1948, his troops easily seized the Palestinian cities of Lydda (Lod in Hebrew) and Ramleh, after machine-gunning the streets and bombarding the mosques.

The young 26-year-old commander asked his leader Ben Gurion for information about the 70,000 inhabitants of these two cities. Ben Gurion said nothing but made an expressive hand gesture. Rabin quickly understood, and his soldiers were not long in sending the powerless crowds onto the roads leading out of town, not hesitating to shoot at the stragglers and resisters.

The exodus of Palestinians, without water, under the sweltering summer sun, was transformed into a death march for hundreds of infants and elderly. It was no coincidence, then, that in 1974 the new “leftist” Labour Party prime minister would search within the ranks of the right-wing Likud for a new Special Advisor on security affairs, a man by the name of…. Ariel Sharon.

Sharon was then at the mid-point in his long criminal career. Born in 1928 near Jaffa, raised by Zionist parents in a spirit of hatred for the indigenous Arab, Ariel Sharon became a child-soldier at the age of 14, in an entry-level militia, the Gadna, before joining the national army in 1948, as a captain. Each episode of Sharon’s military life was characterized not only by its warrior exploits, typically bragged about by a fawning press, but above all by its extreme brutality. This brutality was directed against Palestinian civilian populations, for sure, but it also occurred within the exercise of conventional war, for example when he proceeded to summarily execute hundreds of unarmed Egyptian prisoners.

Even with this background, Sharon is not a black sheep in the history of Zionism, no more than Rabin would be. Ever since the beginning of the 1950s, David Ben Gurion had saluted Sharon the “brawler”, and seen in him the prototype of the “New Jew”, serving as a role model for every citizen of the nation.

By CAPJPO-EuroPalestine


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10 janvier 2009 6 10 /01 /janvier /2009 16:53
1973 : La réputation de « Tsahal » est ébranlée
// 1973 : The reputation of "Tsahal" is shattered

Publié le 12-04-2008


Le 6 octobre 1973, les armées égyptienne et syrienne lancent une attaque pour tenter de récupérer les parties de leurs territoires, désert du Sinaï pour l’Egypte, plateau du Golan pour la Syrie, conquis et occupés par Israël depuis juin 1967.

L’armée israélienne, surprise, est dans un premier temps débordée, et c’est au tour des médias arabes de diffuser en boucle ces images de soldats ennemis capturés et de tanks à l’étoile de David transformés en ferrailles fumantes. Six ans plus tôt, les journaux israéliens s’en étaient donné à cœur joie, avec ces photos de militaires arabes en fuite, courant pieds nus dans le désert.

Effectivement, l’armée égyptienne a réussi une prouesse technico-militaire, en parvenant à repasser de l’autre côté du canal de Suez, et les Syriens ont repris une partie du Golan. Les Etats-Unis et l’Union soviétique organisent vite des ponts aériens pour approvisionner en engins de mort leurs alliés et protégés respectifs, Israël pour Washington, l’Egypte et la Syrie pour Moscou.

Suivent quinze jours de furieux combats, qui coûtent la vie à des milliers de soldats de part et d’autre, avant que les deux superpuissances imposent un cessez-le-feu à des armées enchevêtrées : l’Egypte tient toujours un morceau du Sinaï reconquis, mais les blindés israéliens ont inversement pénétré la partie occidentale, africaine, de l’Egypte. Au nord, la Syrie a reperdu son avantage initial.

Le bilan de la guerre (dite également « guerre de Kippour ») conforte le nationalisme des chefs d’Etat arabes qui l’ont initiée : l’humiliation de 1967 est effacée, et une partie des territoires sera bientôt restituée. En Israël, des responsables politiques (la Première ministre Golda Meïr) et militaires, sont stigmatisés pour leurs piètres performances, d’autant plus qu’avec 2.500 soldats tués, la campagne a été la plus meurtrière pour le pays depuis 1948. Cependant, la stratégie politique, « lorsque la force ne suffit pas, il faut employer plus de force », ne changera malheureusement pas. Si la guerre de 1973 a été la dernière, dans la région, à opposer des armées nationales, l’usage de la force, contre des populations civiles au besoin, continuera d’être une constante de la politique israélienne.

par CAPJPO-EuroPalestine


ENGLISH TEXT-----------------------------

1973

The reputation of "Tsahal" is shattered

On 6 October 1973, the Egyptian and Syrian armies launched an attack, in an attempt to recover the parts of their territory conquered and occupied by Israel since June 1967, i.e. Egypt’s Sinai desert and Syria’s Golan Heights.

The Israeli army, taken by surprise, was initially overwhelmed, and it was left to the Arab media to circulate round-the-clock images of captured enemy soldiers, and tanks bearing the star of David transformed into smouldering heaps of metal. Six years earlier, Israeli journalists had taken great pleasure showing photographs of Arab soldiers fleeing barefoot in the desert.

This time, the Egyptian army certainly displayed its military prowess by managing to cross to the other side of the Suez Canal, and the Syrians recovered a part of the Golan Heights. Airlifts were quickly set up by the US and the USSR to supply deadly equipment to their protégés : Israel being supplied by Washington, and Egypt and Syria by Moscow.

A violent battle raged for fifteen days, costing the lives of thousands of soldiers on both sides, before the two superpowers imposed a cease-fire on the entangled armies : Egypt still held on to a re-conquered piece of the Sinai, but the Israeli tanks had penetrated into the western, African part of Egypt. And to the north, Syria had lost its early advantage.

The outcome of the war, which came to be known as the "Yom Kippur war", gave renewed vigour to nationalism in the Arab states having initiated it : the humiliation of 1967 was wiped out and a part of the territory recovered. In Israel, prime minister Golda Meïr and the military were lambasted for their pathetic performance, all the more so because, with 2,500 soldiers killed, the campaign had been the worst one for the country since 1948. And yet its strategic policy - "if force doesn’t work, then use more force" - unfortunately did not change. If the 1973 war was the last one between national armies, the use of force – against civilian populations if need be – continued to be the ever-present feature of Israeli policy.

By CAPJPO-EuroPalestine

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10 janvier 2009 6 10 /01 /janvier /2009 16:51
La guerre de 1948 en Palestine. Aux origines du conflit Israélo-Arabe

Ilan Pappé

Cinquante ans après les événements, l’ouverture des archives israéliennes et anglaises sur la guerre de 1948 a permis à Ilan Pappé d’écrire une histoire qui remet en cause nombre de mythes. Il montre que la miraculeuse victoire du petit David juif sur les armées coalisées de cinq pays arabes fut en fait la victoire logique du plus fort, du plus soutenu, du plus motivé. Il explique que les jeux étaient faits avant même le premier coup de fusil, car la seule armée arabe en état de combattre, la Légion arabe, équipée et entraînée par les Anglais, se trouvait vouée à une quasi-inaction par les accords secrets entre Abdallah de Transjordanie et les Juifs. Il raconte l’exode des Palestiniens chassés de leurs terres, et leur destin, une fois devenus des réfugiés. Il redistribue les responsabilités de l’échec des négociations après la fin de la guerre. De ce livre, personne ne sort indemne, ni les Israéliens, ni les archaïques dirigeants palestiniens, ni les régimes arabes voisins, ni les grandes puissances.

Un ouvrage indispensable pour comprendre la situation actuelle du conflit, un modèle de méthode historiographique.

388 pages, broché, 2000, 22,71 euros, ISBN : 2-913372-04-x


Le nettoyage ethnique de la Palestine (à paraître)

Ilan Pappe
publié le dimanche 30 décembre 2007.

Le nettoyage ethnique de la Palestine Ilan Pappe (*)

Date de Parution : 13/02/2008 Collection : Documents Prix public TTC : 0,00 € Code ISBN / EAN : 9782213633961 / hachette : 3536414 Format (153 x 235) Nombre de pages : 350

http://www.fayard.fr/livre/fayard-289775-Le-nettoyage-ethnique-de-la-Palestine-Ilan-Pappe-hachette.html

(*) son site en anglais : http://www.ilanpappe.org/ L’universitaire Ilan Pappe s’est fait un nom, dans les années 1980, en tant qu’un de ces « nouveaux historiens » israéliens, qui s’attachent à faire la chronique des crimes de guerre et de la purification ethnique dont les Palestiniens ont été les victimes, durant la première guerre israélo-arabe de 1948. Auteur de plusieurs ouvrages critiquant les mythes « héroïques » de l’histoire sioniste, il enseignait les sciences politiques à l’université de Haïfa, et il est le directeur académique du Centre de Recherche pour la Paix de Givat Haviva. Avocat dévoué des droits des Palestiniens, il a lancé un appel à ostraciser Israël internationalement, à la manière dont l’Afrique du Sud de l’apartheid avait été soumise aux pressions internationales. Cela lui a valu d’être fustigé par un magazine sioniste de droite, Front Page, qui l’a présenté comme « l’Israélien le plus haï en Israël ». En 2002, il a fait l’objet d’une enquête de sa propre université, en raison de son soutien à un étudiant en maîtrise qui avait révélé un massacre de Palestiniens, à Tantura, en 1948. Mais il a refusé de coopérer à cette enquête, qu’il a dénoncée en la qualifiant de « procès truqué » et de « mascarade maccarthyste ». Les accusations pesant sur lui furent par la suite annulées. Son dernier ouvrage, paru en 2003 est « Une histoire de la Palestine contemporaine », dont il prépare actuellement la deuxième édition.

- En 1996, il s’est présenté comme candidat à la Knesset sur la liste du Hadash emmenée par le Parti communiste israélien.


Ilan Pappe
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10 janvier 2009 6 10 /01 /janvier /2009 16:51
Walid al-Awad*
 
Le 15 mai nous commémorons le 57ème anniversaire du jour de la Nakba qui est survenu à notre peuple palestinien. En ces jours du mois de mai, la mémoire de notre peuple s’ouvre sur la blessure saignante représentée par le jour de la Nakba .../

...qui est, surtout pour les réfugiés, le souvenir de la maison , du champ, du figuier, de l’amandier, des cours d’eau, du four à pain, des pâturages, de la saison de la cueillette, tout ce qui touche à la terre dont ils ont été expulsés sous les coups des massacres et de l’agression sioniste.

Il signifie aussi la marche de l’exil, le refuge, les tentes, les tôles et les rangs où ils s’alignaient, les ailes cassées, pour recevoir les aides internationales.

Au même moment, la mémoire s’ouvre sur les actes héroïques de notre peuple, ses martyrs, ses prisonniers, sa résistance, ses sacrifices, sa fierté, sa détermination à rester attaché à ses justes droits, y compris le droit au retour des réfugiés à leur terres et leurs propriétés

En cette date douloureuse, il y a 57 ans, les épisodes du complot auquel devait faire face notre peuple palestinien ont atteint un tournant décisif qui a laissé ses traces sur l’ensemble de la vie du peuple palestinien, sur son infrastructure économique, sociale et politique.

Au regard de la profondeur de son impact, il a communément été admis de décrire ce qui s’est passé par la Grande Nakba. Sinon, comment qualifier le massacre le plus vil que l’histoire humaine contemporaine a connu et dont les épisodes douloureux se poursuivent jusqu’à nos jours, depuis que les bandes sionistes ont réussi, soutenues directement par l’impérialisme mondial, Grande-Bretagne en tête (qui exerçait à l’époque le mandat sur la Palestine) à accomplir leur projet visant à déraciner le peuple palestinien de sa terre, à l’expulser pour y installer les Juifs venant de toutes parts à sa place, dans toutes les villes et les villages dont les propriétaires ont été expulsés, selon la théorie sioniste connue "une terre sans peuple pour un peuple sans terre".

Cette théorie raciste et malheureuse contredit le plus évident des droits de l’homme, les principes du droit international, et dont tous les documents et cartes, toujours prisonniers des cartons des archives britanniques et turques, auxquels la Palestine a été soumise pendant une période très longue, affirment cela.

Ces documents affirment, sans aucune contestation possible, que la Palestine n’a jamais été, comme ils le prétendent, un désert mais elle était peuplée par une population qui l’a cultivée tout au long de siècles. Les Palestiniens, ses habitants, n’ont été expulsés que par de terribles massacres, des meurtres, des destructions, commis par les bandes sionistes, telles que la Haganah, l’Irgoun et le Stern, ce qui a eu pour conséquence la destruction de 532 villages et villes, l’exécution de 52 massacres à l’encontre de ses habitants pacifiques, dont les maisons et les champs ont été incendiés, les habitants aussi, alors qu’ils étaient vivants, comme cela s’est passé pour les habitants de Tira Haïfa.

Les bandes sionistes ne se sont pas privées de commettre les crimes les plus monstrueux, en éventrant les femmes enceintes, en tuant les femmes, les vieillards et les enfants, en violant toutes les sacralités, rejettant tous les traités et les coutumes internationales. ( lire  : http://www.france-palestine.org/article170.html)

Suite à ces monstrueux massacres, elles ont expulsé plus de 850.000 Palestiniens qui sont devenus des réfugiés, et dont le nombre atteint aujourd’hui plus de 5 millions, répartis sur toute la terre, la plupart vivant dans des camps que l’UNRWA a installés.

Ce crime dont notre peuple palestinien est toujours la victime a laissé des traces, non seulement sur cette période, mais jusqu’à l’heure actuelle.

Les réfugiés vivent toujours dans des conditions économiques et sociales difficiles, après avoir été dispersés loin de leurs propriétés et de leurs maisons, dont ils ont été expulsés il y a plus d’un demi-siècle. Malgré cela et d’autres choses encore, leur détermination n’est pas retombée, leur attachement au droit du retour ne s’est pas ébranlé, et à cause des luttes et des sacrifices de notre peuple, la cause des réfugiés et le droit de leur retour gardent encore leur flamme vivante alimentée par sa justice, et brûlant tous ceux qui cherchent à s’en rapprocher de façon malsaine.

De longues années ont montré que tous les complots visant la cause des réfugiés ont échoué, cette question étant devenue le pivot essentiel de la paix et de la stabilité dans la région. Il est devenu clair pour tous que tout règlement qui ne prend pas en compte la résolution de la question des réfugiés de façon juste, selon la résolution 194, échouera.

Le fait de l’affirmer n’est pas un luxe politique ni un désir d’extrémisme, comme certains se plaisent à le dire, mais comme le crime est toujours visible, le criminel connu ainsi que les victimes, et que toute solution juste doit être équitable envers les victimes et doit châtier le criminel, un minimum au moins.

C’est ce qui me fait mettre en avant la juste solution que l’assemblée générale des Nations-Unies a proposée à l’époque, en considération de son rôle qui fut de rechercher une solution pouvant être équitable envers les victimes.

Elle envoya à cette époque un médiateur suédois, le Comte de Bernadotte, afin qu’il présente une solution au conflit en Palestine. Il remit son rapport le 28 juin 1948 dans lequel il affirmait qu’il ne peut y avoir de solution juste et globale au conflit si le droit des réfugiés arabes au retour à leurs maisons dont ils ont été chassés n’était pas respecté, et il a poursuivi, disant : "C’est de l’effronterie et du mépris de tous les principes de justice humaine que de priver ces réfugiés innocents, qui sont victimes d’un conflit, de leur droit au retour à leurs maisons, alors que les Juifs continuent à émigrer de toutes les parties du monde vers la Palestine".

Nous savons que le Comte Bernadotte a payé de sa vie une telle position, moins de quelques mois plus tard, lorsque les bandes sionistes l’ont assassiné à al-Quds [1].

A partir de cette recommandation écrite par le sang du médiateur international Bernadotte, l’assemblée générale des Nations-Unies a essayé de trouver une solution juste à la question des réfugiés, en émettant le 12 décembre 1948 une résolution portant le numéro 194 dont le onzième paragraphe stipule : " qu’il y a lieu de permettre aux réfugiés qui le désirent, de rentrer dans leurs foyers le plus tôt possible et de vivre en paix avec leurs voisins, et que des indemnités doivent être payées à titre de compensation pour les biens de ceux qui décident de ne pas rentrer dans leurs foyers et pour tout bien perdu ou endommagé lorsque, en vertu des principes du droit international ou en équité, cette perte ou ce dommage doit être réparé par les Gouvernements ou autorités responsables" et "Donne pour instructions à la Commission de conciliation de faciliter le rapatriement, la réinstallation et le relèvement économique et social des réfugiés, ainsi que le paiement des indemnités, et de se tenir en liaison étroite avec le Directeur de l’Aide des Nations unies aux réfugiés de Palestine, et, par l’intermédiaire de celui-ci, avec les organes et institutions appropriés de l’Organisation des Nations unies" ;quant au troisième paragraphe, il stipule la création d’une commission de conciliation qui aura la responsabilité de faciliter le retour des réfugiés à leurs terres, ce qu’a refusé le gouvernement israélien qui continue à le refuser jusqu’à présent.

Face au refus et à cet entêtement israéliens, l’assemblée générale continue à affirmer sa position en votant annuellement la décision citée, en tant que solution juste de la question des réfugiés et la plus conforme aux principes des droits de l’homme, du droit international et le plus proche de la réalisation de la légalité internationale.

De plus, les décisions internationales favorables au droit de retour des réfugiés se sont suivies, l’assemblée générale vote
 la décision 394 le 14 décembre 1950, favorable au droit au retour,
 qui est soutenu par l’accord de Genève sur les droits des réfugiés en 1951,
 et il est réaffirmé dans la résolution 1191 émis le 13 décembre 1957,
 la résolution 535 de l’année 1965
 ainsi que les résolutions 3628 et 2672 de l’année 1970,
 mais aussi la résolution 3236 qui stipule dans son paragraphe 2 que le droit de retour des Palestiniens à leurs terres dont ils ont été expulsés et déracinés est inaliénable le considérant indispensable pour l’établissement de la paix et la sécurité dans la région

De façon très rapide, la juste solution de la question des réfugiés est le retour des réfugiés palestiniens à leurs terres, il s’agit d’un droit garanti et déclaré par toutes les résolutions, les traités, les accords internationaux et notamment la décision 194 qui est considérée comme une des résolutions légales internationales le plus favorables à la légalité de la réclamation du droit au retour.

Pour cela, il est nécessaire de s’attacher fermement à cette résolution et à s’éloigner de toutes les explications qui peuvent l’affaiblir ou détruire son fondement, qui représente la légalité, la légitimité et la possibilité d’appliquer le droit au retour.

Cela est important en ce moment où de temps à autre apparaissent de multiples attitudes ou initiatives essayant de trouver une solution à la question des réfugiés en passant par-dessus cette résolution ou en la contournant en la vidant de son contenu, dans le meilleur des cas.

Certains vont encore plus loin en affirmant l’impossibilité de réaliser ce droit, en allant même jusqu’à le proposer en troc au bazar des initiatives, dont le plafond s’abaisse continuellement, sans compte ni contrôle, suscitant crainte et inquiétude, et même les doutes du fait de l’insistance israélienne à refuser absolument le droit au retour, en accord avec la position américaine exprimée par le président américain George Bush, qui a donné des garanties au premier ministre israélien Sharon lors de la visite de ce dernier à la Maison Blanche, en 2004, et qu’il a de nouveau affirmé lorsqu’il a reçu le même au Texas, il y a un mois.

A partir de là, une grande précaution doit être exigée sur le plan palestinien pour ne pas tomber dans le piège visant le droit au retour et le remplacement du droit des réfugiés à retourner sur leurs terres par le retour partiel à l’Etat indépendant, dont la formation sur l’ensemble des terres occupées en 1967 reste cependant douteuse si elle est en accord avec Israël et les Etats-Unis, étant donné l’attitude israélienne, les tergiversations et les ajournements successifs, le refus d’appliquer les ententes de Sharm el-sheikh, avec un soutien américain clair au maintien des grands blocs de colonies, et le non-retour aux frontières de 1967 confirmant le choix auquel s’accroche le gouvernement israélien.

Il s’agit du choix de poursuivre l’agression et de nier les justes droits de notre peuple .

Que personne ne se leurre à propos des informations diffusées par l’occupation au sujet du retrait prochain de la bande de Gaza, car ce soi-disant retrait, si jamais il se réalise, le sera selon la vision israélienne, transformant la bande de Gaza en une grande prison, où ses habitants vont plonger, économiquement et socialement, au moment où Israël va poursuivre son siège.

Au même moment, il continuera à avaler ce qui reste des territoires palestiniens en Cisjordanie, car il poursuit l’agrandissement des colonies, la construction du mur de l’apartheid et les mesures d’isolement de la ville d’al-Quds, ainsi que les campagnes d’arrestation et le refus de libérer les prisonniers.

Tout ceci se déroule avec l’accord américain dans le cadre d’un silence de plomb de la part du comité quadripartite, de la communauté internationale et une dérobade honteuse des pays arabes.

Le souvenir de la Nakba et les traces plus ou moins douloureuses qu’elle a laissées, ont été une leçon pour notre peuple. Elles exigent une affirmation claire que notre peuple palestinien, qui a refusé tous les plans de liquidation de la question des réfugiés, qui a insisté à s’attacher à ses droits légitimes, qui a offert des milliers de martyrs, de blessés et de prisonniers, pour les défendre, qui a vécu réfugié dans les conditions les plus difficiles, notre peuple restera attaché à ses droits, restera fermement attaché à son droit au retour comme il a été défini dans la résolution 194, qui confirme avec précision que le retour se fera à partir du choix personnel de chaque réfugié, ce qui signifie que le droit au retour est un droit personnel pour chaque réfugié, et personne ne peut le concéder ou le négocier.

En cette commémoration de la 57ème année de la Nakba, il est nécessaire de renouveler notre attachement au droit au retour, de rassembler les énergies populaires palestiniennes pour mener une campagne populaire la plus large possible, avec des manifestations, des festivals et des congrès populaires pour l’exprimer.

Nous devons activer le rôle du département des affaires des réfugiés dans l’OLP en lui assurant toutes les ressources nécessaires afin d’en finir avec le traitement bureaucratique de cette question. Il faudrait en même temps, activer tous les comités et institutions populaires agissant dans le domaine des réfugiés, prendre l’initiative de former des comités de défense du droit au retour dans toutes les villes, villages et camps dans le pays et dans l’exil, tout en suscitant les actions officielles sur les plans arabe et international pour activer la question des réfugiés et du droit au retour, surtout au niveau de l’assemblée générale des Nations-Unies, en lui demandant l’application de ses résolutions, en affirmant la nécessité de donner vie à la Commission internationale de conciliation, lui réclamant l’exécution de ses responsabilités attendues depuis 57 ans, et en même temps s’attacher à la résolution 194, affirmant sa légalité, la force de sa légitimité qui a toujours cours malgré le refus israélien à la respecter, tout comme il refuse d’autres résolutions internationales.

Le refus israélien n’affaiblit pas la force de la légitimité ni de la légalité de ces résolutions mais au contraire, il affaiblit la place et la crédibilité internationale d’Israël, en augmentant son isolement.

* Walid al-Awad : Membre du conseil national palestinien et secrétaire du comité des réfugiés

[1] nom de Jérusalem en Arabe

Traduit par Centre d’Information sur la Résistance en Palestine
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10 janvier 2009 6 10 /01 /janvier /2009 16:48

Dans 1948 and After, Benny Morris revient plus longuement sur le rôle joué par Yosef Weitz, alors directeur du département foncier du Fonds national juif (16). Dans son Journal, le 20 décembre 1940, ce sioniste aux convictions tranchées confiait sans détours : « Il doit être clair qu’il n’y a pas de place pour deux peuples dans ce pays (...) et la seule solution, c’est la Terre d’Israël sans Arabes (...) Il n’y a pas d’autre moyen que de transférer les Arabes d’ici vers les pays voisins (...) Pas un village ne doit rester, pas une tribu bédouine.

Ce programme radical, sept ans plus tard, Yosef Weitz va pouvoir l’appliquer lui-même. Dès janvier 1948, il orchestre, ici et là, l’expulsion des Palestiniens. En avril, il obtient la constitution d’« un organisme qui dirige la guerre avec pour but l’éviction d’autant d’Arabes que possible ». Informel jusqu’à fin juin, officiel ensuite, le « Comité du transfert » supervise la destruction des villages arabes abandonnés ou leur repeuplement par de nouveaux immigrants juifs. Bref, quand David Ben Gourion déclare au Conseil des ministres, le 16 juin 1948, vouloir éviter « à tout prix » le retour des réfugiés, il s’agit, non d’une phrase en l’air, mais d’un programme politique très concret...

Entre historiens anciens et nouveaux, et au sein même de la nouvelle école, le débat le plus vif porte sur la nature de la politique arabe du Yichouv et de ses forces armées durant les six premiers mois de 1948. Dans son premier livre, The Birth, Benny Morris s’en tenait à une thèse « centriste » : « Le problème palestinien, assurait-il, est né de la guerre, et non d’une intention, juive ou arabe (17). » Il a nuancé cette appréciation dans son deuxième livre, 1948, en définissant le transfert comme « un processus cumulatif, aux causes enchevêtrées, mais [avec] un déclencheur majeur, un coup de grâce [en français dans le texte], en forme d’assaut de la Hagana, de l’Irgoun ou des Forces de défense d’Israël dans chaque localité (18) ». Benny Morris nie cependant l’existence d’un plan d’expulsion, et tend à disculper David Ben Gourion, président de l’Agence juive, puis Premier ministre et ministre de la Défense du jeune État d’Israël. Peut-être tactique, cette attitude contredit en tout cas nombre d’éléments que l’historien rapporte lui-même :

-  Benny Morris souligne l’engagement de longue date de Ben Gourion en faveur du projet de « transfert » (notamment à partir de 1937, en réponse à la Commission Peel). Il nous apprend de surcroît, archives à l’appui, que les textes du mouvement sioniste comme les Journaux de ses dirigeants ont été systématiquement expurgés pour gommer les allusions au « transfert » et les opérations d’expulsion, envisagées ou réalisées.

-  Benny Morris décrit en permanence Ben Gourion menant d’une main de fer l’entreprise d’expulsion des Arabes et de confiscation de leurs biens. Et il le dépeint toujours soucieux de ne laisser aucune trace de sa responsabilité.

-  Benny Morris insiste également sur ce qu’il appelle le « facteur atrocité ». L’historien montre en effet que, loin de représenter une « bavure » extrémiste, le massacre de Deir Yassine a été précédé et suivi de nombreux autres commis par la Hagana, puis par Tsahal, de la fin 1947 à la fin 1948. L’historien reviendra, dans la seconde édition de The Birth, en 2004, sur l’étendue de ces tueries, à partir des archives récemment ouvertes : « Ce que montrent les nouveaux matériaux, c’est que les Israéliens ont commis bien plus de massacres que je ne l’avais pensé auparavant. »

-  Enfin Benny Morris admet clairement que l’opération Nahshon et le plan Dalet comportent une indiscutable dimension d’expulsion. A la page 62 de The Birth, il estime que « l’essence » du plan D était « de chasser toutes les forces hostiles et potentiellement hostiles de l’intérieur du territoire futur de l’État juif, d’établir une continuité territoriale entre les principales concentrations de population juive et d’assurer la sécurité des futures frontières avant l’invasion arabe attendue. Comme les irréguliers arabes étaient basés et cantonnés dans les villages, et comme les milices de nombreux villages participaient aux hostilités contre le Yichouv, la Hagana considérait la plupart des villages comme activement ou potentiellement hostiles ». A la page suivante, il reconnaît que le plan D représentait « un ancrage stratégico-idéologique pour l’expulsion par les commandants de front, de district, de brigade et de bataillon » auxquels il donnait « post facto une couverture formelle et convaincante pour expliquer leurs actions ». Et pourtant, Benny Morris assure, page 62, que « le plan D n’était pas un plan politique d’expulsion des Arabes de Palestine ». Après quoi il affirme page 64 : « A partir du début avril, il y a des traces claires d’une politique d’expulsion à la fois au niveau national et local en ce qui concerne certains districts et localités stratégiques-clés »...

Le fait que les archives n’aient pas - jusqu’ici - révélé de directive globale d’expulsion suffit-il pour nier le phénomène et les responsabilités de la direction du Yichouv ? Tout indique qu’il existait sur ce point un consensus extrêmement solide dans l’appareil politique et militaire, y compris parmi nombre de cadres du Mapam. Si le Parti sioniste socialiste et ses ministres mènent bataille contre l’expulsion, ses dirigeants et militants directement engagés dans l’affrontement, eux, n’hésitent pas, qu’il s’agisse des combattants du Palmah ou des membres de kibboutzim situés en première ligne.

Comme l’écrit Benny Morris, « Ben Gourion voulait clairement que le moins d’Arabes possible demeurent dans l’État juif. Il espérait les voir partir. Il l’a dit à ses collègues et assistants dans des réunions en août, septembre et octobre. Mais aucune politique d’expulsion n’a jamais été énoncée et Ben Gourion s’est toujours abstenu d’émettre des ordres d’expulsion clairs ou écrits ; il préférait que ses généraux “comprennent” ce qu’il souhaitait les voir faire. Il entendait éviter d’être rabaissé dans l’histoire au rang de “grand expulseur” et ne voulait pas que le gouvernement israélien soit impliqué dans une politique moralement discutable (19). »

Ilan Pappé va, lui, beaucoup plus loin. Et son dernier livre, The Ethnic Cleansing of Palestine, qui paraîtra au printemps chez Fayard, constitue une somme, sinon définitive – il n’y a jamais de point final dans la recherche historique -, en tout cas majeure sur 1948. Certes, l’historien avait déjà écrit plusieurs essais importants qui, tout en s’inscrivant dans le mouvement de la « nouvelle histoire », le distinguaient nettement du pionnier de cette dernière. Dès 1992, avec The Making of the Arab-Israeli Conflict, 1947-1951, il opposait aux thèses « centristes » de Benny Morris une analyse plus radicale de l’expulsion des Palestiniens : pour lui, il ne s’agit pas d’une conséquence de la guerre, mais du résultat d’un plan mûrement réfléchi.

Non seulement il développe cette approche dans son nouvel ouvrage de manière approfondie et cohérente, mais il le fait à la manière de… Benny Moris : avec forces citations tirées des archives de la Hagana, du Palmah et des Forces de défense d’Israël, ainsi que des Journaux de David Ben Gourion et d’autres dirigeants juifs. Mais, contrairement à son collègue et adversaire, il évoque aussi les travaux d’historiens palestiniens et arabes ainsi que les témoignages de protagonistes palestiniens des événements. Après The Ethnic Cleansing, nul ne pourra plus raconter – honnêtement – 1948 comme avant…

Le livre s’ouvre sur la « Maison rouge », cet immeuble Bauhaus de Tel-Aviv devenu, en 1947, le quartier général de la Hagana. Ce 10 mars 1948, onze hommes, « vieux dirigeants sionistes et jeunes officiers juifs, apportent la touche finale à un plan de nettoyage ethnique de la Palestine. Le soir même, des ordres militaires sont diffusés aux unités sur le terrain afin qu’elles préparent l’expulsion systématique des Palestiniens de vaste zones du pays. Ces ordres comprenaient une description détaillée des méthodes à employer pour chasser les gens par la force ». Six mois après, « plus de la moitié de la population autochtone de la Palestine, soit près de 800 000 personnes, avait été déracinée, 531 villages détruits et onze villes vidées de leurs habitants ».

Le plan du 10 mars « et par-dessus tout sa mise en œuvre systématique dans les mois suivants constituent donc un cas évident d’opération de nettoyage ethnique, lequel est désormais considéré par la loi internationale comme un crime contre l’humanité ». Avec l’irruption des moyens de communication électroniques, poursuit Pappé, « il est devenu quasiment impossible de dissimuler des crimes contre l’humanité à grande échelle ». Et pourtant « un de ces crimes a été presque totalement effacé de la mémoire publique globale : la dépossession des Palestiniens en 1948 par Israël ». Pis, il a été « systématiquement nié et n’est toujours pas reconnu aujourd’hui comme un fait historique (20) ».

Les « nouveaux historiens » se sont bien sûr efforcés de réviser la version traditionnelle de la guerre de 1948. « J’étais l’un d’eux », ajoute Pappé qui, autocritique, estime néanmoins que ses confrères et lui ont « éludé la question du nettoyage ethnique » : comme les « historiens diplomatiques », ils se sont « concentrés sur les détails ». Certes, grâce aux archives militaires israéliennes, lui et ses confrères ont pu non seulement démontrer l’absurdité de la thèse selon laquelle les Palestiniens seraient partis volontairement, mais aussi confirmer « beaucoup de cas d’expulsions massives » de villages et de villes et révéler « un nombre considérable d’atrocités, y compris de massacres (21) ».

Mais leur démarche comportait, ajoute Pappé, une limite majeure cependant, évidente chez le précurseur de la « nouvelle histoire » : le fait de s’appuyer exclusivement sur les archives, considérées comme l’expression d’une « vérité absolue », l’a conduit à une appréhension déformée de la réalité sur le terrain. Si Morris et les autres s’étaient tournés vers l’histoire orale, y compris arabe, ils auraient pu mieux saisir la « planification systématique derrière l’expulsion des Palestiniens en 1948 » et fournir « une description plus véridique de l’énormité des crimes commis ». D’où l’objectif que Pappé assigne à son nouveau livre : « défendre le paradigme du nettoyage ethnique et le substituer à celui de guerre » – pour la recherche universitaire comme pour le débat public sur 1948.

Il est évidemment impossible de résumer ici les 320 pages de The Ethnic Cleansing of Palestine : après une définition du concept de « purification ethnique » et une étude sur la place du « transfert » dans la pensée sioniste, Pappé y décrit dans le détail comment, dès le début des années 1940, la direction du Yichouv a préparé, puis mis en œuvre, étape après étape, l’expulsion des Palestiniens.

Je ne citerai qu’un fait qui, à mes yeux, ébranle la thèse d’une expulsion non planifiée : la constitution, dès avant le Seconde Guerre mondiale, d’un fichier de tous les villages arabes établi dès avant la Seconde Guerre mondiale. C’est un jeune historien de l’Université hébraïque de Jérusalem, Ben-Zion Luria, qui en proposa l’établissement : « Cela aiderait grandement à la rédemption de la terre », écrivit-il au Fonds national juif (FNJ). Recruté pour s’en charger, un topographe de l’Université hébraïque « suggéra de conduire une inspection à l’aide de photographies aériennes ». Les meilleurs photographes professionnels du pays contribuèrent au projet, un laboratoire étant installé dans la maison de Margot Sadeh… l’épouse de Itzhak Sadeh, le chef du Palmah !(22)

Ainsi furent constitués des dossiers détaillés sur chacun des villages de Palestine, qui comprenaient, explique Pappé, « les routes d’accès, la qualité de la terre, les sources, les principales sources de revenu, la composition sociologique, les affiliations religieuses, le nom des muktars, les relations avec les autres villages, l’âge des habitants hommes (de 16 à 50 ans) et bien d’autres choses ». La plus importante était « un index de l’“hostilité” [à l’égard du projet sioniste], à partir du niveau de la participation du village à la révolte de 1936. Une liste comportait quiconque y avait pris part et les familles de ceux qui avaient perdu quelqu’un dans le combat contre les Britanniques. Une attention particulière était prêtée aux gens qui avaient prétendument tué des Juifs. Comme nous le verrons, en 1948, cette dernière information alimentera les pires atrocités dans les villages, conduisant à des exécutions de masse et à des tortures ».

En 1943, Ezra Danin, qui jouera cinq ans plus tard un rôle dirigeant dans l’épuration ethnique, systématisera tout le fichier. À partir de ce moment, les dossiers inclurent « des descriptions détaillées des liens familiaux, les cultures, le nombre d’arbres dans les plantations, la qualité de chaque verger (et même de chaque arbre), la quantité moyenne de terre par famille, le nombre de voiture, les propriétaires de commerces, les membres des ateliers et les noms des artisans dans chaque village avec leurs compétences. Plus tard, s’ajouteront des indications méticuleuses sur chaque clan et son affiliation politique, la stratification sociale entre notables et simples paysans ainsi que les noms des fonctionnaires du gouvernement mandataire (23) ».

Plus la fin du mandat britannique approcha, et plus « l’information s’orienta de manière explicitement militaire : le nombre de gardes (la plupart des villages n’en avaient aucun) et les quantité et qualité des armes à la disposition du village (en général archaïques ou même absentes) ». Pour compléter leurs fichiers, Ezra Danin et son assistant, Yaacov Shimoni, recrutèrent deux autres collaborateurs, Yehoshua Palmon et Tuvia Lishanski, mais aussi des « informateurs » palestiniens. « L’actualisation définitive des dossiers des villages, précise l’historien, se déroula en 1947. Elle se focalisa sur la constitution de listes de personnes “recherchées” dans chaque village. En 1948, les troupes juives utilisèrent ces listes pour les opérations de recherche et d’arrestation qu’elles conduisaient dès qu’elles occupaient une localité. Les hommes étaient alignés et ceux qui figuraient sur les listes étaient identifiés, souvent par la même personne qui avait fourni les informations à leur sujet (…), la tête recouverte d’un sac avec deux yeux afin de ne pas être reconnue. Les hommes ainsi choisis étaient souvent abattus sur le champ. »

Toute affiliation au mufti ou à son parti politique « constituait un crime aux yeux des experts sionistes. En consultant les fiches de 1947, nous voyons que des villages de 1 500 habitants comprenaient environ entre vingt et trente de ces suspects ». Igaal Yadin l’a reconnu, conclut Pappé : « C’est cette connaissance détaillée de ce qui se passait dans chaque village palestinien qui a permis au commandement militaire sioniste en novembre 1947 de conclure que “les Arabes de Palestine n’avaient personne pour les organiser correctement”. Le seul problème sérieux était les Britanniques : “S’il n’y avait pas eu les Britanniques, nous aurions écrasé l’émeute [contre le plan de partage] en un mois. (24) »

Merci votre attention.

(1) In Middle East Forum, novembre 1961, republié avec un nouveau commentaire par le Journal of Palestine Studies, vol. XVIII, n° 69, 1988.

(2) Les livres de la Revue d’études palestiniennes, Paris, 1984.

(3) Leurs livres les plus importants sont : Simha Flapan, The Birth of Israel, Myth and Realities, Pantheon Books, New York, 1987 ; Tom Segev, 1949. The First Israelis, Free Press MacMillan, New York Londres, 1986 ; Avi Schlaïm, Collusion across the Jordan. King Abdallah, the Zionist Movement and the Partition of Palestine, Clarendon Press, Oxford, 1988 ; Ilan Pappé, Britain and the Arab-Israeli Conflict, 1948-1951, MacMillan, New York, 1988, et The Making of the Arab-Israeli Conflict, 1947-1951, I. B. Tauris, New York, 1992 ; et Benny Morris, The Birth of the Palestinian Refugee Problem, 1947-1949, Cambridge University Press, Cambridge, 1987, et 1948 and After. Israel and the Palestinians, Clarendon Press, Oxford, 1990.

(4) Notamment Shabtaï Teveth, Avraham Sela, Itamar Rabinovich et, dans la rubrique purement polémique, Ephraïm Karsh.

(5) Benny Morris, Victimes. Histoire revisitée du conflit arabo-sioniste, Complexe, Bruxelles, 2003 ; Ilan Pappé, La guerre de 1948 en Palestine et Les Démons de la Nakba, La Fabrique, Paris, respectivement 2000 et 2004 ; Eugène Rogan et Avi Shlaïm (dir.), 1948. La Guerre de Palestine : derrière le mythe, Autrement, Paris, 2002 ; Tom Segev, Les Premiers Israéliens, Calmann-Lévy, Paris, 1998.

(6) Nur Masalha, « 1948 and After revisited », Journal of Palestine Studies 96, publié par University of California Press for the Institute of Palestine Studies, Berkeley, vol. XXIV, n° 4, été 1995.

(7) Haaretz, Tel-Aviv, 9 janvier 2004.

(8) Benny Morris, 1948, op. cit, p. 14.

(9) Ilan Pappé, The Making, op. cit., p. 212.

(10) Cité par Avi Shlaïm, Collusion...., op. cit., p. 474-475.

(11) Ilan Pappé, The Making..., op. cit., p. 193.

(12) The Birth..., op. cit, p. 129.

(13) Voir Erskine Childers, « The Other Exodus », The Spectator Magazine, Londres, 12 mai 1961, cité par Nadine Picaudou, Les Palestiniens, un siècle d’histoire, Éditions Complexe, Bruxelles, 1997, p. 115.

(14) 23 octobre 1979.

(15) Cité par Simha Flapan, op. cit., p. 107.

(16) 1948 and After, op. cit., chapitre 4.

(17) Benny Morris, The Birth..., op. cit., p. 286.

(18) Benny Morris, 1948..., op. cit., p. 32.

(19) Benny Morris, The Birth..., op. cit., pp. 292-293.

(20) The Ethnic cleansing…., op. cit., pp. xii et xiii.

(21) Ibidem, pp. xiii à xv.

(22) Ibidem, pp. 17 et 19.

(23) Ibidem, pp. 19 et 20.

(24) Ibidem, pp. 20 à 22.

Dominique Vidal - Conférence à Ashkelon, 4 décembre 2007
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10 janvier 2009 6 10 /01 /janvier /2009 16:44
Conférence de Dominique Vidal à Ashkelon, 4 décembre 2007
 
Il y a soixante ans, presque jour pour jour, l’Assemblée générale des Nations unies décidait, à la majorité requise des deux tiers, de partager la Palestine en un État juif et un État arabe, plus une zone sous « régime international particulier » pour Jérusalem et les Lieux saints.

Un an et demi plus tard, c’est à un tout autre partage qu’a abouti la guerre de 1948 : Israël a vu le jour et augmenté d’un tiers son territoire, annexant une partie de l’État palestinien, mort né, dont le reste est passé aux mains de la Jordanie et de l’Égypte. Et surtout plusieurs centaines de milliers de Palestiniens, qui vivaient sur les territoires finalement occupés par Israël, ont dû quitter leurs foyers.

C’est sur ce dernier point que, depuis soixante ans, une intense bataille de propagande oppose deux versions des événements :

Pour les historiens palestiniens et arabes, il s’agit d’une expulsion. La majorité de ces 700 000 à 900 000 réfugiés ont été contraints au départ, au cours des affrontements judéo-palestiniens, puis de la guerre israélo-arabe, dans le cadre d’un plan politico-militaire jalonné de nombreux massacres. C’est notamment la thèse défendue, dès 1961, par Walid Khalidi, dans son essai « Plan Dalet : Master Plan for the Conquest of Palestine » (1), et, plus récemment, par Elias Sanbar dans Palestine 1948. L’Expulsion (2).

Selon l’historiographie israélienne traditionnelle, au contraire, les réfugiés - 500 000 au maximum - seraient partis volontairement, répondant aux appels des dirigeants arabes qui leur auraient promis un retour rapide après la victoire. Non seulement les responsables juifs n’auraient pas planifié d’éviction, mais les rares massacres à déplorer - en premier lieu celui de Deir Yassine, le 9 avril 1948 - auraient été le fait des troupes extrémistes affiliées à l’Irgoun de Menahem Begin et au Lehi d’Itzhak Shamir.

Dès les années 1950, quelques personnalités israéliennes, liées notamment au Parti communiste, contestaient cette thèse. Depuis la seconde moitié des années 80, elles ont été rejointes dans leur critique par un certain nombre de journalistes et de chercheurs : Simha Flapan, Tom Segev, Avi Schlaïm, Ilan Pappé et Benny Morris - c’est ce dernier, avec The Birth of the Palestinian Refugee Problem, qui a donné le signal du scandale et inventé l’expression « nouveaux historiens (3) ». Au point de s’attirer les remontrances plus ou moins acerbes d’historiens plus ou moins orthodoxes (4) qui s’efforcent de faire barrage à cette « révision » de l’histoire d’Israël.

Curieusement, pendant plus de dix ans, aucun ouvrage des « nouveaux historiens » consacré à l’analyse de ces événements - les premiers datent pourtant de 1987 – n’a été traduit en français. Comment accepter qu’une contribution aussi importante à des événements fondateurs du Proche-Orient contemporain, disponible en anglais et en hébreu, reste inaccessible au public francophone ? C’est pourquoi, en 1998, j’ai écrit, avec Joseph Algazy, un livre de synthèse de leurs travaux, qui vient d’être republié, dans une version actualisée et augmentée, Comment Israël expulsa les Palestiniens (1947-1949). L’écho de la première édition a sans doute contribué, comme je l’espérais, à débloquer la situation : le fait est que, depuis 1998, Benny Morris, Ilan Pappé, Tom Segev, Avi Shlaïm ont vu six de leurs livres traitant entièrement ou notamment de la guerre de 1948 publiés en français (5).

Ce retard dans la publication en français des travaux des « nouveaux historiens » n’aide pas à comprendre comment cette école s’est développée. En réalité, deux phénomènes se sont conjugués pour inciter ces chercheurs à se pencher sur les origines de l’État d’Israël et du problème des réfugiés palestiniens :

-  le premier, c’est bien sûr l’ouverture, à partir de 1978, des archives israéliennes concernant cette période : les chercheurs y puisent l’essentiel de leurs sources. Or, comme le note à juste titre l’historien palestinien Nur Masalha, « l’histoire et l’historiographie ne devraient pas nécessairement être écrites, exclusivement ou essentiellement, par les vainqueurs (6) » ;

-  mais la plongée dans les archives israéliennes - ainsi qu’américaines et britanniques - n’aurait pas été si fructueuse si les années suivant leur ouverture n’avaient pas été marquées par la guerre du Liban et le déclenchement de la première Intifada. Bref, les « nouveaux historiens » mettent à jour l’origine du problème palestinien alors même que celui-ci revient au premier plan et appelle des solutions nouvelles.

Encore une précision, avant d’entrer dans le vif du sujet : ces chercheurs ne constituent pas un groupe homogène, ni sur le plan méthodologique ni au niveau idéologique. Pour tenter d’éviter le débat sur le fond, certains polémistes – comme Pierre-André Taguieff – ont pensé pouvoir balayer leurs travaux en les qualifiants d’« intellectuels d’extrême gauche ». Absurde : ce qui frappe au contraire, c’est la diversité de leurs opinions politiques et, plus important encore, de leur positionnement par rapport au sionisme. L’enquête que Sébastien Boussois a menée en Israël, pour la postface de mon livre, auprès des « nouveaux historiens » comme de leurs adversaires le démontre clairement.

De tous les historiens de cette école, seul Ilan Pappé se définit comme « antisioniste ». Tous les autres s’affirment sionistes, à des degrés divers. Et, comme chacun sait, leur pionnier, Benny Morris, a connu une évolution politique qui l’a amené, après l’échec du sommet de Camp David de juillet 2000, à soutenir de plus en plus nettement la politique menée par Ariel Sharon. Dans une retentissante interview au quotidien Haaretz, le 8 janvier 2004, il est allé jusqu’à défendre l’épuration ethnique : « Il y a des circonstances dans l’histoire qui justifient le nettoyage ethnique », déclarait-il. Et de poursuivre : « Je sais que ce terme est complètement négatif dans le discours du XXIe siècle, mais, quand le choix est entre le nettoyage ethnique et le génocide - l’annihilation de votre population - je préfère le nettoyage ethnique (…) C’était la situation. C’était ce que le sionisme affrontait. Un État Juif n’aurait pas pu être créé sans déraciner 700 000 Palestiniens. Par conséquent il était nécessaire de les déraciner.(7). » Curieux gauchiste !

Cette dérive du citoyen Benny Morris n’a pas pour autant amené l’historien Benny Morris à renier les résultats de vint années de recherches. Au contraire : ses recherches, depuis vingt ans, ont approfondi la rupture majeure qu’avait marquée, en 1987, la parution de The Birth of the Palestinian Refugee Problem. C’est en effet à Benny Morris et à son premier livre qu’on doit les révélations les plus novatrices sur la période 1947-1949.

Synthétiser en quelques minutes des années de recherches historiques est une impossible gageure. Disons, pour schématiser, que les « nouveaux historiens » ébranlent en particulier trois mythes de l’historiographie traditionnelle :

-  Le premier, c’est la menace mortelle qui aurait pesé sur Israël à l’époque. Comme l’écrit Benny Morris dans 1948 and After, « la carte qui montre un minuscule Israël et un environnement arabe géant ne reflétait pas - et, jusqu’ici, ne reflète toujours pas - avec exactitude le véritable rapport des forces militaires dans la région (8) » :

Contrairement à la légende dépeignant un frêle État juif à peine né et déjà confronté aux redoutables armées d’un puissant monde arabe, les « nouveaux historiens » confirment la supériorité croissante des forces israéliennes (en effectifs, armement, entraînement, coordination, motivation...) à la seule exception - peut-être - de la courte période qui va du 15 mai au 11 juin 1948.

A quoi s’ajoutent, pour Israël, l’appui politique des États-Unis (en tout cas de leur présidence) et le soutien diplomatique et militaire de l’URSS - à l’époque, même lorsque la répression s’abattra sur les juifs soviétiques, le Kremlin continuera de livrer des armes à Israël et de le défendre inconditionnellement à l’ONU.

Dernier élément, décisif, étudié par Avi Shlaïm dans Collusion across the Jordan : l’accord tacite passé le 17 novembre 1947 (douze jours avant le plan de partage des Nations unies) par Golda Meïr avec le roi Abdallah de Transjordanie. Il constitue une garantie stratégique majeure pour Israël : la Légion arabe, seule armée arabe digne ce nom, s’engageait à ne pas franchir les frontières du territoire alloué à l’État juif en échange de la possibilité d’annexer celui prévu pour l’État arabe. Assuré, dès février 1948, du feu vert explicite du secrétaire au Foreign Office, Ernest Bevin, ce plan sera effectivement mis en œuvre : si la Légion arabe participe à la guerre à partir du 15 mai 1948, elle ne pénètre jamais en territoire israélien et ne prend jamais l’initiative d’une bataille d’envergure contre Tsahal - sauf à Jérusalem, exclue de l’accord. D’ailleurs, le schéma du 17 novembre 1947 se substituera bel et bien, à la fin des hostilités, au plan partage du 29 : la Jordanie occupera et annexera la partie arabe de la Palestine, moins les zones conquises par Israël (qui a augmenté sa superficie d’un tiers) et la bande de Gaza occupée par l’Égypte...

-  Le deuxième mythe concerne la volonté de paix qu’aurait manifestée Israël au lendemain de la guerre. Organisée par la Commission de conciliation sur la Palestine sur décision de l’Assemblée générale des Nations unies du 11 décembre 1948 - celle qui affirme le droit au retour ou à une compensation des réfugiés -, la conférence de Lausanne a notamment été étudiée par Avi Shlaïm, dans le livre déjà cité, et par Ilan Pappé dans The Making of the Arab-Israeli Conflict. Leurs conclusions contredisent largement la thèse traditionnelle.

Les archives montrent en effet qu’Israël est venu à Lausanne uniquement pour complaire aux Américains et aux Européens afin d’obtenir ainsi son admission aux Nations unies. A cette fin, Tel Aviv ratifiera, le 12 mai 1949, un protocole réaffirmant à la fois le plan de partage - jusque-là refusé par les États arabes - et le droit au retour des réfugiés. Mais il reniera aussitôt sa signature : comme l’écrit un mois plus tard Walter Eytan, codirecteur général du ministère israélien des Affaires étrangères, « mon principal objectif était de commencer à saper le protocole du 12 mai, que nous avions été contraints de signer dans le cadre de notre bataille pour être admis aux Nations unies (9). » De fait, Lausanne finira dans l’impasse. Et Eliahou Sasson, le chef de la délégation israélienne, confiera : « Le facteur qui bloque, c’est aujourd’hui Israël. Par sa position et ses demandes actuelles, Israël rend la seconde partie de la Palestine inutilisable pour tout projet, sauf un - son annexion par un des États voisins, en l’occurrence la Transjordanie (10). »

La meilleure preuve de la mauvaise volonté israélienne, c’est la manière dont David Ben Gourion rejette l’offre incroyable du nouveau président syrien, Husni Zaïm, qui propose non seulement de faire la paix avec Israël, mais aussi d’accueillir 200 000 à 300 000 réfugiés palestiniens. Le temps que Tel Aviv prenne conscience de l’intérêt de la suggestion, il est trop tard : Zaïm est renversé par un coup d’État militaire...

Bref, conclut Ilan Pappé, « contrairement aux opinions de nombreux historiens et au mythe israélien concernant la guerre de 1948, il y avait bien des leaders arabes qui recherchaient la paix avec le nouvel État juif au milieu d’eux, et certains d’entre eux subirent des rebuffades de la part d’Israël (11) ».

-  Mais le mythe le plus sérieusement ébranlé concerne l’exode des Palestiniens. Résumons.

Benny Morris le montre, les archives réfutent formellement la thèse de l’appel arabe à la fuite. « Il n’existe pas de preuve attestant, écrit-il, que les États arabes et le Haut Comité arabe [HCA, palestinien] souhaitaient un exode de masse ou qu’ils aient publié une directive générale ou des appels invitant les Palestiniens à fuir leurs foyers (même si, dans certaines zones, les habitants de villages spécifiques ont reçu de commandants arabes ou du HCA l’ordre de partir, essentiellement pour des raisons stratégiques) (12). » Quant aux fameuses exhortations qu’auraient diffusées les radios arabes, on sait depuis l’étude systématique, à la fin des années 50, de leurs programmes enregistrés par la BBC qu’il s’agit d’inventions pures et simples (13).

Certes, dans les semaines suivant le plan de partage, il y eut 70 000 à 80 000 départs volontaires, pour l’essentiel de riches propriétaires terriens et des membres de la bourgeoisie urbaine. Mais après ? Le premier bilan dressé par les Services de renseignement de la Hagana, daté du 30 juin 1948, estime à 391 000 le nombre de Palestiniens ayant déjà quitté le territoire alors aux mains d’Israël. « Au moins 55 % du total de l’exode ont été causés par nos opérations », écrivent les experts, qui ajoutent les opérations des dissidents de l’Irgoun et du Lehi « qui ont directement causé environ 15 % de l’émigration ». Avec 2 % attribués aux ordres d’expulsion explicites donnés par les soldats juifs et 1 % à leur guerre psychologique, on arrive ainsi à 73 % de départs directement provoqués par les Israéliens. De surcroît, dans 22 % de cas, le rapport met en cause les « peurs » et la « crise de confiance » répandues dans la population palestinienne. Quant aux appels arabes à la fuite, ils n’entrent en ligne de compte que dans 5 % des cas.... Les objections de l’« orthodoxe » Shabtaï Teveth sur ce document doivent certes nous inciter à être prudents dans son utilisation, mais certainement pas à remettre en cause les grandes lignes de l’analyse.

A partir de la reprise des combats, en juillet 1948, la volonté d’expulsion ne fait plus le moindre doute. Un symbole : l’opération de Lydda et de Ramleh, le 12 juillet 1948. « Expulsez-les ! » a dit David Ben Gourion à Igal Allon et Itzhak Rabin - récit censuré dans les Mémoires de ce dernier, mais publié dans le New York Times (14). De fait, la violente répression (250 morts, dont des prisonniers désarmés) est suivie de l’évacuation forcée, accompagnée d’exécutions sommaires et de pillages, de quelque 70 000 civils palestiniens des deux villes - soit près de 10 % de l’exode total de 1947-1949 ! Des scénarios similaires seront mis en œuvre durant l’été, l’automne et l’hiver du Nord (la Galilée) au Sud (la plaine côtière et le Néguev).

Ces Palestiniens qu’on expulse, on fait en même temps main basse sur leurs biens. L’été 1948 voit se généraliser la politique de destruction des villages arabes, puis, de plus en plus, leur simple restructuration de façon à accueillir rapidement les nouveaux immigrants juifs. La Loi sur les « propriétés abandonnées » – destinée à rendre possible la saisie des biens de toute personne « absente » – « légalise », en décembre 1948, la confiscation. Israël mettra ainsi la main sur 73 000 pièces d’habitation dans des maisons abandonnées, 7 800 boutiques, ateliers et entrepôts, 5 millions de livres palestiniennes sur des comptes en banque et ,surtout , 300 000 hectares de terres (15).

Dans 1948 and After, Benny Morris revient plus longuement sur le rôle joué par Yosef Weitz, alors directeur du département foncier du Fonds national juif (16). Dans son Journal, le 20 décembre 1940, ce sioniste aux convictions tranchées confiait sans détours : « Il doit être clair qu’il n’y a pas de place pour deux peuples dans ce pays (...) et la seule solution, c’est la Terre d’Israël sans Arabes (...) Il n’y a pas d’autre moyen que de transférer les Arabes d’ici vers les pays voisins (...) Pas un village ne doit rester, pas une tribu bédouine.

Ce programme radical, sept ans plus tard, Yosef Weitz va pouvoir l’appliquer lui-même. Dès janvier 1948, il orchestre, ici et là, l’expulsion des Palestiniens. En avril, il obtient la constitution d’« un organisme qui dirige la guerre avec pour but l’éviction d’autant d’Arabes que possible ». Informel jusqu’à fin juin, officiel ensuite, le « Comité du transfert » supervise la destruction des villages arabes abandonnés ou leur repeuplement par de nouveaux immigrants juifs. Bref, quand David Ben Gourion déclare au Conseil des ministres, le 16 juin 1948, vouloir éviter « à tout prix » le retour des réfugiés, il s’agit, non d’une phrase en l’air, mais d’un programme politique très concret...

Entre historiens anciens et nouveaux, et au sein même de la nouvelle école, le débat le plus vif porte sur la nature de la politique arabe du Yichouv et de ses forces armées durant les six premiers mois de 1948. Dans son premier livre, The Birth, Benny Morris s’en tenait à une thèse « centriste » : « Le problème palestinien, assurait-il, est né de la guerre, et non d’une intention, juive ou arabe (17). » Il a nuancé cette appréciation dans son deuxième livre, 1948, en définissant le transfert comme « un processus cumulatif, aux causes enchevêtrées, mais [avec] un déclencheur majeur, un coup de grâce [en français dans le texte], en forme d’assaut de la Hagana, de l’Irgoun ou des Forces de défense d’Israël dans chaque localité (18) ». Benny Morris nie cependant l’existence d’un plan d’expulsion, et tend à disculper David Ben Gourion, président de l’Agence juive, puis Premier ministre et ministre de la Défense du jeune État d’Israël. Peut-être tactique, cette attitude contredit en tout cas nombre d’éléments que l’historien rapporte lui-même :

-  Benny Morris souligne l’engagement de longue date de Ben Gourion en faveur du projet de « transfert » (notamment à partir de 1937, en réponse à la Commission Peel). Il nous apprend de surcroît, archives à l’appui, que les textes du mouvement sioniste comme les Journaux de ses dirigeants ont été systématiquement expurgés pour gommer les allusions au « transfert » et les opérations d’expulsion, envisagées ou réalisées.

-  Benny Morris décrit en permanence Ben Gourion menant d’une main de fer l’entreprise d’expulsion des Arabes et de confiscation de leurs biens. Et il le dépeint toujours soucieux de ne laisser aucune trace de sa responsabilité.

-  Benny Morris insiste également sur ce qu’il appelle le « facteur atrocité ». L’historien montre en effet que, loin de représenter une « bavure » extrémiste, le massacre de Deir Yassine a été précédé et suivi de nombreux autres commis par la Hagana, puis par Tsahal, de la fin 1947 à la fin 1948. L’historien reviendra, dans la seconde édition de The Birth, en 2004, sur l’étendue de ces tueries, à partir des archives récemment ouvertes : « Ce que montrent les nouveaux matériaux, c’est que les Israéliens ont commis bien plus de massacres que je ne l’avais pensé auparavant. »

-  Enfin Benny Morris admet clairement que l’opération Nahshon et le plan Dalet comportent une indiscutable dimension d’expulsion. A la page 62 de The Birth, il estime que « l’essence » du plan D était « de chasser toutes les forces hostiles et potentiellement hostiles de l’intérieur du territoire futur de l’État juif, d’établir une continuité territoriale entre les principales concentrations de population juive et d’assurer la sécurité des futures frontières avant l’invasion arabe attendue. Comme les irréguliers arabes étaient basés et cantonnés dans les villages, et comme les milices de nombreux villages participaient aux hostilités contre le Yichouv, la Hagana considérait la plupart des villages comme activement ou potentiellement hostiles ». A la page suivante, il reconnaît que le plan D représentait « un ancrage stratégico-idéologique pour l’expulsion par les commandants de front, de district, de brigade et de bataillon » auxquels il donnait « post facto une couverture formelle et convaincante pour expliquer leurs actions ». Et pourtant, Benny Morris assure, page 62, que « le plan D n’était pas un plan politique d’expulsion des Arabes de Palestine ». Après quoi il affirme page 64 : « A partir du début avril, il y a des traces claires d’une politique d’expulsion à la fois au niveau national et local en ce qui concerne certains districts et localités stratégiques-clés »...

Le fait que les archives n’aient pas - jusqu’ici - révélé de directive globale d’expulsion suffit-il pour nier le phénomène et les responsabilités de la direction du Yichouv ? Tout indique qu’il existait sur ce point un consensus extrêmement solide dans l’appareil politique et militaire, y compris parmi nombre de cadres du Mapam. Si le Parti sioniste socialiste et ses ministres mènent bataille contre l’expulsion, ses dirigeants et militants directement engagés dans l’affrontement, eux, n’hésitent pas, qu’il s’agisse des combattants du Palmah ou des membres de kibboutzim situés en première ligne.

Comme l’écrit Benny Morris, « Ben Gourion voulait clairement que le moins d’Arabes possible demeurent dans l’État juif. Il espérait les voir partir. Il l’a dit à ses collègues et assistants dans des réunions en août, septembre et octobre. Mais aucune politique d’expulsion n’a jamais été énoncée et Ben Gourion s’est toujours abstenu d’émettre des ordres d’expulsion clairs ou écrits ; il préférait que ses généraux “comprennent” ce qu’il souhaitait les voir faire. Il entendait éviter d’être rabaissé dans l’histoire au rang de “grand expulseur” et ne voulait pas que le gouvernement israélien soit impliqué dans une politique moralement discutable (19). »

Ilan Pappé va, lui, beaucoup plus loin. Et son dernier livre, The Ethnic Cleansing of Palestine, qui paraîtra au printemps chez Fayard, constitue une somme, sinon définitive – il n’y a jamais de point final dans la recherche historique -, en tout cas majeure sur 1948. Certes, l’historien avait déjà écrit plusieurs essais importants qui, tout en s’inscrivant dans le mouvement de la « nouvelle histoire », le distinguaient nettement du pionnier de cette dernière. Dès 1992, avec The Making of the Arab-Israeli Conflict, 1947-1951, il opposait aux thèses « centristes » de Benny Morris une analyse plus radicale de l’expulsion des Palestiniens : pour lui, il ne s’agit pas d’une conséquence de la guerre, mais du résultat d’un plan mûrement réfléchi.

Non seulement il développe cette approche dans son nouvel ouvrage de manière approfondie et cohérente, mais il le fait à la manière de… Benny Moris : avec forces citations tirées des archives de la Hagana, du Palmah et des Forces de défense d’Israël, ainsi que des Journaux de David Ben Gourion et d’autres dirigeants juifs. Mais, contrairement à son collègue et adversaire, il évoque aussi les travaux d’historiens palestiniens et arabes ainsi que les témoignages de protagonistes palestiniens des événements. Après The Ethnic Cleansing, nul ne pourra plus raconter – honnêtement – 1948 comme avant…

Le livre s’ouvre sur la « Maison rouge », cet immeuble Bauhaus de Tel-Aviv devenu, en 1947, le quartier général de la Hagana. Ce 10 mars 1948, onze hommes, « vieux dirigeants sionistes et jeunes officiers juifs, apportent la touche finale à un plan de nettoyage ethnique de la Palestine. Le soir même, des ordres militaires sont diffusés aux unités sur le terrain afin qu’elles préparent l’expulsion systématique des Palestiniens de vaste zones du pays. Ces ordres comprenaient une description détaillée des méthodes à employer pour chasser les gens par la force ». Six mois après, « plus de la moitié de la population autochtone de la Palestine, soit près de 800 000 personnes, avait été déracinée, 531 villages détruits et onze villes vidées de leurs habitants ».

Le plan du 10 mars « et par-dessus tout sa mise en œuvre systématique dans les mois suivants constituent donc un cas évident d’opération de nettoyage ethnique, lequel est désormais considéré par la loi internationale comme un crime contre l’humanité ». Avec l’irruption des moyens de communication électroniques, poursuit Pappé, « il est devenu quasiment impossible de dissimuler des crimes contre l’humanité à grande échelle ». Et pourtant « un de ces crimes a été presque totalement effacé de la mémoire publique globale : la dépossession des Palestiniens en 1948 par Israël ». Pis, il a été « systématiquement nié et n’est toujours pas reconnu aujourd’hui comme un fait historique (20) ».

Les « nouveaux historiens » se sont bien sûr efforcés de réviser la version traditionnelle de la guerre de 1948. « J’étais l’un d’eux », ajoute Pappé qui, autocritique, estime néanmoins que ses confrères et lui ont « éludé la question du nettoyage ethnique » : comme les « historiens diplomatiques », ils se sont « concentrés sur les détails ». Certes, grâce aux archives militaires israéliennes, lui et ses confrères ont pu non seulement démontrer l’absurdité de la thèse selon laquelle les Palestiniens seraient partis volontairement, mais aussi confirmer « beaucoup de cas d’expulsions massives » de villages et de villes et révéler « un nombre considérable d’atrocités, y compris de massacres (21) ».

Mais leur démarche comportait, ajoute Pappé, une limite majeure cependant, évidente chez le précurseur de la « nouvelle histoire » : le fait de s’appuyer exclusivement sur les archives, considérées comme l’expression d’une « vérité absolue », l’a conduit à une appréhension déformée de la réalité sur le terrain. Si Morris et les autres s’étaient tournés vers l’histoire orale, y compris arabe, ils auraient pu mieux saisir la « planification systématique derrière l’expulsion des Palestiniens en 1948 » et fournir « une description plus véridique de l’énormité des crimes commis ». D’où l’objectif que Pappé assigne à son nouveau livre : « défendre le paradigme du nettoyage ethnique et le substituer à celui de guerre » – pour la recherche universitaire comme pour le débat public sur 1948.

Il est évidemment impossible de résumer ici les 320 pages de The Ethnic Cleansing of Palestine : après une définition du concept de « purification ethnique » et une étude sur la place du « transfert » dans la pensée sioniste, Pappé y décrit dans le détail comment, dès le début des années 1940, la direction du Yichouv a préparé, puis mis en œuvre, étape après étape, l’expulsion des Palestiniens.

Je ne citerai qu’un fait qui, à mes yeux, ébranle la thèse d’une expulsion non planifiée : la constitution, dès avant le Seconde Guerre mondiale, d’un fichier de tous les villages arabes établi dès avant la Seconde Guerre mondiale. C’est un jeune historien de l’Université hébraïque de Jérusalem, Ben-Zion Luria, qui en proposa l’établissement : « Cela aiderait grandement à la rédemption de la terre », écrivit-il au Fonds national juif (FNJ). Recruté pour s’en charger, un topographe de l’Université hébraïque « suggéra de conduire une inspection à l’aide de photographies aériennes ». Les meilleurs photographes professionnels du pays contribuèrent au projet, un laboratoire étant installé dans la maison de Margot Sadeh… l’épouse de Itzhak Sadeh, le chef du Palmah !(22)

Ainsi furent constitués des dossiers détaillés sur chacun des villages de Palestine, qui comprenaient, explique Pappé, « les routes d’accès, la qualité de la terre, les sources, les principales sources de revenu, la composition sociologique, les affiliations religieuses, le nom des muktars, les relations avec les autres villages, l’âge des habitants hommes (de 16 à 50 ans) et bien d’autres choses ». La plus importante était « un index de l’“hostilité” [à l’égard du projet sioniste], à partir du niveau de la participation du village à la révolte de 1936. Une liste comportait quiconque y avait pris part et les familles de ceux qui avaient perdu quelqu’un dans le combat contre les Britanniques. Une attention particulière était prêtée aux gens qui avaient prétendument tué des Juifs. Comme nous le verrons, en 1948, cette dernière information alimentera les pires atrocités dans les villages, conduisant à des exécutions de masse et à des tortures ».

En 1943, Ezra Danin, qui jouera cinq ans plus tard un rôle dirigeant dans l’épuration ethnique, systématisera tout le fichier. À partir de ce moment, les dossiers inclurent « des descriptions détaillées des liens familiaux, les cultures, le nombre d’arbres dans les plantations, la qualité de chaque verger (et même de chaque arbre), la quantité moyenne de terre par famille, le nombre de voiture, les propriétaires de commerces, les membres des ateliers et les noms des artisans dans chaque village avec leurs compétences. Plus tard, s’ajouteront des indications méticuleuses sur chaque clan et son affiliation politique, la stratification sociale entre notables et simples paysans ainsi que les noms des fonctionnaires du gouvernement mandataire (23) ».

Cette dérive du citoyen Benny Morris n’a pas pour autant amené l’historien Benny Morris à renier les résultats de vint années de recherches. Au contraire : ses recherches, depuis vingt ans, ont approfondi la rupture majeure qu’avait marquée, en 1987, la parution de The Birth of the Palestinian Refugee Problem. C’est en effet à Benny Morris et à son premier livre qu’on doit les révélations les plus novatrices sur la période 1947-1949.

Synthétiser en quelques minutes des années de recherches historiques est une impossible gageure. Disons, pour schématiser, que les « nouveaux historiens » ébranlent en particulier trois mythes de l’historiographie traditionnelle :

-  Le premier, c’est la menace mortelle qui aurait pesé sur Israël à l’époque. Comme l’écrit Benny Morris dans 1948 and After, « la carte qui montre un minuscule Israël et un environnement arabe géant ne reflétait pas - et, jusqu’ici, ne reflète toujours pas - avec exactitude le véritable rapport des forces militaires dans la région (8) » :

Contrairement à la légende dépeignant un frêle État juif à peine né et déjà confronté aux redoutables armées d’un puissant monde arabe, les « nouveaux historiens » confirment la supériorité croissante des forces israéliennes (en effectifs, armement, entraînement, coordination, motivation...) à la seule exception - peut-être - de la courte période qui va du 15 mai au 11 juin 1948.

A quoi s’ajoutent, pour Israël, l’appui politique des États-Unis (en tout cas de leur présidence) et le soutien diplomatique et militaire de l’URSS - à l’époque, même lorsque la répression s’abattra sur les juifs soviétiques, le Kremlin continuera de livrer des armes à Israël et de le défendre inconditionnellement à l’ONU.

Dernier élément, décisif, étudié par Avi Shlaïm dans Collusion across the Jordan : l’accord tacite passé le 17 novembre 1947 (douze jours avant le plan de partage des Nations unies) par Golda Meïr avec le roi Abdallah de Transjordanie. Il constitue une garantie stratégique majeure pour Israël : la Légion arabe, seule armée arabe digne ce nom, s’engageait à ne pas franchir les frontières du territoire alloué à l’État juif en échange de la possibilité d’annexer celui prévu pour l’État arabe. Assuré, dès février 1948, du feu vert explicite du secrétaire au Foreign Office, Ernest Bevin, ce plan sera effectivement mis en œuvre : si la Légion arabe participe à la guerre à partir du 15 mai 1948, elle ne pénètre jamais en territoire israélien et ne prend jamais l’initiative d’une bataille d’envergure contre Tsahal - sauf à Jérusalem, exclue de l’accord. D’ailleurs, le schéma du 17 novembre 1947 se substituera bel et bien, à la fin des hostilités, au plan partage du 29 : la Jordanie occupera et annexera la partie arabe de la Palestine, moins les zones conquises par Israël (qui a augmenté sa superficie d’un tiers) et la bande de Gaza occupée par l’Égypte...

-  Le deuxième mythe concerne la volonté de paix qu’aurait manifestée Israël au lendemain de la guerre. Organisée par la Commission de conciliation sur la Palestine sur décision de l’Assemblée générale des Nations unies du 11 décembre 1948 - celle qui affirme le droit au retour ou à une compensation des réfugiés -, la conférence de Lausanne a notamment été étudiée par Avi Shlaïm, dans le livre déjà cité, et par Ilan Pappé dans The Making of the Arab-Israeli Conflict. Leurs conclusions contredisent largement la thèse traditionnelle.

Les archives montrent en effet qu’Israël est venu à Lausanne uniquement pour complaire aux Américains et aux Européens afin d’obtenir ainsi son admission aux Nations unies. A cette fin, Tel Aviv ratifiera, le 12 mai 1949, un protocole réaffirmant à la fois le plan de partage - jusque-là refusé par les États arabes - et le droit au retour des réfugiés. Mais il reniera aussitôt sa signature : comme l’écrit un mois plus tard Walter Eytan, codirecteur général du ministère israélien des Affaires étrangères, « mon principal objectif était de commencer à saper le protocole du 12 mai, que nous avions été contraints de signer dans le cadre de notre bataille pour être admis aux Nations unies (9). » De fait, Lausanne finira dans l’impasse. Et Eliahou Sasson, le chef de la délégation israélienne, confiera : « Le facteur qui bloque, c’est aujourd’hui Israël. Par sa position et ses demandes actuelles, Israël rend la seconde partie de la Palestine inutilisable pour tout projet, sauf un - son annexion par un des États voisins, en l’occurrence la Transjordanie (10). »

La meilleure preuve de la mauvaise volonté israélienne, c’est la manière dont David Ben Gourion rejette l’offre incroyable du nouveau président syrien, Husni Zaïm, qui propose non seulement de faire la paix avec Israël, mais aussi d’accueillir 200 000 à 300 000 réfugiés palestiniens. Le temps que Tel Aviv prenne conscience de l’intérêt de la suggestion, il est trop tard : Zaïm est renversé par un coup d’État militaire...

Bref, conclut Ilan Pappé, « contrairement aux opinions de nombreux historiens et au mythe israélien concernant la guerre de 1948, il y avait bien des leaders arabes qui recherchaient la paix avec le nouvel État juif au milieu d’eux, et certains d’entre eux subirent des rebuffades de la part d’Israël (11) ».

-  Mais le mythe le plus sérieusement ébranlé concerne l’exode des Palestiniens. Résumons.

Benny Morris le montre, les archives réfutent formellement la thèse de l’appel arabe à la fuite. « Il n’existe pas de preuve attestant, écrit-il, que les États arabes et le Haut Comité arabe [HCA, palestinien] souhaitaient un exode de masse ou qu’ils aient publié une directive générale ou des appels invitant les Palestiniens à fuir leurs foyers (même si, dans certaines zones, les habitants de villages spécifiques ont reçu de commandants arabes ou du HCA l’ordre de partir, essentiellement pour des raisons stratégiques) (12). » Quant aux fameuses exhortations qu’auraient diffusées les radios arabes, on sait depuis l’étude systématique, à la fin des années 50, de leurs programmes enregistrés par la BBC qu’il s’agit d’inventions pures et simples (13).

Certes, dans les semaines suivant le plan de partage, il y eut 70 000 à 80 000 départs volontaires, pour l’essentiel de riches propriétaires terriens et des membres de la bourgeoisie urbaine. Mais après ? Le premier bilan dressé par les Services de renseignement de la Hagana, daté du 30 juin 1948, estime à 391 000 le nombre de Palestiniens ayant déjà quitté le territoire alors aux mains d’Israël. « Au moins 55 % du total de l’exode ont été causés par nos opérations », écrivent les experts, qui ajoutent les opérations des dissidents de l’Irgoun et du Lehi « qui ont directement causé environ 15 % de l’émigration ». Avec 2 % attribués aux ordres d’expulsion explicites donnés par les soldats juifs et 1 % à leur guerre psychologique, on arrive ainsi à 73 % de départs directement provoqués par les Israéliens. De surcroît, dans 22 % de cas, le rapport met en cause les « peurs » et la « crise de confiance » répandues dans la population palestinienne. Quant aux appels arabes à la fuite, ils n’entrent en ligne de compte que dans 5 % des cas.... Les objections de l’« orthodoxe » Shabtaï Teveth sur ce document doivent certes nous inciter à être prudents dans son utilisation, mais certainement pas à remettre en cause les grandes lignes de l’analyse.

A partir de la reprise des combats, en juillet 1948, la volonté d’expulsion ne fait plus le moindre doute. Un symbole : l’opération de Lydda et de Ramleh, le 12 juillet 1948. « Expulsez-les ! » a dit David Ben Gourion à Igal Allon et Itzhak Rabin - récit censuré dans les Mémoires de ce dernier, mais publié dans le New York Times (14). De fait, la violente répression (250 morts, dont des prisonniers désarmés) est suivie de l’évacuation forcée, accompagnée d’exécutions sommaires et de pillages, de quelque 70 000 civils palestiniens des deux villes - soit près de 10 % de l’exode total de 1947-1949 ! Des scénarios similaires seront mis en œuvre durant l’été, l’automne et l’hiver du Nord (la Galilée) au Sud (la plaine côtière et le Néguev).

Ces Palestiniens qu’on expulse, on fait en même temps main basse sur leurs biens. L’été 1948 voit se généraliser la politique de destruction des villages arabes, puis, de plus en plus, leur simple restructuration de façon à accueillir rapidement les nouveaux immigrants juifs. La Loi sur les « propriétés abandonnées » – destinée à rendre possible la saisie des biens de toute personne « absente » – « légalise », en décembre 1948, la confiscation. Israël mettra ainsi la main sur 73 000 pièces d’habitation dans des maisons abandonnées, 7 800 boutiques, ateliers et entrepôts, 5 millions de livres palestiniennes sur des comptes en banque et ,surtout , 300 000 hectares de terres (15).


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10 janvier 2009 6 10 /01 /janvier /2009 16:44

Aliaa Al-Korachi - Al-Ahram/hebdo

 

S’il faut parler de diaspora, c’est celle du peuple palestinien, « les peaux rouges » du Moyen-Orient comme le dit le poète Mahmoud Darwich.

(JPG) Ils rêvent du retour, certains ont perdu l’espoir ... on les compte par millions, ces Palestiniens de la diaspora. Conséquences de plusieurs guerres, de 1948 à 1967, puis à d’autres mesures répressives d’Israël ... Ils seraient aujourd’hui environ 4,5 millions dispersés dans le monde. A présent, nous sommes à la troisième génération de ces réfugiés. Des accords ont été signés, des ententes, des engagements, mais leur question, faisant partie dudit « statut final », semble sans issue.

Un retour en Palestine n’est pas du tout acquis et une vie dans les pays qui les accueillent est loin d’être confortable. En fait, le statut de ces réfugiés diffère selon les pays d’accueil. Mais un trait commun les regroupe toujours et on peut le décrire en deux mots : l’exil et la souffrance.

C’est en Jordanie où se trouve le grand nombre des réfugiés palestiniens formant ainsi presque la moitié de la population. Ils sont évalués aujourd’hui à 2,3 millions d’âmes. Mais la Jordanie constitue une exception, c’est le seul pays qui a accordé le statut de résidents et de citoyens jordaniens à tous les ressortissants palestiniens vivant sur son territoire. Mais si ce pays est le seul où les réfugiés palestiniens disposent d’un passeport national, ceux-ci ont des relations parfois tendues avec la population locale, du fait d’être souvent accusés d’être plus loyaux à l’égard de l’OLP que de leur pays d’accueil, ou encore de contrôler le secteur privé de l’économie du Royaume.

Les Palestiniens se plaignent quant à eux de rester exclus de la fonction publique, notamment les fonctions stratégiques de sécurité. Leurs représentants au Parlement sont proportionnellement moins importants que ceux des Jordaniens. 18,3 % d’entre eux vivent dans 13 camps construits en marge des principales villes du Royaume où les conditions socio-économiques sont déplorables : la densité de la population est très élevée et les infrastructures insuffisantes. Ceci reste pourtant un atout ; les Palestiniens de Jordanie sont dans une situation beaucoup meilleure si on les compare avec leurs confrères au Liban.

Le Liban ou l’incarnation du drame

C’est notamment dans ce pays, où le plus grand taux de réfugiés palestiniens vivent dans une extrême souffrance. Les 430 000 Palestiniens du Liban forment presque un dixième de la population de ce pays. Pourtant, ils sont considérés comme citoyens de seconde zone. Le Liban ne veut pas voir se répéter les événements de 1975, lorsque des affrontements ont éclaté entre Palestiniens et Libanais, menant plus tard à une guerre civile libanaise. Aujourd’hui, les Palestiniens au Liban ne possèdent aucun droit politique et civique.

Selon Amnesty International, « les 12 camps de réfugiés officiels du Liban connaissent des problèmes graves : infrastructures insuffisantes, surpopulation, pauvreté et chômage ». Il suffit aussi de savoir que la superficie allouée aux camps officiels n’a pratiquement pas changé depuis 1948, bien que le nombre de réfugiés enregistrés ait été multiplié par quatre.

La loi interdit l’entrée de tout matériau de construction dans certains camps, ce qui empêche la rénovation, l’extension ou l’amélioration des habitations. Les difficultés des Palestiniens sont aussi aggravées par la présence militaire permanente autour des camps situés dans le sud du Liban. Chaque fois qu’ils veulent sortir de l’enceinte du camp ou y rentrer, les réfugiés doivent franchir un poste de contrôle de l’armée libanaise et présenter leurs documents d’identité, ce qui renforce une tendance à voir en eux des étrangers dangereux, et non des réfugiés ayant besoin de protection.

Ces réfugiés n’ont pas la possibilité de se faire naturaliser et n’ont pas accès au réseau de santé publique, ni au système public d’éducation. D’autres restrictions relatives au marché du travail leur ont été imposées. Jusqu’en 2005, plus de 70 professions étaient interdites aux Palestiniens. Une vingtaine le sont toujours. Les événements de Nahr Al-Bared ont aggravé beaucoup la situation.

L’eldorado syrien

Quant à la Syrie, on entend beaucoup de Palestiniens dire que les conditions dans ce pays où résident quelque 460 000 réfugiés, sont les meilleures. Bien qu’ils ne possèdent pas la nationalité syrienne, ils disposent des mêmes droits sociaux que les Syriens. Mais ils sont soumis à un contrôle politique strict. Les Palestiniens de Syrie n’ont pas de passeport, mais un laissez-passer qui complique l’obtention de visas. Les droits au travail ne sont pas limités sauf pour les postes dans l’administration, l’armée et les services de renseignements. Cependant aujourd’hui, la Syrie met beaucoup de restrictions pour l’entrée des Palestiniens, notamment ceux qui ont fui la guerre de l’Iraq. Les autorités syriennes refusent de les laisser entrer par crainte de ne pas pouvoir surveiller leurs déplacements.

Et c’est en Iraq où les réfugiés palestiniens constituent la minorité la plus persécutée. Ils étaient favorisés sous Saddam Hussein, qui les avait accueillis et leur avait offert d’excellentes conditions, éducation et soins médicaux gratuits, un large éventail d’emplois et, surtout, un logement quasi gratuit dans d’anciennes habitations de chiites, expulsés du centre de Bagdad, ou de juifs. Ces bienfaits de Saddam Hussein ont fait de la communauté palestinienne un objet de haine, et elle subit actuellement une répression féroce, expulsion de leur habitation, assassinats, enlèvements.

De 60 000 réfugiés qui vivaient en Iraq avant l’invasion américaine, 15 000 d’entre eux ont fui. Depuis l’occupation, les quartiers palestiniens tels que Hourriyya et Al-Baladiyyat à Bagdad ont été bombardés et attaqués. La plupart sont aujourd’hui bloqués sur la frontière iraqo-syrienne, vivant dans des camps où les conditions humanitaires sont très déplorables. Ces Palestiniens ne disposent en général d’aucun document qui prouve leur citoyenneté iraqienne ni de rien d’autre qui leur permet d’entrer dans un pays arabe voisin.

Quant à l’Egypte, où il y a peu de Palestiniens par rapport aux autres pays, elle ne fait pas l’exception. Les 48 784 Palestiniens qui y vivent disposent d’un laissez-passer, mais toute sortie de l’Egypte ne leur garantit pas qu’ils pourront y retourner. Ils n’ont pas le droit d’aller dans les écoles publiques et n’ont pas le droit de travailler. Et la crise actuelle sur la frontière reflète cet état des lieux complexe.

Al-Ahram/hebdo - Semaine du 6 au 12 février 2008, numéro 700 (Evènement

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