Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Noesam@Voila.fr

  • : sionazisme
  • : Tout Juif qui se respecte, religieux ou séculier, ne peut plus garder le silence, voir pire, soutenir le régime sioniste, et ses crimes de génocide perpétrés contre le peuple palestinien...La secte sioniste est à l’opposé du Judaïsme. .................... Mensonge, désinformation, agression, violence et désobéissance de la loi internationale sont aujourd’hui les principales caractéristiques du sionisme israélien en Palestine.
  • Contact

Israèl est contre TORAH

*"Les sionistes me dégoûtent autant que les nazis."
(Victor Klemperer, philologue allemand d'origine juive, 1881-1960)

//////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////


 

 

 

 

 

 

L’initiative sioniste de proclamer l’État d’Israël constitue une révolte contre la volonté divine, contre la Torah, une révolte qui a engendré une vague interminable de violence et de souffrance. À l’occasion de la fondation de l’État hérétique, les juifs fidèles à la Torah pleurent cette tentative d’extirper les enseignements de la Torah, de transformer les juifs en une « nation laïque » et de réduire le judaïsme au nationalisme.......Nous déplorons les tragédies que la révolution sioniste a provoquées chez les Palestiniens, notamment des déportations, l’oppression et la subjugation..Que nous méritions que cette année toutes les nations, en acceptant la souverainet

é divine, puissent se réjouir dans une Palestine libre et dans une Jérusalem libre! Amen. Offert par Netouré Karta International : www.nkusa.orglink

                                               


   

 


Ecrivez nous au ; noesam@voila.fr
visitez    http://www.planetenonviolence.org/link
http://www.aloufok.net/link
http://www.info-palestine.net/link
http://www.ism-france.org/news/link
http://www.europalestine.com/link
http://www.enfantsdepalestine.org/
http://mounadil.blogspot.com/link


 



Recherche

FATHER OF SIONAZISJACOB HITLER

La prétendue ascendance juive d'Hitler: Une "explication" par la haine de soi
Une publication parue cette semaine a attiré mon attention. Il s’agit ni plus ni moins de la généalogie d’Adolf Hitler qui aurait des ascendants juifs !! Dans son article, Gilles Bonafi présente une fiche des Renseignements généraux que le magazine Sciences et Avenir a publié en mars 2009, et où on peut clairement lire le deuxième prénom d’Hitler : Jacob. Adolf Jacob Hitler serait le petit-fils de Salomon Mayer Rothschild. Cette information a été divulguée par deux sources de très haut niveau : Hansjurgen Koehler officier d’Heydrich, qui était lui-même l’adjoint direct d’Heinrich Himmler et Walter Langer le psychiatre qui a réalisé le profil psychologique d’Hitler pour l’OSS, les services secrets US pendant la Seconde Guerre mondiale.
SOURCE ;alterinfo

Archives

11 janvier 2009 7 11 /01 /janvier /2009 14:18
1. Le capital et l'antisémitisme
August Bebel, dirigeant du parti-social democrate allemand, dénonça l'antisémitisme comme socialisme des imbéciles, car il dévoyait la colère des travailleurs contre leur veritable ennemi de classe, la classe dirigeante, vers les boucs-emmissaires juifs. Le sionisme, faux Messie, de Lance Selfa, in "Le Combat pour la Palestine".

Dit autrement : "un raciste est quelqu'un qui se trompe de colère". En l'occurence le but de l'antisémitisme, serait de nous éloigner de la lutte de classe contre le capitalisme, en detournant notre colère vers le peuple juif.


Interessons nous à un specialiste en la matière. M. Hitler himself. Voici ce qu'il écrit dans "Mein Kampf" :

Si le maintien de l'Allemagne, dans son état actuel d'impuissance, n'a que très peu d'intérêt pour la politique anglaise, il en a un très grand pour la finance juive internationale. La politique anglaise officielle ou, pour mieux dire, traditionnelle et les puissances boursières soumises complètement à l'influence juive poursuivent des buts opposés ; c'est ce que prouvent, avec une particulière évidence, les positions différentes que prennent l'une et les autres sur les questions qui touchent à la politique étrangère de l'Angleterre. La finance juive désire, contrairement aux intérêts réels de l'Etat anglais, non seulement que l'Allemagne soit radicalement ruinée économiquement, mais encore qu'elle soit, politiquement, réduite complètement en esclavage. En effet, l'internationalisation de notre économie allemande, c'est-à-dire la prise de possession par la finance mondiale juive des forces productrices de l'Allemagne, ne peut être effectuée complètement que dans un Etat politiquement bolchévisé. Mais pour que les troupes marxistes qui mènent le combat au profit du capital juif international, puissent définitivement casser les reins à l'Etat national allemand, elles ont besoin d'un concours amical venu du dehors. Aussi les armées de la France doivent donner des coups de boutoir à l'Etat allemand jusqu'à ce que le Reich, ébranlé dans ses fondations, succombe aux attaques des troupes bolchévistes au service de la finance juive internationale.

Je suis désolé de vous imposer ça. Qu'entend-t-on dans ce texte ? , "l'internationalisation de notre économie allemande", "les puissances boursières soumises complètement à l'influence juive", "les troupes marxistes qui mènent le combat au profit du capital juif international". Hitler se serait battu contre la mondialisation et la domination capitaliste, est-ce crédible ?

Il y a pourtant un semblant de réalité à ce qu'il décrit : l'internationalisation de l'économie, c'est bien le phénomène connu sous le nom de "globalisation". La finance essaye bien evidemment de prendre le controle du monde (et pas seulement de l'Allemagne). On le savait à l'époque, on le voit aujourd'hui en phase d'aboutissement. C'est ce qu'August Bebel appelle la lutte des classes.

Hitler reporte sur le peuple juif les crimes de la finance internationale. Voilà le tour de passe-passe : identifier ces problèmes de domination à une histoire de race, et de religion, comme nous le verrons plus loin, puisqu'il n'y a pas vraiment de race juive (qui regrouperait de nombreuses ethnies) mais bien une religion. Du coup on oublie le petit 3% de personnes qui possèdent plus de la moitié du monde.

Quelques contradictions méritent d'être notées à ce point :

- Bien que la Torah condamne l'usure et le meurtre, on accuse le judaïsme d'être cause de la finance et des guerres.

- Bien que le communisme soit une idéologie athée et que l'URSS aura ses moments antisémites, le bolchévisme serait une émanation du peuple juif.

Hitler transpose la lutte contre le capital et le bolchévisme en une lutte contre le peuple juif, ce qui va aboutir à des dizaines de millions de morts, et l'extermination industrialisée de 6 millions de juifs. Quel magnifique tour de passe passe !

En reportant sur les juifs les crimes de la finance A. Hitler fait d'une pierre deux coups.

Premièrement il propose une raison de haïr les juifs, ce qui est un de ses buts principaux, car nous allons voir que pour A. Hitler, le peuple juif est une cible en soi, pas seulement un bouc émissaire. Ce que nous étudierons tout d'abord.

Deuxièmement il détourne adroitement la critique du patronat allemand et de la vraie finance, américaine elle, celle de Wall Street. Nous nous attacherons a montrer ce qu'il y a aujourd'hui comme preuves de liens étroits entre certains financiers de Wall Street et le parti national-socialiste.

1.1 Haïr les juifs : la race aryenne et la religion
On se demandera ici pourquoi le peuple juif est spécialement choisit comme cible par le national-socialisme.

Pour Hitler la race aryenne est la race élue. Les meilleurs. "En effet on peut dire que la notion de race est la présupposée de tous les aspects de l'idéologie nazi." C'est ce qu'en dit Kathleen Harvill Burton, dans "Le Nazisme comme religion".

La croyance en la race germanique comme peuple élu
Le peuple germanique constitue le peuple élu de Dieu. Cette croyance réduit à néant l'idée d'un peuple juif élu, puisque le concept théologique de peuple aryen ne laisse de place à aucune concurence. Il faut donc, a priori, éliminer toute autre possibilité d'interprétation du peuple élu ; de ce fondement dépend toute la théologie de Rosenberg. Quand nous analysons son livre selon ce point de vue, nous percevons l'origine de l'antisémitisme nazi dans une croyance idéologique fondamentale. Philippe Burin affirme cette juxtaposition des Juifs et des Aryens dans son récent livre "Ressentiment et apocalypse, essai sur l'antisémitisme nazi" : "Plus important, cet antisémitisme est radical, car il fait des Juifs l'envers négatif de l'identité aryenne... ce qui est neuf c'est que le rapport entre Aryens et Juifs est dtructuré selon un schéma apocalyptique. L'opposition des deux races tend vers un combat ultime d'ampleur planetaire. Elle est l'entrechoquement de deux ambitions d'empire universel".
Kathleen Harvill Burton, dans "Le Nazisme comme religion"
On parle ici de Rosenberg, l'idéologue nazi principal avec Hitler. Son livre "Le Mythe du XXe siècle" est posé avec "Mein Kampf "dans les fondations du Palais des Congrès en 1935. Ces deux livres forment la base de la doctrine nationale-socialiste.

La raison qui ressort des écrits de Rosenberg est éminament religieuse. C'est parce que la Bible présente le peuple juif comme celui choisit par Dieu que les Aryens sont en competition etdésire les anéantir.

Le site Why Did Hitler Target the Jews? essaye de démontrer que la haine envers les juifs n'est pas un fait de circonstance, elle s'inscrit dans une lutte contre laquelle le judaisme en tant que religion est l'ennemi principal :

Presque sans excepetion, les raison proposées pour l'antisémitisme n'aurait rien à voir avec la spécifité du peuple juif : le judaïsme.

Souvent il est dit que les juifs sont hais parce qu'ils sont riches, ou parcequ'ils ont des épiceries, ou parce qu'ils sont banquiers. De cette manière les gens disent : "N'est-ce pas une honte qu'Hitler ai choisi les juifs comme bouc émissaire de la guerre ?"

Ces raisons dé-judaise l'antisémitisme en l'assimilant avec d'autres types de haines. Selon cette attitude, l'holocauste, l'essai le plus sytstématique d'exterminer un peuple dans l'histoire de l'humanité, n'aurait rien à voir avec ce peuple. Les juifs auraient simplement été au mauvais endroit au mauvais moment.

Cette approche implique que ni les juifs, ni la haine des juifs n'est unique. Un effort concerté fût fait pour montrer qu'il n'y a rien de distinctif au juif, aucun facteur spécifique qui aurait pu causer l'antisémitisme. Il n'y aurait de juif dans la haine contre les juifs.

Pourtant on peutt lire plus loin :
A. Hitler affirme : La lutte pour la domination du monde sera entièrement entre nous : entre les allemands et les juifs. Tout le reste est façade et illusion.

Les jeunesses hitleriennes chantaient cette chanson : 

Nous sommes les joyeuses jeunesses hitleriennes,
Nous n'avons aucun besoin de valeures chrétiennes.
Notre chef est notre sauveur;
Le Pape et le rabbins doivent disparaître.
Nous devons être payens à nouveau.

S'il est besoin d'une preuve que c'est à la religion juive, et non à une prétendue ethnie juive, c'est que cette attitude anti-juive était accompagnée d'une attitude parallèle envers le christianisme.

Of course, while the Nuremberg Project is opening up new sources, information on Hitler's hostility toward Christianity has long been available. A 1953 book called Hitler's Table Talk, made up of comments recorded by his secretary, contains statements like "Christianity is an invention of sick brains" and "Christianity is a rebellion against natural law, a protest against nature. Taken to its logical extreme, Christianity would mean the systematic cultivation of the human failure."

The human failure, est une réfèrence à la "religion de la chute", qui est le judaïsme mais aussi le christianisme. La religion de la chute, tant haït par tout ce qui veulent contruire un "nouveau monde".

A quote -now too widely suppressed from Joseph Goebbles, `the fuhrer is deeply religious, though completely anti-Christian; he views Christianity as a symptom of decay." Controversial as it may be in some circles, such a quote proves that nazism viewed Christianity as hatefully as it did Judaism.
Hitler's Anti-Tobacco Campaign
Revenons au livre "Le Nazisme comme religion". Cette étude a pour hypothèse : "Le nazisme comportait un objectif religieux, qui était de faire disparaître le christianisme traditionnel pour le remplacer par une vision nazi du "christianisme positif". Voilà la différence entre le christianisme positif et l'ancien, farouchement combatuu :

La théologie nazie supprime du christianisme tout l'héritage juif ( Ancien Testament, Matthieu, Paul). Pour construire un christianisme positif fait d'inspiration fortement païenne, culte du soleil, du sang nordique, etc ...

Il s'agit donc d'une question religieuse, puisque l'antisémitisme national-socialiste veut la destruction du peuple choisit par Dieu (dans la Bible, Dieu choisit toujours les plus faibles pour montrer sa grandeur) et la disparition du christianisme au profit d'une religion "positive", c'est à dire païenne, faite de héros, de légendes et de race supérieur (qui ne doit rien à personne). Les prétendues jusitification scientifique de l'antisémitisme ne servent qu'à légitimer à posteriori une idéologie, en lui donnant une soi-disant justification objective et rationelle. Une science aurait-elle montrer l'infériorité des juifs ?

Non, les nazis se sont servis du Darwinisme social, dont le but était déja de s'opposer à la religion de la chute. Cette perversion de l'esprit scientifique avait pour but de montrer l'inégalité des races. Pour Constance Cumbey "The Hidden danger of the raibow", c'est un des liens avec du national-socialisme avec le New Age, qui est un mouvement antisémite (et anti-chrétien) :

C'est central de leur théologie. Le mouvement enseigne que nous avons tous évolué, mais certains auraient évolué plus que d'autres ils manifestent leur "divinité" plus que les autres.

Les New Agers se reclament d'une nouvelle espèce, ils auraient évolué en homo noeticus. 

Les deux théories (New Age et National-socialisme) sont basée sur la fable de l'aryanisme, la croyance que de l'atlantique ont emergé les aryens, race superieure, et d'autres races inferieures. De même selon les deux une mutation supérieure ne peut emerger que d'une "expansion de la conscience".

Extraits de "The Hidden danger of the raibow", traduction personelle.

Le New Age et le national-socialisme recherchent donc la sauvegarde et la création d'une race supérieure. C'est une quête de puissance. Et c'est logiquement à l'humilité et aux limites à la folie de grandeur de l'homme qui veut se faire dieu lui même, imposées par le monothéisme que ces idéologies veulent s'opposer.

In Hitler's words, Christianity "only added the seeds of decadence such as forgiveness, self-abnegation, weakness, false humility and the very denial of the evolutionary laws of survival of the fittest [social Darwinism]," and would obviously be a handicap to the new specie. But Hitler perceptively placed the ultimate blame where it is due: "Conscience is a Jewish invention. It is a blemish, like circumcision.... There is no such thing as truth, either in the moral or in the scientific sense.  The new man would be the antithesis of the Jew." (Sklar, p. 57-58) Nietzsche likewise considered the Christian Bible nearly worthless because of its Jewish origin: "In Christianity, seen as the art of sacred lying, we're back with Judaism.... The Christian is but a Jew of more liberal persuasion." (_Antichrist_, quoted in Angeberts, p.126) [Compare with the NA view of how Judaism "defiled" Christianity.] In this context, antisemitism was not a starting point for the inner Nazi society as it was for the masses; Jew-hatred was the inevitable result of absorbing these bedrock occult teachings.

The nurture of the new humanity included the need to "encourage the growth of a violent, domineering, intrepid, cruel youth... nothing weak or tender in it." (Angeberts, p.209, Rauschning quoting Hitler)  This reached its climax in SS training, and it corresponded to the Nazi view of "pure" Gnostic, Hindu and Buddhist philosophy, which did not teach compassion and gentleness, but Aryan duty and honor above all (Angeberts, p.220-221). [This would seem confirmed by the presence of Tibetan Buddhists in Hitler's Berlin, as well as Bailey's prediction that Buddhism is destined to drop its image of gentle pacifism.]

But there was an obstacle to sweeping away the Jew and raising this cruel new generation, in the person of that "Jew of more liberal persuasion", the Bible-believing Christian.  Knowing that Christian Germany would not easily accept an open return to paganism, Nazism attempted to wean the masses from standard Christianity by removing the Jewish-influenced "negative" parts, that is the Old Testament and most of the New Testament, imposing gnostic meanings on key passages, adding colorful pagan legend, and repackaging it in their 1920 platform as "positive Christianity" (Angeberts, p.202-203). [This term is freely used today by many groups, some of them fervent NAers offering the same package to naive Christians, for the same purpose.]
A report to the jewish people about new age antisemitism

Si la dimension raciste est bien à l'origine de l'eugénisme et de l'assassinat de centaine de milliers de malades mentaux ( Le progrès, évolution ou construction), le choix du peuple juif comme bouc emmissaire et l'extermination des 6 millions de juifs a une dimension fortement religieuse, ce qui est complètement occulté de tous les travaux historiques à destination du grand public.

Cette dimension s'inscrit contre le "peuple élu" de la Bible, dans la perspective d'un "christianisme positif" débarassé de son origine israelite, une version allégée plus compatible avec une église nationale "volkig" (du peuple) au service de la toute puissance de l'état et l'orientation païenne du nazisme, qui est une des toutes premières application du New-Age, dont les premiers auteurs ont influencé A. Hitler.

Cette dimension spirituelle, combatue à l'époque par des théologiens comme Tillich et Karl Barth en Allemagne ou Pierre Chaillet et Gaston Fessard en France, est un aspect essentiel pour comprendre le nazisme et l'antisémitisme. Pourtant elle n'est pas mise en valeur dans les raisons expliquant l'holocauste. C'est qu'elle va perdurer bien longtemps après la fin de nazisme, servant jusqu'à maintenant de toile de fond occulte contre les religions monothéistes, comme nous le verrons plus loin.


1.2 Le capital et la nazisme : Harriman et Prescott Bush financent Hitler
Le national-socialisme était censé s'opposer aux marchés financiers, prétenduement dirigés par les juifs.

Pourtant, pendant la seconde guerre mondiale, plusieurs grands banquiers américains tombèrent sous le coup du Trading with the Enemy Act, et furent condamnées pour avoir financé le parti nazi, alors même que l'Amerique était en guerre avec l'Allemagne.

Parmis les personalités de la finance qui tombent sous le coup de cette loi figurent le banquier (tiens, tiens !) Harriman, Prescott Bush (le grand-père de l'actuel président), et JP Morgan ( qui maintient une banque à Paris pendant toute l'occupation ).

In October 1942, ten months after entering World War II, America was preparing its first assault against Nazi military forces. Prescott Bush was managing partner of Brown Brothers Harriman. His 18-year-old son George, the future U.S. President, had just begun training to become a naval pilot. On Oct. 20, 1942, the U.S. government ordered the seizure of Nazi German banking operations in New York City which were being conducted by Prescott Bush.

Under the Trading with the Enemy Act, the government took over the Union Banking Corporation, in which Bush was a director. The U.S. Alien Property Custodian seized Union Banking Corp.'s stock shares, all of which were owned by Prescott Bush, E. Roland `` Bunny '' Harriman, three Nazi executives, and two other associates of Bush.@s1
George Bush: The Unauthorized Biography


C'est d'ailleurs une des raisons de la nuit des longs-couteaux : Hitler qui a fait alliance avec le patronat allemand, doit saborder son aile "gauche" qui attend une deuxième révolution, sociale, après la révolution nationale. On massacre 90 chefs SA sans jugement pour montrer allégeance à la finance et à l'armée.

Il était également en pleine entente avec les capitaines d'industrie français et italiens.  Lire "Le Choix de la défaite",  dans lequel l'historienne Annie Lacroix-Riz explique comment le patronat français a délibérement oeuvrer pour la défait française de 39 ( d'où la guerre éclaire ), allant beaucoup plus loin que le célèbre slogan "Plutôt A. Hitler que le front populaire.

Une étude plus général des rapports entre Wall Street et la national-socialisme se trouve dans le livre d'A. Sutton : Wall Street and the rise of Hitler.

1.3 La finance, le capitalisme d'état et l'antisémitisme
Il y a un autre point qui ressort de l'extrait de "Mein Kampf" cité plus haut : pour Hitler le bolchévisme est au service de la finance mondiale. Selon lui l'internationalisation de l'économie allemande, c'est-à-dire la prise de possession par la finance mondiale des forces productrices de l'Allemagne, ne peut être effectuée complètement que dans un Etat politiquement bolchévisé. Qu'appelle-t-il un état bolchévisé ? C'est un capitalisme d'état, une société où l'état dirige l'économie.

A cette époque, la politique de planification par l'état fût menée dans plusieurs pays : en Amérique par F.D. Roosevelt, en Russie par les bolchéviques et ... en Allemagne par A. Hitler. Dans cet article, l'economiste juif Ludwig von Mises évoque le central planning de l'Allemagne national-socialiste :

The Nazis did not, as their foreign admirers contend, enforce price control within a market economy. With them price control was only one device within the frame of an all-around system of central planning. In the Nazi economy there was no question of private initiative and free enterprise. All production activities were directed by the Reichswirtschaftsministerium. No enterprise was free to deviate in the conduct of its operations from the orders issued by the government. Price control was only a device in the complex of innumerable decrees and orders regulating the minutest details of every business activity and precisely fixing every individual's tasks on the one hand and his income and standard of living on the other.

What made it difficult for many people to grasp the very nature of the Nazi economic system was the fact that the Nazis did not expropriate the entrepreneurs and capitalists openly and that they did not adopt the principle of income equality which the Bolshevists espoused in the first years of Soviet rule and discarded only later. Yet the Nazis removed the bourgeois completely from control. Those entrepreneurs who were neither Jewish nor suspect of liberal and pacifist leanings retained their positions in the economic structure. But they were virtually merely salaried civil servants bound to comply unconditionally with the orders of their superiors, the bureaucrats of the Reich and the Nazi party. The capitalists got their (sharply reduced) dividends. But like other citizens they were not free to spend more of their incomes than the Party deemed as adequate to their status and rank in the hierarchy of graduated leadership. The surplus had to be invested in exact compliance with the orders of the Ministry of Economic Affairs.


Partager cet article
Repost0
11 janvier 2009 7 11 /01 /janvier /2009 14:17
1983 : Un terroriste chasse l’autre
1983 : one terrorist after another

Publié le 22-04-2008


Décidemment pas gênée par la personnalité de ses dirigeants, la « seule démocratie du Proche-orient » se dote en 1983 d’un second terroriste patenté comme Premier ministre, en la personne d’Itzhak Shamir, qui succède à Menachem Begin.

Né en 1915 en Pologne, Itzhak Shamir émigre en Palestine en 1935, et milite au sein du groupe sioniste Irgoun. Au cours de la révolte palestinienne de 1936-39, l’Irgoun collabore avec l’armée britannique à la répression, et commet elle-même une série d’attentats qui font 250 victimes, principalement civiles, dans la population arabe.

En 1941, Shamir et d’autres militants scissionnent de l’Irgoun, pas assez radicale à leur goût, pour former le Lehi (également appelé « groupe Stern »). Le nouveau groupe déclare alors la guerre à l’occupant britannique, qui veut freiner l’immigration juive, à l’heure où le danger devient précisément mortel pour les Juifs d’Europe. Mais au nom du principe qui voudrait que « l’ennemi de mon ennemi est mon ami », Shamir et ses camarades se tournent vers le régime nazi, pour lui proposer, très sérieusement, de l’aider à chasser les Britanniques de Palestine et du Proche-Orient ! Les dirigeants nazis qui, à cette époque, ont déjà fait procéder à l’assassinat de centaines de milliers de Juifs en Europe, ne donnent pas suite.

Erreur de jeunesse, cet épisode ? La propagande israélienne, qui consacre une grande énergie à dénoncer les connexions, réelles ou inventées, de dirigeants arabes avec le nazisme, sera en tout cas toujours très discrète sur cette tache-là de la biographie de Shamir.

Car pour le reste, Itzhak Shamir va avoir une carrière parfaitement honorable du point de vue israélien : assassinat du médiateur des Nations Unies Bernadotte en 1948, cadre supérieur au Mossad jusqu’en 1965, puis politicien. Une fois aux affaires, jusqu’en 1992, Shamir ne sera ni plus brutal, ni moins brutal que ses prédécesseurs et successeurs ; il cohabitera normalement avec des « colombes » du type Shimon Peres ou Itzhak Rabin, et ceux-ci n’auront pas de difficultés non plus à siéger avec lui dans des coalitions gouvernementales.

par CAPJPO-EuroPalestine


ENGLISH TEXT---------------------------

1983

One terrorist after another

In 1983, clearly not embarrassed about the personality of their leaders, the “only democracy in the Middle East” elected a second seasoned terrorist to the post of Prime Minister, in the person of Yitzhak Shamir, who took over from Menachem Begin.

Born in Poland in 1915, Yitzhak Shamir emigrated to Palestine in 1935, where he joined the militant Zionist group Irgun. The Irgun collaborated with the British army in the repression of the Palestinian revolt of 1936-39, and itself committed a series of terrorist attacks, causing 250 victims, mainly civilians, in the Arab population.

In 1941, as the Irgun was not radical enough for them, Shamir and other militants broke away to form the Lehi (also called the “Stern group”). The new group declared war on the British occupiers, who wanted to slow down Jewish immigration at the very time when European Jews found themselves in mortal danger. But on the principle that “my enemy’s enemy is my friend”, Shamir and his comrades turned to the Nazi regime, offering to help them drive the British from Palestine and the Middle East ! The Nazi leaders, who had at this time already had hundreds of thousands of Jews murdered in Europe, didn’t take them up on the offer.

Was this simply a youthful error ? In any event, the Israeli propaganda machine, which devotes so much energy to denouncing the real or invented connections between Arabs and Nazism, has always been very discreet about this distasteful episode in the life of Shamir.

For the rest, Yitzhak Shamir was to have a perfectly honourable career, from the Israeli point of view : assassination of the UN representative Folke Bernadotte in 1948, senior officer in Mossad up until 1965 and then politician. Once in power, until 1992, Shamir was neither more nor less brutal than his predecessors and successors ; he cohabited with “doves” like Shimon Peres and Yitzhak Rabin, who had no troubling joining him in coalition governments.

By CAPJPO-EuroPalestine

Partager cet article
Repost0
11 janvier 2009 7 11 /01 /janvier /2009 14:16
Le 29 novembre 1947, l’Assemblée générale des Nations unies prévoyait que la Palestine soit divisée en deux États, l’un juif et l’autre arabe, Jérusalem étant dotée d’un statut international.

La guerre de 1948 a débouché sur un tout autre partage. Israël a agrandi son territoire d’un tiers, et 800.000 Palestiniens ont subi l’exil (la Naqba). Quant à l’État arabe, mort né, Israël, la Jordanie et l’Égypte s’en sont partagé les dépouilles.

Après la guerre de juin 1967 la Cisjordanie, Jérusalem-Est et la bande de Gaza sont occupées par Israël.

La négation persistante des droits des Palestiniens a entraîné le Proche-Orient dans une spirale tragique. Plus que jamais, la solution du conflit israélo-palestinien constitue la condition nécessaire – même si elle n’est pas suffisante – d’une paix durable dans toute la région.

La colonisation accélérée, la construction du mur, la multiplication des check-points, les incursions militaires ont transformé la Cisjordanie en une mosaïque de petites prisons et Gaza reste une prison à ciel ouvert.

Alors que de nouvelles tentatives de négocier une solution s’inscrivent dans l’agenda diplomatique, il nous semble primordial de rappeler qu’un règlement politique du conflit doit se baser sur les résolutions des Nations unies de 1947 à nos jours.

Le 17 mai 2008, la Plateforme des ONG françaises pour la Palestine1, organise un grand rassemblement pour rappeler cette exigence élémentaire de justice, conformément au droit international : un État palestinien souverain sur l’ensemble des territoires occupés par Israël en 1967, avec Jérusalem-Est pour capitale ainsi qu’une solution juste du problème des réfugiés, fondée sur la reconnaissance du tort qu’ils ont subi et des droits qui en découlent. Elle appelle le gouvernement français à passer des paroles aux actes et à mobiliser en ce sens les États membres de l’Union européenne.

Nous vous invitons à rejoindre cet appel.

Campagne menée par les associations de la Plateforme :
AFPS (Association France Palestine Solidarité), Afran-Saurel, Agir ensemble pour les droits de l'Homme, AITEC, AJPF (Association des villes françaises jumelées avec des camps de réfugiés palestiniens), Association Pour Jérusalem, CCFD (Comité Catholique contre la Faim et pour le développement), Cedetim, CEMEA (Centres d’entraînement aux méthodes d’éducation active), CICUP (Collectif interuniversitaire pour la coopération avec les universités palestiniennes), CIMADE, Collectif judéo-arabe et citoyen pour la Paix, Comité Pays de Loire Gaza Jérusalem Méditerranée, CRID, CVPR-PO (Comité de vigilance pour une paix réelle au Proche-Orient), EMDH (Enfants du Monde - Droits de l'Homme), ERM (Enfants Réfugiés du Monde), Fédération Artisans du Monde, Génération Palestine, GREF (Groupement des retraités éducateurs sans frontières), Handicap International, LDH (Ligue des droits de l'Homme), MIR (Mouvement International de la Réconciliation), Mouvement de la Paix, MRAP (Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples), Palestine 33, Ritimo, Secours Catholique-Caritas France, SIDI (Solidarité internationale pour le développement et l’investissement), Terre des Hommes France, Tiens Voilà Encore Autre Chose !, UJFP (Union Juive Française pour la paix).

Avec le soutien de :
ABP (Association Belgo-Palestinienne), CECP (Coordination européenne des comités et associations pour la Palestine), CCIPPP (Campagne Civile Internationale Pour la Protection du Peuple Palestinien), CBSP (Comité de Bienfaisance et de Secours aux Palestiniens), Comité pour une paix juste au Proche-Orient – Luxembourg, Comité Urgence Palestine - Suisse, Femmes en Noir, GUPS (Union générale des étudiants palestiniens en France), Peuples Solidaires, SUD Rail.

------------------------
17 MAI : << PAIX COMME PALESTINE >>, PORTE DE VERSAILLES

Dans la foulée de ce 60ème anniversaire, l'UJFP s'associe aux << 6 heures pour la Palestine >>, une grande journée politico-culturelle organisée à Paris par la Plate-forme des ONG françaises pour la Palestine. Cette manifestation aura lieu au Parc des Expositions de la Porte de Versailles. Des appels signés par de nombreuses personnalités sont déjà en circulation pour cet événement, intitulé << Paix comme Palestine - 60 ans après, la paix par le droit >>. Des artistes de renom seront présents, ainsi que des intellectuels, des hommes et des femmes politiques et d'autres personnalités. Des débats, des concerts et de nombreuses animations sont également au programme. Les militants de l'UJFP tiendront le stand consacré au thème des anticolonialistes israéliens. Les billets sont en vente pour 15 EURO (10 EURO pour chômeurs et précaires). De 16h30 à 22h30 au Parc des Expositions de la Porte de Versailles (M° Porte de Versailles). Pour aider à financer cet événement, vous pouvez également souscrire à un bon de soutien, pour lequel vous sera remis un reçu pour vous impôts. Tout don de 50 EURO ou plus donnera droit à un abattement fiscal de 66%. Vous trouverez un bon de soutien dans le fichier attaché <BON de - 60 ans soutien>.

-------------------------------------------
SOUTENEZ LA CAMPAGNE « PAIX COMME PALESTINE »
A l’occasion du 60ème anniversaire de 1948, du partage de la Palestine et de la création d'Israël, la Plateforme des ONG françaises pour la Palestine lance une campagne de sensibilisation pour renforcer la mobilisation citoyenne en faveur de la justice, de la paix et du dialogue au Proche-Orient. Dans le cadre de cette campagne, une grande initiative publique se tiendra le 17 mai 2008 au Parc des expositions de la Porte de Versailles : à travers l’engagement de chanteurs et de musiciens, la prise de parole de personnalités et d’acteurs de la solidarité, et des débats historiques et politiques, nous réaffirmerons notre volonté commune de contribuer à l’établissement d’une paix juste au Proche-Orient sur les bases du droit international.
Nous vous invitons à soutenir notre campagne grâce au bon de soutien ci-dessous :

BON DE SOUTIEN
à retourner à la Plateforme des ONG françaises pour la Palestine –
14 Passage Dubail- 75010 Paris
Tél. 01 40 36 41 46
courriel : pfpalest@club-internet.fr
www.plateforme-palestine.org

Nom..............…………………........Prénom :……………………
Adresse : ...........................................................................................................................................................................................................................
Ville : ...............................................................................................................................
Code postal : ..........................................................................
Téléphone………………………………………………
E-mail : ……………………………………………………………………..
Je fais un don de : ____________ € pour soutenir la campagne.

Les chèques sont à libeller à l’ordre de « Plateforme Palestine » /
Les virements bancaires sont à effectuer sur le compte de
la Plateforme, à la Caisse d’Epargne, agence Château d’eau, n° 04275905193

Une place offerte pour l’évènement du 17 mai 2008 à partir de 50 € de don.
************************************************************************************************

Aimé Césaire : Le Nègre disparaît pour laisser place au symbole

lundi 21 avril 2008 , proposé par welobo

Source http://identitenegre.blogspot.com

Toussaint Louverture, Mandela, Luther King, Che Guévara etc. et aujourd’hui Césaire, ont tous un point commun : peu d’honneurs leur ont été rendu de leur vivant ou pendant leur action. Mais ils sont tous devenus des symboles après avoir été honni, parfois même combattu. Les linguistes disent que le symbole c’est le signe qui n’a pas de lien motivé avec la réalité qu’il veut désigner. Les hommages politiques et médiatiques ronflants, au père de la négritude qui vient de s’éteindre, viennent de confirmer une fois de plus que l’érection des symboles, c’est peut être ce que l’Occident en général et la France en particulier a su garder du « mirage grec ». L’écriture est arrivé tardivement en Grèce, on pourrait y voir là, peut être, une des raisons historiques qui expliquerait les usages contemporains des « symboles », « totalement désacralisés » dans le monde occidental.

Après avoir été superbement ignoré avant d’être relégué au rang de simple figure locale, le nègre fondamental, est redécouvert, au lendemain de sa mort, sous un jour nouveau. Presque réhabilité, en tombant dans le domaine public et en recevant les honneurs officiels d’un Etat qui ne l’a pas reconnu de son vivant. Il n’est plus le rejeton insoumis de la République, mais un symbole pour la France. L’avalanche des témoignages de sympathie de la part d’une classe politique hexagonale est peut être le signifiant d’une hypocrisie qui entoure souvent les beaux discours sur l’égalité, la fraternité, la liberté et le respect de l’Autre. Que signifie cette aporie ? Ce paradoxe est en tout cas lourd de sens tant il traduit de manière parfaite ce décalage entre les valeurs prônées et la réalité ?

Le symbole a ceci de particulier qu’il masque la réalité qu’il veut incarner tout en la représentant. De cette manière, il devient trompeur. Il est juste là, érigé tel un sphinx, pour faire le beau. Sa puissance c’est son apparat. De cette manière, il s’impose tel un label esthétique à travers lequel l’expérience « sensible » se découvre, se livre aux hommes. Signifiant trompeur, dont le contenu est parfois loin de la réalité. Représentation de l’absent, il se veut le code arbitraire qui n’est pas ce qu’il désigne, et s’en sépare par la coupure sémiotique. Ainsi, Césaire le nègre, l’ennemi de l’intérieur, le combattant anti-colonialiste devient dans la version symbolique le poète de l’universel, le combattant de l’humanité, l’homme universel. De la même manière que, le symbole Mandela oblitère vingt sept années de sa vie de lutte contre l’Apartheid, passées en prison dans l’indifférence quasi générale et avec la complicité des puissances occidentales, le symbole Césaire masque sa révolte contre le colonialisme et sa lutte contre la négation de l’homme noir. Le symbole Che Guevara couvre d’un voile impudique son assassinat par la CIA et sa révolte contre l’impérialisme. Le symbole de l’Abbé Pierre enterre son combat pour les mal logés, alors que celui de Martin Luther King efface sa lutte contre le racisme de l’Amérique blanche et l’oppression cruelle du système fédéral envers les Noirs.

C’est que la réalité frappe, le symbole lui reste muet. On admire le symbole mais on refuse de voir la réalité. Le symbole est inoffensif, il dérange moins, il est loin, éloigné de ce qu’il porte et colporte en significations, c’est en cela qu’on le préfère. Il n’est plus là pour rappeler ce pourquoi ils ne l’aimaient, le martyrisaient. Le symbole c’est le cache sexe du Roi, le voile de la domination, l’uniforme de la suprématie, le pagne de l’oppression, le « baiser de la mort », « le cadeau empoisonné » l’étendard de la bonne conscience. Il est une forme d’esthétisation politique et idéologique de tous ces combats, de toutes ces luttes et résistances ayant comme fondement la défense de l’humain ou encore la lutte contre les injustices, la négation et l’exploitation de l’Autre, etc. C’est de la récup au nom des conventions, des convenances, du confort. « Nous n’aimons pas leurs combats, mais nous vouons un culte pharaonique à l’idéal qu’ils expriment, disent-ils ». « Nous n’aimons pas leurs luttes, mais les idées qu’elles expriment ».

L’érection du symbole est une opération de déconstruction du message, un détournement symbolique de la résistance, un ensevelissement du message. Le symbole édulcore, euphemise, les vérités crues du message porté par tous ces hommes épris de justice. Le symbole, c’est la complaisance dans la beauté des idéaux et le refus de la laideur du combat. Le refuge dans la paresse des mots (blabla et blabla), des discours, de la rhétorique républicaine creuse à l’image de cette avalanche puant d’hommages qui emporte désormais le cadavre du Nègre fondamental dans son voyage au pays natal. Le symbole est le tombeau du résistant, l’épitaphe du combattant. Il ne signifie rien pour ceux qu’ils l’érigent. Ceux qui chantent aujourd’hui les louanges du chantre de la négritude sont les mêmes qui ont tenté hier de justifier à travers une loi inique l’entreprise criminelle de la colonisation. Quel curieux paradoxe !

Césaire Nganga.

Source http://identitenegre.blogspot.com



Partager cet article
Repost0
11 janvier 2009 7 11 /01 /janvier /2009 14:15
Analyse suite:


Le plan Allon

La seconde option, prônée notamment par les Travaillistes, s'est incarnée dans le Plan Allon. La philosophie générale du Plan Allon était de résoudre la contradiction énoncée plus haut en prenant acte du fait que, contrairement à ce qui s'était passé en 1947-1948, les Palestiniens ne quitteraient pas leurs terres pour les Etats voisins. Pour Allon, la solution consistait donc en l'évacuation, par Israël, des zones palestiniennes densément peuplées (agglomérations de Cisjordanie et intégralité de la bande de Gaza) et au renoncement à toute prétention de souveraineté sur ces zones, tout en annexant à l'Etat juif le reste de la Cisjordanie et en contrôlant les « frontières » de Gaza. Des enclaves palestiniennes seraient ainsi établies, avec un statut qui resterait à définir (placées sous souveraineté jordanienne ou exerçant une forme ou une autre d'auto-administration avec des attributs de souveraineté très limités), permettant à Israël de résoudre simultanément le problème démographique et le problème démocratique tout en étendant au maximum sa superficie. Ce plan impliquait lui aussi de maintenir l'emprise militaire sur la Cisjordanie et Gaza le plus longtemps possible, « une occupation prolongée et un processus d'annexion par réquisition de terres et création d'implantations, de manière à occuper physiquement le territoire qu'il visait à acquérir de manière définitive » 1 (voir carte ci-contre et ici).

Le plan Allon, beaucoup plus réaliste et beaucoup plus acceptable par la « communauté internationale », dont l'Etat d'Israël est totalement dépendant du point de vue financier, a fini par être adopté par la majorité de l'establishment sioniste. « Le plan des travaillistes s'est ainsi imposé de fait comme ligne de conduite fondamentale de l'Etat sioniste dans les territoires de 1967, même sous le Likoud qui, bien que l'ayant amendé à sa façon, n'en a pas moins renforcé les dispositions essentielles » 2. La colonisation, les annexions, la construction du réseau routier se sont inscrites dans ce cadre général, les gouvernements israéliens sachant que, tôt ou tard, le moment viendrait où il faudrait aboutir à une solution négociée. La combinaison de l'Intifada et des pressions de l'administration Bush, en quête de légitimation de son hégémonie sur « nouvel ordre mondial » et de stabilité dans le monde arabe, a amené Israël à « s'asseoir à la table des négociations » et à imposer à la partie palestinienne une version à peine modifiée du Plan Allon.

Comme indiqué plus haut, l'une des dispositions qui n'était pas précisée dans le plan original était le statut exact des enclaves palestiniennes et l'autorité à qui serait transférée la souveraineté sur ces zones. Avec les négociations secrètes d'Oslo qui débouchent sur les Accords du même nom, Rabin et Pérès font le choix d'en appeler à l'OLP-Tunis qui répond de leur point de vue à trois exigences :

- être suffisamment affaiblie financièrement et politiquement pour accepter des accords aussi défavorables à la partie palestinienne
- avoir la légitimité suffisante dans les territoires occupés pour les faire accepter à la population
- disposer de l'appareil bureaucratico-militaire nécessaire à leur mise en oeuvre.

B) L’Autorité palestinienne

a) L'Autorité palestinienne : structures et compétences

La Déclaration de principes (DOP), dite « Accords d'Oslo », signée le 13 septembre 1993, indique que le processus de négociation qui s'ouvre a notamment pour objectif « [d']établir une Autorité palestinienne intérimaire autonome (...)  pour les Palestiniens de Cisjordanie et de la bande de Gaza » 3, à qui seront transférées progressivement un certain nombre de compétences, en premier lieu « éducation et culture, santé, protection sociale, impôts directs et tourisme » 4. Ces compétences seront transférées au « Conseil » (à l'Autorité palestinienne) au fur et à mesure du redéploiement de l'armée israélienne, qui commencera par évacuer la bande de Gaza et la ville de Jéricho. Dans la DOP, est indiqué qu'un accord intérimaire à venir « spécifiera la structure du Conseil, le nombre de ses membres, et le transfert au Conseil des pouvoirs et responsabilités du gouvernement militaire israélien et de son administration civile » 5.

Les Accords du Caire, dits de « Gaza-Jéricho », signé le 4 mai 1994, précise que « l'Autorité palestinienne sera composée d'un organe de 24 membres qui assurera la mise en œuvre et sera responsable de tous les pouvoirs et responsabilités législatifs et exécutifs qui leur seront transférés (…) ainsi que l'exercice des fonctions judiciaires » 6. L'Autorité est nommée par la direction de l'OLP mais sa composition doit être approuvée par Israël. Son domaine de compétence n'est pas élargi par rapport à la DOP. C'est le 27 août 1995, dans le « Protocole sur le transfert ultérieur des pouvoirs et des responsabilités » que huit nouveaux domaines de compétence sont ajoutés aux précédents, parmi lesquels l'agriculture, le travail, le commerce et l'industrie, l'essence et le gaz…

Enfin, les seconds accords intérimaires, dit « Accords de Taba » ou « Oslo II », « précise[nt] les compétences des divers organes de l'Autorité et leur mode de désignation (processus électoral) » 7. Les accords stipulent que l'Autorité palestinienne issue des accords précédents et nommés par la direction de l'OLP sera remplacée par une « Autorité palestinienne d'autogouvernement intérimaire » (son nom officiel, bien que rebaptisée par les Palestiniens « Autorité Nationale Palestinienne »), composée d'un Conseil élu et « d'un comité qui exercera l'autorité exécutive du Conseil ». C'est l'Autorité en place qui est chargée d'organiser les élections et de rédiger la loi électorale, en consultation avec la partie israélienne. On peut noter, avec Jean-François Legrain, qu'il est rappelé et confirmé dans les Accords de Taba que « le Conseil n'a aucune compétence en matière de politique étrangère (…), [et que] seule l'OLP est habilitée à conduire des négociations et à signer des accords pour le compte du Conseil dans les seuls domaines économiques, culturels et scientifiques » 8.

Dans les faits, « l'Autorité palestinienne » est composée, de 1994 à 1996, d'un Cabinet et d'un Président nommés par la direction de l'OLP puis, à partir des élections du 20 janvier 1996, d'un Président et d'un Conseil législatif de 88 membres élus par la population palestinienne de Cisjordanie, de Gaza et de Jérusalem-est, le Président proposant un gouvernement (cabinet) qui doit recevoir un vote de confiance du CLP. Il n'y aura pas de Premier Ministre avant la réforme de la loi fondamentale palestinienne en mars 2003 et la nomination de Mahmoud Abbas (Abu Mazen).

La composition, la structuration et les prérogatives de l'Autorité palestinienne sanctionnent deux phénomènes : le rapport de forces défavorable aux Palestiniens et le monopole du pouvoir palestinien entre les mains du noyau dirigeant de l'OLP-Tunis. S'exprime en effet, dans le contenu de ces textes, le déséquilibre en défaveur des Palestiniens : leurs compétences et leurs marges de manœuvre dans l'exercice du pouvoir sont réduites et l'ensemble de leurs décisions (nominations, lois…) sont soumises à l'approbation israélienne. Mais il faut également noter qu'au sein de ce rapport de forces dé-séquilibré, les textes entérinent le fait que le monopole du pouvoir palestinien est dans les mains de l'extérieur puisque c'est bel et bien la direction centrale de l'OLP-Tunis, celle-là même qui conduit les négociations, qui est chargée de nommer les membres de l'exécutif et de proposer un calendrier électoral et le mode d'organisation des élections. Près de deux ans et demi s'écoulent entre la Déclaration de Principes et les premières élections dans les territoires palestiniens. Rien n'est précisé quant aux structures locales de pouvoir qui existaient avant l'ensemble des accords du processus d'Oslo (municipalités, gouverneurs de districts notamment) : leurs responsables seront directement nommés par le Président jusqu'aux élections municipales de 2005. Notons enfin que le fait que l'Autorité palestinienne n'ait formellement aucune compétence dans le domaine de la politique étrangère et des négociations avec Israël, s'il s'agit avant tout d'une exigence israélienne qui refuse de donner à l'Autorité les prérogatives d'un Etat, participe du monopole sur les étapes du « processus de paix » d'une équipe restreinte de négociateurs non élus par la population.

b) La souveraineté territoriale

À aucun moment, dans les accords, n'est évoqué un « retrait » de l'armée israélienne de l'ensemble des territoires occupés. Le « retrait » est mentionné lorsque l'on parle de zones précises (bande de Gaza, Jéricho), tandis que sinon le terme utilisé est « redéploiement ». La DOP évoque le retrait de la bande de Gaza et de Jéricho, les Accords du Caire (mai 1994) précisent les modalités de ce retrait tandis que les Accords de Taba (septembre 1995) divisent la Cisjordanie en trois zones (zone A, zone B et zone C) et indiquent que le redéploiement israélien en Cisjordanie se fera en trois étapes dans le cadre d'un processus négocié. Un accord spécifique sur Hébron sera signé en janvier 1997.


Accords d'Oslo II

Après les Accords du Caire, Israël évacue environ 80% de la bande de Gaza et, alors que les Palestiniens revendiquent l'évacuation de l'ensemble de la zone qui constituait le district de Jéricho à l'époque de l'Administration jordanienne (un peu plus de 200 km2), Israël ne leur transfère qu'une zone d'un peu plus de 60 km2. Les Accords de Taba créent des zones dans lesquelles l'Autorité palestinienne est en charge des questions civiles et de sécurité (zones A), des zones dans lesquelles l'Autorité n'est en charge que des questions civiles, la sécurité restant du domaine d'Israël (zones B) et des zones dans lesquelles l'Autorité ne jouit que de pouvoirs limités dans le domaine civils (pouvoirs « qui ne seront pas liés au territoire »), le reste des questions demeurant de la seule responsabilité d'Israël (zones C) (Articles 10 et 11). Les zones A représentent un peu moins de 3% de la Cisjordanie (les villes palestiniennes, c'est à dire Jénine, Tulkarem, Kalkylia, Naplouse, Ramallah, Bethléem et, après 1997, 80% d'Hébron), les zones B environ 23% de la Cisjordanie (environ 440 villages et leurs terres avoisinantes) et les zones C 74%. Après de nombreux reports de calendrier et en contradiction avec les accords intérimaires, le dernier redéploiement israélien a lieu en mars 2000. À son terme, 18% de la Cisjordanie est en zone A, 22% en zone B et 60% en zone C 9 (voir carte ci-contre et ici).

La « juridiction territoriale » de l'Autorité palestinienne est définie dans l'article 5 des Accords du Caire (mai 1994) : « [elle] inclut le sol, le sous-sol et les eaux territoriales » de Gaza et Jéricho puis, après les Accords de Taba (septembre 1995) et les divers redéploiements, des zones A. L'espace aérien reste sous contrôle israélien, de même que les routes reliant entre elles les différentes zones A, dans la mesure où elles passent par des zones B et C. À plusieurs reprises est évoqué dans les négociations l'établissement de deux « passages sûrs » entre la Cisjordanie et Gaza, c'est à dire de routes qui relient les deux entités géographiques et qui peuvent être empruntées par les Palestiniens (sous contrôle israélien). « Le " Protocole concernant le passage sûr entre la Cisjordanie et la bande de Gaza " est signé le 5 octobre 1999. Le passage sud n'est ouvert que le 25 octobre 1999 ; fin 2000, le passage nord n'est toujours pas ouvert » 10. En 2008, il ne l'est toujours pas.

Le nouveau pouvoir palestinien est confronté à quatre difficultés majeures. En premier lieu, Israël ne respecte pas les étapes prévues dans les accords intérimaires pour les différents moments du redéploiement, que ce soit du point de vue du calendrier ou de l'espace qui passe effectivement sous autorité palestinienne. En second lieu, quand bien même Israël aurait respecté ces étapes, il ne s'agit en aucun cas d'un retrait total de la Cisjordanie et de Gaza (la question des colonies est renvoyée à des négociations ultérieures), retrait total qui était au cœur des préoccupations de la population des territoires occupés et des structures de commandement de l'Intifada. En troisième lieu, la poursuite (et même l’accélération) de la colonisation des territoires occupés réduit considérablement la future « zone de souveraineté » palestinienne et délégitime rapidement la direction de l'Autorité palestinienne. Enfin, les zones qui passent sous son autorité, notamment en Cisjordanie, sont très fragmentées et isolées les unes des autres. Loin de faciliter la tâche de la nouvelle administration, cette fragmentation est un obstacle majeur pour la construction de l'Autorité palestinienne : comment assurer la continuité du pouvoir quand il n'y a pas de continuité territoriale ?  

c) L'économie

La DOP et le « Protocole de Paris sur les relations économiques » sont les deux documents qui posent les principes des relations économiques entre Israël et les zones autonomes palestiniennes et les organisent. Il convient de noter que c'est dans le domaine économique que l'unanimité entre les deux parties est la plus manifeste. « À son retour de Paris, Peres fit savoir que " les Palestiniens sont aujourd'hui d'accord avec [Israël] pour créer une économie de marché, avec la libre circulation des biens et le libre-échange entre [les deux parties] ", tandis que Nabil Shaath, responsable de la délégation de l'OLP, s'extasiait du fait que la Déclaration de Principes signifiait " une paix totale avec Israël, avec des frontières complètement ouvertes " qui allait " créer, avec Israël, une communauté économique dans tout le Moyen-Orient " » 11. Négocié pour la partie palestinienne par une délégation conduite par Ahmad Qoreï (Abu Ala), responsable de la Samed (l'organisme financier de l'OLP), le Protocole de Paris détaille de manière précise les règles de fonctionnement économique entre Israël et l'Autorité palestinienne. Formellement, il donne à l'Autorité palestinienne le droit de décider elle-même de ses politiques d'importation et d'exportation pour un certain nombre de marchandises (avec des restrictions sur d'autres), ainsi que le droit, dans le domaine financier, d'établir sa propre autorité monétaire et  d'organiser le système bancaire. Un Comité économique conjoint est créé pour superviser l'ensemble des questions économiques.  

La majorité des analystes s'accordent pourtant à dire que le Protocole de Paris, loin de donner à la partie palestinienne les moyens de l'autonomie et la possibilité de s'émanciper de la domination économique israélienne, entérine le fait que l'économie des territoires palestiniens est subordonnée à l'économie d'Israël. En faisant de la « loi du marché » et de la « libre entreprise » la règle de fonctionnement des relations économiques entre Israël et les zones autonomes palestiniennes, les arrangements économiques imposent en fait la loi de la libre concurrence entre une économie moderne et dominante et une économie dominée et déformée par plus de 20 ans d'occupation militaire.

Le débat, chez les économistes palestiniens, ne porte pas sur cette relation inégalitaire structurelle, ni sur le fait que la « petite » économie palestinienne ne pèsera pas lourd face à l'économie israélienne, elle-même intégrée au processus de mondialisation économique. Il s'agit plutôt de savoir si cette intégration « officielle » à l'économie israélienne mais dans laquelle la partie palestinienne a formellement un certain nombre de marges de manœuvre qu'elle n'avait pas auparavant va permettre, avec le temps, d'aider au développement économique des zones autonomes. Tandis que certains pensent que l'établissement d'une zone de libre-échange et le retour de la stabilité dans la région vont favoriser les investissements étrangers dans les territoires palestiniens (y compris les investissements israéliens), vont progressivement renforcer le poids économique de ces derniers et donc changer la nature des relations avec l'économie israélienne, d'autres affirment que « le rôle du capital palestinien [sera] moins celui d'un compétiteur que celui d'un partenaire subalterne de l'expansionnisme économique israélien » 12.

Dans le domaine économique comme dans les autres domaines, la partie palestinienne est dans un rapport de forces très défavorable face à Israël. Le Comité économique conjoint est dominé par Israël qui, à de nombreuses reprises, utilisera son droit de veto pour invalider certaines décisions palestiniennes, l'inverse ne se produisant jamais. Les dirigeants palestiniens se plaindront à de nombreuses reprises du non-respect par Israël de plusieurs dispositions de l'accord et demanderont la révision de certains de ses termes, démarches qui n'aboutiront jamais. Mais, même au sein de cette relation déséquilibrée, il est essentiel de noter, de nouveau, que les négociateurs palestiniens obtiennent un certain nombre de dispositions qui leur assure la prééminence dans le volet « économie » de la construction de l'autonomie.

En premier lieu, ils sont les interlocuteurs de l'économie dominante, ce qui ne signifie pas qu'il n'y a pas de relations directes entre entrepreneurs privés palestiniens et entrepreneurs israéliens mais qu'à l'échelle nationale ils sont les seuls dépositaires de l'autorité à négocier avec le pouvoir israélien.
En second lieu, il convient de noter qu'une contradiction existe entre l'idée d'une économie de marché où règne la libre entreprise et le nombre d'attributions dans le domaine économique dont bénéficie la direction de l'Autorité palestinienne. On peut parler d'une économie dont le caractère libéral n'est que très relatif et sous l'étroit contrôle de l'Autorité palestinienne.
Enfin, la direction de l'Autorité hérite du monopole sur la redistribution des taxes reversées par Israël (sur les importations et sur les salaires des Palestiniens employés en Israël)  et sur les aides internationales (estimées par la Banque Mondiale à 2,45 milliards de dollars entre 1993 et 1998), une manne financière considérable au regard de la situation économique des territoires occupés.
Tous ces éléments créent un terrain favorable à la mise en place d'un système politique et de relations économiques dans lesquels la corruption et le clientélisme jouent un rôle central.

d) La sécurité

Les questions de sécurité occupent une place prépondérante dans l'ensemble des accords signés au cours du processus d'Oslo. Dès la Déclaration de principes il est indiqué « [qu']afin de garantir l'ordre public et la sécurité interne des Palestiniens de Cisjordanie et de la bande de Gaza, le Conseil [l'Autorité palestinienne] établira une puissante force de police » 13. Les Accords du Caire précisent « les devoirs, fonctions, structure, déploiement et composition de la police palestinienne » 14 et établissent « un Comité conjoint de coordination et de coopération pour les questions de sécurité mutuelle » 15, coopération qui se matérialisera sur le terrain, par exemple, par la mise en place de « patrouilles jointes » dont les modalités d'exercice sont précisément définies 16. Les accords indiquent également « [qu'] Israël et l'Autorité palestinienne chercheront à entretenir la compréhension et la tolérance mutuelles » 17 et plus loin « [que] la partie palestinienne prendra les mesures nécessaires pour empêcher tout acte d'hostilité à l'encontre des implantations, des infrastructures les desservant et de la Zone d'installation militaire » 18.


Forces de sécurité palestiniennes

Les Accords du Caire fixent à 9000 le nombre maximum de policiers palestiniens « recrutés localement ou à l'étranger (parmi les Palestiniens possédant un passeport jordanien ou un pièce d'identité palestinienne émise par l'Egypte)  », limitant à 7000 le nombre de recrues de l'extérieur, « dont 1000 arriveront dans les trois mois qui suivent la signature de l'accord » 19. Les Accords de Taba font passer le nombre total de policiers à 24 000 (18 000 à Gaza et 6 000 en Cisjordanie) et indique que 6 000 policiers supplémentaires pourront être installés en Cisjordanie au fur et à mesure du redéploiement israélien 20. Il formule en des termes précis les obligations de la police palestinienne, qui doit entre autres « agir systématiquement contre toute incitation au terrorisme et à la violence [chez les Palestiniens] », « arrêter et traduire en justice toutes les personnes [palestiniennes] suspectées de perpétrer des actes de violence ou de terrorisme », « confisquer toute arme illégalement détenue [par un civil palestinien] » et « coopérer pour échanger les informations et coordonner ses activités et ses politiques » avec les services de sécurité israéliens 21. L'article 4 de l'annexe 1 précise en outre que la police palestinienne doit être divisée en six branches, coordonnées entre elles  dans chaque zone autonome et sous un commandement unique.

À la lecture des dispositions concernant les questions sécuritaires, quatre constats s'imposent.

Premièrement, les accords demandent à l'Autorité palestinienne non seulement de se conformer aux engagements pris par Yasser Arafat dans la lettre envoyée à Itzhak Rabin en septembre 1993 quant à « l'arrêt des violences » contre Israël mais aussi de l'imposer, y compris par la force, dans l'ensemble des territoires qui sont sous sa responsabilité. Il s'agit là d'une condition pour que les négociations progressent.

Deuxièmement, le nombre de policiers fixé par les accords est très élevé par rapport au nombre d'habitants. Deux conséquences sont à prévoir : une place démesurée des forces armées dans la construction du pouvoir palestinien et une place très importante de ces forces par rapport au nombre total d'emplois rémunérés en Palestine. On peut par ailleurs noter que ce nombre, déjà élevé, sera très rapidement dépassé sans qu'Israël ne proteste outre mesure. À la veille de le deuxième Intifada, on estime que le nombre total de membres des diverses forces de sécurité est compris entre 60 000 et 70 000 (estimation d'Hussam Khadr, élu au Conseil législatif palestinien, qui rejoint la plupart des estimations des différents travaux de recherche sur la question).

Troisièmement, la taille et la multiplication des services (au moins six d'après les accords, mais plus de vingt selon certains travaux), combinées à la fragmentation géographique et à l'arrivée de plusieurs milliers d'hommes de l'extérieur, peuvent entraîner des conflits entre les divers organes et des difficultés à avoir une action coordonnée au niveau central.

Enfin, la centralité des questions sécuritaires, la taille de l'appareil mis en place (avec l'accord d'Israël), le fait qu'Israël autorise (et dans une certaine mesure recommande) que des Palestiniens de l'extérieur soient largement impliqués dans les forces de sécurité indiquent clairement que le gouvernement israélien voit dans le processus d'Oslo un moyen de se décharger sur l'OLP-Tunis du maintien de l'ordre dans les territoires palestiniens.

e) Synthèse

Les Accords d'Oslo, s'ils sont une conséquence indirecte de l'Intifada, n'en sont pas pour autant l'aboutissement logique. Ils sont au carrefour de quatre facteurs :

- la nouvelle situation internationale et la volonté états-unienne d'imposer un « nouvel ordre mondial » qui passe par un règlement de la question palestinienne et une normalisation des relations entre Israël et les Etats arabes.
- la volonté israélienne, dans le cadre de négociations qui lui ont été imposées par les Etats-Unis, d'en tirer un maximum de bénéfices du point de vue du projet sioniste en donnant une légitimité internationale à la politique qu'Israël mène depuis plus de vingt ans, définie dans le Plan Allon.
- la longue quête de légitimité de la direction de l'OLP-Tunis et son projet d'exercice du pouvoir sur « toute portion de territoire libéré » de la Palestine du mandat.
- le soulèvement palestinien de 1987 qui a rendu visibles les revendications et les aspirations de la population palestinienne de Cisjordanie et de Gaza et rendu inévitable, sinon la fin de l'occupation israélienne, du moins un changement significatif dans le mode d'administration des territoires occupés depuis 1967.

L'examen du contenu des Accords d'Oslo (et des divers accords intérimaires qui ont suivi) révèle l'écrasante domination des deux premiers acteurs (Etats-Unis et Israël), la soumission du troisième (l'OLP-Tunis) et l'exclusion du quatrième (la population des territoires occupés) dans le processus de négociations.

Les éléments examinés ci-dessus aboutissent à la formulation d'un certain nombre de questions :

- L'exclusion des Palestiniens « de l'intérieur » du processus de négociations, si elle s'inscrit, comme on l'a vu, dans une longue histoire de dépossession de l'initiative et de la décision politiques de l'intérieur par l'extérieur, ne va pas sans poser de nombreuses questions quant à la construction de l'Autorité d'autonomie. Quelle place sera accordée aux acteurs palestiniens « de l'intérieur » ? La direction de l'OLP-Tunis, qui a le monopole des négociations et qui bénéficie de l'ensemble du pouvoir politique central dans la construction de l'autonomie partagera-t-elle le pouvoir ? Quelle perception aura la population palestinienne de ces dirigeants qui arrivent de Tunis et ont connu une histoire différente bien qu'intrinsèquement liée à celle des habitants des territoires occupés ?

- Le rôle dévolu à la nouvelle autorité d'autonomie (maintenir l'ordre et gérer le quotidien des zones autonomes) semble répondre à la prédiction formulée par Ygal Allon plus de quinze ans avant les Accords d'Oslo : « Bien sûr, si l'OLP cessait d'être l'OLP, nous pourrions cesser de la considérer comme telle. Ou si le tigre se transformait en cheval, nous pourrions l'enfourcher » 22. Comment l'Autorité palestinienne va-t-elle pouvoir gérer la contradiction entre les aspirations de la population des territoires occupés (la fin de l'occupation militaire) et la situation d'indirect rule produite par les Accords d'Oslo ?

- Le monopole du noyau dirigeant de l'OLP sur les négociations avec Israël (dans tous les domaines) et sur les ressources financières crée un terrain favorable à la mise en place d'un vaste réseau de clientélisme et de corruption. Quelle en sera la réalité ? Quel usage le nouveau pouvoir palestinien va-t-il faire de ce monopole dans le cadre de la construction et de la légitimation de l'Autorité palestinienne ?

- Avec la concentration de l'essentiel du pouvoir politique dans les mains du président et du gouvernement palestiniens, quelle sera la place des structures intermédiaires de pouvoir (municipalités, gouvernorat) et de la seule structure nationale élue par la population (le Conseil législatif palestinien) ? Quels rapports entretiendra le pouvoir central avec ces autres centres de pouvoir ?

- Quelle place sera accordée aux forces politiques critiques ou opposées aux Accords d'Oslo ? Comment le nouveau pouvoir va-t-il se comporter vis-à-vis de ces forces dans la mesure où l'une de ses tâches est de contenir toute manifestation d'hostilité à l'égard d'Israël et/ou du processus de paix ?

- Quelle politique vis-à-vis des structures « traditionnelles » de pouvoir dans la société palestinienne, et notamment les grandes familles de notables qui, bien qu'affaiblies, représentent, par leur influence locale, un défi pour la mise en place d'un pouvoir central, défi renforcé par la fragmentation géographique imposée par les Accords d'Oslo ?

- Enfin, et de manière plus générale, la contradiction entre ce qui fait la légitimité de la direction Arafat vis-à-vis de la communauté internationale (son engagement à faire cesser la violence et à être partie intégrante du « règlement » de la question palestinienne) et vis-à-vis des Palestiniens des territoires occupés (incarner la lutte contre l'occupation et la résistance contre Israël) est-elle surmontable ?

Notes

1. Gilbert Achcar,  L’Orient incandescent, Lausanne, Editions Page Deux, 2003, p. 278.
2. Ibid., p. 279.
3. Déclaration de principes sur les arrangements intérimaires d’autogouvernement (DOP), article 1.
4. Ibid., article 6.
5. Ibid., article 7.
6. Accords du Caire, article 4, alinéa 1.
7. Jean-François Legrain, “ Retour sur les Accords israélo-palestiniens ”, dans Maghreb-Machrek n° 170, pp. 96-125.
8. Ibid.
9. Ibid.
10. Ibid.
11. Graham Usher, Dispatches From Palestine, The Rise and Fall of the Oslo Process, Londres, Pluto Press, 1999, p. 43.
12. Graham Usher,  Palestine in Crisis, The Struggle for Peace and Political Independance After Oslo, Londres, Pluto Press, 1995, p. 41.
13. DOP, article 8.
14. Accords du Caire, articles 3 et 9 de l’annexe 1.
15. Ibid., article 8.
16. Ibid., article 3 de l’annexe 1.
17. Ibid., article 12.
18. Ibid., article 18.
19. Ibid., article 3 de l’annexe 1.
20. Ibid., article 4 de l’annexe 1.
21. Ibid., article 2 de l’annexe 1.
22. Cité par Achcar, op. cit., p. 280.



Source : Julien Salingue
http://juliensalingue.over-blog.com/...
Partager cet article
Repost0
11 janvier 2009 7 11 /01 /janvier /2009 14:14
Analyse

Retour sur... Les Accords d'Oslo
Julien Salingue

Dimanche 20 avril 2008

Avertissement : je mets en ligne cet article suite à plusieurs demandes de précisions sur le contenu exact des Accords d'Oslo. Le texte qui suit est essentiellement basé sur mes recherches universitaires et comporte de larges extraits de travaux antérieurs. La forme et le ton sont donc assez différents des autres articles que j'ai mis en ligne depuis mon arrivée...

Les Accords d'Oslo : le cadre de construction et d'exercice du pouvoir de l'élite palestinienne

A) Les Accords d'Oslo comme réactualisation du Plan Allon

Un examen du contenu des Accords d'Oslo, signés à Washington le 13 septembre 1993 et des nombreux accords intérimaires qui s'ensuivent (Accords du Caire, Protocole de Paris, Accords dits de « Gaza-Jéricho », Accords dits « Oslo II », Protocole sur Hébron…) permet de définir le cadre général d'exercice du pouvoir et les prérogatives de la nouvelle Autorité palestinienne. Avant d'entrer dans les détails des textes, il convient de noter en préalable que contrairement à ce qu’a pu affirmer un certain consensus majoritaire à l'époque, les Accords d'Oslo ne sont pas des accords « équilibrés », qui auraient signifié, pour les deux parties des « sacrifices » équivalents.

Négociés dans un rapport de forces très défavorable à la partie palestinienne, avec entre autres l'isolement diplomatique et économique de l'OLP, l'absence de mobilisation populaire sur le terrain et la toute-puissance des Etats-Unis sur la scène internationale après la chute de l'URSS et la Guerre du Golfe, les « Accords de paix » sont avant tout l'expression d'une défaite du mouvement national palestinien, au regard des revendications qu'il portait depuis les années 70 et des aspirations de la population palestinienne.

Je m'appuierai ici sur la thèse de Gilbert Achcar selon laquelle le processus d'Oslo (entendu comme la somme des divers accords mentionnés plus haut) n'est en réalité que la réactualisation d'un projet datant de 1967, le Plan Allon, du nom du Général travailliste qui l'a élaboré, Ygal Allon. L'occupation de la Cisjordanie et de la bande de Gaza a posé, dès 1967, un problème fondamental à Israël, dans la mesure où cet Etat se définit simultanément comme « Etat juif » et « Etat démocratique ». L'intégration de près de deux millions de Palestiniens à la zone d'exercice de la souveraineté israélienne a eu comme principale conséquence de mettre en contradiction les deux termes énoncés ci-dessus. Soit l'Etat renonçait à son caractère « juif » en attribuant la citoyenneté aux Palestiniens de Cisjordanie, de Gaza et de Jérusalem, soit l'Etat renonçait à ses prétentions « démocratiques » en maintenant toute une partie de la population sous son autorité dans une situation de sous-citoyenneté. Personne n'envisageant sérieusement, dans l'establishment sioniste, de donner la nationalité israélienne aux Palestiniens des territoires occupés, le choix a été fait de gérer ces zones et leurs populations sous un mode proche du colonialisme classique. Mais chacun avait conscience que cette solution n'était pas viable sur le long terme. Deux conceptions s'affrontèrent alors.

La première, prônée au départ par une majorité du Likoud et défendue notamment par le Général Ariel Sharon, consistait à maintenir l'occupation militaire le plus longtemps possible et, en réprimant sévèrement le mouvement national, en empêchant l'émergence de toute structure locale de pouvoir, en se saisissant de terres via la colonisation et en expropriant de plus en plus de Palestiniens, à contraindre le plus possible d'habitants arabes à quitter les territoires occupés. Ce « transfert de population », qui devait en outre faire partie de tout éventuel accord international à venir, permettait de résoudre le « problème démographique » tout en assurant la souveraineté aux Israéliens sur l'ensemble de la Palestine du mandat britannique. Dans les années 1980, Sharon aimait à dire que l'Etat palestinien existait déjà, à l'est du Jourdain, et que tous les Palestiniens qui aspiraient à vivre dans un Etat indépendant et souverain pouvaient se rendre en Jordanie.


Le plan Allon

La seconde option, prônée notamment par les Travaillistes, s'est incarnée dans le Plan Allon. La philosophie générale du Plan Allon était de résoudre la contradiction énoncée plus haut en prenant acte du fait que, contrairement à ce qui s'était passé en 1947-1948, les Palestiniens ne quitteraient pas leurs terres pour les Etats voisins. Pour Allon, la solution consistait donc en l'évacuation, par Israël, des zones palestiniennes densément peuplées (agglomérations de Cisjordanie et intégralité de la bande de Gaza) et au renoncement à toute prétention de souveraineté sur ces zones, tout en annexant à l'Etat juif le reste de la Cisjordanie et en contrôlant les « frontières » de Gaza. Des enclaves palestiniennes seraient ainsi établies, avec un statut qui resterait à définir (placées sous souveraineté jordanienne ou exerçant une forme ou une autre d'auto-administration avec des attributs de souveraineté très limités), permettant à Israël de résoudre simultanément le problème démographique et le problème démocratique tout en étendant au maximum sa superficie. Ce plan impliquait lui aussi de maintenir l'emprise militaire sur la Cisjordanie et Gaza le plus longtemps possible, « une occupation prolongée et un processus d'annexion par réquisition de terres et création d'implantations, de manière à occuper physiquement le territoire qu'il visait à acquérir de manière définitive » 1 (voir carte ci-contre et ici).

Le plan Allon, beaucoup plus réaliste et beaucoup plus acceptable par la « communauté internationale », dont l'Etat d'Israël est totalement dépendant du point de vue financier, a fini par être adopté par la majorité de l'establishment sioniste. « Le plan des travaillistes s'est ainsi imposé de fait comme ligne de conduite fondamentale de l'Etat sioniste dans les territoires de 1967, même sous le Likoud qui, bien que l'ayant amendé à sa façon, n'en a pas moins renforcé les dispositions essentielles » 2. La colonisation, les annexions, la construction du réseau routier se sont inscrites dans ce cadre général, les gouvernements israéliens sachant que, tôt ou tard, le moment viendrait où il faudrait aboutir à une solution négociée. La combinaison de l'Intifada et des pressions de l'administration Bush, en quête de légitimation de son hégémonie sur « nouvel ordre mondial » et de stabilité dans le monde arabe, a amené Israël à « s'asseoir à la table des négociations » et à imposer à la partie palestinienne une version à peine modifiée du Plan Allon.

Comme indiqué plus haut, l'une des dispositions qui n'était pas précisée dans le plan original était le statut exact des enclaves palestiniennes et l'autorité à qui serait transférée la souveraineté sur ces zones. Avec les négociations secrètes d'Oslo qui débouchent sur les Accords du même nom, Rabin et Pérès font le choix d'en appeler à l'OLP-Tunis qui répond de leur point de vue à trois exigences :

- être suffisamment affaiblie financièrement et politiquement pour accepter des accords aussi défavorables à la partie palestinienne
- avoir la légitimité suffisante dans les territoires occupés pour les faire accepter à la population
- disposer de l'appareil bureaucratico-militaire nécessaire à leur mise en oeuvre.

B) L’Autorité palestinienne

a) L'Autorité palestinienne : structures et compétences

La Déclaration de principes (DOP), dite « Accords d'Oslo », signée le 13 septembre 1993, indique que le processus de négociation qui s'ouvre a notamment pour objectif « [d']établir une Autorité palestinienne intérimaire autonome (...)  pour les Palestiniens de Cisjordanie et de la bande de Gaza » 3, à qui seront transférées progressivement un certain nombre de compétences, en premier lieu « éducation et culture, santé, protection sociale, impôts directs et tourisme » 4. Ces compétences seront transférées au « Conseil » (à l'Autorité palestinienne) au fur et à mesure du redéploiement de l'armée israélienne, qui commencera par évacuer la bande de Gaza et la ville de Jéricho. Dans la DOP, est indiqué qu'un accord intérimaire à venir « spécifiera la structure du Conseil, le nombre de ses membres, et le transfert au Conseil des pouvoirs et responsabilités du gouvernement militaire israélien et de son administration civile » 5.

Les Accords du Caire, dits de « Gaza-Jéricho », signé le 4 mai 1994, précise que « l'Autorité palestinienne sera composée d'un organe de 24 membres qui assurera la mise en œuvre et sera responsable de tous les pouvoirs et responsabilités législatifs et exécutifs qui leur seront transférés (…) ainsi que l'exercice des fonctions judiciaires » 6. L'Autorité est nommée par la direction de l'OLP mais sa composition doit être approuvée par Israël. Son domaine de compétence n'est pas élargi par rapport à la DOP. C'est le 27 août 1995, dans le « Protocole sur le transfert ultérieur des pouvoirs et des responsabilités » que huit nouveaux domaines de compétence sont ajoutés aux précédents, parmi lesquels l'agriculture, le travail, le commerce et l'industrie, l'essence et le gaz…

Enfin, les seconds accords intérimaires, dit « Accords de Taba » ou « Oslo II », « précise[nt] les compétences des divers organes de l'Autorité et leur mode de désignation (processus électoral) » 7. Les accords stipulent que l'Autorité palestinienne issue des accords précédents et nommés par la direction de l'OLP sera remplacée par une « Autorité palestinienne d'autogouvernement intérimaire » (son nom officiel, bien que rebaptisée par les Palestiniens « Autorité Nationale Palestinienne »), composée d'un Conseil élu et « d'un comité qui exercera l'autorité exécutive du Conseil ». C'est l'Autorité en place qui est chargée d'organiser les élections et de rédiger la loi électorale, en consultation avec la partie israélienne. On peut noter, avec Jean-François Legrain, qu'il est rappelé et confirmé dans les Accords de Taba que « le Conseil n'a aucune compétence en matière de politique étrangère (…), [et que] seule l'OLP est habilitée à conduire des négociations et à signer des accords pour le compte du Conseil dans les seuls domaines économiques, culturels et scientifiques » 8.

Dans les faits, « l'Autorité palestinienne » est composée, de 1994 à 1996, d'un Cabinet et d'un Président nommés par la direction de l'OLP puis, à partir des élections du 20 janvier 1996, d'un Président et d'un Conseil législatif de 88 membres élus par la population palestinienne de Cisjordanie, de Gaza et de Jérusalem-est, le Président proposant un gouvernement (cabinet) qui doit recevoir un vote de confiance du CLP. Il n'y aura pas de Premier Ministre avant la réforme de la loi fondamentale palestinienne en mars 2003 et la nomination de Mahmoud Abbas (Abu Mazen).

La composition, la structuration et les prérogatives de l'Autorité palestinienne sanctionnent deux phénomènes : le rapport de forces défavorable aux Palestiniens et le monopole du pouvoir palestinien entre les mains du noyau dirigeant de l'OLP-Tunis. S'exprime en effet, dans le contenu de ces textes, le déséquilibre en défaveur des Palestiniens : leurs compétences et leurs marges de manœuvre dans l'exercice du pouvoir sont réduites et l'ensemble de leurs décisions (nominations, lois…) sont soumises à l'approbation israélienne. Mais il faut également noter qu'au sein de ce rapport de forces dé-séquilibré, les textes entérinent le fait que le monopole du pouvoir palestinien est dans les mains de l'extérieur puisque c'est bel et bien la direction centrale de l'OLP-Tunis, celle-là même qui conduit les négociations, qui est chargée de nommer les membres de l'exécutif et de proposer un calendrier électoral et le mode d'organisation des élections. Près de deux ans et demi s'écoulent entre la Déclaration de Principes et les premières élections dans les territoires palestiniens. Rien n'est précisé quant aux structures locales de pouvoir qui existaient avant l'ensemble des accords du processus d'Oslo (municipalités, gouverneurs de districts notamment) : leurs responsables seront directement nommés par le Président jusqu'aux élections municipales de 2005. Notons enfin que le fait que l'Autorité palestinienne n'ait formellement aucune compétence dans le domaine de la politique étrangère et des négociations avec Israël, s'il s'agit avant tout d'une exigence israélienne qui refuse de donner à l'Autorité les prérogatives d'un Etat, participe du monopole sur les étapes du « processus de paix » d'une équipe restreinte de négociateurs non élus par la population.

b) La souveraineté territoriale

À aucun moment, dans les accords, n'est évoqué un « retrait » de l'armée israélienne de l'ensemble des territoires occupés. Le « retrait » est mentionné lorsque l'on parle de zones précises (bande de Gaza, Jéricho), tandis que sinon le terme utilisé est « redéploiement ». La DOP évoque le retrait de la bande de Gaza et de Jéricho, les Accords du Caire (mai 1994) précisent les modalités de ce retrait tandis que les Accords de Taba (septembre 1995) divisent la Cisjordanie en trois zones (zone A, zone B et zone C) et indiquent que le redéploiement israélien en Cisjordanie se fera en trois étapes dans le cadre d'un processus négocié. Un accord spécifique sur Hébron sera signé en janvier 1997.


Accords d'Oslo II

Après les Accords du Caire, Israël évacue environ 80% de la bande de Gaza et, alors que les Palestiniens revendiquent l'évacuation de l'ensemble de la zone qui constituait le district de Jéricho à l'époque de l'Administration jordanienne (un peu plus de 200 km2), Israël ne leur transfère qu'une zone d'un peu plus de 60 km2. Les Accords de Taba créent des zones dans lesquelles l'Autorité palestinienne est en charge des questions civiles et de sécurité (zones A), des zones dans lesquelles l'Autorité n'est en charge que des questions civiles, la sécurité restant du domaine d'Israël (zones B) et des zones dans lesquelles l'Autorité ne jouit que de pouvoirs limités dans le domaine civils (pouvoirs « qui ne seront pas liés au territoire »), le reste des questions demeurant de la seule responsabilité d'Israël (zones C) (Articles 10 et 11). Les zones A représentent un peu moins de 3% de la Cisjordanie (les villes palestiniennes, c'est à dire Jénine, Tulkarem, Kalkylia, Naplouse, Ramallah, Bethléem et, après 1997, 80% d'Hébron), les zones B environ 23% de la Cisjordanie (environ 440 villages et leurs terres avoisinantes) et les zones C 74%. Après de nombreux reports de calendrier et en contradiction avec les accords intérimaires, le dernier redéploiement israélien a lieu en mars 2000. À son terme, 18% de la Cisjordanie est en zone A, 22% en zone B et 60% en zone C 9 (voir carte ci-contre et ici).

La « juridiction territoriale » de l'Autorité palestinienne est définie dans l'article 5 des Accords du Caire (mai 1994) : « [elle] inclut le sol, le sous-sol et les eaux territoriales » de Gaza et Jéricho puis, après les Accords de Taba (septembre 1995) et les divers redéploiements, des zones A. L'espace aérien reste sous contrôle israélien, de même que les routes reliant entre elles les différentes zones A, dans la mesure où elles passent par des zones B et C. À plusieurs reprises est évoqué dans les négociations l'établissement de deux « passages sûrs » entre la Cisjordanie et Gaza, c'est à dire de routes qui relient les deux entités géographiques et qui peuvent être empruntées par les Palestiniens (sous contrôle israélien). « Le " Protocole concernant le passage sûr entre la Cisjordanie et la bande de Gaza " est signé le 5 octobre 1999. Le passage sud n'est ouvert que le 25 octobre 1999 ; fin 2000, le passage nord n'est toujours pas ouvert » 10. En 2008, il ne l'est toujours pas.

Le nouveau pouvoir palestinien est confronté à quatre difficultés majeures. En premier lieu, Israël ne respecte pas les étapes prévues dans les accords intérimaires pour les différents moments du redéploiement, que ce soit du point de vue du calendrier ou de l'espace qui passe effectivement sous autorité palestinienne. En second lieu, quand bien même Israël aurait respecté ces étapes, il ne s'agit en aucun cas d'un retrait total de la Cisjordanie et de Gaza (la question des colonies est renvoyée à des négociations ultérieures), retrait total qui était au cœur des préoccupations de la population des territoires occupés et des structures de commandement de l'Intifada. En troisième lieu, la poursuite (et même l’accélération) de la colonisation des territoires occupés réduit considérablement la future « zone de souveraineté » palestinienne et délégitime rapidement la direction de l'Autorité palestinienne. Enfin, les zones qui passent sous son autorité, notamment en Cisjordanie, sont très fragmentées et isolées les unes des autres. Loin de faciliter la tâche de la nouvelle administration, cette fragmentation est un obstacle majeur pour la construction de l'Autorité palestinienne : comment assurer la continuité du pouvoir quand il n'y a pas de continuité territoriale ?  

c) L'économie

La DOP et le « Protocole de Paris sur les relations économiques » sont les deux documents qui posent les principes des relations économiques entre Israël et les zones autonomes palestiniennes et les organisent. Il convient de noter que c'est dans le domaine économique que l'unanimité entre les deux parties est la plus manifeste. « À son retour de Paris, Peres fit savoir que " les Palestiniens sont aujourd'hui d'accord avec [Israël] pour créer une économie de marché, avec la libre circulation des biens et le libre-échange entre [les deux parties] ", tandis que Nabil Shaath, responsable de la délégation de l'OLP, s'extasiait du fait que la Déclaration de Principes signifiait " une paix totale avec Israël, avec des frontières complètement ouvertes " qui allait " créer, avec Israël, une communauté économique dans tout le Moyen-Orient " » 11. Négocié pour la partie palestinienne par une délégation conduite par Ahmad Qoreï (Abu Ala), responsable de la Samed (l'organisme financier de l'OLP), le Protocole de Paris détaille de manière précise les règles de fonctionnement économique entre Israël et l'Autorité palestinienne. Formellement, il donne à l'Autorité palestinienne le droit de décider elle-même de ses politiques d'importation et d'exportation pour un certain nombre de marchandises (avec des restrictions sur d'autres), ainsi que le droit, dans le domaine financier, d'établir sa propre autorité monétaire et  d'organiser le système bancaire. Un Comité économique conjoint est créé pour superviser l'ensemble des questions économiques.  

La majorité des analystes s'accordent pourtant à dire que le Protocole de Paris, loin de donner à la partie palestinienne les moyens de l'autonomie et la possibilité de s'émanciper de la domination économique israélienne, entérine le fait que l'économie des territoires palestiniens est subordonnée à l'économie d'Israël. En faisant de la « loi du marché » et de la « libre entreprise » la règle de fonctionnement des relations économiques entre Israël et les zones autonomes palestiniennes, les arrangements économiques imposent en fait la loi de la libre concurrence entre une économie moderne et dominante et une économie dominée et déformée par plus de 20 ans d'occupation militaire.

Le débat, chez les économistes palestiniens, ne porte pas sur cette relation inégalitaire structurelle, ni sur le fait que la « petite » économie palestinienne ne pèsera pas lourd face à l'économie israélienne, elle-même intégrée au processus de mondialisation économique. Il s'agit plutôt de savoir si cette intégration « officielle » à l'économie israélienne mais dans laquelle la partie palestinienne a formellement un certain nombre de marges de manœuvre qu'elle n'avait pas auparavant va permettre, avec le temps, d'aider au développement économique des zones autonomes. Tandis que certains pensent que l'établissement d'une zone de libre-échange et le retour de la stabilité dans la région vont favoriser les investissements étrangers dans les territoires palestiniens (y compris les investissements israéliens), vont progressivement renforcer le poids économique de ces derniers et donc changer la nature des relations avec l'économie israélienne, d'autres affirment que « le rôle du capital palestinien [sera] moins celui d'un compétiteur que celui d'un partenaire subalterne de l'expansionnisme économique israélien » 12.

Dans le domaine économique comme dans les autres domaines, la partie palestinienne est dans un rapport de forces très défavorable face à Israël. Le Comité économique conjoint est dominé par Israël qui, à de nombreuses reprises, utilisera son droit de veto pour invalider certaines décisions palestiniennes, l'inverse ne se produisant jamais. Les dirigeants palestiniens se plaindront à de nombreuses reprises du non-respect par Israël de plusieurs dispositions de l'accord et demanderont la révision de certains de ses termes, démarches qui n'aboutiront jamais. Mais, même au sein de cette relation déséquilibrée, il est essentiel de noter, de nouveau, que les négociateurs palestiniens obtiennent un certain nombre de dispositions qui leur assure la prééminence dans le volet « économie » de la construction de l'autonomie.

En premier lieu, ils sont les interlocuteurs de l'économie dominante, ce qui ne signifie pas qu'il n'y a pas de relations directes entre entrepreneurs privés palestiniens et entrepreneurs israéliens mais qu'à l'échelle nationale ils sont les seuls dépositaires de l'autorité à négocier avec le pouvoir israélien.
En second lieu, il convient de noter qu'une contradiction existe entre l'idée d'une économie de marché où règne la libre entreprise et le nombre d'attributions dans le domaine économique dont bénéficie la direction de l'Autorité palestinienne. On peut parler d'une économie dont le caractère libéral n'est que très relatif et sous l'étroit contrôle de l'Autorité palestinienne.
Enfin, la direction de l'Autorité hérite du monopole sur la redistribution des taxes reversées par Israël (sur les importations et sur les salaires des Palestiniens employés en Israël)  et sur les aides internationales (estimées par la Banque Mondiale à 2,45 milliards de dollars entre 1993 et 1998), une manne financière considérable au regard de la situation économique des territoires occupés.
Tous ces éléments créent un terrain favorable à la mise en place d'un système politique et de relations économiques dans lesquels la corruption et le clientélisme jouent un rôle central.

d) La sécurité

Les questions de sécurité occupent une place prépondérante dans l'ensemble des accords signés au cours du processus d'Oslo. Dès la Déclaration de principes il est indiqué « [qu']afin de garantir l'ordre public et la sécurité interne des Palestiniens de Cisjordanie et de la bande de Gaza, le Conseil [l'Autorité palestinienne] établira une puissante force de police » 13. Les Accords du Caire précisent « les devoirs, fonctions, structure, déploiement et composition de la police palestinienne » 14 et établissent « un Comité conjoint de coordination et de coopération pour les questions de sécurité mutuelle » 15, coopération qui se matérialisera sur le terrain, par exemple, par la mise en place de « patrouilles jointes » dont les modalités d'exercice sont précisément définies 16. Les accords indiquent également « [qu'] Israël et l'Autorité palestinienne chercheront à entretenir la compréhension et la tolérance mutuelles » 17 et plus loin « [que] la partie palestinienne prendra les mesures nécessaires pour empêcher tout acte d'hostilité à l'encontre des implantations, des infrastructures les desservant et de la Zone d'installation militaire » 18.


Forces de sécurité palestiniennes

Les Accords du Caire fixent à 9000 le nombre maximum de policiers palestiniens « recrutés localement ou à l'étranger (parmi les Palestiniens possédant un passeport jordanien ou un pièce d'identité palestinienne émise par l'Egypte)  », limitant à 7000 le nombre de recrues de l'extérieur, « dont 1000 arriveront dans les trois mois qui suivent la signature de l'accord » 19. Les Accords de Taba font passer le nombre total de policiers à 24 000 (18 000 à Gaza et 6 000 en Cisjordanie) et indique que 6 000 policiers supplémentaires pourront être installés en Cisjordanie au fur et à mesure du redéploiement israélien 20. Il formule en des termes précis les obligations de la police palestinienne, qui doit entre autres « agir systématiquement contre toute incitation au terrorisme et à la violence [chez les Palestiniens] », « arrêter et traduire en justice toutes les personnes [palestiniennes] suspectées de perpétrer des actes de violence ou de terrorisme », « confisquer toute arme illégalement détenue [par un civil palestinien] » et « coopérer pour échanger les informations et coordonner ses activités et ses politiques » avec les services de sécurité israéliens 21. L'article 4 de l'annexe 1 précise en outre que la police palestinienne doit être divisée en six branches, coordonnées entre elles  dans chaque zone autonome et sous un commandement unique.

À la lecture des dispositions concernant les questions sécuritaires, quatre constats s'imposent.

Premièrement, les accords demandent à l'Autorité palestinienne non seulement de se conformer aux engagements pris par Yasser Arafat dans la lettre envoyée à Itzhak Rabin en septembre 1993 quant à « l'arrêt des violences » contre Israël mais aussi de l'imposer, y compris par la force, dans l'ensemble des territoires qui sont sous sa responsabilité. Il s'agit là d'une condition pour que les négociations progressent.

Deuxièmement, le nombre de policiers fixé par les accords est très élevé par rapport au nombre d'habitants. Deux conséquences sont à prévoir : une place démesurée des forces armées dans la construction du pouvoir palestinien et une place très importante de ces forces par rapport au nombre total d'emplois rémunérés en Palestine. On peut par ailleurs noter que ce nombre, déjà élevé, sera très rapidement dépassé sans qu'Israël ne proteste outre mesure. À la veille de le deuxième Intifada, on estime que le nombre total de membres des diverses forces de sécurité est compris entre 60 000 et 70 000 (estimation d'Hussam Khadr, élu au Conseil législatif palestinien, qui rejoint la plupart des estimations des différents travaux de recherche sur la question).

Troisièmement, la taille et la multiplication des services (au moins six d'après les accords, mais plus de vingt selon certains travaux), combinées à la fragmentation géographique et à l'arrivée de plusieurs milliers d'hommes de l'extérieur, peuvent entraîner des conflits entre les divers organes et des difficultés à avoir une action coordonnée au niveau central.

Enfin, la centralité des questions sécuritaires, la taille de l'appareil mis en place (avec l'accord d'Israël), le fait qu'Israël autorise (et dans une certaine mesure recommande) que des Palestiniens de l'extérieur soient largement impliqués dans les forces de sécurité indiquent clairement que le gouvernement israélien voit dans le processus d'Oslo un moyen de se décharger sur l'OLP-Tunis du maintien de l'ordre dans les territoires palestiniens.

e) Synthèse

Les Accords d'Oslo, s'ils sont une conséquence indirecte de l'Intifada, n'en sont pas pour autant l'aboutissement logique. Ils sont au carrefour de quatre facteurs :

- la nouvelle situation internationale et la volonté états-unienne d'imposer un « nouvel ordre mondial » qui passe par un règlement de la question palestinienne et une normalisation des relations entre Israël et les Etats arabes.
- la volonté israélienne, dans le cadre de négociations qui lui ont été imposées par les Etats-Unis, d'en tirer un maximum de bénéfices du point de vue du projet sioniste en donnant une légitimité internationale à la politique qu'Israël mène depuis plus de vingt ans, définie dans le Plan Allon.
- la longue quête de légitimité de la direction de l'OLP-Tunis et son projet d'exercice du pouvoir sur « toute portion de territoire libéré » de la Palestine du mandat.
- le soulèvement palestinien de 1987 qui a rendu visibles les revendications et les aspirations de la population palestinienne de Cisjordanie et de Gaza et rendu inévitable, sinon la fin de l'occupation israélienne, du moins un changement significatif dans le mode d'administration des territoires occupés depuis 1967.

L'examen du contenu des Accords d'Oslo (et des divers accords intérimaires qui ont suivi) révèle l'écrasante domination des deux premiers acteurs (Etats-Unis et Israël), la soumission du troisième (l'OLP-Tunis) et l'exclusion du quatrième (la population des territoires occupés) dans le processus de négociations.

Les éléments examinés ci-dessus aboutissent à la formulation d'un certain nombre de questions :

- L'exclusion des Palestiniens « de l'intérieur » du processus de négociations, si elle s'inscrit, comme on l'a vu, dans une longue histoire de dépossession de l'initiative et de la décision politiques de l'intérieur par l'extérieur, ne va pas sans poser de nombreuses questions quant à la construction de l'Autorité d'autonomie. Quelle place sera accordée aux acteurs palestiniens « de l'intérieur » ? La direction de l'OLP-Tunis, qui a le monopole des négociations et qui bénéficie de l'ensemble du pouvoir politique central dans la construction de l'autonomie partagera-t-elle le pouvoir ? Quelle perception aura la population palestinienne de ces dirigeants qui arrivent de Tunis et ont connu une histoire différente bien qu'intrinsèquement liée à celle des habitants des territoires occupés ?

Partager cet article
Repost0
11 janvier 2009 7 11 /01 /janvier /2009 14:13
1982 Après Sabra et Chatila : un sursaut en Israël ?
//1982 After Sabra and Shatila : a reaction in Israel ?

Publié le 21-04-2008


A la fin de l’été 1982, l’armée israélienne a ravagé le Liban, faisant en deux mois plus de 15.000 tués dans la population de ce petit pays qui accueille aussi des centaines de milliers de réfugiés palestiniens.

Encerclés dans Beyrouth-Ouest après avoir opposé une résistance farouche à l’envahisseur, les combattants palestiniens quittent la ville par la mer, sous protection des Nations Unies. L’OLP de Yasser Arafat a accepté cette option, non seulement parce qu’il n’y a aucune issue militaire pour elle face à un ennemi aussi puissant, mais aussi pour tenter d’éviter l’énorme bain de sang que provoquerait, dans la population civile de Beyrouth-Ouest, un assaut israélien sur la ville.

Le bain de sang a quand même lieu. Les 16 et 17 septembre, dans Beyrouth occupée, et alors qu’il n’y a plus de présence armée palestinienne, des milices libanaises alliées d’Israël massacrent la population sans défense des camps de Sabra et Chatila. En deux jours, 3.000 hommes, femmes et enfants sont assassinés, par balles, à la hache et au couteau, brûlés vifs ou écrasés par des bulldozers.

Israël se trouve vite incapable de nier l’évidence, à savoir que la boucherie n’a pu avoir lieu ni à l’insu de son armée, ni sans sa participation au moins indirecte, car des preuves irréfutables de la présence de « Tsahal » autour des deux camps sont immédiatement produites.

Il a été prouvé, depuis, que la participation israélienne à Sabra et Chatila a en fait été directe, planifiée de bout en bout aux plus hauts échelons de l’armée (général Rafael Eytan) et du gouvernement (général Ariel Sharon, ministre de la Défense). Il est ainsi avéré qu’une unité de tueurs israéliens a pénétré dans le camp, pour assassiner des dizaines d’infirmiers, médecins, et professeurs figurant sur des listes préparées à l’avance.

Tandis que les médias publient les images insoutenables des cadavres en décomposition sous le soleil brûlant, l’émotion grandit en Israël, où, depuis l’invasion du Liban en 1978, un mouvement pacifiste a timidement vu le jour. Une foule considérable (non pas 400.000 personnes, comme le veut une légende, mais des dizaines de milliers tout de même) manifeste à Tel-Aviv, honteuse d’être associée à la boucherie, en colère contre les dirigeants qui l’ont permise.

Une commission d’enquête est annoncée. On s’en contente. Ladite commission conclura scandaleusement à des « négligences » de gradés, coupables seulement de n’avoir « pas fait le maximum » pour prévenir le massacre. Et même le plus exposé, Sharon, reste en place, troquant seulement le portefeuille de la Défense pour celui du Commerce ! Le boucher poursuivra sans accroc sa carrière, jusqu’à son élection triomphale de Premier Ministre en 2001. Un quart de siècle plus tard, ni Sharon, ni aucun autre militaire israélien n’ont eu à rendre de comptes pour Sabra et Chatila.

par CAPJPO-EuroPalestine


ENGLISH TEXT--------------------------

1982

After Sabra and Shatila : a reaction in Israel ?

At the end of summer 1982, the Israeli army devastated the Lebanon, causing the deaths of more than 15,000 people from the population of this small country, which also sheltered hundreds of thousands of Palestinian refugees. Surrounded in West Beirut after putting up fierce resistance against the invader, the Palestinian fighters left by sea, under the protection of the United Nations. The PLO of Yasser Arafat accepted this option not only because there was no military alternative for them, faced with such a powerful enemy, but also in the hope of avoiding the bloodbath that would inevitably result from an Israeli attack on the city.

The bloodbath happened all the same. On the 16 and 17 September, in occupied Beirut, when all the armed Palestinians had left, Lebanese militia allied to Israel massacred the defenceless populations in the refugee camps of Sabra and Shatila. In two days, 3,000 men, women and children were murdered by bullets, axes and knives, burnt alive or crushed by bulldozers.

Faced with irrefutable proof that the Israeli Defence Forces controlled the areas around the camps, the Israeli government soon found itself unable to deny that the slaughter could not have happened without the knowledge and indirect participation of its army.

It has since been proved that Israeli participation in the Sabra and Shatila massacre was direct, planned from beginning to end at the highest levels of the army (general Rafael Eytan) and the government (general Ariel Sharon, Defence Minister at the time). It has been discovered that a unit of Israeli killers infiltrated the camps, to murder dozens of nurses, doctors and teachers named on pre-established hit-lists.

With the international press publishing unbearable pictures of bodies rotting under the burning sun, emotion grew in Israel, where, since the invasion of the Lebanon in 1978, a peace movement had tentatively emerged. A large crowd (not the 400,000 people that one legend speaks of, but tens of thousands all the same) demonstrated in Tel-Aviv, ashamed of being associated with the slaughter and angry with the leaders who had allowed it to happen.

The Israeli government set up a commission of inquiry, to assuage public opinion. This commission concluded, outrageously, that senior officers had been “negligent”, guilty only of not having taken serious steps to prevent the massacre. Even the man held most responsible, Sharon, remained in place, simply changing from Minister of Defence to Minister of Trade ! The butcher was to continue his career without a hitch, up to his triumphal election as Prime Minister in 2001. A quarter of a century later, neither Sharon nor any other Israeli officer has been called to account for Sabra and Shatila.

By CAPJPO-EuroPalestine


Partager cet article
Repost0
11 janvier 2009 7 11 /01 /janvier /2009 14:12
Mai 68 - 10 millions de grévistes, un seul survivant : Daniel Cohn-Bendit ?
La commémoration du quarantième anniversaire de mai 68 est partout. Elle sature notamment un espace médiatique qu'envahissent les témoignages d'« anciens combattants ». En effet, pour évoquer une grève générale d'une ampleur exceptionnelle [1], parmi des millions d'étudiants, d'ouvriers, d'artisans ou d'artistes, qui a été sélectionné par les « grands » médias ? À qui ont-ils confié le soin d'analyser un mouvement que tous les commentateurs s'accordent à replacer dans un contexte de contestation mondiale ? À qui ont-ils confié le soin de tirer les enseignements de mai 68 ? À un petit groupe autoproclamé « experts es-68 », à des porte-parole rétrospectifs, dont nombre de radios, chaînes de télévision, quotidiens et magazines relaient les leçons : Glucksmann, Rotman, Hamon, July, Joffrin…

Parmi eux, un nom émerge…sans contestation : celui de Daniel Cohn-Bendit. Cette réduction quasi unanime d'un mouvement de lutte collective à un nom, une figure, une photo, voire même un œil ou un sourire, est déjà en soi une réponse à la question qui est régulièrement posée : « Que reste-t-il de mai 68 ? ».

Denis Perais et Nadine Floury


Daniel Cohn-Bendit : la seule voix médiatique autorisée de Mai 68 ?

En se faisant l’expression des aspirations ou des volontés d’une fraction significative du mouvement étudiant, Daniel Cohn-Bendit a indéniablement joué un rôle de porte-parole il y a 40 ans. Mais il n’a jamais été le seul leader dans lequel se reconnaissaient les jeunes de 68 de même qu’il n’est pas le porte-parole attitré de toute la jeunesse contestataire de mai 68 à nos jours. Il est, d’ailleurs, le premier à l’admettre : « J’ai jamais dit en 68, je suis le porte-parole des jeunes d’aujourd’hui à l’an 2020, j’ai pas dit ça. J’ai dit : j’étais le haut-parleur à un moment précis de l’histoire [2]. »

Si, avec d’autres, Cohn-Bendit a donc été un porte-parole et même, incontestablement, un symbole, il doit, en revanche son statut d’icône médiatique… aux médias eux-mêmes. Depuis longtemps déjà, l’ensemble des grands médias l’a élevé au rang de “voix” de Mai 68 . Ainsi, en 1998, « Dany » avait déjà assuré la tournée promotionnelle de son spectacle sur mai 68 [3].

C’est sans doute pour conjurer lee sort que Jean-Marcel Bouguereau, dans son éditorial de La République des Pyrénées (le 22 mars 2008), avertit : « On ne peut que redouter la momification et la starification de quelques uns. » Une mise en garde peu suivie d’effet au vu de la véritable surenchère à laquelle ses confrères se sont livrés.

Anciennement connu sous le sobriquet de « Dany le Rouge », le Vert député européen est tour à tour présenté comme :
- « le héros des évènements » (Le Figaro.fr le 16 janvier et 20 minutes du 22 mars) ;
- « une figure » (Le Figaro le 24 mars) ;
- « la figure emblématique »( France Info le 13 mars et France 2 le 26 mars ;
- « le symbole de mai 68 » (Télérama 29 mars - 4 avril) ;
- « la mascotte des évènements » (idem) ;
- « le vrai leader de mai 68 »( par Laurent Joffrin, le 1er février, dans l’édito de Libération )
- « le leader emblématique »(Le Nouvel Observateur le 31 janvier) ;
- « l’incarnation de mai 68 » (France 24 le 22 mars) ;
- « l’enfant de mai 68 »(Le Monde supplément radio TV 24-30 mars) ;
- l’ « agitateur depuis 40 ans » (titre du documentaire diffusé sur France 5 le 28 mars dans « Empreintes ») ;
- et, surtout, l’« icône », (pour Marie Drucker dans « Droit d’inventaire » sur France 3 le 23 janvier ; pour Serge Moati qui s’en amuse le 2 mars lors de l’émission « Ripostes » sur France 5 ; dans le documentaire diffusé sur France 3 le 22 mars (« Mai 68 : un monde en révolte ») ; pour le supplément TV & radio du Monde du lundi 24 mars ; pour Le Nouvel Observateur du 27 mars ; pour Matin Plus le 28 mars ; pour Télérama du 29 mars au 4 avril ; pour le mensuel Philosophie Magazine de mars 2008…)

Nous en oublions sans aucun doute ! Les mots sont importants. Si tous n’ont pas le même sens, ils contribuent tous, par leur accumulation, à consacrer un personnage et un seul. Mais pour qui ? Et, surtout, grâce à qui ? À l’évidence, d’abord, pour et par les journalistes. Des journalistes qui s’accordent ce privilège papal de canoniser de simples mortels !

Nulle surprise alors quand certains parmi eux prêtent à « l’icône-Bendit » des pouvoirs absolument exceptionnels. D’abord, chose amusante, le don d’ubiquité ! Comme il l’explique lui-même sur France Info le 13 mars : « Paris-Match voulait faire une photo de famille devant la Sorbonne de tous ceux qui étaient de 68. Je vois pas pourquoi j’ai besoin de faire n’importe quelle bêtise pour assumer . » Paris-Match le fait pourtant réapparaître sous les traits du fils de Patrick Rotman qui a le « look Cohn-Bendit. » comme l’explique la légende !

Plus sérieusement, le déclenchement des évènements lui est personnellement attribué par Marie Drucker, le 23 janvier, dans l’émission « Droit d’Inventaire » sur France 3 : « Il y a 40 ans, donc, vous lanciez cette révolte étudiante. ». Plus fort encore : dans le reportage « Etudiants, ouvriers : le rendez-vous raté » diffusé dans la même émission, le journaliste explique, toujours au sujet de Cohn-Bendit : « Il passe alors au deuxième acte : entraîner la classe ouvrière dans la lutte[...] L’appel de Dany le Rouge est entendu[...]. Ce 13 mai, ils sont 250 000 à défiler ensemble. » La célébration médiatique qui lui accorde tant sinon tout achève de se caricaturer dans la question que lui pose le quotidien 20 minutes le 22 mars : « Ces foules qui buvaient vos paroles, le pouvoir ébranlé…Aviez-vous un sentiment de puissance ? »

Au final, par-delà les outrances, lorsque Laurent Joffrin décrète dans son éditorial de Libération le 1er février, « le vrai leader de 68, le seul en vérité, fut Daniel Cohn-Bendit » et que Télérama, le 19 mars, renchérit : « mai 68 c’est lui », les visages et la parole des millions d’autres, étudiants ou ouvriers, rentrent dans l’ombre et l’anonymat.

Confronté à un tel traitement médiatique, l’intéressé semble nager en pleine contradiction. Il peut, comme on l’a vu, essayer de tenir la commémoration à distance. Mais s’il refuse la photo de famille de Paris-Match, il accepte de poser pour Télérama qui centre une page entière sur son célèbre et pétillant œil bleu. Il déclare sur France Info le 13 mars : « Moi, je n’ai pas, vous savez, la fibre commémoration. » mais il joue et s’amuse du jeu auquel il prétend ne pas se prêter et confirme lors de la même émission : « Oui, je suis la figure emblématique de 68. »

De l’icône au très réel porte-parole du consensus

Dans le reportage diffusé dans l’émission « Empreintes » sur France 5 [4], Daniel Cohn-Bendit explique lui-même, non sans une certaine lucidité, le rôle des médias dans la construction, dès 1968, de son rôle de porte-parole médiatique : « Je mettais en forme ce que beaucoup ressentaient[...]Pour les médias, c’est beaucoup plus intéressant [que « la langue de bois » des syndicats habituels] d’avoir en face quelqu’un qui leur permet de faire quelque chose d’autre[nouveauté] et donc, ce sont eux qui me font. »

En 2008, il s’agit plutôt d’une coproduction.Le bon client et ses reniements [5] sont appréciés par des médias qui érigent Cohn-Bendit en icône.

Un « bon client »…

Un bon client c’est d’abord une « bonne bouille ». Laurent Joffrin flagorne ainsi une sorte de « Till l’espiègle (…)qui a le regard bleu, le verbe ironique et une tchatche pas possible. » [6]. Télérama s’émerveille de « son sourire ravageur et de sa tignasse rousse. » comme de « sa faconde, son ironie, sa joie surtout. ». C’est un « rigolard » pour la journaliste de France 5 qui introduit ainsi son « portrait » diffusé par la chaîne le 26 mars. Ses coups de gueule (bien-pensants même quand le ton est insolent) sont appréciés : « Daniel Cohn-Bendit n’a pu s’empêcher de jouer l’impertinent. » s’amuse Le Parisien (le 17 avril) au sujet de sa rencontre avec Sarkozy à l’Elysée. Une espièglerie qui peut, de surcroît, se révéler utile et servir à détendre l’atmosphère lorsque les débats risquent par trop de s’enflammer, c’est-à-dire d’aborder les sujets sérieux, ce que les journalistes, gardiens du consensus, apprécient tout particulièrement [7].

Bref, un « bon client » , disponible depuis des années pour le plus grand bonheur des journalistes [8] Sur le plateau de « Ripostes » le 2 mars, il confirme ironiquement : « Dès qu’il y a trois étudiants dans la rue, trente six journalistes accourent pour me demander si c’est un nouveau 68. ». À ces journalistes, Cohn-Bendit offre clé en main, de manière ludique et décontractée, quelques épisodes de « son » feuilleton. Il satisfait ainsi l’inclination médiatique à privilégier les « personnages » et les « histoires singulières » à l’histoire et aux mobilisations collectives [9]

Au service d’une approche consensuelle…

Faire de Cohn-Bendit la référence obligée, voir l’évènement par ses yeux, l’analyser par sa bouche ne favorise évidemment pas la pluralité des points de vue et sert au contraire un retour consensuel sur mai 68 qui prévaut dans la commémoration médiatique.

Lorsque Télérama lui pose la question : « Vous voyez 68 comme une révolte existentielle, en somme ! », Cohn-Bendit acquiesce : « Exactement ! La majorité des manifestants voulaient prendre le pouvoir sur leur vie . » Une formule qu’il avait déjà utilisée chez Marie Drucker : « Beaucoup de gens, des jeunes et visiblement des ouvriers, se sentaient dépossédés de leur vie et ils sont partis à la conquête de leur vie, c’est ça Mai 68. ».

Des différences existent entre l’analyse de « Dany », celles des quelques autres « anciens autorisés » et celles des principaux responsables éditoriaux. Mais toutes vont dans le même sens, toutes convergent pour enterrer 68 sous les fleurs. Des fleurs culturelles, par exemple quand Laurent Joffrin explique le 28 mars dans Libération : « Si la masse se mit en mouvement, c’était pour des raisons culturelles, et non directement politiques : il fallait en finir avec l’archaïsme des mœurs et des mentalités. » ; ou encore quand Serge July rebondit le 9 avril dans l’émission “ Ce soir ou jamais ” de France 3 : « Le mouvement, lui, il était sur les mœurs, il était sur changer la vie, sur la liberté, et en fait le mouvement était très libertaire. »

Ainsi, Cohn-Bendit est apprécié autant pour ses qualités d’invité que pour sa contribution à l’élaboration d’une version consensuelle de mai 68 qui s’impose dans les médias : une présentation qui met en avant la révolte culturelle, générationnelle et estudiantine mais laisse à l’arrière plan la mobilisation ouvrière et la grève générale. Se construit ainsi l’histoire d’un mouvement moins conflictuel et dont la finalité aurait été, somme toute, de préparer la société française l’entrée dans « la modernité » [10].

« […]Vous êtes irrécupérable . » Le 16 avril, sur le plateau du « Grand Journal » de Canal +, Michel Denisot chapitre « Dany » pour mieux le flatter. Sans doute aussi pour le remercier de ses contributions au grand cirque de la commémoration de 68 ; un barnum qui a su récupérer le symbole pour le convertir en icône médiatique.

Nadine Floury, Denis Pérais
- Merci pour leur participation à Grégory, Henri, Jamel et Sébastien.

**************

Annexes : Quelques prestations médiatiques de Daniel Cohn-Bendit (série en cours)


- 22 décembre 2007 : débat avec Henri Guaino sur « L’héritage de Mai 68 » à l’émission « Répliques » de France Culture animée par Alain Finkielkraut avec qui Daniel Cohn-Bendit débattait aussi sur le plateau de « Ripostes » le 2 mars 2008
- 18 janvier 2008 : interview à Lyon Plus 19 janvier 2008 : reportage dans Metropolis sur Arte consacré à Mai 68 autour de l’ouvrage co-écrit avec Gerd Koenen sur les idéaux d’autrefois
- 23 janvier 2008 : « Droit d’inventaire » sur France 3
- 29 Janvier : interview dans Les Inrockuptibles
- 31 janvier : interview croisée avec Luc Ferry au Nouvel Observateur
- 1er mars : « Le journal inattendu » sur RTL
- Mars 2008 : interview croisée avec Nicolas Baverez au mensuel Philosophie Magazine
- 2 mars : « Ripostes » sur France 5
- 13 mars : émission spéciale avec des étudiants sur France Info
- 22 mars : interview à 20 minutes et au centre d’un reportage sur France 24. C’est encore la photo de Daniel Cohn-Bendit qui apparaît en premier lors du lancement du documentaire “ Mai 68 : un monde en révolte ” sur France 3. Dans ce reportage, international, il est évidemment interrogé tout comme Alain Krivine, vu lui plus rarement.
- 26 mars 2008 : Interview dans les "Quatre vérités" sur France 2
- 27 mars : couverture du Nouvel Observateur avec des extraits de son dernier ouvrage sur Mai 68
- 28 mars : Portrait dans « Empreintes » sur France 5
- 29 mars : couverture de Télérama avec une longue interview
- 7 avril : interview dans Métro
- 10 avril : interviewé par plusieurs jeunes de vingt ans dans Le Nouvel Observateur
- 16 avril : invité du Grand Journal sur Canal +



_________________________________________________

[1] Il est évidemment difficile de chiffrer précisément le nombre de grévistes : 6 à 7 millions pour certains, plus de 11 pour d’autres. Ce qui est incontestable, cependant, et ce que personne ne conteste, c’est que mai 68 a été la plus grande grève générale que la France et l’Europe aient connue.

[2] Rencontre avec les étudiants sur France Info, émission du 13 mars 2008

[3] Lire « Daniel Cohn-Bendit - United colors of Dany le...choisissez la couleur. » (Chronique), de Serge Halimi, Les Inrockuptibles, n° 201 du 16 décembre 1998

[4] Et réalisé par son « ami  » Serge July comme le signale la journaliste dans la présentation de cette hagiographie.

[5] Lire PLPL n°17.

[6] le 21 mars sur France inter

[7] Lire à ce sujet, ici même : Mai 68, journalisme d’entente cordiale sur RTL.

[8] Un bon client… en tournée promotionnelle pour son nouveau livre opportunément paru cette année de commémoration.

[9] Lire à ce sujet, sur le site du Monde Diplomatique, « Mai 68, la mémoire et l’oubli » dans lequel Kristin Ross écrit : « réduire un mouvement de masse aux itinéraires de quelques uns de ses soi-disant leaders, porte-parole ou représentants (plus particulièrement ceux qui ont désavoué “ leurs erreurs du passé ”), constitue une vieille tactique de confiscation, aussi efficace qu’éprouvée. Ainsi circonscrite, toute révolte collective est désamorcée, et donc réduite à l’angoisse existentielle de destinées individuelles. Elle se trouve ainsi confinée à un petit nombre de “ personnalités ” auxquelles les médias offrent d’innombrables occasions de réviser ou de réinventer leurs motivations d’origine. »

[10] Sur ce travail médiatique d’imposition, lire ici même : « Mai 68 - Une tranche de “ commémoration ” sur France Inter »


Lundi 21 Avril 2008

http://www.acrimed.org http://www.acrimed.org


Partager cet article
Repost0
11 janvier 2009 7 11 /01 /janvier /2009 14:12
Rapport juridique : l'occupation a enlevé 65 mille palestiniens durant l'Intifada d'Al Aqsa
[ 20/04/2008 - 13:14 ]
Gaza - CPI

 

Un rapport juridique a affirmé que les forces armées de l'occupation sionistes ont arrêté 750 milles palestiniens depuis 1967, d'un taux de 25% de la totalité du peuple palestinien qui habitent dans les territoires occupés en 1967, dont 65 mille personnes ont été kidnappées durant l'Intifada d'Al Aqsa seulement.

À l'occasion du jour du captif, le ministère des affaires des captifs et des libérés a publié un rapport, en alarmant des escalades des arrestations par les forces armées sionistes contre les citoyens palestiniens.

Le rapport a montré que les pratiques criminelles des arrestations sionistes ont enregistré une augmentation de 62% durant 2006, par rapport à l'année 2005, alors que l'année 2007 a témoigné d'une progression de 34,2%, en enregistrant un accroissement de 118% durant 2007 par rapport aux arrestations de 2005.

Au sujet des captives, les troupes armées de l'occupation ont arrêté plus de dix mille citoyennes palestiniennes depuis 1967 dont 750 captives durant l'Intifada d'Al Aqsa, au moment où 97 citoyennes souffrent jusqu'à cette heure dans les prisons de l'occupation dont des jeunes filles âgées moins de 18ans, des mères, des étudiantes, ainsi que la député, Mariam Salah, et 5 captives en détention administrative.

Le rapport a souligné que quatre captives ont accouché dans les prisons de l'occupation et souffrent actuellement avec leurs bébés dans leurs cellules, sous des circonstances inhumaines et insupportables dont les négligences médicales.

Ce rapport juridique a montré que le plus petit captif au monde dans les prisons sionistes, est le bébé Youssef qui est âgé de moins de trois mois.

Partager cet article
Repost0
11 janvier 2009 7 11 /01 /janvier /2009 14:10

Que pensez-vous de la gauche israélienne, et voyez-vous des perspectives de luttes communes « transfrontalières » qui incluraient des Israéliens et des Palestiniens ?

BAM : L’expropriation et la conquête ont été organisées et gérées, historiquement, par des socialistes autoproclamés et par des bureaucrates du Parti Travailliste. Alors être à gauche, pour faire court, n’a jamais constitué une garantie en ce qui concerne les droits palestiniens.

Le mouvement Peace Now, la formation pacifiste la plus large en Israël, a été beaucoup trop impliquée avec les valeurs et les pratiques du sionisme travailliste pour pouvoir agir en tant que force de paix indépendante à l’intérieur d’Israël ou pour présenter une réelle alternative aux politiques du gouvernement.

Peace Now a non seulement applaudi Rabin et Barak, mais a aussi légitimé leurs politiques coloniales, même la séparation et l’enferment de type bantoustan. Malgré le fait que les positions de Peace Now aient évolué au cours des années, allant jusqu’à l’acceptation et la reconnaissance (rhétorique en tout cas) du droit des Palestiniens à l’autodétermination et de leur droit à un Etat (surtout après la première Intifada), le mouvement est resté beaucoup trop engagé dans une conception expansive de la sécurité nationale israélienne et dans des notions vagues et inadéquates de compromis territorial et de reconnaissance mutuelle.

Résultat de cela : Peace Now n’a jamais insisté sur le fait (ni n’a fait aucune campagne là-dessus) que, par exemple, 1967 c’est la frontière d’Israël et que le retrait et l’évacuation complets de toutes les colonies est une précondition nécessaire pour la paix.

Cela a fondamentalement laissé la porte grande ouverte à la conclusion de traités de paix inéquitables comme Oslo (que Peace Now a d’ailleurs célébrés), et a permis à Israël d’imposer de plus en plus de conditions aux négociateurs palestiniens. Ainsi, en soutenant des accords diplomatiques injustes, le camp de paix le plus important en Israël a fini par servir plutôt que par miner – ou seulement contrebalancer – la puissance immensément supérieure d’Israël par rapport aux Palestiniens.

Cela a amené beaucoup de critiques du mouvement de la paix en Israël à soutenir que des groupes tels que Peace Now sont essentiellement nationalistes et colonialistes.

En effet, non seulement sont-ils opportunistes et dépourvus de principes, mais ils considèrent en outre la politique américaine dans la région (y compris des guerres comme la première Guerre en Irak) comme le seul salut d’Israël. Sans compter que ses membres tendent à être très actifs lorsque le Likoud [la droite] est au pouvoir, réclamant des mesures de contrôle américaines sur Israël, et trop passifs lorsque les travaillistes [la “gauche“] sont au pouvoir ou dans une coalition, se contentant alors de demander des réformes mineures ou des ajustements dans la politique au lieu de mettre en avant de réelles alternatives. Shulamit Aloni ** a fait l’autocritique suivante lors de la crise de la Guerre du Golfe en 1990, lorsque le mouvement de la paix en Israël était en train d’éclater sous la pression de ses contradictions internes, et lorsque les Palestiniens sont devenus tellement désespérés au point de soutenir Saddam Hussein :« Pourquoi serais-je déçue par les Palestiniens ? Est-ce que j’ai fait quelque chose pour eux ? La gauche israélienne a-t-elle fait quelque chose pour eux ?... La gauche israélienne fait loyalement allégeance au gouvernement et à l’ordre établi... Nous avons essayé de faire entendre une voix morale... en réalité nous n’avons rien fait. Le gouvernement a continué à contrôler les territoires, à bafouer les droits humains, à détruire et à tuer, et nous sommes partie prenante de tout cela car nous ne nous sommes pas rebellés... nous avons été la feuille de vigne de la démocratie israélienne... Non, les Palestiniens ne nous doivent rien." [10]

Très peu de groupes en Israël sont restés à l’écart de cette complicité de gauche avec le pouvoir d’Etat et de cette indifférence envers la souffrance et l’étouffement des Palestiniens.

Du point de vue historique, la formation la plus significative a été le groupe socialiste révolutionnaire Matzpen. Dans les années 1960 et 1970, malgré sa faiblesse organisationnelle, le Matzpen, beaucoup plus robuste et intègre que les autres courants « post-sionistes » des années 1990, a lancé un défi idéologique majeur au sionisme israélien.

Matzpen a non seulement lancé dans la société israélienne le paradigme d’« Israël en tant qu’Etat colonialiste », mais a également argumenté que le sionisme était une forme spécifique de colonialisme visant le remplacement total les natifs palestiniens par des colons juifs plutôt qu’une intégration ou une exploitation [11].

Clairement anti-impérialiste, Matzpen critiquait également de manière cohérente le rôle d’Israël en tant que chien de garde des intérêts états-uniens dans la région, chargé d’écraser le radicalisme arabe et de contrôler les droits nationaux arabes en échange de subsides militaires et économiques.

Selon le Matzpen, une révolution socialiste arabe ne devait donc pas viser uniquement à libérer Israel-Palestine du sionisme mais aussi l’Orient arabe de l’impérialisme occidental, tout en sauvegardant les droits des minorités nationales telles que les Juifs israéliens et les Kurdes dans l’ensemble de la région. Aucun autre groupe israélien n’a pu égaler Matzpen sur le plan des innovations théoriques ou ses engagements internationalistes et son ouverture aux sociétés arabes environnantes. Ses membres ont d’ailleurs été sévèrement réprimés par l’Etat israélien.

Dans les années 1980, d’autres groupes ont émergé. Dai Lakibush (Stopper l’occupation) a joué un rôle important dans la radicalisation, mais a ensuite perdu son élan. Les Femmes en Noir ont organisé dans tout le pays ainsi qu’à l’étranger des veillées contre l’occupation, mais ce mouvement a lui aussi été affaibli par les agressions et les faux carnavals de la paix mis en scène par le Nouvel Ordre Mondial.

Après Oslo, d’autres groupes ont percé et certains sont réapparus, tels que les refusniks qui ont refusé de faire leur service militaire dans les Territoires Occupés. Tayyush, Gush Shalom et les Anarchistes Contre le Mur sont actuellement très actifs contre l’occupation. Leur principal succès sur le terrain a été la longue campagne de résistance populaire contre certaines sections du Mur en Cisjordanie. Bil’in est devenu leur symbole, représentant un activisme par-delà la frontière en faveur d’une paix globale, associé au combat non-violent dirigé par des Palestiniens [12].

De telles associations ont réussi à faire modifier l’emplacement du Mur, sauvant moitié des terres de Bil’in alors même que la décision de la Cour Suprême d’Israël légitimait l’expropriation de l’autre moitié. [13]. C’était donc une victoire ambiguë et restreinte, mais néanmoins importante, ne serait-ce que pour rappeler que les Palestiniens et les Israéliens peuvent encore résister ensemble à l’occupation, et peuvent réussir à établir de nouvelles relations de confiance et de solidarité par-delà les appartenances nationales.

Ce qui a toujours manqué en Israël est un mouvement de masse organisé contre l’occupation et pour la justice, un mouvement suffisamment puissant pour ébranler et miner le colonialisme israélien. Il manque encore en Israël un véritable mouvement pour la paix, en tout cas un qui soit suffisamment intègre pour tenir compte du fait qu’au moins 40% des Israéliens sont prêts à terminer l’occupation maintenant et se retirer dans les frontières de 1967 selon le consensus international qui existe depuis 1967. Est-ce que cela peut changer ? Bien sûr. Un tel mouvement deviendrait probable si une majorité significative d’Israéliens mobilisés se mettait à voir Israël comme le fait la majorité du monde : un pays qui usurpe violemment des droits d’autres peuples et qui menace la paix dans le monde.

Depuis 1967, les Etats-Unis ont protégé les Israéliens en les empêchant de voir que leur Etat est devenu un paria ; ils ont protégé Israël pour lui éviter de devoir payer les coûts de l’occupation militaire la plus longue dans l’histoire récente. Cette situation ne peut pas durer éternellement, surtout si un mouvement pour la paix renaissant aux Etats-Unis met les droits des Palestiniens au cœur de sa lutte pour la paix au Moyen-Orient. Il faut que les Israéliens sentent la pression de l’opinion publique organisée (y compris des sanctions de boycott et d’état) pour qu’ils se mobilisent contre les ambitions coloniales de leurs élites. Aucun pays ne compte plus pour l’élite israélienne que les Etats-Unis, c’est la raison pour laquelle il est particulièrement important et décisif qu’une lutte contre l’occupation soit menée aux Etats-Unis même. C’est seulement lorsqu’ils sentiront cette pression que les Israéliens commenceront à s’organiser en masse contre l’emprise d’Israël et contre son refus de tenir compte d’une nation toute entière.

Il existe un débat dans la gauche sur la question de savoir si nous devrions prôner une solution de "deux Etats" ou plutôt celle d’"un Etat" pour Israël-Palestine. Que pensez-vous de ces alternatives ?

BAM : Je trouve curieux de présenter ces deux solutions comme si elles étaient sur le même plan, également disponibles. Or, même ceux qui défendent une option révolutionnaire reconnaissent que, quelles que soient les autres tâches à accomplir, il faut d’abord en terminer avec l’occupation. C’est ce à quoi aspirent la majorité des Palestiniens, ainsi qu’une partie significative, sinon la majorité, des Israéliens.

Il faut donc que la stratégie palestinienne soit élaborée autour de cette revendication en tant que priorité nationale. Les souffrances des Palestiniens sous l’occupation doivent être reconnues comme une urgence nationale. La question que nous devons nous poser n’est pas de savoir s’il faut décoloniser la Cisjordanie et Gaza, mais plutôt de comment il faut le faire. Il faut se demander qui va diriger la lutte, autour de quelles valeurs, comment solliciter le soutien des Arabes et d’autres peuples, comment remobiliser l’auto-organisation collective, comment aider les gens à devenir acteurs de leur propre libération, comment mobiliser les réfugiés et les habitants des Territoires occupés dans une nouvelle organisation de base, démocratique et comment activer les résolutions existantes des Nations-Unies et les avis de droit internationaux contre le Mur illégal, contre les colonies, les routes, etc.

La solution d’un seul Etat est excellente, mais c’est une utopie qui n’est pas atteignable dans la pratique pour le moment. Il n’y a pas de base pour une solution d’un seul Etat, et actuellement il n’y a pas non plus de capacité ou un poids suffisants pour l’obtenir.

Le réalisme politique exige que l’on commence là où existe le potentiel pour un maximum de succès et d’efficacité. Contrairement à certains partisans de cette solution, je ne pense pas que la de-sionisation d’Israël viendra de l’Occident.

Je continue à penser que la question de la Palestine est une question arabe : le sionisme et l’impérialisme occidental continuent à opprimer les Arabes et – ce qui est aussi important – sont perçus par ces derniers comme exerçant une oppression.

Il est dans l’intérêt des Arabes de faire reculer l’expansionnisme sioniste, de mettre un terme à l’exclusivisme sioniste en Palestine, de la décoloniser, et de réaliser le droit au retour.

Or, actuellement l’Occident capitaliste et ses populations ne perçoivent pas cela comme étant dans leur intérêt. Les défenseurs de la solution d’un seul Etat semblent penser que s’ils crient très fort pendant assez longtemps, les populations occidentales finiront par soutenir cette solution. Mais même si la majorité des Occidentaux ne sont pas – contrairement à la majorité des Arabes – favorables à mettre un terme au sionisme en Palestine, ils soutiennent tout de même la fin de l’occupation. La stratégie de certains défenseurs de la Palestine devrait-elle consister à rendre plus difficile un soutien en Occident ? Ce n’est pas de la politique, cela ressemble davantage à des stratégies discursives qu’à des stratégies réelles.

La lutte idéologique contre le sionisme en Occident est importante, et doit se poursuivre, mais on ne peut pas s’attendre à ce qu’elle exerce une pression suffisante pour renverser le sionisme en Palestine. Pour cela, nous devons porter notre regard vers l’Orient – vers le monde Arabe – ou alors vers un mouvement progressiste revitalisé des travailleurs en Occident ayant une capacité suffisante pour avoir un impact sur les politiques d’Etat. Mais je n’entends jamais les défenseurs de la solution d’un Etat unique dire que la réponse au sionisme en Palestine se trouve dans les mouvements progressistes organisés de la classe ouvrière en Occident.

Si les syndicats s’engagent en faveur de la Palestine aujourd’hui, c’est pour boycotter Israël pour son occupation illégale de la Cisjordanie et de Gaza, et non pas pour combattre au sionisme.

Sur cette question, la solidarité en Occident ne peut venir que d’une résurgence radicale anti-impérialiste de masse. Et il n’y a malheureusement pas beaucoup de signes d’une telle résurgence. Alors, faudrait-il que les Palestiniens attendent le réveil de ce que ce Franz Fanon appelait « la belle au bois dormant » ? Ne vaudrait-il pas mieux qu’ils utilisent en attendant le soutien et la solidarité qu’ils peuvent obtenir et qu’ils commencent à améliorer leurs vies maintenant ? Seule la deuxième option me paraît être responsable.

Sur les solutions envisageables, vous prônez le réalisme politique. Comment la question du droit au retour s’insère-t-il dans une telle conception ? Existe-t-il une manière de répondre aux besoins et aux droits des réfugiés palestiniens qui soit en même temps réaliste ? Les Israéliens vont-ils réellement soutenir le "retour" de sept millions de Palestiniens ?

BAM : Non, et c’est là un problème sérieux. La plupart des Israéliens sont en train de devenir plus racistes. Leur soutien au "transfert" de citoyens palestiniens augmente et atteint des niveaux alarmants. L’élite politique et militaire israélienne considère les Palestiniens comme un groupe sous-humain, qui peut être brimé, écrasé, humilié, tué et affamé.

La "gauche" israélienne est en majorité sioniste et prône non pas l’égalité mais la séparation et la partition. Les groupes juifs qui soutiennent le droit au retour sont marginaux dans la société israélienne, et ils sont principalement préoccupés à mettre un terme à l’occupation. Je ne vois donc pas pour le moment les Israéliens soutenir le droit au retour. Ils continuent à vouloir vivre dans un Etat qui est le leur, et que cet Etat soit une démocratie juive (et non pas progressiste). Mais cela ne signifie pas qu’ils ne pourront pas une fois se rendre compte que la réconciliation historique (ratifiée par une majorité de Palestiniens) est nécessaire et qu’ils sont responsables de rectifier les torts du présent et du passé. Cela est plus vraisemblable que leur acceptation directement du droit au retour.

Alors, que prôner aujourd’hui pour les réfugiés palestiniens ? Il est très difficile de répondre à cette question. Le droit au retour est un droit palestinien inaliénable, reconnu par des lois et des résolutions internationales. C’est un droit que défendent la majorité des Palestiniens aujourd’hui. Pourtant, chaque fois que ce droit est invoqué, on accuse les Palestiniens de vouloir détruire l’Etat d’Israël, comme si leur expulsion et le fait de devenir des réfugiés était de leur propre faute, comme si le racisme colonial israélien était une création palestinienne.

Il est absurde que les victimes d’un crime historique soient ainsi mises sur la défensive par leurs propres persécuteurs précisément pour l’acte qui a fait d’eux des victimes au départ. Aucune nation n’a le droit d’être raciste ou d’opprimer ou de dénier ses droits universels à une autre, et encore moins lorsqu’il s’agit d’une nation qui est seule responsable d’avoir complètement dépossédé l’autre.

Qu’en est-il de la souffrance et la misère actuelle des Palestiniens ? Si les réfugiés ne peuvent pas retourner maintenant, à quelles tâches immédiates devraient s’atteler les défenseurs de la cause palestinienne ? Et bien, ils devront faire ce qui est en leur pouvoir pour améliorer la vie des Palestiniens partout, et aider les Palestiniens à réaliser ceux de leurs droits nationaux qui peuvent déjà être satisfaits maintenant. La plupart des Palestiniens occupés sont des réfugiés, et ce qu’ils veulent est clair : ils veulent un Etat palestinien libre et souverain en Cisjordanie et à Gaza.

Qu’en est-il de la souffrance et la misère actuelle des Palestiniens ? Si les réfugiés ne peuvent pas retourner maintenant, à quelles tâches immédiates devraient s’atteler les défenseurs de la cause palestinienne ? Et bien, ils devront faire ce qui est en leur pouvoir pour améliorer la vie des Palestiniens partout, et aider les Palestiniens à réaliser ceux de leurs droits nationaux qui peuvent déjà être satisfaits maintenant. La plupart des Palestiniens occupés sont des réfugiés, et ce qu’ils veulent est clair : ils veulent un Etat palestinien libre et souverain en Cisjordanie et à Gaza.

Atteindre ce but entraînerait une amélioration incalculable leurs vies, mais permettrait également aux réfugiés en dehors de la Palestine qui acceptent de retourner, de le faire, et de vivre des vies normales dans leur propre Etat démocratique. Cela vaudrait-il mieux que les incertitudes et les insécurités de l’exil ? Je le pense, mais c’est là une question sur laquelle les Palestiniens devront voter et prendre une décision dans un référendum populaire. Le retour ne devrait se faire que si cette option est acceptée par la majorité des Palestiniens.. Il ne s’agira dans tous les cas pas d’un véritable "retour" – les réfugiés ne retourneraient pas dans leurs foyers et leurs terres à Lydda, Sajara ou Jérusalem. Par contre ils pourraient ainsi surmonter le fait d’être privés d’Etat et de droits. Il ne faut pas sous-estimer ou ignorer un tel changement, qui est – je pense – encore possible aujourd’hui, malgré les conditions défavorables régnant actuellement.

En outre, pour que la lutte de la base palestinienne contre l’occupation puisse l’emporter, elle doit provoquer une énorme rupture à l’intérieur de la société israélienne, en activant et en désamorçant ses contradictions internes. Ce bouleversement pourrait être suffisamment puissant pour inciter Israël à sortir de ses dénis et de son enfermement et entraîner le pays vers une réconciliation et une coexistence historiques. Ainsi les Palestiniens obtiendraient non seulement la fin de l’occupation militaire, mais se trouveraient en outre aux côtés d’un peuple disposé à vivre en paix et en harmonie avec eux. Ceci créerait graduellement les conditions nécessaires pour le partage et la solidarité, laissant loin derrière la politique démographique fondée sur des critères raciaux et des privilèges coloniaux. La génération de 1948 ne verra pas ces développements, mais leurs petits-enfants les verront peut-être. Un tel développement ne constituerait pas une compensation pour les souffrances de 1948, mais permettrait à une nouvelle génération de Palestiniens et d’Israéliens de construire une nouvelle société où la dépossession, l’expulsion et la domination appartiendraient au passé. Les impulsions utopistes actuelles seraient alors réalisées.

Pensez-vous qu’il soit possible que Washington, dans sa détermination à discréditer le Hamas et donc de légitimer Abbas, pourrait impulser un élan vers un règlement – ce malgré ses propres penchants ?

BAM : Non. Depuis la bévue du Hamas à Gaza [14], Abbas a courtisé sans cesse les Israéliens, et refusé tout dialogue et conciliation avec le Hamas, et pourtant Israël n’a pratiquement rien donné aux Palestiniens. Il a lâché quelque argent et 250 prisonniers du Fatah, mais c’est là bien peu de chose si l’on tient compte du fait qu’Israël détient plus de 11’000 prisonniers palestiniens sans parler des douzaines de Palestiniens qui continuent à être arrêtés chaque semaine. Il n’y a pas eu de changement substantiel en ce qui concerne la politique des check-points [15], aucun territoire occupé n’a été libéré et pas un seul Palestinien n’a eu la vie épargnée. Pendant ce temps, Washington n’a cessé de célébrer, de soutenir et de protéger Israël de la loi internationale.

Dans ces conditions, comment les Etats-Unis peuvent-ils espérer faire accepter au monde une soi-disant conférence de paix internationale ? Alors que cette même administration a affamé et sanctionné les Palestiniens durant l’année et demie passées et a renforcé le siège colonial israélien ? De quelle paix peut bien parler Washington lorsque les Palestiniens n’ont pas accès à 60% de la Cisjordanie à cause de l’occupation israélienne ? Quelle paix les Etats-Unis peuvent-ils vouloir au Moyen-Orient alors qu’ils ont augmenté l’aide militaire à Israël de 25% d’un coup, atteignant 30 milliards de dollars pour les prochaines dix années ?

Washington ne voit pas de paix dans l’Orient arabe, il ne voit que du sang et du pétrole. (Traduction A l’encontre)

* Cet entretien avec Bashir Abu-Manneh a été publié dans la revue socialiste indépendante New-Politics, aux Etats-Unis, Vol. XI, No.4. Bashir Abu-Manneh est originaire d’Häifa. Il enseigne au Barnard College, institution associée à Columbia University.

** Elle a été la fondatrice, en 1973 du Mouvement pour les Droits des Citoyens, qui a fusionné avec Mapam et Shinui pour former Meretz au début des années 1990.

1. Pour un récit plus récent concernant l’Autorité Palestinienne, voir Nigel Parsons, The Politics of the Palestinian Authority : From Oslo to al-Aqsa, London : Routledge, 2005.

2. Voir le site Internet de l’Association of Forty.

3. Sever Plocker, « Arabs are pores », 5.9.2007.

4. The End of the Peace Process : Oslo and After (New York : Vintage, 2000), p. 345.

5. Pour une description du peu d’enthousiasme qu’ont manifesté les Etats arabes pour soutenir les Palestiniens en 1948, voir The War for Palestine : Rewriting the History of 1948, ed. Eugene L. Rogan and Avi Shlaim (Cambridge : Cambridge University Press, 2001).

6. Pour un résumé des conceptions de Munif, voir Iskandar Habash, « Unpublished Munif Interview : Crisis in the Arab World – Oil, Political Islam, and Dictatorship », 2003.

7. Hany al-Hassan, « Fatah Between Theory and Practice », Shuun Falastiniya [ou les Affaires plaestiniennes], 7 (mars 1972) (en arabe), p. 20.

8. « The Current State of the Palestinian Resistance, » Shuun Falastiniya, 2 (May 1971), pp. 57-74, 62.

9. Pour une analyse plus complète de ce document, voir mon article « Occupied Palestine : Prisoners, Colonial Elites, and Fundamentalists », ZNet, 11.6.2006.

10. Interview avec Tom Segev in Haaretz, 24.8.1990, cité dans Reuven Kaminer, The Politics of Protest : The Israeli Peace Movement and the Palestinian Intifada (Brighton : Sussex Academic Press, 1996). L’ouvrage de Kaminer’s est le meilleur sur le mouvement de l’opposition israélienne.

11.. Pour un échantillon représentatif, voir ci-dessous. Pour une analyse plus récente, voir l’important exposé de Moshe Machover "Israelis and Palestinians : Conflict and Resolution" (20.11.2006)

12. Voir ci-dessous

13. Voir Amira Hass, « Disrupting the Separation Policy, », Haaretz, 25.9.2007.

14. For mon analyse de la prise de pouvoir du Hamas à Gaza, voir « Symptoms of Decay in Occupied Palestine », ZNet, 16.7.2007. (Les symptômes de dégénérescence dans la Palestine occupée, site alencontre.ch)

15. Le Ministre de la défense Ehud Barak a dit qu’il enlèverait 24 barrages non surveillés en Cisjordanie (malgré le fait que les militaires et l’agence de renseignements israéliens y soient opposés), mais, comme relevé par les Nations Unies, au cours des mois récents 40 nouveaux barrages ont été établis. Le Rapport No 47 du Bureau des Nations Unies pour la Coordination des Affaires Humanitaires, Implementation of the Agreement on Movement and Access, (22.8 -4 9.2007).

(18 avril 2008)

publié en français et traduit par alencontre

http://www.alencontre.org/Palestine/Pal_BAManneh04_08.html

Partager cet article
Repost0
11 janvier 2009 7 11 /01 /janvier /2009 14:09
« la question de la Palestine » et son histoire
publié le dimanche 20 avril 2008

Entretien avec Bashir Abu-Manneh *, Pierre Baudet
 
Israël porte l’entière responsabilité d’avoir détruit la société palestinienne et d’avoir fait de la plupart des Palestiniens des réfugiés apatrides. Aucun démenti israélien ni aucune contorsion diplomatique américaine ne peut effacer ce fait non résolu et persistant.

Question : L’année 2008 est le soixantième anniversaire de la fondation d’Israël et de la Nakba, la catastrophe palestinienne. Pensez-vous que le projet israélien se soit modifié au cours des années ?

Bashir Abu-Manneh : Le projet d’Israël a été constant : la souveraineté juive en Palestine. Israël a toujours cherché à exproprier autant de terres palestiniennes que possible et à régner sur le moins de Palestiniens possible. Cela a constitué le principe idéologique et politique le plus important, celui qui a inspiré les pratiques du courant dominant du sionisme, fondateur d’un Etat juif en Palestine contre la volonté de la majorité indigène arabe. 1948 incarne ce principe : 78 pourcent de la Palestine a été conquis par la force, et entre 750 000 et 840 000 Palestiniens ont été chassés systématiquement, puis empêchés de retourner vers leurs villes et villages (parmi lesquels des centaines ont été complètement anéantis), et cela en violation du droit international et de la résolution 194 de l’Assemblée Générale des Nations Unies qui garantit le droit au retour pour les réfugiés.

Israël porte l’entière responsabilité d’avoir détruit la société palestinienne et d’avoir fait de la plupart des Palestiniens des réfugiés apatrides. Aucun démenti israélien ni aucune contorsion diplomatique américaine ne peut effacer ce fait non résolu et persistant. Les Palestiniens constituent encore la plus grande population de réfugiés dans le monde aujourd’hui : 70 pourcent des Palestiniens, sur 10 millions au total, sont des réfugiés (l’occupation américaine de l’Irak a produit environ 4 millions de réfugiés et de déplacés intérieurs irakiens). Pour la plupart des Palestiniens et des Arabes, la question palestinienne est une question de réfugiés et 1948 reste au cœur du conflit israélo-arabe.

Si Israël veut une paix véritable, alors il doit rectifier les erreurs commises volontairement en 1948, et faire cela d’une manière qui soit démocratiquement acceptable pour la majorité des Palestiniens (c’est-à-dire sujette à un référendum populaire). Il n’y a pas de réconciliation historique ou de paix durable sans justice et droits nationaux pour les Palestiniens.

Soixante ans après la Catastrophe Palestinienne (Nakba), c’est exactement le contraire qui est en train de se produire : Israël est en train d’étendre et d’approfondir la spoliation et la souffrance des Palestiniens plutôt que de la soulager. Les droits des réfugiés sont ignorés et marginalisés et les Palestiniens sont poussés à accepter pour Etat des Bantoustans assiégés. Après la destruction politique du nationalisme arabe en 1967 et la capitulation du nationalisme palestinien laïque à Oslo (Accords d’Oslo) en 1993, les réfugiés palestiniens ont fondamentalement été abandonnés à eux-mêmes, avec peu de protection et de soutien de la part de l’Organisation de Libération de la Palestine ou de l’Autorité Palestinienne (OLP/AP).

Nous pouvons voir les conséquences de cet abandon dans des événements tels que le dépeuplement et la destruction du camp de réfugiés de Naher il-Bared au Liban (où ont vécu à une époque jusqu’à 31’000 réfugiés) pendant à la fin du printemps et en été 2007 et dans l’expulsion de milliers de Palestiniens d’Irak. Bien que les deux cas soient très différents et que les Irakiens eux-mêmes aient eu un destin catastrophique, en raison de l’occupation américaine, les Palestiniens, eux, sont toujours profondément affectés et durement touchés par les développements régionaux et les insécurités imposés de l’extérieur. Ainsi, ils souffrent toujours doublement : en tant que Palestiniens dépossédés et en tant qu’Arabes opprimés : aucune autre nation arabe n’est placée dans cette situation ni ne porte un tel fardeau.

1991 est un bon indicateur de ce que signifie le fait d’être un réfugié : 350 000 Palestiniens ont été chassés injustement du Koweït parce qu’Arafat a soutenu stupidement l’aventurisme de Saddam et son occupation du Koweït. Le Nouvel Ordre Mondial a été proclamé sur le dos des Irakiens, qui ont été tués par centaines et par milliers, ainsi que sur celui des Palestiniens qui ont eu à subir un nouvel exil. Le fait d’être sans Etat signifie être vulnérable à ce type de ravages et être complètement dépendant des caprices et des intérêts des autres.

Et cela n’est qu’une partie de l’histoire. En plus de l’insécurité politique, il y a une discrimination et un appauvrissement voulus. Prenez pour exemple le Liban. Etre un réfugié palestinien au Liban signifie vivre sans aucun droit ni politique ni civil, être légalement interdit d’accès à 73 professions et être victime d’un taux de pauvreté et de chômage extrêmement élevé. 1948 est loin d’être du passé : l’expulsion hors d’Israël est vécue au quotidien comme une misère – qui ne connaît même pas d’Etat – par les Palestiniens.

L’année 2007 a été marquée le 40e anniversaire de la guerre de 1967. Quelle est l’importance de 1967 dans cette histoire ?

BAM : 1967 a constitué un traumatisme historique additionnel. L’occupation de la Cisjordanie et Gaza a réalisé l’impératif colonial d’Israël d’exproprier ce qui restait du souvenir de la Palestine. Si avant la guerre de juin 1967 Israël contrôlait le 78 pourcent de la Palestine, après la guerre, il l’a contrôlée en entier, en occupant illégalement le 22 pourcent qui restait.

L’année 1967 devrait vraiment être considérée comme l’étape numéro 2 de 1948, comme le prévoyait le business sioniste exceptionnel, mais qui a dû être ajourné pour des raisons tactiques et non pour des raisons fondamentales. 1967 fut ainsi partie intégrante du modèle toujours en vigueur de l’expropriation et de la spoliation de la Palestine par Israël : mais cette fois Israël n’a réussi à expulser qu’une minorité de Palestiniens, 320’000. La majorité n’a pas pu être chassée.

Israël a donc été mis en face de ce que des gens appellent aujourd’hui ouvertement un « problème démographique », une désignation raciste qui signifie fondamentalement qu’Israël a été forcé d’administrer des Arabes parce qu’il n’a pas réussi à les expulser en masse comme auparavant. Pour un état colonialiste basé sur l’exclusion et non sur l’exploitation, l’intégration d’autochtones non désirés est en effet un problème.

Depuis le plan Allon (Ygal Allon, a proposé, en 1968, le plan portant son nom, alors qu’il était vice-premier ministre) qui prévoyait le contrôle territorial et des enclaves jusqu’au bouclement incarné par le mur de Sharon et son « désengagement » [de Gaza] – tous les plans d’Israël sont fondamentalement basés sur le fait qu’un Israël sioniste ne peut ni intégrer les Palestiniens comme des citoyens égaux, faisant ainsi d’Israël un état binational, ni les expulser tous d’un coup (en raison de ce que beaucoup de sionistes considèrent comme des « circonstances internationales défavorables », à savoir la réprobation internationale).

Et maintenant, Israël veut encore plus de terre palestinienne. La situation est donc la suivante : pas d’expulsion, pas d’intégration, et pas de retrait. Ce qui laisse Israël dans une situation de profonde contradiction interne. Une expansion territoriale convoitée lui a apporté un fardeau démographique non désiré.

Cette contradiction datant de 1967 a explosé à la figure d’Israël avec la première Intifada en 1987. Ayant sévèrement affaibli l’OLP (Organisation de libération la Palestine) et l’ayant chassée du Liban en 1982, Israël s’attendait à un apaisement, à une diminution drastique des revendications nationale, bref, à la soumission. Mais ce qui arriva fut une révolte de la masse populaire palestinienne auto-organisée exigeant la fin de l’occupation par Israël et l’indépendance. L’Intifada a laissé des « centres » de population importants en Cisjordanie et à Gaza complètement libres de tout contrôle israélien.

C’est en partie ce qui, après l’échec de la force brute et de la répression massive, a poussé Israël à chercher à tâtons une solution politique. Oslo (1993) est devenu la réponse d’Israël à la première Intifada, censée aider Israël à sortir du bourbier dans lequel il s’était mis lui-même par l’occupation de 1967, mais sans procéder à aucun retrait. Alors, au lieu d’accorder à la Jordanie le contrôle sur les territoires palestiniens « autonomes » en Cisjordanie, comme le plan Allon original le prévoyait, Israël l’accorderait désormais à l’OLP d’Arafat.

Comme l’a dit Noam Chomsky, à l’époque, l’OLP est devenu le « renforçateur colonial » d’Israël, contrôlant, démobilisant et supprimant des Palestiniens au bénéfice de leurs spoliateurs et leur occupant [1]. Ainsi, avec le consentement de l’élite palestinienne, Israël est resté souverain, a été autorisé à construire et à étendre colonies et routes juives et à contrôler toutes les frontières. Toutes les résolutions des Nations Unies exigeant d’Israël le retrait total dans les frontières de 1967, le démantèlement des colonies illégales et l’acceptation de la souveraineté et de l’indépendance palestinienne, ont été suspendues ou écartées par Oslo. Le sionisme était victorieux et le principe de la souveraineté juive était réaffirmé. Le blason du colonialisme israélien était ainsi redoré et autorisé à encercler, étouffer et lentement déposséder encore d’avantage les Palestiniens occupés.

Cependant, l’année 1967 n’est pas seulement celle du « problème démographique » d’Israël, mais aussi celle de la bombe à retardement de la population palestinienne vivant en Israël même. En effet, les quelques Palestiniens de 1948, qui au travers des méandres de l’histoire, ont réussi à rester après les expulsions de masse provoquées par la fondation d’Israël, sont graduellement devenus plus nombreux en nombre relatif. En 1948, ils étaient au nombre de 150.000. Maintenant ils sont 1.2 millions, ce qui représente environ 18 pour-cent de la population israélienne.

Presque la moitié de ces Palestiniens vivent en Galilée et seulement une petite minorité dans des « villes mixtes » comme Haïfa, Lydda et Jaffa. Israël, qui les désigne comme « Arabes israéliens » ou comme « les minorités », ne les a pas seulement soumis à 18 ans de loi martiale jusqu’en 1966 et systématiquement discriminés par des lois racistes depuis 1948 jusqu’à aujourd’hui, mais les a également dépossédés de la plupart de leurs terres, les traitant exactement de la même manière qu’il a traité leurs frères réfugiés.

Leur spoliation se poursuit encore chaque jour : les Bédouins du Neguev ont subi le plus gros de ces mesures au cours des derniers mois. Beaucoup de « villages non reconnus » ont été déplacés à l’intérieur et leurs terres ont été volées par l’Etat [2].

Encore pire : les Palestiniens à l’intérieur d’Israël subissent des massacres périodiques perpétrés par l’armée israélienne et la police, certains pour les pousser à fuir. Kufr Kassem, en 1956, fut l’un de ces massacres : 49 citoyens palestiniens ont été tués. Le 30 mars 1976, six autres ont été tués parce qu’ils protestaient contre les expropriations de terres en Galilée à l’occasion d’une journée nationale de manifestations de masse et de grèves, commémorée maintenant chaque année sous le nom de Jour de la Terre. En 2000, 13 Palestiniens ont été tués et des centaines blessés lorsque des Palestiniens de l’intérieur ont protesté contre la répression massive d’Israël contre la seconde Intifada. Spoliation et tueries occasionnelles sont aggravées par la discrimination politique et la répression sans fin, de même que par l’étouffement économique et l’appauvrissement.

Israël produit intentionnellement des taux de chômage et de pauvreté élevés parmi les citoyens palestiniens afin d’encourager leur émigration et de réduire leur nombre, qui est en augmentation. De récents chiffres fournis par l’Assurance Nationale Israélienne montrent, comme le rapporte Ynet, que « le pourcentage de citoyens arabes approche des 50 pour-cent de la population la plus pauvre en Israël alors que ce chiffre était de 40 pour-cent en 2004 », et que sur 550.000 enfants qui souffrent de la faim en Israël, 400.000 sont Palestiniens ! [3]

De plus, un nouvel instrument de contrôle et d’exclusion a récemment été développé par l’élite israélienne : la menace d’un échange de population : des citoyens palestiniens d’Israël contre des colons de Cisjordanie. Cette option est devenue l’objet de discussion et de débats croissants en Israël, autant dans les médias que dans les cercles stratégiques. Cela a également été évoqué récemment dans des discussions diplomatiques avec Abbas et son équipe. Israël la présente comme un « échange de terre » ou un « échange de population » : des colons israéliens feraient désormais partie d’Israël de jure (et pas seulement de facto), alors que certains citoyens palestiniens d’Israël tomberaient sous l’Autorité palestinienne. Un ajustement de frontière minime dans la région du Triangle qui ferait perdre à Israël miraculeusement environ 200.000 citoyens palestiniens… S’il devait avoir lieu, ce transfert-expulsion « sur place ». « immobile » représenterait encore une menace pour la présence palestinienne à l’intérieur d’Israël.

Israël a-t-il donc réussi à obtenir une Palestine sans Arabes ? Non, pas encore, et espérons que cela ne se produira jamais. Mais il a certainement travaillé dur pour cela.

Vous avez cité le jugement d’Edward Saïd concernant l’élite de l’OLP qui « ne s’est vendue à l’ennemi comme aucun autre groupe de libération dans l’histoire » [4]. Mais pourquoi est-ce comme cela ? Certainement que d’autres mouvements de libération ont eu des leaders avec des origines sociales semblables, avec des amis douteux et des ennemis impitoyables. Beaucoup de leaders de libération se sont montrés insensibles et autocratiques – mais finalement, une fois la journée finie, ils se sont engagés fanatiquement pour leur cause nationale. Que pouvez-vous dire de l’unicité du leadership palestinien dans sa manière de trahir une cause ?

BAM : La formulation d’Edward Saïd est une description correcte d’Oslo : aucun droit national Palestinien n’a été élaboré à Oslo, aucune souveraineté ni autodétermination. L’Etat que l’OLP disait vouloir créer depuis 1975 en Cisjordanie et à Gaza ne s’est jamais matérialisé. Si ce qu’Israël offrait ne correspondait pas aux revendications nationales palestiniennes, pourquoi alors Arafat l’a-t-il accepté ?

Une auto-préservation opportuniste, je pense, était sa plus forte motivation. Arafat a choisi d’exploiter l’Intifada dans le but de regagner une hégémonie politique et organisationnelle sur les Palestiniens pour les monnayer ensuite avec les Israéliens.

Après Beyrouth [intervention de l’armée israélienne au Liban], en 1982, l’OLP était sévèrement affaiblie et ses cadres dispersés et fragmentés. Elle avait perdu sa cohérence organisationnelle. Edward Saïd a alors parlé de la « fin de la narration palestinienne », voyant dans la chute Beyrouth la destruction du nationalisme palestinien.

Avec le Nouvel Ordre Mondial et la décision sans principe et désastreuse d’Arafat de se ranger du côté de Saddam Hussein [lors de la première guerre contre l’Irak], l’OLP a perdu le soutien financier substantiel des Etats du Golfe, ce qui l’a encore plus affaiblie. Ainsi, au début des années 1990, Arafat était désespéré et prêt à vendre sa nation en échange d’une reconnaissance internationale et d’un maigre poste.

Il y a eu alors une combinaison de facteurs qui ont poussé vers la capitulation et l’opportunisme . Il y a d’abord, l’existence d’une brutalité et d’une force israéliennes très dures et implacables qui empêchent la paix et tout accord équitable. On ne peut que souligner encore et encore cela : Israël a toujours été incommensurablement plus fort que les Palestiniens. Il n’a donc pas seulement cherché à débarrasser la Palestine de sa population indigène, mais il a aussi voulu détruire tout mouvement national que celle-ci aurait organisé dans le but de récupérer la patrie perdue.

Ainsi, en plus de l’expulsion, c’est la « dénationalisation » politique des Palestiniens qui était programmée, ce qui constitue d’ailleurs un projet sioniste permanent. Les Palestiniens ne sont pas considérés comme un groupe possédant des droits nationaux collectifs, mais comme un ensemble de communautés fragmentées avec des désirs particuliers, locaux ou religieux.

Par exemple, vous commencez à parler de choses comme l’accès aux sites religieux à Jérusalem Est (qui a de toute façon toujours été sévèrement limité, en violation du principe de liberté de culte) plutôt que de revendications nationales palestiniennes sur Jérusalem.

Ou bien vous parlez des quartiers arabes plutôt que de la souveraineté palestinienne sur la terre. Ou encore, vous cherchez à alléger la souffrance palestinienne à travers l’aide humanitaire plutôt qu’à mettre fin à l’occupation. Ce qu’Israël rejette toujours, c’est la notion selon laquelle les Palestiniens ont des droits nationaux et qu’il porte la responsabilité de les avoir violés. La position d’Israël est une position extrémiste et de rejet.

Deuxièmement, il y a un environnement politique arabe inhospitalier. Cela constitue une nouvelle contrainte structurelle décisive pour une nation en exil comme le sont les Palestiniens. Le mouvement national palestinien a été l’objet d’une répression et d’une mise au pas sévère de la part d’acteurs arabes étatiques.

La Jordanie des années 1970-71 en est le meilleur exemple : un régime autoritaire tourné vers l’Ouest liquide la résistance palestinienne pendant que d’autres états arabes la regardent faire [septembre noir]. La volonté passée ou présente des Etats arabes de libérer la Palestine n’est qu’un mythe. 1948 est un parfait exemple de comment de petits Etats arabes ont fait pour aider à sauver des Palestiniens d’une catastrophe nationale [5].

Ce que cela signifiait pour l’OLP, c’est que cette dernière n’a jamais été complètement sponsorisée ou aidée suffisamment par des Etats arabes pour devenir assez puissante pour miner le projet sioniste.

Cela contraste avec le Hezbollah [au Liban] d’aujourd’hui. Parce que celui-ci est une organisation enracinée dans son propre peuple et dans son territoire (avec des leaders forts et doctrinaires), et parce qu’il reçoit d’énormes montants d’aide extérieure, de l’entraînement et du soutien, il a fait ce qu’aucun pays arabe n’a jamais réussi à faire : battre Israël militairement.

Les Palestiniens n’ont jamais fait cela. Ils ont subi le contraire, à savoir le bannissement, la persécution et la destruction. Bien sûr, ils étaient aussi corrompus et dé-radicalisés par la monnaie du pétrole : ce n’est pas une plaisanterie de dire que l’OLP était le plus riche mouvement de libération dans le Tiers-monde. Son incapacité à libérer les Palestiniens devrait aussi être considérée comme faisant partie de ce que Abd al-Rahman Munif appelle la « culture du pétrole ». [6]

Troisièmement, il existe un facteur subjectif. Malgré le fait que les conditions structurelles aient accentué la propension à l’opportunisme et au défaitisme, vous aviez besoin d’un agent bénéficiant d’une légitimité nationale suffisante pour être capable à la fois de contenir les aspirations des Palestiniens et de préparer ceux-ci à un « accord ».

L’élite politique du Fatah a réussi cette tâche, particulièrement après le Septembre Noir de 1970 [en Jordanie]. Beaucoup de leaders du Fatah croyaient que la Révolution palestinienne était unique dans l’histoire mondiale puisqu’elle était, comme l’un d’eux l’a dit : « la révolution de l’impossible » [7].

Comme Abu Iyad [de son nom Salah Mesbah Khalaf, durant longtemps le numéro deux, après Arafat] l’a reconnu un peu plus tard, les leaders du Fatah savaient qu’ils ne pouvaient offrir la libération : ils attendaient seulement que le peuple palestinien en vienne par lui-même à cette conclusion, afin qu’ils puissent conclure en sécurité un accord avec les Israéliens et obtenir un Etat. Pendant ce temps, ils se sont assurés, à travers des moyens bureaucratiques et autoritaires, qu’ils restaient hégémoniques à l’intérieur de l’OLP et que leurs rivaux politiques étaient cooptés ou affaiblis.

Donc, ce que le Fatah n’a pas réussi à faire, c’est de donner la force et l’énergie aux Palestiniens d’agir en tant que des agents indépendants, auto-organisés et auto-libérateurs, sachant tourner leur situation de réfugié à leur avantage et utiliser celle-ci pour améliorer leurs propres conditions et celles de l’ensemble du monde arabe.

Une révolution arabe était nécessaire pour que les Palestiniens aient la capacité de soulèvement nécessaire à libérer la Palestine. Mais le Fatah n’a jamais été révolutionnaire dans ce sens. Idéologiquement et politiquement conservateur, il n’avait aucun intérêt à organiser et à mobiliser les masses arabes et palestiniennes dans leur lutte pour la démocratie et la justice sociale contre des régimes autoritaires arabes.

La lutte armée palestinienne n’a ainsi jamais été tournée vers la révolution sociale : le fusil fétichisé laissait croire à une organisation et une mobilisation politique et sociale sérieuse. Alors le Fatah a fini par succomber en raison des conditions mêmes qu’il avait auparavant refusé de renverser. A un certain moment de son histoire, lorsque le double fardeau du rejet Israélien et des contraintes de son environnement arabe est devenu insupportable, alors son élite s’est soumise.

Et c’est la raison pour laquelle le Hamas dit constamment au Fatah : « Partez si vous êtes fatigués, nous prendrons le relais. » Par ailleurs, il y a vraiment beaucoup de choses en commun entre le Hamas et le Fatah d’avant 1982. Les deux sont socialement conservateurs [le Hamas est au plan socio-économique idéologiquement libéral] ; ils sont très méfiants face à la mobilisation populaire auto-organisée et jouissent de vastes réseaux philanthropiques et sociaux.

Les deux se concentrent sur le fait de mettre fin à l’occupation et de créer un Etat souverain en Cisjordanie et à Gaza, tout en étant des petits-bourgeois anti-colonialistes pragmatiques. Les deux partagent la même conception de la libération en tant que lutte armée, poursuivant une politique de non-interférence et d’accommodement avec certains régimes et recevant en échange de l’argent, en provenance du Golfe notamment.

Cependant, il est important de rappeler que le Hamas est un mouvement post-Fatah, né sous l’occupation. Alors il considère qu’il a tiré les leçons de ce qui est communément considéré comme étant des erreurs du Fatah, à savoir : 1° que la reconnaissance d’Israël (en tant que pré-condition idéologique à la négociation) ne conduit à rien ; 2° que le fait de dépendre des Etats-Unis est contre-productif et ne vous conduit nulle part.

Il existe également des différences politiques significatives dans l’idéologie sociale et la conception d’un futur Etat entre un mouvement laïque et un mouvement fondamentaliste islamique.

Il n’y a pas de doute sur le fait que, fondamentalement, c’est pour la restauration islamique que le Hamas se bat. Sa conception du futur est une utopie réactionnaire et son idéologie sociale est régressive : la limitation de la liberté d’association et de la liberté d’expression ; la religion en tant que discours social dominant ; la suppression des libertés individuelles ; et, finalement, le recours à la force dans les affaires palestiniennes internes.

Seule une petite minorité parmi les Palestiniens soutient ce programme dans sa totalité ; alors qu’autrefois une majorité soutenait le programme laïque du Fatah. C’est important de garder cela en tête. Beaucoup des Palestiniens qui soutiennent le Hamas et votent pour lui, aujourd’hui, le font parce que ce dernier se bat contre l’occupation israélienne, et non pas en raison de son projet religieux.

Qu’en est-il de la gauche palestinienne ? Reste-t-il une gauche ? Qu’est-ce donc qui explique sa faiblesse ?

BAM : La gauche a été soumise aux mêmes contraintes structurelles d’exil et de spoliation que les autres groupes palestiniens. Elle était bien trop liée avec des régimes autoritaires arabes et trop dépendante d’eux (à certains moments elle a même été considérée comme étant un larbin de la Syrie d’Assad, de l’Irak de Saddam ou de la Libye de Khadafi).

Et elle a souffert d’un manque d’indépendance et de radicalisme. Cependant, il faut nuancer : l’expérience de la gauche palestinienne a également comporté des dimensions positives importantes.

Idéologiquement, la gauche a eu des positions progressistes significatives. Elle voyait la question de la Palestine comme étant intrinsèquement liée au problème du sous-développement dans l’Orient Arabe. La perte de la Palestine était une indication que les classes dirigeantes arabes traditionnelles étaient complices avec l’impérialisme occidental ; la Palestine était leur honte. Ces gens devaient donc être écartés en tant que leaders du projet national palestinien.

A la fin des années cinquante et au début des années soixante, ils ont été remplacés par des dirigeants nationalistes petit-bourgeois, à l’époque en ascension dans tout le monde arabe.

Lorsque le projet national arabe a subi le vent fatal de 1967, les Palestiniens sont devenus une « force révolutionnaire » majeure et l’emblème des espérances d’un nationalisme arabe défait. C’est là que la gauche palestinienne a apporté sa plus importante contribution. La gauche a alors compris que 1967 signifiait la faillite du nationalisme petit-bourgeois en tant que leader de la révolution arabe.

L’anti-impérialisme d’un Nasser était insuffisant en tant que force révolutionnaire et était incapable de libérer le potentiel des masses arabes et de remplir les tâches nationales de démocratie et d’indépendance.

La gauche palestinienne croyait également fermement que les Palestiniens étaient incapables de décoloniser la Palestine par eux-mêmes et qu’ils avaient besoin d’une aide populaire arabe. Mais elle disait que les régimes petit-bourgeois arabes étaient trop faibles et trop peu intéressés à accomplir cela.

Alors son innovation théorique et politique principale fut de brandir le spectre d’une alliance révolutionnaire depuis en-bas : les Palestiniens feraient la révolution par eux-mêmes et ils aideraient à révolutionner les masses arabes.

En tant que révolutionnaires palestiniens, ils considéraient que leur tâche était d’aider les masses arabes à se libérer elles-mêmes du joug oppressif de la réaction arabe. Cela signifiait que la gauche comprenait clairement (ce qui n’était pas le cas du Fatah) que les régimes autoritaires arabes soutenus par les Occidentaux étaient en fait leurs pires ennemis et que ceux-ci ne pouvaient être ignorés ou décrits comme étant une simple « contradiction secondaire ».

Alors sa conception de la libération signifiait de s’attaquer à trois forces très puissantes et liées entre elles : le colonialisme sioniste, l’impérialisme occidental et la réaction arabe. Les enjeux étaient énormes.

Ce que la gauche a été absolument incapable de faire, c’est de se préparer à la liquidation radicale dont elle a été l’objet par le régime jordanien en 1970-71 et de s’organiser contre celle-ci : 5.000 civils palestiniens et 1300 guérilleros ont alors été tués.

L’impérialisme américain et ses alliés régionaux étaient d’accord sur le fait que les Palestiniens constituaient une force en train de se radicaliser dans la région et qu’ils devaient donc être sévèrement affaiblis, si ce n’est totalement liquidés. Cela a débouché sur Septembre Noir, lorsqu’un aventurisme de gauche et des détournements d’avion ont été pris comme prétexte pour écraser la guérilla jordanienne dans son ensemble.

Cela a conduit alors au renforcement du bureaucratisme et du centrisme

Cela a conduit alors au renforcement du bureaucratisme et du centrisme politique à l’intérieur du mouvement de résistance et a facilité l’hégémonie croissante du conservatisme palestinien, affaiblissant la gauche encore plus.

Dès lors, une critique récurrente adressée à la gauche palestinienne, c’est que même si à l’époque elle a eu une analyse correcte des développements historiques et qu’elle a effectivement formulé des positions idéologiques correctes pour s’attaquer aux problèmes, ces positions ne se sont jamais matérialisées dans une organisation et une pratique politiques.

Ce n’est pas une faiblesse théorique qui est usuellement identifiée comme étant le principal échec de la gauche (même si, comme je l’ai indiqué plus haut, il en existe une), mais un manque de stratégie organisationnelle cohérente et effective.

La gauche n’a jamais été assez organisée politiquement pour être capable de mener la nation palestinienne vers la victoire. Elle a échoué sous le poids de ce que Ghassan Kanafani appelait en 1971 la « contradiction entre la grandeur de la tâche [de libération] et la réalité objective des moyens disponibles » [8].

Sautons maintenant par-dessus quarante années. Dans les conditions très différentes d’aujourd’hui, cette faiblesse politique reste un problème. La gauche aujourd’hui comprend la nature de la crise palestinienne et le risque d’effondrement et de décomposition complet du nationalisme palestinien. Elle semble juste être incapable de s’organiser contre cette menace.

Il y a une tendance à penser que les slogans et les discours feront le travail, mais ceux-ci ne sont évidemment pas des substituts à la construction d’une organisation. La gauche palestinienne est aujourd’hui organisationnellement faible et très éloignée des besoins des masses palestiniennes, celles sous occupation comme celles en exil.

Le mouvement fondamentaliste a « détrôné » autant le Fatah que la gauche, en procurant éducation, services de santé et nourriture idéologique. La faiblesse de la gauche est aussi composée par un « factionalisme » interne ; il n’apparaît pas clairement pourquoi il devrait y avoir quatre différentes factions de gauche en Cisjordanie et à Gaza.

Bien que l’on assiste à une coordination et une coopération croissantes entre celles-ci, il n’y a pas d’unité de voix, pas d’unité de stratégie, pas de mobilisation de masse combinée. En plus de cela, toutes les factions semblent uniquement préoccupées par la volonté d’en finir avec la polarisation politique entre le Hamas et le Fatah. Mettre fin aux rivalités internes est certes important : mais cela ne peut être la tâche principale à laquelle la gauche s’attelle. Que se passerait-il si les deux factions fuient l’unité ? Que se passerait-il alors ? Et que se passerait-il si l’unité réalisée ne parvenait pas à effectuer ce qui est requis aujourd’hui : une stratégie nationale de libération, comme elle a été conçue dans le document de prisonniers du printemps 2006 – soutenu par une majorité de la population – qui défend la résistance, la démocratie et la sauvegarde de tous les droits nationaux palestiniens [9]. Qu’adviendrait-il alors ?

La gauche palestinienne semble aujourd’hui hésiter à faire la compétition avec les deux factions principales pour la suprématie politique, tout en acceptant que la lutte se joue uniquement entre des négociations de capitulation sans fin et le fondamentalisme islamique.

Sans une mobilisation et une organisation de gauche, nous risquons de continuer soit à idéaliser le Hamas, sous prétexte que celui-ci représente la rédemption pour la nation palestinienne, soit à soutenir un xième misérable « processus de paix », alors que ce qui doit être entrepris, c’est une bataille idéologique et politique contre de telles régressions idéologiques dans la politique palestinienne et un combat pour l’émancipation sociale et pas uniquement politique.

La cause de la Palestine devrait à nouveau pouvoir être associée non seulement avec des libertés nationales mais aussi avec des droits démocratiques et sociaux arabes. Le mot « Palestinien » devrait à nouveau signifier révolte arabe pour la démocratie, la justice sociale et l’unité, et non uniquement souffrance et courage.

Il y a donc un besoin urgent de revigorer la gauche palestinienne et d’enseigner à une nouvelle génération d’activistes palestiniens et arabes l’histoire et les politiques des mouvements de libération nationale radicaux, leurs échecs et leurs faiblesses autant que leur universalisme et leur internationalisme. L’objectif devrait être de créer un nouveau mouvement laïque radical contre l’oppression nationale et armée à travers une stratégie pour l’émancipation palestinienne et arabe. Cela semble assez difficile actuellement, mais beaucoup de Palestiniens en ont marre autant du Hamas que du Fatah et ils ont besoin d’une alternative. Alors le champ est grand ouvert.

Partager cet article
Repost0

Pages