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Noesam@Voila.fr

  • : sionazisme
  • : Tout Juif qui se respecte, religieux ou séculier, ne peut plus garder le silence, voir pire, soutenir le régime sioniste, et ses crimes de génocide perpétrés contre le peuple palestinien...La secte sioniste est à l’opposé du Judaïsme. .................... Mensonge, désinformation, agression, violence et désobéissance de la loi internationale sont aujourd’hui les principales caractéristiques du sionisme israélien en Palestine.
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Israèl est contre TORAH

*"Les sionistes me dégoûtent autant que les nazis."
(Victor Klemperer, philologue allemand d'origine juive, 1881-1960)

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L’initiative sioniste de proclamer l’État d’Israël constitue une révolte contre la volonté divine, contre la Torah, une révolte qui a engendré une vague interminable de violence et de souffrance. À l’occasion de la fondation de l’État hérétique, les juifs fidèles à la Torah pleurent cette tentative d’extirper les enseignements de la Torah, de transformer les juifs en une « nation laïque » et de réduire le judaïsme au nationalisme.......Nous déplorons les tragédies que la révolution sioniste a provoquées chez les Palestiniens, notamment des déportations, l’oppression et la subjugation..Que nous méritions que cette année toutes les nations, en acceptant la souverainet

é divine, puissent se réjouir dans une Palestine libre et dans une Jérusalem libre! Amen. Offert par Netouré Karta International : www.nkusa.orglink

                                               


   

 


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FATHER OF SIONAZISJACOB HITLER

La prétendue ascendance juive d'Hitler: Une "explication" par la haine de soi
Une publication parue cette semaine a attiré mon attention. Il s’agit ni plus ni moins de la généalogie d’Adolf Hitler qui aurait des ascendants juifs !! Dans son article, Gilles Bonafi présente une fiche des Renseignements généraux que le magazine Sciences et Avenir a publié en mars 2009, et où on peut clairement lire le deuxième prénom d’Hitler : Jacob. Adolf Jacob Hitler serait le petit-fils de Salomon Mayer Rothschild. Cette information a été divulguée par deux sources de très haut niveau : Hansjurgen Koehler officier d’Heydrich, qui était lui-même l’adjoint direct d’Heinrich Himmler et Walter Langer le psychiatre qui a réalisé le profil psychologique d’Hitler pour l’OSS, les services secrets US pendant la Seconde Guerre mondiale.
SOURCE ;alterinfo

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22 mars 2012 4 22 /03 /mars /2012 20:27
Israël et le syndrome d'Esther Un tournant dans la politique mondiale


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Manuel de Diéguez
Samedi 17 Mars 2012


Israël et le syndrome d'Esther Un tournant dans la politique mondiale
1 - L'œil et l'écran
2 - A l'ombre d'un exterminateur
3 - L'histoire est un perpétuel recommencement
4 - Un peuple mythologique
5 - Le Livre d'Esther de la planète
6 - L'avenir de la plume
7 - Les intelligences auto-sacrificielles
8 -L'âge post nucléaire
9 - L'avenir cérébral d'Israël
1 - L'œil et l'écran

Les grands tournants de la politique internationale répondent à des mutations du regard que la raison globale d'une époque porte sur son temps et dont les Etats ne sont jamais que des médiateurs sourds et tardifs. En ce début du XXI siècle, on assiste à une métamorphose rapide, mais encore secrète des écouteurs et des appareils de prise de vues. Le meilleur exemple de cette métamorphose de l'œil de la caméra en est un récent article du Spiegel signé de Mme Juliane von Mittelstaedt, qui renonce purement et simplement à l'écran et à l'ouïe convenus afin de raconter sur un ton nouveau la rencontre décisive du 5 mars entre M. Barack Obama et M. Benjamin Netanyahou à Washington. Il s'agit d'emprunter l'allure détachée du récit historique et de narrer la scène en spectatrice tour à tour poliment attentive et moqueuse. La conteuse ne se met ni à l'école de la nouvelle kafkaïenne, ni du romancier ciseleur de personnages attirants, ni du dramaturge tendu ou glacé, ni d'un Molière des rencontres diplomatiques rieuses et correctement habillées. Et pourtant, le tournant est pris: le globe oculaire de la journaliste de talent est devenu un appareil d'enregistrement digne d'inaugurer un genre littéraire à mi-chemin entre la chronique et la fresque.

C'est que les métamorphoses soudaines des rétines font changer de marque de fabrique aux capteurs du temps aveugle des nations. On avait passé du télescope de Bossuet à la lentille des microscopes. Mais cette fois-ci, la description allègre et de bonne tenue fait débarquer l'acteur comique, le théologien, le prêcheur et l'impresario dans le pilotage d'une planète placée entre le gouffre de la platitude et celui de l'utopie. Du coup, un contraste angoissant apparaît entre le récitatif superficiel des diplomates, des économistes ou des stratèges, d'une part, et le tragique des enjeux mythologiques de la politique internationale, d'autre part. La science historique au jour le jour des narrateurs de catastrophes s'est agrémentée de couleurs vives; quant aux relations amusantes ou sous tension apocalyptique entre les Etats, elles donnent un voltage balzacien aux minutieux agendas de la folie du monde.

2 - A l'ombre d'un exterminateur

Juliane von Mitteltstaedt raconte tranquillement que des milliers de membres fervents du principal groupe de pression et de compression israélien domicilié aux Etats-Unis et régi par le droit civil américain, mais entièrement au service d'une nation étrangère, ont accueilli avec des cris jubilatoires le discours d'un illustre visiteur, M. Benjamin Netanyahou, qui avertissait solennellement le gouvernement des Etats-Unis que l'Iran avait programmé un second holocauste du peuple juif.

L'auteur adopte l'ampérage du portraitiste d'un personnage qu'elle peint sur le vif. M. Benjamin Netanyahou n'affectionne rien davantage, écrit-elle, que de monter sur les planches devant treize mille juifs américains sagement assis devant lui, mais tous "fanatiques d'importation" de l'Etat d'Israël. Le célèbre "comité des affaires internationales communes à Israël et à Washington" permet au Premier Ministre de l'Etat juif de se sentir "l'ombre portée" du Président des Etats-Unis sur la scène du monde. A cette occasion, il aime baisser le ton de sa voix et afficher son meilleur accent de la côte ouest. Quelques instants plus tôt, l'autre locataire de la planète des désastres, un Obama encore souriant avait annoncé face aux enregistreurs de l'histoire universelle que M. Benjamin Netanyahou et lui-même préféraient appliquer le remède d'une réponse diplomatique à l'Iran. Et maintenant, M. Benjamin Netanyahou affirmait, la bouche en cœur, n'avoir jamais rien dit de tel, et que, pour cette raison, il saisissait l'occasion de ses adjurations médicales à la communauté juive américaine pour réfuter deux lectures fautives de l'état du malade et de la gravité de la contagion dont il menaçait l'univers. Premièrement, l'hérésie selon laquelle l'Iran serait mis à genoux par la thérapeutique de rebouteux que la diplomatie mondiale appliquait à ses maléfices et secondement, l'hétérodoxie selon laquelle un Iran armé du feu satanique n'illustrerait pas nécessairement la morbidité la plus incurable du genre humain: "Nous ne pouvons plus attendre, s'est-il écrié. Comme Premier Ministre d'Israël je ne puis tolérer que mon pays vive à l'ombre (unter dem Schatten) de son exterminateur."

3 - L'histoire est un perpétuel recommencement

L'austère promeneur au bord du cratère a cité un échange de lettres dont la copie ne quitte jamais son bureau: en 1944, le Comité mondial juif de l'époque avait demandé instamment au gouvernement américain de bombarder Auschwitz. Cinq jours plus tard, la Maison Blanche avait répondu que cette attaque pourrait déclencher une réaction encore plus vengeresse "des Allemands". Alors, le dramaturge de la mort affectionne de mettre en scène une pause vocale bien connue des grands orateurs. Puis il regarde longuement la foule et reprend, sur le théâtre de sa voix: "Représentez-vous bien cela, une réplique encore plus vengeresse que l'holocauste!"

Pour le Cicéron de la Judée, l'Iran inguérissable d'aujourd'hui n'est autre que l'Allemagne d'hier, pour l'Hippocrate du Moyen Orient, l'holocauste menace de nouveau Israël, pour l'Isaïe du gouffre, l'Amérique contemporaine déclare une seconde fois que la "peur des conséquences" l'empêchera de frapper la peste et le choléra! Chaque fois que M. Benjamin Netanyahou évoque l'Iran, raconte la journaliste, "l'holocauste est présent" dans son esprit. C'est pourquoi Israël doit se défendre tout seul et à n'importe quel prix. Et puis, enchaîne le nosologue de l'Islam, le 8 mars commence la fête glorieuse du Pourim, qui rappelle qu'il y a deux millénaires et demi, le Premier Ministre du roi de Perse, un certain Haman, avait programmé l'assassinat en une seule journée de tous les juifs du pays. Aujourd'hui, voici qu'à nouveau un "antisémite perse" conteste le droit d'Israël d'en appeler à la force des armes pour occuper la Cisjordanie: "A chaque génération, s'écrie l'orateur, il existe des gens qui veulent anéantir le peuple juif".

C'est pourquoi, poursuit la narratrice, il faut demander à M. Barack Obama de se souvenir de tout cela : " Moi qui vous parle, je lui ai envoyé, il y a quelques jours, une édition du Livre d'Esther. Alors l'assemblée tout entière se lève pour une longue ovation. Mais ce que les deux chefs d'Etat se sont dit sans témoins au cours d'un entretien de deux heures demeure un secret d'Etat dont je réserve plus loin la primeur à mes lecteurs.

4 - Un peuple mythologique

Quelle fut, au cours du combat, la gestuelle des deux lutteurs? Un an auparavant, M. Benjamin Netanyahou avait donné une leçon d'histoire juive au Président Obama, dont une main s'était crispée sur l'accoudoir de son siège. Cette fois-ci, les observateurs ont remarqué que le bras gauche du Président reposait de nouveau sur l'accoudoir, mais que l'autre s'appuyait sur sa jambe droite et qu'il s'était calé contre le dossier de son fauteuil. Tout le monde sait à la Maison Blanche ce que signifie cette attitude: le Président se met sur la défensive.

Comment faut-il interpréter le débarquement de la description minutieuse du greffier dans le récit journalistique de haut vol? On rencontre à foison des récits amusés de ce genre dans les Mémoires de Talleyrand, dans les Mémoires de sainte Hélène ou dans les Mémoires du duc de Saint-Simon. Mais cette fois-ci, il s'agit de tout autre chose: il est soudainement devenu spectaculaire que l'histoire filmée de la planète des incurables est bel et bien entrée dans une dramaturgie cinématographique du fantastique, du fabuleux et du délirant, il est devenu criant que les hallucinations théologiques du peuple juif demeurent nourries de la mythologie de la terre promise et que le terreau eschatologique des textes sacrés de cette nation devient un acteur physique sur l'astéroïde des "étranges lucarnes".

5 - Le Livre d'Esther de la planète

Supposons que le président du plus puissant empire sotériologue du monde se serait mis en tête de mener des négociations diplomatiques décisives avec le seul rival d'une taille rédemptrice comparable à la sienne et dont la croissance doctrinale menacerait son hégémonie d'un demi-siècle sur la planète entière du salut, j'ai nommé la Chine. Supposons non seulement que l'empire du Milieu ne soit pas près de s'en laisser compter, mais qu'en raison de sa corpulence et de l'immensité de sa population, il aurait si bien truffé Washington de milliers de ses agents confessionnels qu'il serait parvenu à acheter en sous-main et une par une les voix des représentants du peuple américain à la chambre des représentants et au sénat, de sorte que tous les membres de l'appareil législatif de son interlocuteur seraient tombés entre ses mains et se trouveraient stipendiés sur l'escarcelle de l'empire du Milieu.

Supposons ensuite que le Premier Ministre de la Chine s'adresse en baryton et de sa propre autorité à un Congrès américain attaché aux cordons de la bourse de Pékin afin de dicter à son hôte les conditions sine qua non d'un futur accord sur l'interprétation commune aux deux Etats du contenu actuel du Livre d'Esther. Supposons que la proposition théologique de l'empereur de Chine soit saluée par cinquante sept ovations debout et que le Président des Etats-Unis en aurait été non seulement affaibli devant le Concile mondial des droits de l'humanité, mais ridiculisé sur la scène internationale de la délivrance. Supposons que le souverain du Sanhédrin chinois aurait, en outre, admonesté crûment le maître de maison devant des milliers de vrais Chinois devenus des citoyens américains garantis et demeurés des serviteurs attestés de Pékin de la tête aux pieds. Supposons que cette phalange de dévots de Confucius et de Lao Tseu serait devenue le vrai souverain du Nouveau Monde.

Dans ce cas, vous direz-vous, il faudrait se demander quel serait l'objet des négociations apostoliques entre le géant et le nain. Et l'on trouverait des raisons de se rassurer au ciel et sur la terre: le Chinois ne piloterait, dirait-on, qu'un seul porte-avion, un rafiot racheté à l'Ukraine au prix de la ferraille à la casse et demeuré longtemps en cale sèche, tandis que le Gulliver des mers se serait fabriqué douze de ces messies d'acier, dont l'un de trois cent trente trois mètres de longueur et de soixante dix mètres de largeur, ce qui en ferait une île ronde de cent quatre-vingt quatorze mètres de diamètre, de huit cent six mètres de circonférence et d'une surface de deux hectares un tiers.

Quand deux Cyclopes de leurs Evangiles respectifs comparent leur ossature leur envergure et leurs Ecritures, la Chine a beau compter des centaines de milliers d'agents du dragon sur toute la terre habitée et au sein de toutes les nations du globe terrestre, elle ne mérite qu'un haussement d'épaules du roi des arsenaux. Israël, en revanche, c'est une autre paire de manches: si ce géant biblique partait en guerre contre Lucifer en Iran, si l'Iran ensorcelait le détroit d'Ormuz, si le prix du pétrole s'élevait à la hauteur de l'Himalaya, si l'or des pécheurs flambait à Lilliput, si la Chine, l'Inde, la Russie, le Brésil, l'Afrique du Sud et demain l'Amérique du Sud s'enflammaient et refusaient à leur tour de lire le bréviaire de M. Benjamin Netanyahou, ne faudrait-il pas se demander quels sont les gènes et les neurones des lecteurs du Livre d'Esther sur la mappemonde pour que, de tous temps et en tous lieux, ce peuple singularise les chromosomes de son orthodoxie à l'écoute du mythe qui le propulse dans les cieux et le ligote à quelques arpents mythiques sur la terre.

Par bonheur, nous entrons dans un monde halluciné, ahurissant et fantasmagorique. Il devient nécessaire de lever nos nasaux de dessus nos herbages et de nous demander quel fourrage nous broutons sur les vastes pâturages du Livre d'Esther.

6 - L'avenir de la plume

Combien de temps les Etats modernes mettront-ils à prendre pleinement conscience et à tirer en toute logique les conséquences d'un bouleversement de cette taille de la carte cérébrale du monde ? A nouveau et tout subitement, le destin de l'humanité se révèle eschatologique. Quand les dirigeants que le suffrage universel aura portés à la tête de la sotériologie démocratique auront intériorisé et assimilé l'évidence qu'Israël est parvenu non seulement à se caler dans le fauteuil de l'histoire messianisée de la planète, mais à contrôler la rotation du globe terrestre sur l'axe de l'apocalypse, il faudra bien que l'humanité découvre qu'elle s'appuie au dossier du seul confessionnal du globe terrestre. Cette attitude, que j'ai brièvement évoquée plus haut, donnera au génie littéraire un essor dont les millénaires écoulés ne sauraient fournir aucun exemple; car si, trois siècles après Voltaire, l'humanité redevient à elle-même un personnage théologique et que téléguident ses rêves sacrés, il faudra scanner la puissance de propulsion irrépressible d'un animal doctrinal; et il deviendra immense, le territoire que le désert de l'ignorance à défricher ouvrira aux génies de la plume.

Car, pour la première fois, on verra comment le monopole des trois dieux auto-proclamés uniques tient entre ses mains les rênes d'une espèce affolée, pour la première fois, le dramaturge et le romancier peindront des personnages sanglants et pourtant angéliques d'apparence ; et ils les verront tituber dans les nues et dans tous les cerveaux des fuyards embryonnaires de la zoologie. Quel éclairement que d'observer les viscères d'une espèce née démente, quelle lumière que le débarquement dans le vide d'un bimane effaré et en proie au vertige de l'immensité ! Pascal et ses épouvantes paraîtra un enfant au berceau, Shakespeare et ses balances du destin un apprenti de village, Sophocle le visionnaire un gentil metteur en scène du destin d'Œdipe face à un peuple de Jahvé dont les yeux crevés raconteront à nouveaux frais l'histoire de la folie du monde.

7 - Les intelligences auto-sacrificielles

La seconde révolution de la pensée découlera de la nécessité de porter la raison de demain à la hauteur du cataclysme qui aura frappé le genre simiohumain d'une cécité d'un genre nouveau. Car enfin, tout le monde voit de ses yeux grands ouverts et à la simple écoute de son bon sens politique que l'Iran ne saurait exterminer un Etat qui dispose déjà, lui, de l'arme d'une apocalypse de la sottise. Le suicide à deux demeure réservé aux amoureux.

Du coup, la philosophie deviendra nécessairement une méta-psychologie des théologies, une anthropologie transcendantale des orthodoxies, une observatrice de l'animal embrumé dont les classes dirigeantes n'auront pas osé ouvrir les yeux sur le titanesque simulacre d'un péril imaginaire. Mais il faut croire que M. Benjamin Netanyahou récite pieusement l'histoire des évadés partiels de la zoologie telle que le Livre d'Esther la lui raconte; et M. Barack Obama ne trouve d'autre réponse que de crisper une main sur l'accoudoir de son fauteuil, tellement la pauvreté intellectuelle et l'ignorance des fils d'Adam interdit aux philosophes, aux anthropologues et aux scrutateurs de la matière grise de cette espèce de rédiger des diagnostics irréfutables de leur folie, de les clouer en gros caractères sur les portes des nations et de les faire adopter à mains levées par la communauté médicale de la planète.

Mais il y a pire: s'il est évident que le programme nucléaire de l'Iran occupera le centre théologique d'une histoire du monde racontée aux enfants, s'il est évident que la démocratie mondiale verra sombrer ses idéaux au spectacle des assiégés de Gaza et de l'expansion d'une prétendue civilisation dite de la liberté et de la justice au Moyen Orient, s'il est évident que la religion des droits universels de l'humanité ne pourra demeurer celle de centaines de millions de bras croisés face à son propre naufrage en Cisjordanie, il faudra bien que la psychologie et la psychogénétique modernes se décident à approfondir leur enquête afin de répondre à un défi vieux de vingt-cinq siècles, celui du "Connais-toi" qui a fait basculer à jamais la sottise du côté du plus grand nombre et le savoir du côté de l'individu auto-sacrificiel.

8 -L'âge post nucléaire

La raison terrestre n'aurait-elle plus rien à dire ? Faudra-t-il remplacer Le Prince de Machiavel par le Livre d'Esther, Clausewitz par l'Apocalypse faussement attribuée à Saint Jean et le Discours de la méthode de Descartes par l'écoute de M. Benjamin Netanyahou, le prophète de la terre promise à Israël par une communauté démocratique mondiale en prières?

Non, l'histoire réelle s'est seulement mise en veilleuse, mais elle monte la garde dans l'ombre. L'histoire réelle est une sentinelle rebelle aux prêches dont débordent les cosmologies dévotes. Le 6 mars, le général Mattis, chef du commandement unifié central américain et le 7 mars le général Dempsey ont déclaré au Congrès que, pour la première fois, une intervention militaire, pourtant toute symbolique, si je puis dire, celle de la Russie en Syrie et en Iran, impose en retour aux conquérants du Nouveau Monde de renoncer purement et simplement à la force armée dans toute cette région du globe. Pourquoi le Pentagone constate-t-il qu'il a atteint les frontières de sa sainteté militaire et que ce barrage est imposé à son glaive par la technologie la plus récente de la Russie, pourquoi, cette fois-ci, la guerre de Troie n'aura-t-elle pas lieu, pourquoi l'Iran poursuivra-t-il tranquillement sa randonnée vers une souveraineté nationale fondée sur le nucléaire guerrier dont Israël jouit depuis plus de trente ans? Parce que le Kremlin dispose maintenant d'armes dissuasives réelles, donc de type classique et qui suffisent à dissuader tout agresseur.

Il s'agit du tournant le plus décisif de l'histoire du monde depuis la bombe d'Hiroshima, parce que tous les Etats croyaient que l'arme nucléaire était dissuasive par nature et par définition et que l'Iran ne deviendrait inattaquable qu'à l'heure où il disposerait, lui aussi, de l'arme céleste des modernes, celle qui copiait le modèle onirique fourni par l'excommunication théologique du Moyen Age. Et voici que l'arme thermonucléaire se révélait aussi inutilisable que celle de l'Eglise, et voici que les armes dites conventionnelles prennent leur revanche sur celles de la foi sottement suicidaire, et voici que la mécanique rejoint la dissuasion utile, réaliste et qui décourage le Pentagone. Il a été pleinement démontré par la capture d'un drone américain en janvier 2012 dans le ciel de l'Iran et par l'installation de S300 en Syrie que des raids israéliens sur Téhéran exigeraient un ravitaillement irréalisable des attaquants au cours de leur vol d'approche et que la bombe perforante de quatorze tonnes fabriquée par les Etats-Unis ne percerait jamais soixante-dix mètres de roches et de béton.

La vraie révolution stratégique (Voir - La barbarie commence seulement , 6 février 2011) est celle du téléguidage précis de missiles supersoniques à longue portée. On assiste à l'ultime métamorphose des canons de Marignan : enfouis à une grande profondeur sous la terre et indétectables, ils permettent à la Chine de vaporiser à de grandes distances les plus gigantesques porte-avions de l'empire américain. En vérité, l'arme de la domination des mers, cette clé des empires de Neptune depuis la guerre du Péloponnèse gît au fond des océans depuis plus de trois ans.

Voilà ce que M. Barack Obama a murmuré dans le plus grand secret à l'oreille de M. Benjamin Netanyahou. Mais ce tournant de l'histoire orageuse du monde présente deux volets. Militaire, d'abord, puisque les armes à l'échelle humaine prennent efficacement la relève de l'arme d'une apocalypse fantasmée; théologique ensuite, puisque le sceptre du Livre d'Esther que brandissait le Savonarole du judaïsme lui est tombé des mains au cours de deux heures d'un entretien dramatique et sans témoins avec le Président des Etats-Unis . Du coup, la planète des orateurs du ciel nouveau a déjà pris un nouveau départ: la Chine, la Russie l'Inde et le Pakistan arment les nouveaux navigateurs de la géopolitique, les Christophe Colomb à venir. L'Europe manquera-t-elle son embarquement pour un destin qui lui ouvre les bras? Fera-t-elle déguerpir des cinq cents places fortes d'un empire étranger incrustée sur son sol?

9 - L'avenir cérébral d'Israël

Quand les verdicts que prononce la multitude à tous les carrefours décisifs du destin du monde auront été reconnus aveugles par nature et par définition, quand il aura été solennellement déclaré que seules les cervelles solitaires motorisent en profondeur l'histoire et la politique d'une espèce dont l'animalité s'est cérébralisée, il faudra se décider à bouleverser la hiérarchie convenue des intelligences et revenir à la source du syllogisme sacrilège de Socrate. Car ce philosophe découvrit le théorème de Pythagore de la philosophie occidentale, selon lequel la sottise se trouve nécessairement mille fois plus répandue que le savoir argumentée et que, par conséquent, il est irréfutable que leur nature même condamne les majorités à l'erreur.

Depuis lors, cette géométrie radicale a été partiellement rééquilibrée. Il n'est exclu ni que la bonne volonté et le grand cœur du plus grand nombre puisse tomber juste par une rencontre miraculeuse entre la candeur naturelle des peuples et des circonstances exceptionnellement favorables, ni que des élites rapaces et indifférentes au bien public tombent dans la sottise à leur tour.

On raconte cependant, ici ou là que les séraphins du syllogisme se raconteraient entre eux une étrange histoire: selon leurs prémisses: il subsisterait un espoir qu'Israël, ce champion à la retraite des cerveaux isaïaques, qu'Israël soudainement changé en sorcière de l'univers, qu'Israël métamorphosé en repoussoir et en épouvantail de la planète, qu'Israël réduit au rang de fossoyeur des idéaux politiques du monde remontera du gouffre à l'écoute de ses prophètes ressuscitatifs. Conséquence: ce peuple fournira de nouveau à l'intelligence de l'humanité les armes d'un défrichage et d'un décryptage de ses neurones les plus transcendantaux. Alors, la littérature, le théâtre, la science historique, la philosophie et l'anthropologie critique radiographieront l'encéphale périmé du singe d'autrefois et celui des Titans de la logique de demain.

Le 18 mars 2012



Samedi 17 Mars 2012

 

http://www.alterinfo.net/Israel-et-le-syndrome-d-Esther-Un-tournant-dans-la-politique-mondiale_a73148.html

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25 janvier 2012 3 25 /01 /janvier /2012 21:12
Un autre regard sur : Les cavaliers d'Allah, (et la conversion des peuples de l’Antiquité à nos jours.)

Dans la même rubrique:
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Dimanche 22 Janvier 2012 - 17:14 La Fatwa du siècle !


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Vincent Després Levard
Mercredi 25 Janvier 2012


Un autre regard sur : Les cavaliers d'Allah, (et la conversion des peuples de l’Antiquité à nos jours.)

Ils galopent sur la dune, le sable, la terre, les pierres. Tout jaillit en violentes bourrasques sous les coups des sabots. Ils sont cent, deux cent, trois cent cavaliers paraissant mille tant ils effraient, debout sur leurs étriers faisant tournoyer poussières, sabres, lances et étendards vers le ciel divin. Si rapides que celui qui les voit arriver à l’horizon ne leur échappe pas.

«Ô croyants! Combattez les incroyants qui vous entourent et qu’ils vous trouvent fermes. Et sachez qu’Allah soutient ceux qui le craignent» (Coran 9:123).
N'ont-ils pas écrasé, à 20 000 cavaliers, les 40 000 légionnaires de l’empereur byzantin Héraclius à la bataille de Yarmouk, rejoints par les 12 000 cavaliers légers arméniens et très bon chrétiens qui firent défection à Héraclius pour se ranger aux côtés des cavaliers d’Allah ? N’ont-ils pas à 30 000, disloqué en trois jours l’armée du Roi Perse Yadzgard III forte de 80 000 hommes ? N’ont-ils pas écrasé les Byzantins et les Vandales de Carthage, vaincu et converti les indomptables Berbères de L’Atlas ? N’ont-ils pas broyé l’empire Wisigoth ? N'ont-ils pas conquis Montpellier, Narbonne, Toulouse, tout bousculé jusqu’à Poitiers et au-delà jusqu’en Bourgogne ? N’ont-ils pas crevé l’Europe de Constantinople jusqu’aux portes de Vienne ? N’ont-ils pas régné de la Mecque à Jérusalem ? De Kaboul à Dakar ? Des Comores à Jakarta ? Leur Coran ne chante-t-il pas la guerre comme d’autres le font de l’amour ?

«Ô prophète! Lutte durement contre les mécréants et les hypocrites et sois inflexible avec eux. L’enfer sera leur demeure, un bien pauvre refuge, en vérité» (Coran 9:73).

L'on nous raconte à l'école que les cavaliers d'Allah pillaient tout, brûlaient tout, razziaient tout et convertissaient du tranchant de la lame… Pur fantasme transposant sur l’ennemi les pratiques de nos propres ancêtres d’alors ; les Gaulois, les Vandales, les Wisigoth, les Ostrogoth, les Vikings, les Bretons, les Burgondes, les Arvernes, les Francs, les Huns et les autres, hordes venues des steppes... Les cavaliers d’Allah semaient-ils la « terreur » comme le raconte les livres d’écoles? On a beau chercher des traces probantes, les preuves d’un grand carnage, l’histoire n’en conserve pas. Bien au contraire, semant leur culture, leur langage, leur civilisation scientifique partout aussi sûrement que le blé dans la plaine, faisant de chaque ville conquise un foyer et une nouvelle base de leur propre civilisation, rassemblant les peuples qu’ils libéraient de jougs barbares autour de l’idée d’un Dieu juste, libertaire, égalitaire et fraternel. Des révolutionnaires ! Le carnage et le pillage c’est une chose, La guerre de libération c’en est une autre.

« Ô les croyants! Lorsque vous sortez pour lutter dans le sentier d’Allah, voyez bien clair et ne dites pas à quiconque vous adresse un salut de paix : "Tu n’es pas croyant" convoitant les biens de la vie d’ici-bas. Or c’est auprès d’Allah qu’il y a beaucoup de butin. C’est ainsi que vous étiez auparavant; puis Allah vous a accordé Sa grâce. Voyez donc bien clair. Allah est, certes, Parfaitement Connaisseur de ce que vous faites. » (Coran 4 : 94)

Mais comment quelques dizaines de milliers de bédouins de l'an 700 auraient-ils pu convertir par la violence des millions d'hommes et de femmes et les maintenir sous leur joug aussi longtemps, à tel point qu'aujourd'hui les serviteurs d'Allah représentent le tiers de l'humanité ? Que reste-t-il des empires de Pharaon ? D’Alexandre ? De César ? De Napoléon et des empires coloniaux européens ?
Alors que l'immense empire spirituel du caravanier Mohamed et ses cavaliers perdure depuis 1400 ans, et résiste à tout au point de se développer encore aujourd'hui, nécessitant de nouvelles mosquées, dont certaines de 120 000 places ! Combien d'hommes pour une telle conquête en moins d’un siècle, à l’époque où la boussole n’existait pas car ils ne l’avaient pas encore inventée ? 20 000 contre l’empire Romain de Byzance, puis 30 000 contre l’Empire Perse, est-ce suffisant pour conquérir et dominer le monde connu ? Comment ont-ils fait ?
Si on remarque aujourd'hui que les États-Unis soutenus par une coalition mondiale ont fait se relayer plus d'un million cinq cent mille G.I pour conquérir et occuper l'Irak pendant dix ans, de terreur et de bombardements cruellement sophistiqués, avant d'en être éjectés, on est en droit de se demander comment quelques dizaines de milliers de bédouins ont fait pour tout conquérir et tout conserver à dos de chevaux et de dromadaires?

Quel est ce phénomène historique étrange, ce miracle, où un antique caravanier du 7ème siècle raconte un poème dans une nova-langue, l'arabe, puis l'impose de par le monde de manière rapide et immuable, produisant la première civilisation scientifique digne de ce nom, sur laquelle s’appuiera d'ailleurs la Renaissance occidentale ?

"Une lumière et un Livre explicite vous sont certes venus d'Allah"
(Coran 5:15).

« Recherchez la Science, jusqu'en Chine s’il le faut, car posséder la Science est un devoir qui incombe à tout musulman ».
(Hadith du prophète)

Ceux qui ont mécru, n'ont-ils pas vu que les cieux et la terre formaient une masse compacte? Ensuite Nous les avons séparés et fait de l'eau toute chose vivante. Ne croiront-ils donc pas ? (Coran 21:30)

Moïse ou Jésus ont-ils créé une langue civilisatrice et produit de la science profane avec ? Non, c'est absolument unique, au point qu'au 11ème siècle, les hordes Mongoles renversant tout de l'Orient musulman se convertirent à la religion du caravanier ! Ce qui bat en brèche la théorie de la conversion par l'épée pour expliquer le phénomène des conversions! L’Islam, combien de divisions ?

Pour tenter de comprendre le phénomène, il faut d’abord accepter de se débarrasser des mythes et des fantasmes véhiculés sur « l’ennemi, » depuis les antiques croisades jusqu’à l’actuelle guerre d’Afghanistan, en passant par le colonialisme et la guerre d’Algérie. Car la force, le courage, le nombre ou l’éventuelle cruauté des cavaliers d’Allah quels qu’ils furent n’expliquent pas comment cette religion sortie du désert s’est emparée et a unifié la moitié du monde. De leur cruauté supposée, au-delà du fantasme, l’histoire n’en trouve aucune trace sérieuse.
Bien au contraire… L'islam compte quatre types de « djihad » : par le cœur, par la langue, par la main et par l'épée. Le djihad par le cœur est appelé le « grand djihad » et celui par l’épée le « petit djihad. » en rentrant d’une victoire majeur et finale sur la Mecque, le prophète de l’islam a dit clairement.

« Nous rentrons du petit djihad pour entrer dans le grand djihad. »

Et c’est là une des clefs de la fulgurance et de la prégnance des ces conquêtes ; la « magnanimité » au vaincu doublé d’un système moral progressiste, libertaire, égalitaire et fraternel, universel en somme. Totalement révolutionnaire en ces temps où la barbarie et la razzia, la tuerie de masse, la destruction et le pillage aveugle prédominaient partout, même en Gaule et pour encore plusieurs siècles! « Malheur aux vaincus » criaient encore les romains en abaissant le pouce dans les « cirques » pour commander la mise à mort des gladiateurs blessés.
« Libérez les prisonniers qui auront appris à lire à dix de nos soldats » proclamait Omar, successeur de Mohamed, et conquérant à lui seul de Jérusalem, de Damas, de l’Iran, de l’Irak et de l’Egypte. Ou encore avant d’entrer sur une terre nouvelle :

« O Gens, quand vous faites la guerre ne trahissez pas, ne soyez pas assoiffés de vengeance, ne trompez point. Ne tuez ni enfant, ni vieillard, ni femme. Ne déracinez ni ne brûlez de palmiers, ne coupez pas d’arbres fruitiers. N’égorgez ni brebis, ni vache, ni chamelle que pour vous en nourrir. Et si vous passez près de gens occupés dans leurs églises, laissez les vaquer en paix à ce qu’ils font… » Omar.

«Nulle contrainte en religion: la vérité se distingue
clairement de l’erreur»
(Coran 2:256).

"Si ton Seigneur le voulait, sûr que les habitants de la terre croiraient tous jusqu'au dernier. Mais toi, peux-tu contraindre les gens à croire ?"  (Coran 10 :99) 

Ces troupes archaïques de bédouins magnanimes, emportées par une foi nouvelle et civilisatrice qui porte le nom de « Paix, » abattaient les sectes et les faux dieux, les clans, les tribus, les cités, les royaumes, les empires déliquescents, dans de terrifiantes charges et batailles rangées où ils rivalisaient de courage et de sacrifices pour plaire à Allah et apporter la victoire de « La Paix »  sans coup férir. La force ennemie écrasée et dispersée, ils entraient dans les villes sans violence, confiaient les affaires aux notables locaux, levaient un impôt plus léger que le joug précédent, et protégeaient la ville en retour. Il y eu bien sûr des excès et ce tableau idéal fut maintes fois corrompu, mais jamais de manière significative, et l’histoire ne garde pas mémoire de grands massacres du niveau des croisades très chrétiennes contre les mêmes musulmans, contre les cathares ou bien plus tard contre les protestants, les indiens d’Amérique ou les africains, où la conversion se fit souvent par le génocide barbare.
La prise de Jérusalem par Omar est en cela exemplaire d’humanité universelle, tandis que la prise de cette ville par nos ancêtres les croisés, trois siècles plus tard, se fit dans un grand carnage sans distinction entre musulmans, juifs et chrétiens, car tout ce qui était bronzé était passé au fil de l’épée !

Aucune conversions de masse par l’épée, car le musulman ne paye pas l’impôt de protection, et la conversion d’une seule ville faisait perdre des ressources importantes à la jeune armée en marche. Au point que certaines tribus nouvellement converties étaient maintenues dans l’impôt pour conserver la ressource qu’elles représentaient ! Il faut savoir aussi que les familles chrétiennes, juives ou autres qui donnaient un de leur fils aux cavaliers d’Allah, étaient exonérées de cet impôt, car prenant part à la défense de la cité et des marches du nouvel empire consacré au Dieu universel.

"Dieu a acheté des croyants leurs biens et leurs personnes pour qu'il leur donnât en retour le paradis ; ils combattront dans le sentier de Dieu, ils tueront et seront tués. La promesse de Dieu est vraie : il l'a faite dans le Pentateuque, dans l'Evangile, dans le Coran ; et qui est plus fidèle à son alliance que Dieu ? Réjouissez-vous du pacte que vous avez contracté, c'est un bonheur ineffable." (Coran 9 :112)

« Et ne discutez que de la meilleure façon avec les gens du Livre (Juifs et Chrétiens), sauf ceux d' entre eux qui sont injustes. Et dites: "Nous croyons en ce qu’on a fait descendre vers nous et descendre vers vous, tandis que notre Dieu et votre Dieu est le même, et c’est à Lui que nous nous soumettons ». (Coran 29 :29)

Au contraire des intérêts des conquérants magnanimes, les peuples soumis à ce maître libertaire, laissant pratiquer les cultes, incitant et innovant dans les sciences, protégeant les biens et les personnes et permettant leurs libres circulations sur un territoire immense et pacifié, se convertirent bien volontairement pour jouir du statut de citoyen assumé de cet empire autant temporel que spirituel, qui s’étendait sur le monde comme de l’huile renversée sur une table. Ainsi, à l’inverse de ce qui s’était fait dans toutes les civilisations précédentes, le statut de citoyen s’obtenait moins par la naissance et le privilège qu’il se décidait volontairement!

« Celui qui opprime un citoyen non musulman, qui lui retire ses droits, exige de lui plus qu’il ne peut supporter, et qui le contraint à une quelconque concession, je serai le défenseur de cet opprimé le jour du jugement dernier »
 (Hadith du Prophète)

«Dis: ô incroyants! Je n’adore pas ce que vous adorez. Et vous n’adorez pas ce que j’adore. Je n’adorerai pas ce que vous adorez. Et vous n’adorerez pas ce que j’adore. À vous votre religion, et à moi ma religion» (Coran 109:1-6)

«Et endure leurs paroles avec patience, et éloigne-toi d’eux avec noblesse et dignité. Puis laisse-Moi traiter seul avec ceux qui vivent dans l’aisance et nient la vérité – accorde-leur un bref répit»
(Coran 73:10–11)

La conversion forcée n’avait ni sens ni même intérêt pour les conquérants, mais imperturbablement les clans, les tribus, les cités se convertissaient par pans entiers, les uns après les autres au fur et à mesure que tombaient les despotes locaux. Ils soutenaient volontairement l’effort de guerre de ces cavaliers d’Allah que beaucoup considéraient comme de véritables libérateurs, des révolutionnaires faisant tomber les potentats barbares comme des dominos. Une sorte de révolution mondiale, ou de « printemps musulman ! ». Ce sont de ses proches Berbères qui livrèrent le repère de la Kahïna aux cavaliers d’Allah, Reine Berbère insaisissable et farouche résistante, leur faisant subir de lourdes pertes, empêchant leur pénétration en Afrique du Nord pour plusieurs années. Ce sont encore des Berbères devenus musulmans qui engagèrent de leur propre initiative la conquête de la péninsule ibérique tandis que les juifs qui y vivaient les accueillaient comme des libérateurs et s’engageaient à leurs côtés.

“ Vous venez tous d’Adam et Adam n’est que poussière: un Arabe n’a aucun mérite sur un non Arabe, de même un non-Arabe n’a de mérite sur un Arabe, ni un homme blanc sur un homme noir, ni un homme noir sur un homme de peau rouge, que par la piété. Le plus méritant auprès de Dieu est le plus pieux”.
(Hadith du Prophète)

"La piété ne consiste point en ce que vous tourniez vos visages vers le Levant ou le Couchant. Vertueux sont ceux qui croient en Dieu et au jour dernier, aux Anges, au Livre et aux prophètes, qui donnent pour l'amour de Dieu des secours à leurs proches, aux orphelins, aux nécessiteux, aux voyageurs indigents et à ceux qui demandent l'aide, et pour délier les jougs, qui observent la prière, qui font l'aumône. Et ceux qui remplissent les engagements qu'ils contractent, se montrent patients dans l'adversité, dans les temps durs et dans les temps de violences. Ceux-là sont justes et craignent le Seigneur." (Coran 2 :177)

« Ô êtres humains, Nous vous avons crées d’un homme et d’une femme, et Nous vous avons désignés en nations et en tribus, pour que vous vous entre-connaissiez ! Le plus noble d’entre vous, auprès de Dieu, c’est le plus vertueux ». (Coran 49 :13)

Tout le monde voulait marier sa fille à un cavalier d’Allah, ou épouser une de leurs femmes, espérant atteindre la noblesse, la richesse et la science de la nouvelle élite, mais pour cela, il fallait se convertir… Les conversions par amour furent éminemment plus nombreuses que les conversions par le sabre, ce qui est encore totalement valable aujourd’hui…Les bédouins d’origines venus d’Arabie, ces cavaliers d’Allah qui auraient égorgé le monde pour qu’il se convertisse, ont été dilués et dépassés par la conversion de l’humanité que recouvraient l’étendue de leurs conquêtes, et par la première civilisation universelle qu’ils engendrèrent ainsi.

Il y eu bien sûr des révoltes contre ces nouveaux maîtres, contre des hommes corrompus et des dynasties décadentes qui commirent crimes et parjures ignobles, mais jamais contre l’Islam adopté et défendu par tous comme un bien commun naturel, servant au contraire d’étendard aux révoltés ! Devenus eux-mêmes serviteurs et cavaliers d’Allah, plus que d’un mauvais maître!

Nul besoin de convertir par le sabre courbe des cavaliers d’Allah, l’enseignement et la pratique de la Loi Universelle suffisait. Sabre courbe qui d’ailleurs sera adopté plus tard par la cavalerie française de Bonaparte, converti lui-même à l’Islam dés qu’il mit le pied en Egypte en vainqueur... Un peu comme les Mongols avant lui au 11ème siècle. Ce ne sont pas les cavaliers d’Allah qui sont irrésistibles, c’est l’Islam. Le Coran.

L’Occident qui voit ses enfants se convertir par milliers aujourd’hui devrait réfléchir sur ce point, plutôt que se retrancher derrière des fantasmes primaires et éculés, ne reposant sur rien d’autre que la propagande nécessaire aux guerres actuelles pour le pétrole. La force de l’Islam c’est la paix, et non la guerre. C’est ce qui fit son succès au milieu des temps barbares et qui lui garde toute sa vitalité parmi les peuples du 21ème siècle.

Faut-il donner un seul exemple de la révolution sociale qui permit cet engouement quasi universel ? Dans l’antiquité et depuis la nuit des temps, les femmes veuves des guerriers étaient, en Orient comme en Occident, éloignées de la communauté et abandonnées, cloîtrées ou exploitées, échangées, vendues…
Contre cette horreur et pour rétablir la dignité et la prospérité de ces femmes injustement sacrifiées et méprisées, le Coran permit aux « muslimin, » suivant leur richesse, de prendre en charge d’une à quatre épouses, avec toute la responsabilité familiale coranique que cela impose, dont des droits de la femme inaliénables, totalement révolutionnaires à l’époque, comme par exemple la propriété, l’héritage ou le divorce, et un devoir impérieux d’égalité de traitement entre les épouses. Ça n’avait rien à voir avec la sexualité. C’était un devoir humaniste et un progrès social pour l’ensemble de la communauté qui s’en trouva rapidement renforcée par des familles nombreuses, cohérentes et puissantes.

“Le plus parfait des croyants est celui qui a la meilleure conduite. Les meilleurs d’entre vous sont ceux qui ont la meilleure conduite avec leurs femmes“ (Hadith du Prophète)

Il en était de même de la Loi coranique interdisant de tuer les filles à la naissance, pratique barbare courante dans toute l’humanité d’alors, ou encore, légiférant strictement sur le droit des orphelins, y compris à l’héritage. Des Lois aujourd’hui universelles, adoptées dans ses principes par l’ensemble de l’humanité.

"Et On demandera à la fillette enterrée vivante, pour quel péché elle a été tuée" (Coran 81 :8-9)

« Restituez aux orphelins leurs biens ; ne substituez pas le mauvais pour le bon. Ne consumez pas leur héritage en le confondant avec le vôtre ; c’est un grand péché ». (Coran 4 :2)

« Ceux qui mangent injustement des biens des orphelins ne font que manger du feu dans leurs ventres. Ils brûleront bientôt dans les flammes de l'Enfer. » (Coran 4 : 10)

« Il vous est interdit de recevoir en héritage des femmes contre leur gré. » (Coran 4 :19)

« …Epousez, comme il vous plaira deux, trois ou quatre femmes. Mais si vous craignez de ne pas être équitable, prenez une seule femme… ». (Coran 4/3)

Evidement que les femmes barbares poussaient les maris, les familles, les clans et les tribus à se convertir à l’Islam! Pas folles les guêpes !

Dis : "Venez, je vais réciter ce que votre Seigneur vous a interdit : ne Lui associez rien ; et soyez bienfaisants envers vos père et mère. Ne tuez pas vos enfants pour cause de pauvreté. Nous vous nourrissons tout comme eux. N'approchez pas des turpitudes ouvertement, ou en cachette. Ne tuez qu'en toute justice la vie qu'Allah a déclarée sacrée. Voilà ce qu’Allah vous a recommandé de faire ; peut-être comprendrez-vous." (Coran 6 : 151)

Et ce n’est pas par hasard si ce sont encore aujourd’hui les femmes qui se convertissent en majorité, souvent par amour pour un descendant des cavaliers d’Allah!

Les croyants et les croyantes sont alliés les uns des autres. Ils commandent le convenable, interdisent le blâmable accomplissent la salât, acquittent la zakat et obéissent à Allah et à Son messager. Voilà ceux auxquels Allah fera miséricorde, car Allah est puissant et sage.
(Coran 9 :71)

« Ne convoitez pas ce qu'Allah a attribué aux uns d'entre vous plus qu'aux autres ; aux hommes la part qu'ils ont acquise, et aux femmes la part qu'elles ont acquise. Demandez à Allah de Sa grâce. Car Allah, certes, est omniscient. » (Coran 4 : 32)

Faut-il dire aussi que le Coran est le premier livre abolitionniste de l’histoire ? Appelant à l’affranchissement des esclaves, accordant des droits à la justice à ceux qui seraient maintenus sous le joug et imposant des devoirs encore une fois très strictes à leurs maîtres, mettant leur place au paradis dans la balance s’ils ne les respectaient pas ! Faut-il rappeler que le premier « Muezzin » de l’histoire fut un esclave fraichement affranchi par le prophète lui-même ? Plus qu’une révolution, une civilisation, une religion !

" Rédigez un contrat d'affranchissement pour ceux de vos esclaves qui le désirent, si vous reconnaissez en eux des qualités et donnez-leur des biens que Dieu vous a accordés " (Coran 24 : 33).

" Dieu... vous punira pour les serments prononcés délibérément. L'expiation en sera de nourrir dix pauvres - de ce que vous nourrissez normalement votre famille- ou de les vêtir, ou d'affranchir un esclave " (Coran 5 : 89).

On verra ainsi des esclaves, les Mamelouks, prendre le pouvoir en Egypte, et être acceptés par le peuple car plus justes et moins décadents que leur prédécesseurs. Ces même cavaliers Mamelouks qu’écrasait Bonaparte à la bataille des Pyramides, mais qui pourtant le convertirent à l’Islam, et enfin intégrèrent sa Garde Impériale, servant la France jusque sur les grands champs de bataille européens, Austerlitz, la campagne de Russie, Waterloo…. Le garde du corps personnel de l’empereur des français était un authentique Mamelouk…Qui sait que dans ses mémoires de Sainte Hélène, il confirme et explique sa conversion à l’Islam? « J’espère que le moment ne tardera pas où l’Islam prédominera le monde, car il prédominera le monde. » prophétisait-il comme le meilleur des cavaliers d’Allah…« Les forces de l’esprit sont supérieures aux forces de l’épée » concédait alors Napoléon Bonaparte, « Empereur musulman des français, » au soir de sa vie.

Les conversions des peuples antiques perclus dans des sociétés barbares et archaïques étaient inévitables, la diffusion de l’Islam fut permise comme une évidence compte-tenu de la révolution humaniste, politique, sociale, scientifique, culturelle et universaliste qu’elle proposait au monde grâce à la foi, à la vaillance et à la magnanimité des cavaliers d’Allah.

Le génie conquérant de l’Islam fut, et est encore malgré son inanité militaire face aux assauts ultra-violents de l’Occident, d’être porté par une foi en un Dieu unique, omniprésent et omniscient dont chaque lettre du message coranique fait Loi supérieure aux vils intérêts et appétits des hommes qui s’en recommandent.
 
« Ô les croyants! Observez strictement la justice et soyez des témoins (véridiques) comme Allah l’ordonne, fût-ce contre vous-mêmes, contre vos père et mère ou proches parents. Qu’il s’agisse d’un riche ou d’un besogneux, Allah a priorité sur eux deux (et Il est plus connaisseur de leur intérêt que vous). Ne suivez donc pas les passions, afin de ne pas dévier de la justice. Si vous portez un faux témoignage ou si vous le refusez, [sachez qu’] Allah est Parfaitement Connaisseur de ce que vous faites. » (Coran 4 :135)

Ainsi le faible devait pouvoir se plaindre au puissant de ne pas bénéficier de la justice coranique, la femme et l’esclave obtenaient le droit nouveau pour l’humanité d’avoir accès aux tribunaux, et si l’injustice était reconnue selon les principes coraniques supérieurs et intangibles, le Sultan lui-même devait s’amender et faire respecter cette loi pour ne pas perdre la face et son crédit devant sa cour. En plus d’être « loi » et « morale, » le Coran était « constitution, » valable pour tous les citoyens de Cordoue à Samarkand.

"Adorez Dieu ! Ne lui associez rien ! Vous devez user de bonté envers vos parents, vos proches, le client qui est votre allié et celui qui vous est étranger ; le compagnon qui est proche de vous; le voyageur et vos esclaves. Dieu n'aime pas celui qui est insolent et plein de gloriole "
(Coran 4 :36).

La nuit barbare s’effaçait alors doucement devant l’aurore de la civilisation coranique. La nouvelle civilisation promouvait les connaissances et la science universelle, le monde s’en ressentit totalement changé au point qu’à sa décadence, lot de toute civilisation humaine, la « Renaissance » occidentale reprit l’essentiel de son œuvre pour faire entrer l’humanité dans l’ère moderne.

« L’encre du savant est supérieure au sang du martyr »
(Hadith du Prophète)

"Il y a deux personne qui ne seront jamais rassasiés, celui qui est à la recherche de la science et celui qui est à la recherche de l'ici-bas."
(Hadith du Prophète)

« Nous avons certes créé l'homme d'un extrait d'argile, puis Nous en fîmes une goutte de sperme dans un reposoir solide.  Ensuite, Nous avons fait du sperme une alaqah (sangsue, chose suspendue, caillot de sang), et de la alaqah Nous avons créé une moudghah (substance mâchée)... »  (Coran, 23:12-14)

« N'avons-Nous pas fait de la terre une couche?  Et placé les montagnes
comme des piquets? »
(Coran, 78:6-7)

Il est à noter qu’aujourd’hui les seigneurs de guerres occidentaux, les « cavaliers du pétrole, » reprennent les usages de l’époque barbare en faisant exécuter les chefs vaincus et leurs familles, Saddam Hussein, Oussama Ben Laden, Kadhafi et leurs suites. Détruisant les pays et la population qu’ils conquièrent au bombardier lourd. Opprimant les non-combattants, humiliant les civils. La « magnanimité musulmane » libérant Saint Louis perçut pourtant comme un barbare incendiaire de ce qui restait de la bibliothèque d’Alexandrie, est bien loin…

L’armée de l’Occident moraliste, US, UE, Israël et Otan, nouveaux conquérants barbares en Orient, se mettent sciemment et cyniquement au-dessus des lois universelles qu’ils prétendent représenter : Bible et Charte des Droits de l’Homme. Interdisant aux faibles de demander justice contre les crimes qu’ils commettent eux-mêmes.

« Et quand on leur dit : "Ne semez pas la corruption sur la terre", ils disent : "Au contraire nous ne sommes que des réformateurs ! " Certes, ce sont eux les véritables corrupteurs, mais ils ne s'en rendent pas compte. Et quand on leur dit : "Croyez comme les gens ont cru", ils disent : "Croirons-nous comme ont cru les faibles d'esprit ? " Certes, ce sont eux les véritables faibles d'esprit, mais ils ne le savent pas. Quand ils rencontrent ceux qui ont cru, ils disent : "Nous croyons"; mais quand ils se trouvent seuls avec leurs diables, ils disent : "Nous sommes avec vous; en effet, nous ne faisions que nous moquer d'eux".
(Coran 2 : 11-14)

Et au final déguerpissant rapidement avec armes et bagages comme des voleurs de poules en laissant derrière eux un pays exsangue, ruiné et plongé dans d’horribles guerres civiles, car n’ayant su apporter la paix ni gagner la bataille des cœurs comme les cavaliers d’Allah le firent. Au lieu d’apporter une civilisation ou un progrès quelconque, ils répandent la décadence, la violence et la destruction que véhicule leur propre société.
S’étonnant ensuite que l’Islam politique et révolutionnaire, en sort renforcé dans les cœurs et les esprits…Combien de GI convertis à l’Islam au retour de leurs campagnes en Orient ? Certes, les forces de l’esprit sont supérieures aux forces de l’épée…

Bien sûr, l'angélisme n'a pas sa part dans l'Histoire de l'Humanité ou de la Umma musulmane, et le monde n’est pas manichéen. L’Islam tout comme le christianisme, la France ou la démocratie aujourd'hui, furent et sont servies tantôt par des héros, tantôt par des criminels, corrupteurs et corrompus. La violence la plus abjecte et le comportement le plus barbare firent et font encore de nombreuses victimes et de grands crimes. La piraterie des « barbaresques » convertissait bien par l’épée les marins qui lui tombaient entre les mains, mais là encore il ne faut en rien généraliser, la capture, le respect de la foi et la libération de Saint Vincent de Paul le démontre. A cette époque, dans un camp comme dans l’autre, les prisonniers étaient généralement jetés par-dessus bord ou réduit à l’esclavage.
Mais il faut alors avoir l’honnêteté de reconnaître que cette violence barbare n'est pas du fait intrinsèque d’Allah qui réclame la Paix, la justice et la liberté pour les peuples, mais tout au contraire de son ignorance, ou sa corruption par des hommes vulgaires... Les pirates étaient des barbares non dégrossis et non des musulmans. Idem pour les voyous sans foi ni loi des banlieues, ce n'est pas le signe de « trop d'Islam » dans les banlieues, mais de son « ignorance » et de son « absence. » Pas assez de paix dans les cœurs et les esprits, pas assez d’éducation à la morale civilisatrice du Coran conduit vers la délinquance.

« Allah commande l'équité, la bienfaisance et l'assistance aux proches. Et Il interdit la turpitude, l'acte répréhensible et la rébellion. Il vous exhorte afin que vous vous souveniez. » (Coran 16 : 90 )

« …Ceux qui ne suivent que leurs passions sont causes de leur égarement et du vôtre… » (Coran 4 : 27)

« Les croyants et les croyantes se soutiennent mutuellement, ils incitent à ce qui est convenable et condamnent le blâmable »
(Coran 9 :71)

« Entraidez-vous dans la pratique du bien et de la piété et non dans celle du pêché et de l’injustice… » (Coran 5 :2)

« …Dieu n'aime pas celui qui est insolent et plein de gloriole… "
(Coran 4 :36).

De même, malgré les lois de la République Française interdisant le vol et le crime, il y a toujours eu des voleurs et des assassins. Ce n’est pas le résultat de « trop de République » mais bien « d’absence » de sens et d’esprit civique chez certains. On ne peut faire le procès aux « écritures, » Saintes ou Constitutionnelles, d’être corrompues par ceux qui s’en autoproclament les adeptes. C’est une erreur intellectuelle très grave. De même pour les juifs, le judaïsme magistral des Tables de La Loi ; « Tu ne tueras pas, Tu ne voleras pas » n’a rien à voir avec les grands crimes des sionistes contre l’humanité palestinienne. Il ne faut pas confondre « le texte » avec ce qu’en font ses corrupteurs ; ni le Coran avec Ben Laden, ni la Bible avec Georges Bush, ni la Thora avec Sharon, ni La Charte des Droits de l’Homme avec Sarkozy.
"C'est pourquoi Nous avons prescrit pour les Enfants d'Israël que quiconque tuerait une personne non coupable d'un meurtre ou d'une corruption sur la terre, c'est comme s'il avait tué tous les hommes. Et quiconque lui fait don de la vie, c'est comme s'il faisait don de la vie à tous les hommes" (Coran 5 :32)
« Commanderez-vous les bonnes actions aux autres pendant que vous vous oublierez vous-mêmes ? Vous lisez cependant le Livre ;
 ne comprendrez-vous donc jamais ?
(Coran 2 : 41)

Il faudrait que les citoyens d’ici et d’ailleurs prennent conscience que leurs valeurs et leurs systèmes de sociétés ne sont pas innés, et sans une défense stricte de la morale qui les ont bâtis, ils retourneront derechef à la barbarie d’où leurs aïeux les avaient sortis.

Halte au retour de la barbarie dont les « cavaliers du pétrole » sont aujourd’hui les meilleurs promoteurs, et dont les « cavaliers d’Allah » de jadis furent les meilleurs pourfendeurs. Que les corrupteurs du monde se méfient de les réveiller, et que les peuples sous le joug les rappellent !

« Et qu'avez vous à ne pas combattre dans le sentier d'Allah, et pour la cause des faibles : hommes, femmes et enfants qui disent : « Seigneur! Fais-nous sortir de cette cité dont les gens sont injustes, et assigne-nous de Ta part un allié, et assigne-nous de Ta part un secoureur. »
(Coran 4 : 71)

Faut-il conclure que cette extraordinaire diffusion de l’islam est moins du fait de la violence des cavaliers d’Allah que de leur bon comportement général généré par le pacifisme constitutionnel et universel du Coran, livre récité comme un poème par un incroyable caravanier ? Car il faut toujours le garder à l’esprit, ce ne sont ni la civilisation islamique ni les cavaliers d’Allah qui ont écrit le Coran, c’est tout l’inverse ! Par conséquent, du fait de l’immuabilité du Coran et de son message universel et intemporel, la conversions des peuples initiée il y a 1400 ans continueront avec ou sans cavaliers d’Allah.
Il semble que ce soit la conclusion qu’en tira l’illustre Lamartine, aussi je m’incline, et le laisse conclure cet essai que je vous remercie d’avoir lu jusqu’au bout !

"Jamais un homme ne se proposa, volontairement ou involontairement, un but plus sublime, puisque ce but était surhumain : Saper les superstitions interposées entre la créature et le Créateur, rendre Dieu à l'homme et l'homme à Dieu, restaurer l'idée rationnelle et sainte de la divinité dans ce chaos de dieux matériels et défigurés de l'idolâtrie... Jamais homme n'accomplit en moins de temps une si immense et durable révolution dans le monde, puisque moins de deux siècle après sa prédication, l’islamisme, prêché et armé, régnait sur les trois Arabies, conquérait à l'Unité de Dieu la Perse, le Khorasan, la Transoxiane, l'Inde occidentale, la Syrie, l'Egypte, l'Ethiopie, tout le continent connu de l'Afrique septentrionale, plusieurs iles de la méditerranée, l'Espagne et une partie de la Gaule.
Si la grandeur du dessein, la petitesse des moyens, l'immensité du résultat sont les trois mesures du génie de l'homme, qui osera comparer humainement un grand homme de l'histoire moderne à Mahomet ? Les plus fameux n'ont remués que des armes, des lois, des empires; ils n'ont fondé, quand ils ont fondés quelque chose, que des puissances matérielles, écroulées souvent avant eux. Celui-là a remué des armées, des législations, des empires, des peuples, des dynasties, des millions d'hommes sur un tiers du globe habité ; mais il a remué, de plus, des idées, des croyances, des âmes. Il a fondé sur un Livre, dont chaque lettre est devenue une loi, une nationalité spirituelle qui englobe des peuples de toutes les langues et de toutes les races, et il a imprimé, pour caractère indélébile de cette nationalité musulmane, la haine des faux dieux et la passion du Dieu un et immatériel...
Philosophe, orateur, apôtre, législateur, guerrier, conquérant d'idées, restaurateur de dogmes rationnels, d'un culte sans images, fondateur de vingt empires terrestres et d'un empire spirituel, voilà Mahomet. A toutes les échelles où l'on mesure la grandeur humaine, quel homme fut plus grand ?..." 
(Lamartine, Paris 1854)


Vincent Després Levard, le 16 janvier 2012.
Démocrate et Républicain, sans contrainte,
Converti à l’Islam en 1993, sans contrainte,
Élève en deuxième année de l’Université de l’Ignorance, sans contrainte !
fraternitesdesignorants@laposte.net

Bibliographie :
-« Les croisades vues par les arabes » d’Amin Malouf.
-« La Bible, le Coran et la Science » de Maurice Bucaille.
-« La lumière d’Allah brille sur l’occident » de Sigrid Hunk
-« La tradition chevaleresque chez les arabes » de Wacif Boutros Ghali.
-« Que dit vraiment le Coran » Dr Al Ajami
- Revue « Trois Mondes, » « Cours de l’Université de l’Ignorance, » et « Opinion amazigh » d’Abdelkader Rahmani
-« Le Coran » d’Allah !

http://www.alterinfo.net/Un-autre-regard-sur%C2%A0-Les-cavaliers-d-Allah-et-la-conversion-des-peuples-de-l-Antiquite-a-nos-jours_a70228.html

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19 janvier 2012 4 19 /01 /janvier /2012 20:45
La chose la plus difficile au monde est de suivre à la trace n'importe quelle idée jusqu'à sa source. " ( Edward Mandell HOUSE )
AUX SOURCES DU CHAOS MONDIAL ACTUEL, Aux sources du sionisme : X - La chimère du "Grand Israël"

" La violence ne vit pas seule, elle est incapable de vivre seule : elle est intimement associée par le plus étroit des liens naturels au mensonge. La violence trouve son seul refuge dans le mensonge, et le mensonge son seul soutien dans la violence."

Final du discours de remerciement écrit par Alexandre Soljenitsyne à l'occasion de la cérémonie au cours de laquelle devait lui être remis le prix Nobel.

 

Parmi les multiples couches de tuniques mythologiques qui se sont superposées au cours des siècles jusqu'à former l'oignon compact de la puissante fiction du sionisme, je vais essayer d'extraire et d'analyser la plus juteuse des volutes mensongères, la source de l'édifice sioniste et la cause principale de la violence inouïe exercée sur le terrain à l'encontre du peuple autochtone, à savoir le mythe d'un "grand Israël", gros cadeau de leur divinité personnelle et que les sionistes d'aujourd'hui rêvent de reconquérir en se ré - appropriant "leur" terre, "leur" patrie rêvée.

Jamais le jugement du grand écrivain russe n'a trouvé un plus juste terrain d'application que celui de l'idéologie sioniste et notamment dans la volute rappelée ci-dessus de la mythologie alliacée. C'est, en effet, dans le terreau du double mensonge historique d'une fiction déguisée en religion que le sionisme politique plonge de profondes racines auto-légitimantes. Les mensonges martelés dans toutes les langues de la terre par le groupe humain qui s'est auto-proclamé "peuple élu", ont fini par s'incruster dans les cervelles desdits "élus" et ont même fini par contaminer d'autres cervelles. Répétés de génération en génération, ils sont parvenus à en éliminer tout esprit critique sur les origines et l'incongruité de la mythologie fondatrice.

En effet, et parallèlement à ceux des "élus", ces pieux mensonges paralysent les neurones des "non-élus", lesquels, par ignorance, par esprit moutonnier, par intérêt, par peur des représailles, ont fini par intérioriser, eux aussi, la fiction biblique revue et appliquée aujourd'hui par les sionistes avec une violence délivrée de toute inhibition, de toute humanité et de toute retenue juridique ou politique, puisque jamais critiquée ou sanctionnée. Comme l'écrivait Mark Twain: "La vérité n'est pas difficile à tuer. Un mensonge bien présenté est immortel - A truth is not hard to kill. A lie told well is immortal." (écrivain américain, 1835-1910)

 

1- Quand et dans quelles circonstances est né le rêve du "Grand Israël"?
2 - Qu'est-ce qu'une "alliance"?
3 - Les coulisses du théâtre biblique
4 - Le rôle du principal rédacteur du scénario

5 - Comment ressusciter le dieu Jahvé?
6 - Les conditions de l'existence d'un dieu dans l'histoire
7 - Avantages et inconvénients politiques du fanatisme religieux
8 - Les créateurs de dieux
9 - Les héroïques explorateurs des coulisses du théâtre religieux
10 - Les frontières d u " Grand Israël "
11 - Israël , un Etat-Chimère

 
 
1- Quand et dans quelles circonstances est né le rêve du Grand Israël?
 

Lorsque les scribes judéens exilés au bord de l'Euphrate, après la conquête de la Judée par le roi Nabuchodonosor, imaginèrent l'épisode de leur fiction dans lequel un personnage mythique - Abraham - était le héros principal, ils lui prêtèrent un rêve fabuleux dans la narration intitulée Genèse. C'est ainsi qu'au cours d'un "profond sommeil" (Gn 15,12), le héros eut "une vision" (Gn 15,1). De plus, il entendit une voix, qu'il attribua à son dieu, laquelle lui proposait une "alliance" (Gn 15,18).

"Quand le soleil fut couché, il y eut une obscurité profonde; et voici, ce fut une fournaise fumante, et des flammes passèrent entre les animaux partagés. En ce jour-là, l'Eternel fit alliance avec Abraham." (Gn 15, 17-18)

Tous les hommes rêvent; pénétrer le sens des rêves a, depuis l'origine des temps, fasciné l'humanité, notamment, on le comprend aisément, ceux des puissants, en raison des conséquences politiques qui en résultaient. En effet, loin des interprétations sexuelles qui ont envahi un post-freudisme contemporain mal digéré, les humains y voyaient, dans l'antiquité, une forme de prémonition, d'irruption directe des dieux dans la politique. Ils utilisaient ce stratagème afin de délivrer incognito un message aux dirigeants du monde. C'est donc au moyen des rêves que les dieux dévoilaient aux vivants leur avenir. Mais comme ce message était rarement limpide, il s'agissait de le décoder. Cette activité capitale et subtile était confiée à des devins, dont le rôle politique qu'ils exerçaient auprès des rois en faisait les personnages les plus influents de la cour. De même, les Grecs de l'antiquité croyaient que l'éternuement signait la présence, à cet instant-là, d'un esprit divin.

Il n'est donc pas étonnant que les rédacteurs de la Genèse aient utilisé le stratagème d'un rêve comme véhicule de l'action de leur dieu, ce procédé, banal à l'époque, permettait de délivrer un message d'une manière jugée convaincante par tout le monde.

Si l'on s'en tient au contenu du texte de la Genèse, on apprend donc qu'un dieu venait d'intervenir dans les affaires d'un peuple qui n'existait pas, puisque le vieillard centenaire gratifié par ce rêve n'avait pas encore de descendants et que c'est à cette descendance potentielle et putative qu'était destiné le gros cadeau territorial.

Rembrandt, Portrait d'Abraham, détail.

2 - Qu'est-ce qu'une alliance?

Faire "alliance" avec un être supposé omnipotent est un ressort littéraire utilisé par de nombreux auteurs dans les fictions romanesques. Ainsi, dans La Guerre du feu, l'auteur nous fait assister à une sorte de voyage initiatique de trois messagers, partis affronter la fureur d'un monde sauvage, afin de reconquérir le précieux Graal de la tribu des Oulhamrs. En effet, les cages dans lesquels le feu était conservé avaient été détruites durant un sanglant affrontement avec une tribu voisine et les Oulhamrs vaincus et décimés, privés de leur source de vie, se trouvaient réduits à un sort pitoyable.

Lorsque, dans leur quête, les vaillants guerriers croisent un troupeau mammouths, l'astucieux Naoh et ses deux compagnons, poursuivis par un groupe de féroces humanoïdes auxquels ils ont réussi à voler les précieuses constructions de pierre plates, ils choisissent de se mettre sous la protection d'une sorte de dieu de la nature. Il s'agit, pour eux, de signer une manière de pacte d' alliance avec le grand mammouth en chef du troupeau, en lequel ils voient le maître de tout ce qui vit sur la terre, en d'autres termes, un dieu. En signe d'humble allégeance et de reconnaissance de son pouvoir, Naoh offre à la puissante divinité poilue un gros tas soigneusement lavé des délicieuses racines souterraines de nénuphars, dont il avait observé que la grosse bête en raffolait. Pour consolider l'alliance, il renouvelle chaque jour son hommage.

 

Grand mammouth laineux, représenté dans la grotte de Rouffignac en Dordogne

 

L'alliance est donc une sorte de pacte commercial établi, soit entre égaux, soit entre un féal et son seigneur. Dans toute alliance existe un échange: dans le roman de Rosny aîné, on comprend que, séduit par l'offrande quotidienne de racines de nénuphar, le dieu mammouth en vient à protéger les guerriers Oulhamrs et ira jusqu'à écrabouiller sous ses grosses pattes velues leurs cruels ennemis.

Quid de l'échange dans l'alliance proposée à un personnage nommé Abraham par le dieu Jahvé dans la fiction biblique? On voit que, dans le récit de la Genèse, l'initiative en revient au dieu, lequel choisit de se manifester pendant le sommeil du rêveur et alors que ce dernier, avant de s'endormir, avait bien procédé au classique sacrifice d'animaux rituellement coupés en deux par le milieu - "partagés", dit le texte - c'est-à-dire qu'il avait offert à sa divinité l'équivalent du gros tas de racines de nénuphars que les guerriers Oulhamrs offraient au dieu mammouth.

Lors de son apparition durant le rêve, le dieu prend la précaution de décrire minutieusement son cadeau afin d'en faire saisir toute l'importance au bénéficiaire, le tout soigneusement enveloppé dans le scientillant papier-cadeau, si je puis dire, du halo impressionnant d'une "fournaise fumante" et de "flammes", mise en scène aussi éblouissante que terrifiante, digne de tout dieu qui se respecte et soucieux de manifester sa puissance par des phénomènes météorologiques impressionnants.

"Je donne ce pays à ta postérité, depuis le fleuve d'Égypte jusqu'au grand fleuve, au fleuve d'Euphrate, le pays des Kéniens, des Keniziens, des Kadmoniens, des Héthiens, des Phéréziens, des Rephaïm, des Amoréens, des Cananéens, des Guirgasiens et des Jébusiens." (Gn 15,18).

 

Eretz Israël , carte de 1695

 

3 - Les coulisses du théâtre biblique

Pour comprendre le sens de la scène décrite ci-dessus, il faut s'arracher à l'avant-scène du grandiose spectacle de l'épopée et à la fascination qu'exerce sur les esprits le contenu du récit brillamment collationné et mis en forme à partir de bribes de légendes et de récits empruntés aux mythologies égyptienne et mésopotamienne. Réécrits, recomposés et globalement unifiés en dépit d'un certain nombres de contradictions résiduelles, les récits ont été adaptés à la mentalité et au type d'éloquence que permettait la langue sémitique, ainsi qu'au mode de fonctionnement psychologique de la population à laquelle il était destiné.

Ainsi, lorsque les documents existent, il est instructif d'observer la manière dont se fait le passage de la réalité historique à la fiction biblique. J'ai montré, par exemple, dans le chap. II ( L'invention des notions de "peuple élu" et de "terre promise" , § 3) comment un document assyrien (Cylindre de Taylor) concernant le siège de Jérusalem du temps du roi Ezéchias s'était trouvé transsubstantifié en termes bibliques dans 2R 18, 13-16 près de deux siècles plus tard par les rédacteurs lors de l'exil à Babylone. La métamorphose de la réalité historique est encore plus spectaculaire avec l'Edit de Cyrus, par le scribe Esdras dans Esdras, 1,1-5, que j'ai décrite dans le chap.IV, (Comment le cerveau d'un peuple est devenu un bunker , § 6-7). L'imaginaire à l'état pur est à l'oeuvre lorsqu'aucun document ne peut servir de point de départ à la métamorphose en texte théologique.

Or, dans la mesure où c'est sur la pierre d'angle de la fiction biblique interprétée dans le sens le plus concret et le plus grossier - à savoir la fiction de la propriété de la terre de Palestine attribuée à une tribu spécifique en vertu d'une décision de leur propre dieu - que le peuple autochtone est la victime d'une violence inouië depuis des décennies, il est capital de de tenter de déconstruire le mythe prétendument fondateur de la légitimité morale et politique des conquérants-colonisateurs accourus du monde entier.

Grâce la publication des travaux très importants d'audacieux exégètes, de linguistes et d'archéologues contemporains, cette entreprise est enfin devenue possible. Elle permet de plonger sans risques excessifs dans la fosse d'orchestre et d'explorer les coulisses du théâtre biblique à la recherche des cordes, des poulies, des jeux de lumière et de toute la machinerie sonore qui rendent la représentation tellement brillante et convaincante qu'elle semble plus vraie que le vrai. Il en est ainsi de toute représentation théâtrale réussie, dont on sait qu'au théâtre, la vérité est une vérité de théâtre.

4 - Le rôle du principal rédacteur du scénario

Il s'agit donc d'abord de rechercher les auteurs du récit, lequel n'est évidemment pas tombé de la stratosphère, et d'analyser les conditions dans lesquelles celui-ci a été rédigé, puis porté à la connaissance des fidèles de ce dieu.

J'ai décrit dans le chapitre IV ( Comment le cerveau d'un peuple est devenu un bunker (§ 10 à 14) le retour d'un Esdras pathétique rassemblant sur le parvis d'un temple grossièrement remis en état, la maigre population des exilés revenus en Judée, auxquels se sont joints des groupes de pauvres hères demeurés sur place et que Nabuchodonosor n'avait pas jugés dignes de figurer dans le groupe des déportés. C'est à ce public de gens simples et ignorants que le scribe Esdras a lu, pour la première fois, et à la suite, la totalité des cinq Livres du Pentateuque ou Thora, c'est-à-dire la Genèse, l'Exode, le Lévitique , les Nombres et le Deutéronome, seul livre dont certains Judéens connaissaient une première version depuis le règne du roi Josias.

Il est, en effet, désormais établi que la rédaction du texte de la Genèse est postérieure à la grande défaite l'armée judéenne à Meggido et à la mort du roi Josias, le grand réformateur du javhisme, qui avait imposé et codifié officiellement un premier état du culte de ce dieu à l'intérieur de son petit royaume.

Or, depuis le grand désastre de Meggido, le dieu Jahvé est en perdition. Conformément à l'esprit de l'époque, la déroute d'une armée était vécue comme le signe de l'impuissance du dieu, qui était censé combattre à sa tête. C'était donc, dans l'esprit des populations de l'époque, le dieu Jahvé lui-même qui, à la tête de l'armée de Josias, avait été vaincu par le dieu égyptien, lequel avait permis la victoire de l'armée du pharaon Nechao II sur les troupes de Josias.

A la suite de cette défaite, les Judéens dépités et furieux d'avoir un dieu aussi faible, aussi peu fiable et aussi ingrat à l'égard d'un roi qui avait tant fait pour son culte, étaient retournés au culte d' idoles multiples et le royaume de Juda, auquel le roi Josias avait donné un éclat et une unité politiques tels qu'il n'en connut plus jamais de semblables durant sa courte existence, était tombé, avec le règne des successeurs incapables de ce roi, dans une décrépitude politique de plusieurs décennies dont la puissance babylonienne a su profiter.

En effet, toute l'œuvre théologico-politique de Josias, le véritable instaurateur du jahvisme, était détruite, le temple inauguré par Ezéchias - et non par Salomon - et embelli par son arrière-petit fils, Josias, avait été mis à sac et son trésor avait pris, lui aussi, le chemin de Babylone. La destruction de Jérusalem signait la fin de l'indépendance du petit royaume de Juda qui devint la province perse de Yehoud, selon la terminologie araméenne et les Judéens furent désormais nommés Yehoudim, ce qui fut traduit par Juifs.

J'ai détaillé dans le chap. II ( L'invention du "peuple élu" et de la "Terre Promise" ) les circonstances de l'immense drame politique et théologique que fut la prise de Jérusalem par Nabuchodonosor et le transport à Babylone de l'élite des habitants du royaume de Juda, à savoir le roi, sa famille, les fonctionnaires du temple et tous les artisans, notamment ceux qui étaient spécialisés dans la métallurgie et le travail des métaux, dont le nouvel empire avait un urgent besoin afin de renforcer son armée.

Le vide n'avait évidemment pas tardé à être comblé par une immigration de populations des cités environnantes, arrivées avec leurs dieux particuliers et qui ont ajouté, comme il était d'usage à l'époque, le culte du dieu local à leur panthéon, ce que a conduit la religion de la petite Judée à un polythéisme de fait, et l'a ramenée à une situation antérieure à la première réforme religieuse hénothéiste du roi Ezéchias.

 

Idole assise représentant sans doute la Grande Déesse Mère, Lac de Gennesareth (Tibériade) - 6000 av. JC

Durant cette période, le dieu Jahvé, noyé au milieu d'une foule d'autres collègues, avait bien failli se trouver relégué, à l'instar de ses célestes contemporains, dans les oubliettes de l'histoire. L'exil à Babylone signait l'acmé de sa déroute, puisque cette fois, Jérusalem était en ruines, le temple rasé et la société du petit royaume entièrement décapitée. C'était, pour les Judéens, une catastrophe équivalente à la perte des précieuses cages de pierres plates dans lesquelles les primitifs Ouhlamrs entretenaient les braises de leur source de vie.

5 - Comment ressusciter le dieu Jahvé?

Il s'agissait donc pour les scribes-lévites exilés à Babylone de rafistoler les cages de pierres plates, de ranimer les braises de la tribu et de tenter de ressusciter le dieu vaincu et moribond. Ils s'y employèrent avec ardeur et le succès que l'on sait. C'est à cette occasion que le Deutéronome, rédigé du temps de Josias, a subi une manière de toilettage théologique afin de l'intégrer aux quatre premiers livres du Pentateuque - ou Thora dans la terminologie du judaïsme - et que le Deutéronome rénové prit place en cinquième position.

De nombreux rédacteurs s'attelèrent à cette tâche, comme en témoignent les différents styles d'écriture dont on peut suivre la trace dans les chapitres successifs.

Ils entreprirent, dans le chapitre intitulé Genèse, de tout reprendre à zéro et se mirent en devoir d'expliquer l'origine de l'humanité, autrement dit, celle du peuple hébreu - ce qui, dans leur esprit, était une seule et même chose, puisque seuls les Hébreux étaient, à leur yeux, des "hommes". D'ailleurs, le Talmud l'exprime avec la délicatesse qui caractérise une multitude de ses jugements: "Les Israélites seuls sont appelés hommes, mais les idolâtres , auxquels appartiennent les chrétiens, qui adorent une idole, viennent de l'esprit impur et sont appelés cochons". (Jalqût Reûbeni, 10b.) Dans l'ensemble des recueils regroupés sous le nom de Thora, le destin du reste de l'humanité ne fait en aucune manière partie des préoccupations des scripteurs. Les peuples environnants ne sont cités qu'en tant qu'ennemis à vaincre, à exterminer, à piller ou à utiliser.

Dans l'Exode, les rédacteurs de l'exil babylonien reprirent le récit d'évènements qui figuraient déjà dans le texte rédigé par les lévites du temps du temps du roi Josias, mais ils y ajoutèrent des variantes, ce qui explique les innombrables doublons et les contradictions entre les récits d'un même évènement, comme par exemple le récit des rencontres de Moïse et de Jahvé ou des entretiens qui leur sont attribués.

Comme ces rédacteurs étaient des fonctionnaires du culte, ils s'employèrent, dans le Lévitique, à codifier leur propre rôle futur. C'est ainsi que figure dans ce texte une interminable et minutieuse énumération des actes sacerdotaux, des devoirs et des privilèges des prêtres - les lévites - ainsi que celle des obligations des fidèles. Afin de plaire au dieu Jahvé, tout le monde était contraint de se plier à un rituel soigneusement élaboré. En somme, il s'agissait de renouveler quotidiennement et selon des règles strictement établies, le gros tas de racines de nénuphars à offrir en hommage au céleste mammouth en chef et de bien préciser comment les laver et les présenter afin qu'elles fussent agréables aux papilles du maître du monde. Apprivoisé par les hommages de sa tribu bien-aimée, le dieu serait prêt, lorsque la nécessité se ferait sentir, à écraser de ses grosses pattes velues tous les ennemis de ses chouchous.

Dans le quatrième et dernier chapitre ajouté, les Nombres, les interminables listes généalogiques, les dénombrements et les recensements des Israélites de sang pur manifestent l'esprit de clan et de ségrégation d'une petite tribu exilée, repliée sur elle-même et obsédée par la non pollution des lignées. Le ver était introduit dans le fruit. La pulsion d'une mise en évidence de la nécessité de maintenir la pureté raciale des familles inaugurait la politique drastique de purification ethnique qui sera mise en application d'une main de fer par les grands épurateurs que furent Esdras et Néhémie lors de leur retour à Jérusalem, comme je l'ai décrit ci-dessus. Elle n'a jamais cessé d'obséder les fidèles de ce dieu.

Son application sur le terrain par Esdras et Néhémie a été d'autant plus facilement couronnée de succès que le petit peuple demeuré sur place, privé de ses cadres royaux et sacerdotaux, a vivoté misérablement pendant un demi-siècle et n'avait pas les moyens de résister psychologiquement à des lois présentées par des envoyés de l'empereur et des sortes de porte-parole de la divinité. Néhémie, devenu un important fonctionnaire à la cour de Babylone représentait officiellement l'empereur Artaxerxès. Il était ce qu'on appellerait aujourd'hui un "homme d'influence", comme le fut l'Attali de M. Mitterrand ou le Gaino de M. Sarkozy. Tel un envoyé de l'AIPAC américain ou des riches banquiers de la City de nos jours, il est arrivé dans la province misérable et ruinée les poches pleines d'argent, de cadeaux et de promesses. Les moyens financiers dont l'avait gratifié l'empereur Artaxerxes se sont révélés de nature à renforcer considérablement la puissance de conviction des arguments théologiques d' Esdras.

L'actuelle politique de ségrégation raciale de l'Etat d'Israël se situe donc dans continuité directe des écrits babyloniens et les Palestiniens en vivent quotidiennement les conséquences pernicieuses.

6 - Les conditions de l'existence d'un dieu dans l'histoire

Dans l'alliance dont les Judéens ont appris l'existence par la bouche d'Esdras - en même temps que celle du lointain ancêtre auquel ils devaient cette faveur - que recevait le dieu en échange de son cadeau territorial? Quel plat délectable les supposés descendants du dépositaire de la promesse surnaturelle faite au rêveur offraient-ils à leur dieu à ce moment-là de leur histoire?

Ils lui offraient l'essentiel, la condition absolue pour qu'un dieu puisse continuer à jouir d'une existence politique, donc historique, à savoir leur fidélité et leur adoration.

En effet, qu'est-ce qu'un tyran sans vassaux sur lesquels exercer sa tyrannie? Qu'est-ce qu'un dieu sans fidèles et sans manifestations concrètes de leur adoration? Lorsque plus personne n'a adoré Mardouk, Mardouk est mort. L'adoration des fidèles est l'oxygène des dieux. Lorsque le dieu chrétien a capturé les fidèles de Jupiter, Jupiter est mort, Isis, Osiris, Amon Râ n'ont plus de fidèles, Mardouk n'a plus d'adorateurs, Odin, Wotan, Frija, gisent au fond des mers glacées du septentrion, Camos, Melqarth, Hadad, Baal, tous ces collègues de Jahvé, qui régnaient en maîtres sur les cités voisines de la Judée, ont même totalement disparu de la mémoire des hommes. Les Cananéens n'ont pas eu l'imagination assez fertile pour se faire attribuer leur territoire par Camos.

C'est la foi des fidèles et l'organisation concrète du culte qui fournissent aux dieux les conditions de leur existence. C'est donc à Babylone que furent mises au point les conditions de la renaissance du dieu Jahvé et que les lévites-notaires rédigèrent les clauses du contrat de l'"alliance" renouvelée entre le dieu et les Judéens. Les rédacteurs de l'exil ont exprimé dans ces textes leur propre vision de l'avenir de la communauté judéenne et institutionnalisé les formes fondamentales du nouveau et véritable monothéisme juif. Le polythéisme qui sévissait encore avant l'exil fut définitivement banni. C'est à Babylone et durant le demi-siècle de l'exil que le groupe de Judéens semble avoir rompu de façon définitive avec le culte des cippes et des dieux locaux.

En revanche, l'organisation de la séduction - ou de la corruption - de la divinité fut, dans le nouveau jahvisme soigneusement organisée. En effet, les pactes ou les alliances étaient, dans toutes les religions, accompagnés d'offrandes ou de sacrifices solennels au cours desquels des animaux de boucherie en grand nombre était égorgés. Les Judéens ont maintenu cette tradition. Les animaux étaient coupés par moitié et l'on disposait les moitiés en face les unes des autres. Un feu mystérieux censé circuler au milieu des bêtes dépecées signalait l'acceptation par la divinité de l'offrande et du pacte. C'est ainsi que dans l'épisode de la Genèse cité ci-dessus et décrivant le songe d'Abraham, "des flammes passèrent entre les animaux partagés", ce qui signifiait donc que le dieu Jahvé avait agréé le sacrifice et en était satisfait. "Ce jour-là, l'Eternel fit alliance avec Abraham." (Gn 15, 17-18)

Mais on n'imaginait pas qu'il pût ne pas y avoir réciprocité et que le dieu serait assez méchant, assez intéressé et assez glouton pour dévorer la viande sans rien donner en échange. C'est pourquoi les scribes de l'exil babylonien avaient signifié que l'alliance avec leur dieu se trouvait scellée par l'octroi d'un gigantesque territoire. De même que pour un sans-abri avoir un toit à soi constitue le rêve le plus précieux, un groupe humain déraciné, déplacé de force, ne trouve rien de plus précieux à désirer qu'une patrie, et une patrie puissante, riche, capable de s'opposer aux empires environnants. On comprend donc aisément que les Judéens exilés se soient fait attribuer par leur dieu la propriété d'un vaste territoire, source de richesse et garant de leur sécurité future.

Le texte de la Genèse lu par Esdras au peuple rassemblé devant le Temple constituait en quelque sorte l'acte notarié officiel qui scellait à la fois la possession de la terre et la renaissance dans l'histoire d'un dieu qui avait failli disparaître corps et biens. Ce cadeau effaçait le handicap psychologique qu'avait représenté la défaite de Meggido, la mort du roi Josias, la destruction du temple et la déroute de l'exil. Tout en retrouvant le privilège de compter de nouveau des fidèles ardents, sans l'existence desquels il serait mort le dieu Jahvé les retrouvait enchaînés comme ils ne l'avaient jamais été auparavant par un câblage de règles et d'obligations impératives dont ce peuple ne devait plus jamais sortir.

7 - Avantages et inconvénients politiques du fanatisme religieux

Le fanatisme ritualiste instauré à Babylone fut, durant les cinq siècles qui suivirent, la source de la renaissance et de la cohésion de la société judéenne. Sans la poigne de fer des religieux, appelés zélotes ou pharisiens, l'exil en Babylonie aurait signé l'arrêt mort du dieu Jahvé et la disparition de la société judéenne qui se serait fondue dans les nombreuses ethnies voisines - les Cananéens, les Philistins, les Egyptiens, les Perses, les Assyriens, les Hyksos et plus tard les Grecs et les Romains qui avaient occupé le territoire durant plusieurs millénaires avant l'arrivée tardive - vers -1 100 - de tribus d'Hébreux. Les chaînes religieuses ont soudé l'ethnie reconstituée après le retour des exilés.

Mais l'expérience historique démontre que le fanatisme religieux fut la cause profonde de la décadence politique de la province et finalement de sa disparition comme acteur autonome dans l'histoire. Il fut, en effet, à l'origine de tous les grands malheurs qui, avec une régularité stupéfiante, frappèrent le groupe et empêchèrent ce peuple de prendre réellement racine en Palestine et d'habiter, au sens chtonien, la terre qu'il avait conquise environ un millénaire avant notre ère.

En effet, des révoltes périodiques des des fanatiques religieux émaillèrent à intervalles quasi réguliers l'histoire de la Judée, provoquant à chaque fois une catastrophe sociale et la destruction du pays. Les plus connues sont celles de Judas Maccabée en -162 contre les conquérants grecs à la suite de l'édification d'un autel dédié à Zeus au coeur du temple de Jérusalem.

Représentation de Judas Maccabée

 

Puis vint la grande révolte de 66 à 73 contre l'empire romain suscitée une fois de plus par les Pharisiens et qui aboutit à une guerre meurtrière de quatre années contre les légions de Titus qui assiégèrent, pillèrent puis détruisirent Jérusalem et le temple d'Hérode en 70, ainsi que les places fortes de Gamla et de Massada.

Malgré l'opposition du clergé officiel, une troisième révolte religieuse suscitée par le fanatique Simon Bar-Kokhba, un temps considéré par les juifs comme leur messie, souleva le peuple en 132 contre l’empereur romain Hadrien qui avait cru pouvoir construire un édifice dédié à Jupiter sur l'emplacement du temple. Il fallut deux ans de guerre acharnée et l'envoi de douze légions pour que les Romains parvinssent à venir à bout de la rébellion.

On pouvait appliquer à la capitale de la Judée la célèbre phrase de Caton l'ancien légèrement modifiée: Cartago delenda est (Carthage doit être détruite). Cette fois, Ierusalem deletta est, Jérusalem était détruite. Cette défaite signait la fin de la présence des juifs à Jérusalem, désormais interdits de séjour dans la ville, qui fut rasée sur ordre d'Hadrien. L'empereur fit édifier sur le site une ville romaine, Ælia Capitolina. Mais les juifs n'étaient pas chassés de l'ensemble de la province, seule la capitale leur était interdite. Néanmoins, c'est à partir de ce moment qu'est né le mythe d'un "peuple juif chassé de la totalité de sa patrie" et condamné à errer dans le monde.

Bas-relief romain représentant le pillage du temple de Jérusalem à la suite de l'écrasement de la révolte de Simon Bar Kochba

 

Je rappelle pour mémoire une guerre quasi oubliée de la mémoire des historiens, menée entre 115 et 117 par des juifs, mais en dehors du territoire de la Judée et appelée guerre de Kitos ou de Quiétus du nom du général romain chargé par l'empereur Trajan de mater les mutins. Des villes entièrement juives ou à forte majorité juive en Cyrénaïque, en Egypte, en Grèce, à Chypre, en Asie Mineure, en Arménie, en Mésopotamie, en Abiadène, se soulevèrent avec un ensemble qui prit de court les Romains. Des hordes fanatisées se répandirent dans les contrées comme une traînée de poudre et détruisirent tous les temples "païens" qu'ils rencontraient, ainsi que les thermes et tous les édifices civils symboles du pouvoir romain, tout en exterminant au passage la population grecque et romaine des villes ravagées.

La cavalerie maure du général Lusius Qietus représentée sur la Colonne trajane

La répression des Romains fut terrible et sanglante. La population des innombrables juifs qui s'étaient volontairement expatriés dans le bassin de la Méditerranée et qui avaient quasiment constitué des enclaves autonomes, fut décimée. Tout en prenant place dans la suite des révoltes récurrentes de la Judée, cet épisode prouve de plus qu'il a existé depuis les origines une très importante diaspora judéenne volontaire. La destruction des villes révoltées eut également des conséquences désastreuses pour le mouvement chrétien naissant qui, à l'origine, se développait principalement en milieu juif, les Romains ne faisant pas de différences entre ces deux mouvements religieux.

On ne peut comprendre ces révoltes qu'en ayant présente à l'esprit l'horreur des populations juives, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur de la Judée, pour tout ce qui rappelait le polythéisme et le culte des idoles, dont ils s'étaient eux-mêmes débarrassés depuis le retour d'exil, ce qui ne les a pas empêchés de sacraliser leur propre lieu de culte, considéré comme la "maison de Jahvé". La présence de statues de dieux étrangers ou de conquérants foulant le parvis de leur temple représentait à leurs yeux une profanation insupportable. C'est pourquoi ces révoltes étaient aussi prévisibles qu'inexpiables face à des empires à la fois polythéistes et pour lesquels les divinités étaient si parfaitement incarnées dans le marbre des statues qu'il arrivait qu'une ville enchaîne son dieu afin de ne pas se le faire voler par une cité concurrente. Face à ce type d'idolâtrie, le monothéiste juif qui interdisait toute représentation de son dieu, témoignait d'un réel progrès spirituel.

Mais, on voit, de nos jours, qu'un vestige de maçonnerie, non pas du temple, c'est-à-dire de l'édifice abritant le "saint des saints" et de l'autel situé devant lui, sur lequel le prêtre sacrifiait les animaux de boucherie, ni même des bâtiments annexes rattachés au sanctuaire, mais d'un simple mur de soutènement d'une gigantesque terrasse destinée à accueillir la foule des riches pélerins accourus depuis la quasi totalité des villes du bassin de la Méditerranée et dont l'astucieux roi Hérode avait compris que les pélerinages etaient sa principale source de richesse, que ce vestige de fondations, dis-je, destiné à compenser la déclivité du terrain, est devenu un lieu de culte vénéré et quasiment idolâtré.

Prières au pied du mur d'Hérode

L''idolâtrie chassée par la porte trouve toujours le moyen de se faufiler par la fenêtre. Si le roi iduméen haï de son vivant par toute la population et notamment par les Pharisiens en raison de ses turpitudes, mais surtout parce qu'il n'était pas juif et qui, d'ailleurs, s'empressait d'oublier, lors de ses très nombreux séjours en Grèce et à Rome, la fine pellicule de judaïsme qu'il affichait à l'intérieur de son royaume, si ce roi bâtisseur hellénisé, passionné d'architecture qui, sacrilège des sacrilèges éleva un temple à l'empereur romain Auguste en Samarie, fit construire des théâtres, des amphithéâtres, des thermes à Sidon, à Damas, à Laodicée, un aqueduc à Ascalon, des gymnases dans des villes grandes et petites, dont on sait que la nudité des participants y était la règle au grand dam des Pharisiens, ce roi qui finança largement le renouveau des jeux olympiques en Grèce, qui gratifia Athènes, Lacédémone, Nicopolis, Pergame et d'innombrables autres cités du bassin méditerranéen de ses largesses, si ce roi-architecte revenait sur terre, il considèrerait probablement avec une stupeur ironique qu'un morceau de maçonnerie, fruit de sa mégalomanie architecturale, dont seules les sept premières rangées de pierres à partir du sol ont été mises en place par ses soins et qui n'avait aucune destination religieuse - le centre et le haut datant des omeyyades et des croisés - que ce reste de fondation, dis-je, est devenu l'objet d'une vénération passionnée de la part de religieux qu'il tenait de son vivant en si piètre estime.

voir V - La théocratie ethnique dans le chaudron de l'histoire, § 14-15.

Une expérience historique calamiteuse de nature apparemment semblable fut répétée au début du XXe siècle lorsque la puissante et riche colonie juive des Etats-Unis d'Amérique "déclara la guerre à l'Allemagne" en 1933, pour reprendre le titre des journaux de l'époque; mais cette insurrection était, en réalité, très différente en ce qu'il ne s'agissait nullement d'un soulèvement populaire d'origine religieuse, mais d'une décision politique et économique prise en toute connaissance de cause quant à ses conséquences prévisibles, par les décideurs financiers anglo-saxons. Un boycott sévère de ses exportations et un embargo sur ses importations accablèrent une Allemagne déjà exsangue après la défaite de 1918 et les conditions léonines qui lui avaient été imposées par le traité de Versailles.

Le mouvement sioniste était officiellement né à Bâle en 1897 et la lettre adressée à Lord Rotschild en 1917 et connue sous le nom de "Déclaration Balfour", lui avait donné des ailes. Ce n'étaient plus des décisions cultuelles qui mobilisaient les cerveaux des dirigeants du mouvement sis à Londres et à Washington, mais des motivations politiques beaucoup plus concrètes. J'y reviendrai ultérieurement.

J'ai d'ailleurs montré dans le texte sur l'analyse du destin et de l'action de l'homme de l'ombre - le Colonel House - qui dirigeait la tête et la politique du président Woodrow Wilson, comment les puissants banquiers et autres décideurs de la loge maçonnique B'nai Brith, ainsi que des nombreuses et puissantes organisations communautaires juives étaient déjà à la manoeuvre lors des négociations du traité de Versailles en 1919. Le boycott des produits allemands décrété en 1933 s'inscrivait dans la continuité de la polique anglo-saxonne amorcée au milieu du XIXe siècle .

Voir : Du Système de la Réserve fédérale au camp de concentration de Gaza - Le rôle d'une éminence grise: le Colonel House

En revanche, ce que cet évènement, que les historiens s'efforcent d'occulter avec un bel ensemble, eut de commun avec les précédentes insurrections, c'est qu'une fois de plus, c'est la population juive ordinaire qui eut à subir de terribles représailles d'un régime nazi rendu enragé.

Comment ne pas faire un parallèle avec la politique de pressions et de sanctions économiques ravageuses imposées aux populations civiles par les mêmes puissances financières, hier à l'Irak et aujourd'hui à l'Iran?

 

Vendredi 24 mars 1933: "La Judée déclare la guerre à l'Allemagne"

 

Pour plus de détails sur cet épisode, voir V - La théocratie ethnique dans le chaudron de l'histoire, §16: D'un désastre à l'autre

L'histoire se révèle un serpent qui se mord la queue. En effet, les mêmes causes produisent toujours les mêmes effets. Depuis 1945, le balancier s'était hardiment élancé en direction d'un triomphe du sionisme à la fois au Moyen-Orient et dans tout l'Occident. Mais des signes de plus en plus nombreux, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur de l'Etat surgi en 1947, indiquent que le balancier de Chronos a amorcé - lentement - son mouvement en sens inverse. Alors que le messianisme religieux conquérant fut longtemps le moteur incontesté de la légitimité psychologique des colons qui affluaient en Palestine, l'Etat sioniste est en train de découvrir qu'il est sapé de l'intérieur par le développement exponentiel d'un fanatisme religieux qui mine la société et ruine l'image d'une démocratie moderne qu'il s'efforce d'imposer sur la scène internationale.

On a pu lire dans le Jérusalem Post du 4 novembre 2011 les propos alarmistes d'un ancien chef du Mossad, Efraim Halevy, lequel a déclaré qu'"Israel's true existential danger comes from within". M. Efraim Halevy a été rejoint à la fois par l'ancien chef d'Etat-major de la Tsahal piteuse de la deuxième guerre du Liban, Dan Halutz et par un autre ancien directeur directeur du Mossad, Meir Dagan. Ces ex-responsables des services secrets et de l'armée considèrent en coeur que, contrairement aux aboiements alarmistes de MM. Netanyahou et Lieberman, ce n'est pas l'Iran et y compris sa potentielle bombinette qui, face aux deux à trois cents missiles à tête nucléaire de l'Etat hébreu, représentent une "menace existentielle" pour cet Etat, mais la multiplication des fanatiques religieux dans tous les corps de l'Etat et notamment dans une armée en principe mixte, alors que tous ces hyper religieux et hyper fanatiques sont férocement misogynes et n'acceptent pas de combattre dans des régiments dans lesquels figureraient des femmes, pourtant elles aussi astreintes à un service militaire de deux ans et qui occupent également des postes de commandement .

Soldat de la secte haredim

L'histoire est facétieuse. L'Etat sioniste est peut-être en train d'être dévoré par le cancer de son propre mythe fondateur mensonger, à moins que son hubris le porte à une folie militaire qui, plus rapidement que le cancer du fanatisme religieux, l'entraînera - et le reste du monde avec lui - dans une nouvelle catastrophe inouïe.

8 - Les créateurs de dieux

Le cerveau des hommes est ainsi fait qu'ils se croient en permanence sous le regard ou en communication avec des forces mystérieuses, plutôt redoutables et méchantes, qu'il s'agit d'apprivoiser, de séduire ou de corrompre en leur offrant ce qu'on jugerait soi-même le plus précieux. C'est ainsi que les peuples anciens ont longtemps offert en sacrifice à leur dieu leur enfant premier-né. Puis, les humains ont sacrifié des animaux de boucherie, les plus beaux, les plus parfaits et les plus gras, dont on brûlait les parties qu'on trouvait soi-même les plus délicieuses. L'inauguration du temple par le roi Hérode fut accompagnée d'un sacrifice de trois cents boeufs. Les bouchers-sacrificateurs opéraient jour et nuit. Dans toutes les religions se trouve exposé, et conformément à la psychologie de chaque peuple, tout l'arsenal des rites et des prières par lesquels les humains établissent leurs relations privées ou collectives avec le surnaturel.

Naturellement, les scribes de l'exil babylonien n'étaient pas conscients en toute lucidité du mécanisme à la fois théologique et politique qu'ils avaient élaboré. Personne n'est en mesure d'éclaircir vraiment ce qui est conscient et ce qui ne l'est pas, de démêler le mélange de sincérité, de poésie, mais aussi d'esprit politique et même de rouerie qui habite les rédacteurs de textes religieux. Qu'est-ce que l'inspiration religieuse? La question est sans réponse, mais ce qui est certain, c'est qu'il s'agit toujours d'esprits politiques et même de très fins politiques et de connaisseurs des conditions de la vie en société. En général, le juge de paix est le succès ou l'échec. C'est lui qui décide de l'avenir de l'entreprise dans l'histoire, donc de la définition de ce qui sera tenu pour la vérité ou pour l'erreur.

Ainsi, pour les juifs, le christianisme est une secte qui a réussi à s'imposer et le Talmud n'a pas de jugements assez violents, méprisants et même carrément répugnants pour désigner Jésus et les chrétiens : Gittin 57a. dit que "Jésus est dans l'enfer, bouillant dans des excréments." Quant à Sanhedrin 43a. , il écrit que "Yeshu le Nazaréen a été exécuté parce qu'il a pratiqué la sorcellerie."

De nos jours, les temps sont devenus plus difficiles pour les créateurs de dieux. Alors que Jahvé est la divinité d'un petit peuple spécifique dont l'étroit champ d'action se résume à un seul groupe humain restreint et, à l'origine, à l'étroit territoire qu'il occupait, comme ce fut le cas pour tous les dieux locaux de l'époque, les deux monothéismes qui ont succédé à la religion de Jahvé à partir du bassin de la Méditerranée, ont élargi leur espace religieux, politique, psychique et géographique et se sont ouverts à la totalité du globe terrestre, car leur message concernait dorénavant tous les hommes de bonne volonté. Les adeptes d'une secte ésotérique qui a sévi dans les années 1980, et appelée Ordre du temple solaire (OTS), avaient cru qu'ils pourraient ouvrir davantage encore leur territoire mental, occuper l'espace intersidéral et délocaliser le centre de leur prédication sur Sirius. La tentative a échoué, mais il était logique qu'elle ait été tentée à l'heure où l'astronomie ouvre l'espace interstellaire aux rêves des hommes. Peut-être le temps des dieux extérieurs à la conscience des humains est-il en train de s'achever sous nos yeux.

9 - Les héroïques explorateurs des coulisses du théâtre religieux

Jusqu'à ces deux dernières décennies, tous les commentateurs des écrits fondateurs du judaïsme - mais également du christianisme ou de l'islam, nés du même terreau - étaient polarisés sur le contenu des textes du Pentateuque. Personne ne doutait que les récits relatés étaient véridiques au sens historique du terme, que les personnages avaient existé en chair en os, qu'ils s'étaient manifestés dans les circonstances décrites dans les textes bibliques et que l'histoire de la Judée se confondait avec celle de l'humanité. Bossuet avait la certitude que la Bible était un livre d'histoire et que Dieu avait bien créé le monde il y avait quatre millénaires.

Renan lui-même ne contestait pas la chronologie globale des évènements et l'existence historique des personnages rapportés dans la Bible. mais comme il était un philologue averti et professeur d'hébreu au Collège de France, il avait constaté, par exemple, que la deuxième partie du texte attribué à Isaïe n'était visiblement pas du même auteur que la première et que ces deux textes ne dataient pas de la même époque. Il avait également noté que la syntaxe et la grammaire des textes du Pentateuque ne pouvaient pas dater de l'époque à laquelle on s'imaginait que Moïse avait vécu et que le Livre attribué au prophète Daniel est un apocryphe. Bien que certaines parties de son Histoire du peuple d'Israël soient dépassées, son tome I, dans lequel il étudie les relations entre la géographie, la langue et la naissance progressive du jahvisme, sont irremplaçables. "Les racines sémitiques sont sèches, inorganiques, absolument impropres à donner naissance à une mythologie. [...] Chez les Sémites, ce n'est pas seulement l'expression, c'est la pensée même qui est profondément monothéiste. Les mythologies étrangères se transforment entre les mains des Sémites en récits platement historiques." (T.1, pp. 48-49) On comprend par quel processus linguistique la fiction ressemble à un exposé historique.

Or, une véritable révolution copernicienne est intervenue récemment dans notre compréhension des textes bibliques. Alors que les exégètes anciens se contentaient, soit de paraphraser les textes bibliques, soit de rechercher dans l'histoire évènementielle des éléments de confirmation des récits religieux, la prise à revers contemporaine, si je puis dire, qui a consisté pour les savants européens et anglo-saxons actuels à effectuer un véritable travail de critique des textes et à retrouver les traces qui permettent de les situer dans le contexte historique qui a présidé à leur rédaction, a permis de mettre en évidence les matériaux littéraires qui correspondent à l'époque à laquelle ils ont été rédigés. On peut dorénavant dater cette rédaction avec une quasi certitude.

L'extraordinaire travail d'érudition et de précision de Mario Liverani (La Bible et l'invention de l'Histoire), par exemple, aboutit à une remise en cause drastique de l'histoire antique de la Judée et, par voie de conséquence, conduit à une réécriture implacable de l'histoire de l'Israël moderne telle qu'elle a été imposée par David Ben Gourion depuis la création de cet Etat.

Voir : David Grün, alias Ben Gourion, et la naissance de l'"Etat juif"

Comme c'est sur l'arrière-monde mythologique dans lequel la fiction biblique s'est métamorphosée en religion, puis la religion en histoire, que repose la légitimation de la narration sioniste, il est évident que les analyses des exégètes contemporains ne pouvaient que susciter un rejet féroce de la part du personnel politique et religieux israélien, puisqu'il anéantit l'exceptionnalisme de type théologique qui fonde la légitimité morale de la création de leur Etat. "Si Dieu ne nous a pas donné cette terre, nous sommes des brigands", reconnaissent d'ailleurs les dirigeants israéliens.

Un bouleversement aussi radical de notre compréhension de l'histoire des textes bibliques, donc de l'histoire réelle de la région, rencontre également des oppositions vigoureuses en dehors du judaïsme. Par ricochet, la remise en question de la narration biblique et de certains de ses héros symboliques affecte les deux autres monothéismes qui en ont adopté certains épisodes et certains personnages. C'est ainsi que la traduction française de l'ouvrage du grand exégète et historien italien, Mario Liverani, cité ci-dessus et publié par un éditeur catholique - les éditions Bayard - s'est trouvée flanquée d'une préface prudentissime d'un tenant de l'ancienne école et spécialiste de l'analyse narrative du Pentateuque, le Père Jean-Louis Ska, Professeur d'Ancien Testament à l'Institut biblique de Rome: "Un historien critique peut, écrit-il, douter qu'Abraham ait eu un fils alors qu'il était centenaire. (…) Ce n'est pourtant pas une raison suffisante pour jeter au rancart les récits bibliques de la Genèse comme étant des tissus de mensonges…".

En somme, concède cet éminent ecclédiastique, l'esprit critique n'a le droit de s'exercer que dans les marges. Il se voit assigner des frontières à ne pas franchir: il s'agit de conserver l'essentiel de la narration, de ne rien bouleverser du fond tout en donnant magnanimement le droit d'aménager quelques détails qui sembleraient par trop invraisemblables aux contemporains. On pourrait par exemple rendre un peu plus vraisemblable l'âge auquel le vieux couple du patriarche aurait conçu un fils et excuser le péché véniel du rédacteur biblique qui a porté cet exploit à la centaine pour des deux époux.

En revanche, même si des découvertes archéologiques irréfutables démontrent le contraire, il serait interdit de nier que Salomon vivait dans un palais somptueux, qu'il aurait construit un temple mirifique ou que David régnait sur un immense royaume, car cela mettrait à bas des pans entiers de la fiction biblique et le désastre contaminerait les écrits des évangiles chrétiens qui ont essayé de faire bénéficier le fondateur du christianisme et sa mère du prestige mythique attaché à la mémoire de ce roi et en font des descendants de "la Maison royale de David".

Voir : 1 - La bible et l'invention de l'histoire d'Israël

C'est ainsi qu'en dépit de la "richesse foisonnante de détails" fournis sur les personnages de David et de Salomon, écrivent dans Les rois sacrés de la Bible (p.115), les archéologues juifs américains Finkelstein et Silberman - que personne ne saurait soupçonner d'être hostiles à Israël - la "Maison royale de David" n'a existé que dans l'imagination des scribes de l'exil. Dans La Bible dévoilée, les mêmes auteurs concluent que "l'image que l'on se fait de Jérusalem à l'époque de David, et davantage encore sous le règne de son fils, Salomon, relève, depuis des siècles, du mythe et de l'imaginaire romanesque. "(p.208) "Il s'agit de la peinture d'un passé idéalisé, d'une sorte d'âge d'or nimbé de gloire." (p.201)

Les deux personnages David et Salomon, si importants dans l'imaginaire des Israéliens d'aujourd'hui ont, certes, existé, mais plutôt comme chefs de bande ou chefs de villages, car "à l'évidence, la Jérusalem du Xe siècle était un petit village de montagne qui dominait un arrière-pays à l'habitat dispersé" (La Bible dévoilée, p.118) écrivent nos archéologues. D'ailleurs la totalité de l'Israël de l'époque (environ 1000 ans avant notre ère) ne comptait que quelques milliers de fermiers et d'éleveurs.

Mais pour autant, il ne s'agit nullement de "jeter au rancart les récits bibliques", comme le craint le Révérend Père Ska. Bien, au contraire, il nous faut essayer d'en comprendre la signification historique à un autre niveau et d'affiner l'interprétation anthropologique et psychanalytique de documents particulièrement révélateurs du fonctionnement du cerveau des concepteurs, de celui des fidèles et qui bouleversent de fond en comble notre ap-préhension de l'histoire d'un pays et d'une région dont la fiction biblique constitue la pierre d'angle et une manière fond de commerce politique.

En effet, l'arrière-monde religieux du discours sioniste repose sur une revendication littérale des mythes bibliques. Or, celle-ci induit la colonisation de la totalité de la terre de Palestine… pour commencer. Mais ce n'est là qu'un effet secondaire de la pathologie principale qu'est la croyance en la possession légitime de la terre par décret divin. C'est donc avant tout la déconstruction rationnelle de l'ensemble des mythes bibliques qui dynamitera les mythes sionistes et qui redonnera au peuple palestinien la légitimité historique sur la terre qu'il habite de génération en génération depuis toujours.

Que dire de la cohérence mentale des dirigeants de la classe politique mondiale qui se gargarisent d'idéalités universelles, d'invocations à la Liberté, à la Démocratie, au Droit des peuples à disposer d'eux-mêmes, tous principes applicables à tous les peuples de la terre, sauf aux possesseurs légitimes de la Palestine, priés de déguerpir et d'offrir leurs maisons et leurs propriétés à une foule d'immigrants se réclamant d'une "alliance" conclue en rêve avec un dieu par un personnage de fiction - le patriarche Abraham. Même ceux qui se déclarent athées ne veulent pas renoncer au bénéfice matériel de ce pacte. "Cette terre est à nous, clament-ils à tue-tête, c'est notre dieu qui nous l'a donnée".

C'est cette chimère auquel le sionisme est accroché qu'il cherche aujourd'hui à concrétiser et à mettre en application sur le terrain.

10 - Les frontières du " Grand Israël "

"Je donne ce pays à ta postérité, depuis le fleuve d'Égypte jusqu'au grand fleuve, au fleuve d'Euphrate" , dit le texte. Pourquoi avoir choisi les deux grands fleuves pour limites du territoire offert par le notaire céleste? Les Judéens des VIe et Ve siècles avant notre ère, date à laquelle à été inventée l'"alliance" et le cadeau, entretenaient évidemment des liens commerciaux avec les territoires voisins et notamment le royaume des Pharaons - naturellement, la fuite des esclaves hébreux relatée dans le livre de l'Exode est purement imaginaire et n'a jamais été confirmée par la moindre preuve historique. D'ailleurs les Cananéens, les plus anciens habitants de la région, ont entretenu, durant les nombreux siècles qui précédèrent l'arrivée dans la région des conquérants hébreux, des liens étroits économiques et politiques avec la terre des pharaons et connaissaient parfaitement la géographie de la région. En revanche, les scribes-rédacteurs du temps de l'exil babylonien, même s'ils avaient entendu parler de l'existence d'un "fleuve d'Egypte", mais ils n'ont pas été capables de le nommer.

 

La chimère du "Grand Israël"

En revanche, et par la force des choses, ils savaient qu'ils se trouvaient au bord du "fleuve Euphrate".

On comprend donc que, dans l'esprit des auteurs de la fiction littéraire, le "Grand Israël" correspondait à la totalité du monde qui leur était connu à l'époque et ils se sont mentalement installés entre les deux grands empires d'Egypte et de Babylone. Si Nabuchodonosor avait transplanté les Judéens au bord de la Mer Caspienne, le "Grand Israël" se serait étendu "du fleuve d'Egypte à la mer Caspienne".

C'est donc au nom du récit d'un rêve prêté au héros d'une fiction, dont on connaît la date, les circonstances de sa rédaction et la manière dont il a été porté à la connaissance du peuple par le scribe Esdras lors de son retour de Babylone en -459, que le mouvement politique sioniste poursuit aujourd'hui la chimère secrète de s'approprier l'est de l'Egypte, toute la Palestine, la Jordanie, le Liban, la Syrie, la moitié de l'Irak, le nord de l'Arabie saoudite et le Koweït.

11 - Israël , un Etat-Chimère

L'étymologie du mot chimère renvoie au grec KHIMAIRA et désigne la jeune chèvre d'un an qu'on immolait avant un combat en l'honneur d'Artemis Agrotera, "la déesse de la natutre inviolée, des corps intacts, des coeurs libres de passion". (André Bonnard, Les dieux de la Grèce).

Durant le Moyen-Age, la chimère était le symbole de désirs irréalisables, d'où le sens actuel de l'adjectif "chimérique". De nos jours, le mot chimère est utilisé dans son sens dérivé d'illusion. C'est d'ailleurs en ce sens que je l'ai sous-entendu dans le titre de ce texte. En effet, l'actuel Etat sioniste caresse une illusion, un rêve, un projet chimérique qu'il ne parviendra pas à concrétiser en dépit de tout son attirail nucléaire. Chacune de ses victoires est une victoire à la Pyrrhus. Telles les dents semées par le dragon, chacune donne naissance à des régiments d'ennemis.

Mais le mot "Chimère" - avec sa majuscule - désigne également un animal fantastique particulièrement méchant et imprévisible, de la mythologie grecque, qu'Homère a évoqué dans le Livre VI de l'Illiade. Monté sur le cheval ailé Pégase, le beau Bellérophon a réussi à vaincre ce monstre de Lycie, à corps de chèvre, à double tête de lion et de chèvre et dont la queue portait à son extrémité une tête de serpent - de dragon disent parfois les textes.

Chimère

Quel est le rapport entre ces trois sens du même mot? C'est d'abord la présence de l'image de la chèvre qui a donné son nom à la bête fantastique; mais cette bête est si bizarre qu'elle semble une illusion des sens. Cette irréalité matérielle, mais porteuse de sens, s'appelle un mythe.

Or, ce mythe représenté par l'étrange animal composite appelé Chimère, dont les têtes étaient dirigées en sens contraire - ce qui le rendait redoutable dans toutes les directions - était un monstre terrible qui crachait le feu et dévorait les humains. Il symbolisait la cruauté et le mal. Mais l'astucieux Bellérophon monté sur son cheval ailé, Pégase, a découvert le point faible de la bête: au moment où elle crachait ses flammes, il a jeté dans une de ses gueules grande ouverte un morceau plomb que son propre feu a fait fondre et qui a provoque sa mort en durcissant ses entrailles.

Voilà comment la monstrueuse Chimère de la mythologie grecque donne un rendez-vous symbolique à la dernière expédition meurtrière d'Israël contre les encagés de Gaza. La Chimère sioniste a eu beau cracher ses flammes meurtrières par toutes ses gueules et en tous lieux de Cisjordanie et de Gaza, c'est son propre feu, c'est-à-dire l'arrogance de son orgueilleuse puissance militaire, qui a révélé au monde entier de quelle cruauté et de quelle inhumanité elle était capable. C'est dans les entrailles de la Chimère sioniste que le plomb de son immoralité est en train de durcir.

*

Les nouveaux Bellérophon et les Pégase de l'exégèse scientifique moderne sont les alliés les plus précieux des Palestiniens. Ce sont leurs travaux qui permettront aux esprits éclairés de quitter le marécage mythologique dans lequel barbote la politique internationale - ou dans lequel elle feint de barboter.

Déshabiller l'hypocrisie politique, peler une à une les tuniques de l'oignon afin de révéler qu'en son coeur gît un Etat férocement colonialiste, au service de son idéologie messianico-impérialiste et des intérêts de l'empire américain, tel est le travail urgent à réaliser afin de neutraliser la nouvelle Chimère crachant le feu et dévoreuse d'enfants palestiniens qui s'est installée au coeur du Moyen-Orient. Toujours aussi benêts, les Européens commencent à peine à se rendre compte comment les financiers de la City et de Wall Street tirent les ficelles de la crise dans leur dos et agitent sous leurs yeux le chiffon rouge d'un dragon en carton peint, afin de leur faire oublier la menaçante bien réelle de la Chimère sioniste.

La destruction du camouflage religieux d'une politique devenue froidement impérialiste contraindra, dans la foulée, les serviteurs sincères du dieu Jahvé et leurs ouailles à interpréter leurs textes fondateurs dans un sens véritablement religieux, c'est-à-dire spirituel, et à retrouver la morale universelle qui, au plus profond, est commune à la quasi totalité des religions de la planète.

C'est donc au prix de l'anéantissement du mensonge historique fondateur que commencera enfin à se fissurer, le bouclier derrière lequel se tapit la violence politique sa compagne, qu'évoquait le grand Soljenitsyne dans son discours de remerciement à l'occasion de la remise de son prix Nobel, puisque mensonge et violence vont toujours de compagnie.

 

*

 
Bibliographie

Professor Abdel-Wahab Elmessiri:
The function of outsiders : http://weekly.ahram.org.eg/1999/435/op2.htm
The kindness of strangers: http://weekly.ahram.org.eg/1999/436/op2.htm
A chosen community, an exceptional burden : http://weekly.ahram.org.eg/1999/437/op5.htm
A people like any other : http://weekly.ahram.org.eg/1999/438/op5.htm
Learning about Zionism: http://weekly.ahram.org.eg/2000/476/eg6.htm

Mario Liverani, La Bible et l'invention de l'histoire, 2003, trad. Ed. Bayard 2008

André Bonnard, Les dieux de la Grèce

Israël Finkelstein et Neil Asher Silberman,La Bible dévoilée. Les nouvelles révélations de l'archéologie, 2001 ,trad. Ed. Bayard 2002

Israël Finkelstein et Neil Asher Silberman, Les rois sacrés de la Bible, trad.Ed.Bayard 2006

Arno J. Mayer, De leurs socs, ils ont forgé des glaives, Histoire critique d'Israël, Fayard 2009

Ernest Renan, Histoire du peuple d'Israël, 5 tomes, Calmann-Lévy 1887

Douglas Reed , La Controverse de Sion

Shlomo Sand, Comment le peuple juif fut inventé, Fayard 2008, coll. Champs Flammarion 2010

Avraham Burg, Vaincre Hitler : Pour un judaïsme plus humaniste et universaliste , Fayard 2008

Ralph Schoenman, L'histoire cachée du sionisme, Selio 1988
Israël Shahak, Le Racisme de l'Etat d'Israël , Guy Authier, 1975

Karl Marx, Sur la question juive

SUN TZU, L'art de la guerre

Claude Klein, La démocratie d'Israël,1997

Jacques Attali: Les Juifs, le monde et l'argent, Histoire économique du peuple juif. Fayard, 2002

Le 18 janvier 2012



Mercredi 18 Janvier 2012
http://www.alterinfo.net/AUX-SOURCES-DU-CHAOS-MONDIAL-ACTUEL-Aux-sources-du-sionisme-X-La-chimere-du-Grand-Israel_a69790.html
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25 octobre 2011 2 25 /10 /octobre /2011 18:01
Aux sources du sionisme: VIII - La légende dorée du sionisme
AUX SOURCES DU CHAOS MONDIAL ACTUEL " La chose la plus difficile au monde est de suivre à la trace n'importe quelle idée jusqu'à sa source. " ( Edward Mandell HOUSE )
" Si toutes les nations devaient réclamer les territoires sur lesquels leurs ancêtres ont vécu 2000 ans auparavant, ce monde serait un asile de fous ".
Erich Fromm (psychanalyste , 1900-1980)
 

*

- 1- D'une légende dorée à l'autre
- 2 - Entre Charybde et Scylla
- 3 - Un mystère anthropologique
- 4 - Deux types humains
- 5 - L'archéologie contre la mythologie
- 6 - Les étapes de la consolidation du mythe
- 7 - Saint Guilad Shalit, priez pour nous
- 8 - Notre compatriote Salah Hamouri

 
 1- D'une légende dorée à l'autre
 
 

Lorsque le dominicain génois, Jacques de Voragine, rédigea au XIIIe siècle une histoire de la vie et de la mort exemplaires des saints chrétiens du premier millénaire et du début du Moyen Age connue sous le titre de Légende dorée, il croyait faire un véritable travail d'historien. En effet, cette pieuse mise en scène féérique de la vie des saints illustres qui connut un immense succès au Moyen Age, était destinée à renforcer la foi des moines et des moniales dans les couvents auxquels ces textes étaient lus durant les repas dans les réfectoires. Les prédicateurs trouvaient également là un matériau précieux pour leurs sermons. Mais à une époque qui baignait dans le miraculeux et le surnaturel, personne n'était choqué, ni même étonné de l'accumulation de miracles et d'évènements surnaturels dont les héros avaient été les acteurs ou les victimes.

Un signe de croix du saint avait transformé un dragon en gentil toutou

Le projet de notre dominicain chrétien devenu archevêque de Gênes était donc identique à celui des scribes du roi Josias qui, dans le Deutéronome, mettaient dans la bouche d'un Moïse censé avoir prononcé plusieurs siècles auparavant des paroles dont la précision était digne d'un reportage journalistique et lui attribuaient des pouvoirs miraculeux aussi stupéfiants que celui, d'assécher une mer afin que des fugitifs pussent la traverser à pied sec. Mais l'axe central de la fiction biblique est l'invention d'un notaire surnaturel qui aurait offert un confetti territorial à une petite tribu égarée sur la "boule ronde". C'est sur l'extravagance de ce miracle-là que repose le projet sioniste.

Ni l'auteur de la Légende dorée chrétienne, ni ceux de la Légende dorée judéenne, ne se souciaient de "vérité historique" au sens moderne du terme. Le merveilleux, le fantastique, le miraculeux pullulent dans ce genre d'écrits destinés à l'édification des foules. Ainsi, l'imaginaire judéen a beaucoup emprunté aux mythes et aux légendes des civilisations plus anciennes, égyptienne et mésopotamienne, à commencer par l'histoire du nourrisson Moïse récupéré sain et sauf dans un panier d'osier voguant sans couler sur un Nil infesté de crocodiles; l'imaginaire chrétien quant à lui s'est surtout servi des évangiles apocryphes pour relater des miracles plus étonnants les uns que les autres où l'on voit des martyrs de leur foi qu'un brasier ne parvient pas à brûler ou de frêles et pures jeunes filles dompter des bêtes féroces d'un regard.

Dans les deux types de fictions, grâce au talent des auteurs, des légendes répétées de siècle en siècle devenaient, pour les contemporains, l'Histoire véritable. Mais l'esprit scientifique a fait quelques progrès depuis lors et certains miracles ne sont plus considérés comme crédibles, alors que d'autres continuent d'être acceptés. Plus personne ne croit qu'un humain, même animé d'une foi ardente, ressort intact d'un brasier; en revanche une multitude continue d'admettre que Jésus a ressuscité Lazare et qu'il est lui-même ressuscité.

De même, les populations qui se disent les descendantes de la tribu gratifiée d'un cadeau territorial continuent de défendre bec et ongle le contrat qui aurait été passé in illo tempore entre leurs ancêtres et un insaisissable notaire sis dans la stratosphère, qui aurait décidé, un beau jour, de leur accorder une faveur particulière. Ils s'en réclament les héritiers à cor et à cri et sont prêts à mettre le feu à la planète s'il le faut afin de récupérer leur héritage.

Mais on peut être optimiste et espérer qu'une certaine proportion de ce groupe a cessé de croire que l'eau de mer s'est réellement changée en sang et qu'il a suffi à un homme, fût-il protégé par sa divinité personnelle, d'étendre le bras pour dompter la mer: "Moïse étendit sa main sur la mer et l'Eternel refoula la mer toute la nuit, avec un vent d'est puissant, et il mit la mer à sec et les eaux furent divisées." (Exode, 14,20-21)

Les Hébreux conduits par Moïse traversent de la Mer Rouge à pied sec

Ces textes n'ont évidemment rien d'historique au sens moderne du terme: ils racontent des histoires merveilleuses, c'est-à-dire des fictions souvent symboliques ou allégoriques. Le travail du moine chrétien du Moyen Age avait pour but d'édifier les âmes en leur présentant des exemples de foi extra-ordinaires, celui des scribes judéens visait à présenter une histoire héroïque de la naissance d'une nation et de la conquête magnifiée de son espace géographique à la pointe de l'épée.

Voir : - 2 - L'invention du "peuple élu" et de la "Terre Promise" , # - 5 - La rédaction du Deutéronome

L'esprit et l'action des sionistes actuels sont incompréhensibles si l'on ne voit pas l'originalité messianique et théologique de ce colonialisme-là, qui plonge de très profondes racines dans les légendes de la tribu condensées dans les livres dits "historiques" de la bible dont ils prennent les récits au premier degré et au pied de la lettre.

2 - Entre Charybde et Scylla

Rechercher les sources de l'idéologie sioniste n'est donc pas une entreprise de tout repos, notamment pour un non-juif. En effet, il faut, pour se lancer dans cette aventure, avoir l'âme et l'intrépidité d'un don Quichotte. Mais surtout, il faut être animé du désir fanatique de comprendre comment les maigres et belliqueuses tribus des Hébreux en voie de sédentarisation qui avaient envahi le pays de Canaan il y a quelque trois millénaires environ, se sont métamorphosées, après un interlude de dix-neuf siècles, en une gigantesque troupe de plusieurs centaines de milliers de volontaires ardents à former un Etat "dominateur et sûr de lui", illustrant ainsi la célèbre apostrophe que Corneille met dans la bouche de Rodrigue dans sa tragédie Le Cid: "Nous partîmes cinq cents; mais par un prompt renfort. Nous nous vîmes trois mille en arrivant au port."

Après avoir passé sans trop d'encombres l'île des Sirènes et bouché mes oreilles aux mélodieux conseils de prudence qui m'étaient distillés, j'ai dirigé mon esquif vers la haute mer. Tenant la barre d'une main ferme je me suis engagée dans l'étroit passage entre le noir et grondant tourbillon de Charybde crachant ses lois liberticides destinées à décourager les audacieux contestataires de la narration officielle et l'hydre monstrueuse de Scylla, toujours aux aguets, tapie au fond de son antre, prête à jaillir, à attraper et à dévorer de ses innombrables têtes goulues les marins imprudents qui osent s'approcher de trop près de sa fiction.

Il est, en effet, capital de comprendre par quels apports visibles et moins visibles le ruisselet de la fiction originelle est progressivement devenu dans les cervelles des adorateurs de cette fiction, un fleuve assez puissant pour porter le flot des colonnes d'immigrants du fond des steppes de Russie, des pampas d'Argentine ou des plaines du Middle West américain vers la terre mythologique décrite dans leurs textes théologiques.

3 - Un mystère anthropologique

Comment le dernier Etat colonisateur de la planète est-il devenu aujourd'hui le centre du tourbillon grondant de la politique mondiale? Par quel mystère psychologique et anthropologique une masse humaine hétéroclite et accourue des quatre coins de l'univers, prétend-elle dorénavant former un seul et même peuple, un peuple prétendument homogène, et affirmer, à la face du monde entier, qu'elle est l'exclusive propriétaire de la terre sur laquelle ce flot d' immigrants s'est installé? En corollaire logique de cette revendication, il faut se demander en vertu de quelle légitimité l'auto-proclamé "peuple juif" possèderait-il donc le droit d'en expulser, pour la deuxième fois, le peuple autochtone et, pour la deuxième fois, de s'installer dans ses maisons et dans ses meubles, après avoir terrorisé, volé et assassiné massivement des villages entiers ? D'où ces hommes et ces femmes venus de partout et de nulle part tirent-ils cette prétention et par quels mécanismes psycho-physiques obscurs cette certitude s'est-elle incrustée d'une manière si indélébile dans leurs cervelles?

La fiction théologico-politique qui habite ce groupe humain constitue un tel défi à la raison que tout esprit normal et doté d'un embryon d'esprit critique ne devrait pas seulement se trouver mobilisé par l'émotion et l'indignation devant la situation pitoyable à laquelle les maîtres colonisateurs ont réduit les Palestiniens considérés comme des untermenschen, des sous-hommes, mais il lui faudrait d'urgence activer ses neurones afin de se mettre en mesure de remonter le temps et de tenter de suivre, depuis sa source, l'évolution au cours des siècles, de cette chimère religieuse et de sa traduction en une extravagante prétention politique. A quel moment, dans quelles circonstances et par quels mécanismes psychobiologiques la fiction est-elle sortie des imaginations pour se concrétiser en un projet colonial que le psychanalyste juif Erich Fromm qualifie de folie?

Je me suis donc lancée dans la périlleuse traversée de vingt-cinq siècles de l'histoire politico-religieuse de la tribu qui inventa le Dieu qui reflétait si parfaitement son être qu'il en était la chair et l'esprit. Mais ce Dieu a dû batailler pour imposer sa suprématie sur les quelques arpents d'une terre aride qui ont enfanté presque autant de mythes qu'ils portent de pierres sur leurs collines rocailleuses. Car cette écharpe de terre coincée entre le Jourdain et la Méditerranée condense à elle seule toute l'histoire anthropologique de l'humanité, l'histoire des hommes qui font corps avec leur terre au point d'être devenus les fruits de la glèbe qu'ils nourrissent et travaillent de génération en génération depuis des millénaires, et celle de populations semi nomades et conquérantes, toujours en transit , repues de rêves et porteuses d'un ciel intérieur dont ils ont fait leur patrie, mais néanmoins habitées par la nostalgie d'une incarnation dans une patrie.

4 - Deux types humains

La terre de Palestine est, pour son plus grand malheur, la Dulcinée de ces deux grandes catégories d'humains: "Je suis la terre, et la terre c'est toi Khadija!", nous crie d'outre-tombe la grande voix de Mahmoud Darwich, le poète qui a chanté comme personne la terre blessée et humiliée de sa patrie, cette terre en laquelle il voit "la première mère", la terre des aïeux, autrement dit, une patrie, du latin pater.

« Vous qui passez par la mer des mots qui passent, prenez vos noms et partez.
Volez ce que vous voulez, du bleu de la mer et des sables de la mémoire,
De vous, l’acier et le feu,
De nous, notre chair,
De vous, un autre tank, et de nous , une pierre,
De vous, une autre bombe à gaz, de nous la pluie.
Prenez votre part de notre sang, et simplement partez,
Car nous avons dans ce pays, ce que vous n’avez pas, une patrie. »

A la voix jaillie des profondeurs immémoriales des entrailles de la Palestine, le don Quichotte juif, André Néher, répond de la nue dont il a fait sa demeure que "lorsque la nature flamboie de tous ses feux séduisants, l'homme juif, refusant de la voir, n'adore que le seul Créateur".

 

 

Mahmoud Darwish
 

André Néher

Ainsi, tournant le dos à la terre désirée et repoussée, l'homme juif dont Néher est le prophète, ignore,en réalité, la Dulcinée réelle, la glèbe qu'il a arrachée par le fer et le sang à son véritable amant et n'adore qu'une Dulcinée rêvée. "Tout s'est passé, écrit le rabbin Néher, comme si, par avance, la Bible avait lancé le filet dans lequel, inextricablement, s'enfermait mon destin de Juif". "L'homme qui veut vivre avec et par la Bible" est un Narcisse qui s'évade dans la chimère de la vénération de "son" "Créateur", c'est-à-dire de sa propre belle âme reflétée par le miroir du Dieu qu'il a créé et qui l'innocente de ses crimes et de ses rapines. Car ce "Dieu-là", c'est lui et c'est avec lui-même qu'il est en dialogue.

La véritable demeure d'André Néher et de ses co-religionnaires est donc la Bible. La terre de Palestine n'est que le marche-pied - c'est-à-dire l'escabaut mental sur lequel il se hisse afin, croit-il, d'atteindre un jour sa patrie rêvée. Alors que le poète palestinien habite sa terre et en est habité, le don Quichotte juif l'arpente sans la voir et même lui tourne le dos .

Ces deux porte-voix de deux peuples résument en quelques mots deux destins parallèles. Comment imaginer qu'une cohabitation soit possible entre l'homme jailli de son sol et celui qui court depuis deux mille ans derrière un mirage, juché sur la Rossinante de sa fiction?

Car la Rossinante des intellectuels juifs possède de puissantes oeillères. Elle va son train, sans un regard pour les cadavres qu'elle sème sur son chemin. Israël est en danger, gémissent-ils, le monde nous en veut sans raison, alors que nous sommes la société la plus parfaite qui ait jamais existé sur la terre : "S'il est bien un endroit unique et à nulle autre pareil sur cette planète que nous nommons Terre, c'est bien ici, Israël. Yom Kippour 5772 vient de s'achever. Nous sommes devenus l'exemple d'une démocratie accomplie où chacun quel qu'il soit a sa place en s'ancrant sur nos convictions, traditions, sur des faits historiques irréfutables, sur une éthique d'état et d'armée, un état de droit sans aucun égal dans le monde et dans l'Histoire. Ce que nous avons accompli, nul ne l'a accompli avant nous, nul ne l'accomplira après nous." [[ 1]]url:http://aline.dedieguez.pagesperso-orange.fr/mariali/chaos/legende_dore/legende.html#1a

Les hommes-arbres et les enfants-fleurs de la Palestine sont, eux, le fruit de leur terre depuis la nuit des temps. Ils sont vivants dans les branches de leurs oliviers et les fleurs de leurs amandiers. L'inconscient des colons ne s'y est pas trompé, c'est pourquoi ces migrants frustes, fanatisés par une seule idée qui suffit à remplir le cerveau et venus d'autres ciels et d'autres territoires, ne s'attaquent pas seulement aux hommes, aux femmes et aux enfants palestiniens, à leurs maisons, à leurs lieux de culte, à leurs animaux, à leurs infra structures, ils s'en prennent avec une violence inouïe aux vergers, mutilant, brûlant, déracinant notamment leurs précieux oliviers. Plus de 2.500 oliviers ont été détruits en septembre, et 7.500 depuis le début de l'année. Depuis 1967, 800.000 oliviers ont été déracinés. [[2]]url:http://aline.dedieguez.pagesperso-orange.fr/mariali/chaos/legende_dore/legende.html#2a

 

La femme palestinienne embrasse son olivier, son enfant mutilé, sous le regard du bourreau à l'arrière-plan.

Le comportement des colons est typiquement celui de prédateurs apatrides. L'homme qui est né sur la terre de ses aïeux vit en symbiose avec son environnement et les arbres sont pour lui aussi vivants que les humains et cela nonobstant la valeur marchande des fruits qu'ils produisent. Brûler, mutiler, déraciner impunément des centaines d'oliviers sous le regard souvent bienveillant des autorités officielles, voilà bien un comportement qui exprime la barbarie et la bassesse de conquérants étrangers à la terre dont ils revendiquent la propriété. Torturer les prisonniers et torturer les arbres participe de la même mentalité.

Les prédateurs des arbres qui symbolisent la Palestine prouvent, à l'instar du rabbin Néher, qu'il ne suffit pas de s'évader dans la stratosphère ou de conquérir un territoire pour en devenir les habitants. Habiter, c'est faire corps et âme avec sa patrie et être en retour habité par sa terre, comme Mahmoud Darwish l'a si magnifiquement exprimé. Mais cela ne se peut sans respect des hommes et des lieux. Or, ce sentiment est antinomique avec la colonisation qui consiste à arracher un territoire à ses propriétaires à coups de missiles et de tronçonneuses. C'est pourquoi la terre de Palestine, patrie d'un autre peuple, rejettera un jour les prédateurs conquérants qui l'humilient.

5 - L'archéologie contre la mythologie

L'archéologie préhistorique a permis de découvrir des fossiles d'homo erectus et même de l'homme de Neandertal datant de plusieurs dizaines de milliers d'années. Cette région est, en effet, l'une des plus anciennes terres habitées sans interruption depuis l'apparition de l'homme de Neandertal au Moyen Orient il y a environ 300 000 ans. Dans la narration mythologique née à Babylone au Ve siècle avant notre ère, le scripteur ne fait remonter qu'à 5777 ans la prétendue "création du monde" au profit exclusif d'un peuple particulier par un Jahvé tardillon qui a dû somnoler durant les millénaires précédents.

La fiction judéenne censée justifier la possession des lieux par la tribu qui a rédigé le récit de ses exploits héroïques fait donc pâle figure devant l'ancienneté de l'occupation de ces lieux par les différents types d'humains qui se sont succédé sur la terre de Palestine. Les sept à huit siècles d'occupation judéenne historiquement avérés dans l'antiquité, et cela uniquement dans la toute petite province de Juda autour de la ville de Jérusalem, puis le demi-siècle d'occupation sioniste récente ne représentent qu'un grain de poussière dans l'histoire éternelle de la Palestine.

On sait maintenant en effet, avec une certitude absolue que la ville de Jéricho existait déjà huit millénaires avant notre ère - soit six millénaires et demi avant l'invasion des Hapiru (Hébreux) originaires de Mésopotamie. Le pays de Canaan et plus particulièrement la région de Jéricho furent l'un des plus anciens centres agricoles du monde. On y a même retrouvé une variété de blé hybride datant de huit mille ans avant notre ère. De nombreux peuples sémites s'y établirent successivement et s'en disputèrent la propriété, notamment et d'abord le peuple originaire des Cananéens, mais également les Hittites, les Philistins, les Ammonites, les Moabites, les Iduméens, les Phéniciens, les Arabes, les Syriens ainsi que d'autres peuples venus de la Grèce antique, notamment de Mycènes. D'innombrables roitelets à la tête d'un village ou d'une parcelle de territoire se partageaient le territoire, chacun protégé par son dieu particulier.

"En niant (…) l'existence d'un royaume uni avant l'Exil, elle (la critique récente) a réduit l'Israël historique à l'un de ces nombreux royaumes palestiniens balayés par la conquête assyrienne. " (Mario Liverani, La Bible et l'invention de l'histoire, p. 22)

Voir : Israël , du mythe à l'histoire, #5: Où l'on voit Samson essayer d'ébranler les colonnes du temple

Si nous ne possédons pas de "Bibles" des royaumes analogues de Karkémish, de Damas, de Tyr ou de Gaza, c'est que "leurs traditions ont disparu sous le rouleau compresseur impérial assyrien." (Liverani, Ibid .p.23)

Voir - La Bible et l'invention de l'histoire d'Israël...

Les conditions économiques favorables de la région de Jéricho avaient évidemment aiguisé les convoitises et il n'est pas étonnant que les Hébreux ou Hapiru, un ensemble de tribus nomades en voie de sédentarisation et particulièrement belliqueuses, aient jeté leur dévolu sur une région fertile et sur une ville déjà en pleine décadence qui n'entretenait plus ses murs de protection, à moitié écroulés. Dans le récit mythique, cet épisode a donné lieu à la légende fameuse de la destruction miraculeuse des remparts opérée par la musique de joueurs de trompettes se promenant durant sept jours autour de la ville.

Les livres dits "historiques" de l'Ancien Testament - Le Deutéronome, les Nombres, les Juges et surtout Josué - portent la trace de la prise de possession mouvementée du territoire et des combats que les conquérants durent mener contre les premiers occupants et contre les tribus voisines. Dans ces textes, il n'est question que de batailles, de massacres, de ruses et de conquêtes.

Voir: La théocratie ethnique dans le chaudron de l'histoire , Annexe: Les exploits d'un Jahvé chef de guerre génocidaire (voir le tableau ).

Le lecteur de ces récits est saisi par la précision des descriptions, leur côté vivant et minutieux, digne parfois d'un reportage journalistique. C'est à croire que le narrateur avait été "embedded" dans l'armée des héros de la fiction, aux côtés des "généraux" Saül, David ou Gédéon. On ne peut, en effet, qu'admirer le talent littéraire des auteurs judéens qui, durant le demi-siècle d'exil à Babylone, rédigèrent cette "Chanson de Geste" du passé héroïque de la tribu et qui, afin d'en accroître la puissance de persuasion, en attribuèrent la paternité à Moïse, le héros éponyme de la tribu, censé avoir rédigé ces textes de sa main.

On comprend que l'illusion qu'il s'agissait d'un texte historique se soit imposée aux contemporains. Mais plus aucun historien sérieux dans le monde entier n'identifie le contenu des récits dits "historiques" du Pentateuque ou Torah avec la "vérité historique" ... hormis l'Etat d' Israël où le "nouveau Josué" comme fut surnommé David Ben Gourion, a imposé dans toutes les écoles la fiction biblique comme histoire officielle du nouveau pays né en 1947.

Voir : Le messianisme biblique à l'assaut de la Palestine

6 - Les étapes de la consolidation du mythe

A trois siècles d'intervalle, deux décisions politiques majeures reposant sur des mises en scène qui ressemblent à des stratagèmes, ont en effet permis de transformer la fiction en vérité historique et religieuse à l'intérieur de la petite province de Juda, d'imposer le jahvisme, de le structurer d'une poigne de fer et de créer l'environnement psychologique et social qui favorisa son épanouissement et sa longévité.

La première décision politique capitale se produisit sous le règne de Josias, le seul grand roi judéen, au septième siècle avant notre ère. Un rouleau opportunément découvert lors du nettoyage de la chambre au trésor du temple (2 Chr. 34:1) et décrit comme "un livre de la Torah" (2Rois 22,8) ou comme "le livre de la Torah de YHVH par la main de Moïse" (2 Chr. 34,14), lui permit d'entreprendre une profonde réforme religieuse et politique. En effet, dans les sociétés religieuses, les lois civiles, pour être respectées doivent être directement dictées par le dieu du lieu. C'est pourquoi les lois civiles sont toujours impératives parce que sacrées et comme elles sont sacrées, elles sont immuables. Un exemple: les lois qui régissent les interdits alimentaires qui ont été édictées sous un certain climat et dans certaines circonstances d'hygiène ou de pathologie animale, continuent d'être tenues pour sacrées, et respectées comme telles, même lorsque les conditions qui ont justifié leur promulgation ont changé.

La réforme politico-religieuse du roi Josias donnait donc à un roi fin politique l'opportunité de centraliser toute la vie sociale et religieuse autour d'un seul lieu de culte légitime: le temple de Jérusalem. Josias est le souverain qui, en interdisant tous les autres cultes à l'intérieur du Royaume de Juda officialisa l'hénothéisme jahvique, un seul dieu protecteur des seuls Israélites devait être vénéré. Il créa ainsi les fondements politiques de la survie du petit Etat.

En effet, il n'était pas question de monothéisme au sens moderne du mot, c'est-à-dire d'un dieu universel: l'existence des dieux des tribus voisines n'était pas niée, les divinités étrangères étaient simplement considérées comme impuissantes. Mais comme l'existence et la puissance étaient inextricablement liées, leur impuissance signait, en réalité, leur arrêt de mort. C'est pourquoi, lorsque Josias fut vaincu et blessé à mort par le pharaon Nechao II à la bataille de Meggido, les Judéens, ulcérés et furieux de la faiblesse d'un Dieu au culte duquel le roi s'était dévoué, revinrent au culte des dieux multiples anciens et les cippes refleurirent sur les hauteurs.

Voir : 2 - L'invention du "peuple élu" et de la "Terre Promise"

Le second exploit théologique qui marqua d'une manière indélébile le clergé et la société civile judéennes, exploit dont les effets continuent de se faire sentir de nos jours encore, fut l'œuvre d'Esdras, deux siècles plus tard. Il est l'homme qui rentra - tardivement - de l'exil de Babylone, en transportant dans sa besace les cinq livres appelés Pentateuque ou Torah. De nombreux exégètes lui en attribuent sinon l'entière paternité, du moins une collaboration capitale.

Son influence politique sur la psychologie des contemporains a été si néfaste que les millénaires n'ont pas réussi à en effacer la trace. Il était d'une mentalité tellement tribale et étroite qu'il réussit à enfermer à triple tour la société judéenne dans son ethnicité, à lui inoculer une horreur pathologique des non-juifs et le virus virulent de la purification ethnique dont on mesure aujourd'hui encore les ravages en Palestine occupée.

Depuis Esdras, il était interdit, sous peine de mort ou d'exclusion du groupe, de se marier en dehors de la tribu: "Je suis l'Éternel, votre Dieu, qui vous ai mis à part des autres peuples. Vous serez saints pour moi, car moi, l'Éternel, je suis saint et je vous ai mis à part des autres peuples pour que vous m'apparteniez" (Lévitique 20,24- 26), fait dire Esdras à Jahvé dans le Lévitique. "Alors Schecania, fils de Jehiel, d'entre les fils d'Élam, prit la parole et dit à Esdras: Nous avons péché contre notre Dieu en prenant des femmes étrangères qui appartiennent à d'autres peuples de la région. (…) Faisons maintenant une alliance avec notre Dieu pour le renvoi de toutes ces femmes et de leurs enfants, selon l'avis de mon seigneur et de ceux qui tremblent devant les commandements de notre Dieu." (Esdras, 10,2-3)

Son contemporain et "collègue" en purification ethnique, Néhémie, l'homme d'influence et serviteur du roi perse Artaxerxès, ajoute qu'un mariage entre un Judéen et une femme étrangère signe un "péché contre Dieu": "Vous péchez contre notre Dieu en prenant des femmes étrangères". (Néhémie 13,27)

Le rabbin Meir Lau, actuel grand rabbin de Tel Aviv et président du Conseil d'administration du Yad Vashem, nommé chevalier de la légion d'honneur par le président Nicolas Sarkozyen 2010 peut tranquillement expliquer que "l’assimilation fait le jeu des ennemis d’Israël". Il insiste et préciser que "Epouser des Gentils revient à faire le jeu des Nazis". Esdras, sors de ce corps. [[3]]url:http://aline.dedieguez.pagesperso-orange.fr/mariali/chaos/legende_dore/legende.html#3a

Je rappelle que la Knesset n'a adopté que le 19 mars 2011 une dérogation à l'emprise des rabbins sur la société civile. La loi permet depuis cette date aux couples athées et à ceux dont au moins un membre n'est pas reconnu comme juif selon la halakha (loi juive) d'éviter le détour par Chypre pour se marier civilement. Cette tolérance n'est pas valable pour les juifs pour lesquels le mariage légal passe par la synagogue.

Voir - Comment le cerveau d'un peuple est devenu un bunker , # 10 - Esdras, Néhémie, des initiateurs de la purification ethnique

La rédaction du Talmud après la destruction par les Romains commandés par l'empereur romain Titus, du Temple construit par le roi d'origine iduméenne, Hérode le grand - rédaction sur laquelle je reviendrai - vint poser un couvercle définitif sur l'enfermement de la psychologie nationale sur elle-même et sur son rejet de toute intégration mentale au reste du monde.

On trouve dans un fleuve ininterrompu de commentaires des jugements d'une violence inouïe contre les goys, c'est-à-dire les non-juifs, des accusations extravagantes de sorcellerie et d'immoralité contre Jésus et des centaines d'absurdités sur la sexualité qui font dresser les cheveux sur la tête. Des milliers de commentaires du Deutéronome, du Lévitique et des Nombres vinrent compléter la liste d'obligations impératives qui toutes avaient pour but de séparer physiquement et moralement les juifs des autres humains dans tous les actes de la vie quotidienne, afin de cimenter une hiérarchie entre juifs et non-juifs.

Ainsi, de nos jours, dans le Kiddush du vendredi soir - la bénédiction du pain et du vin - le père de famille remercie Dieu "d'avoir élu et sanctifié les juifs au-dessus de toutes les nations".

Quant à la prière quotidienne, Aleinu, elle exalte Dieu de n'avoir "pas fait les juifs comme les peuples des autres nations de la terre" et de n'avoir pas fait leur destin "le même que celui des autres". Le pater familias ajoute à la fin de la prière: "D'autres nations se prosternent devant le néant et prient un Dieu qui ne peut les sauver". [[4]]url:http://aline.dedieguez.pagesperso-orange.fr/mariali/chaos/legende_dore/legende.html#4a

Le rabin Néher, que j'ai évoqué à plusieurs reprises tellement il est représentatif de l'arrogance d'un suprématisme ethnique habillé en mystique, n'avait-il pas énoncé le même idée, à savoir que "tous les hommes sont sacrés", mais que "les hommes du peuple d'Israël sont investis d'une sainteté supplémentaire"?

Voir : Le messianisme biblique à l'assaut de la Palestine

Ainsi, l'homme juif pieux non seulement s'auto-congratule dans ses dévotions quotidiennes d'être un homme "spécial", un "élu sanctifié", mais il accable de son mépris l'illusion des non-juifs dont les prières ne sont que néant adressées à une autre forme du néant, c'est-à-dire à une idole impuissante, inapte à assurer leur salut. Autrement dit, aucun autre peuple ne peut espérer bénéficier du "salut", celui-ci étant exclusivement réservé aux juifs.

La boucle est bouclée: on retrouve dans la "prière" quotidienne l'affirmation ethnocentrique décomplexée qui place Israël "au-dessus de toutes les nations" sur terre, dans l'au-delà... et partout ailleurs.

7 - Saint Guilad Shalit, priez pour nous

Un exemple particulièrement éloquent de la suréminence attribuée à un ressortissant juif israélien vient d'être fourni par ce qu'il faut bien appeler "l'affaire Shalit". C'est ainsi que la presse occidentale a triomphalement répété ad nauseam qu'un individu unique, aussi précieux que la prunelle des yeux de l'ensemble des journalistes israéliens, européens et américains réunis, bien que criminel de guerre en droit international, puisque membre d'une armée d'occupation en opération à la frontière d'un territoire sous blocus, que ce jeune tankiste hyper ou super humain, dis-je, échangé après cinq ans de captivité contre un troupeau indistinct de "Palestiniens", était une victime comme nul n'en vit jamais sous le soleil. Non seulement aucun chef d'Etat, mais aucun pygmée des forêts d'Ethiopie, aucun indien d'Amazonie, aucun indigène de Bornéo ou de Java n'a pu échapper au récit de son "calvaire". Même les pingoins des terres australes n'ont pas été épargnés par cette douloureuse nouvelle!

Dans le même temps, aucun organe de presse occidental n'a seulement eu l'idée de s'intéresser au destin ou aux souffrances des sous-humains anonymes libérés en vrac comme on jette en l'air une poignée de lentilles. Aucun journaliste français ne s'est avisé de décrire le bonheur d'un fils retrouvant un père libéré après plus de vingt ans de séjour dans les geôles de l'occupation et qu'il n'a connu que par des photos. Les journalistes n'avaient d'yeux et d'oreilles que pour Guilad, le papa de Guilad, la maman de Guilad, la grand-mère de Guilad et pourquoi pas de la tantina de Burgos, comme dit la chanson. Tant mieux pour cette famille, mais surtout tant mieux pour les centaines de familles palestiniennes, qui ont retrouvé un père, un fils, une mère, non pas après cinq ans, mais après trente sept ans d'une dure captivité pour le plus ancien!

Cette presse unanime n'a jamais seulement évoqué le fait que ce groupe comprend 27 femmes, dont certaines ont été contraintes d'accoucher les jambes et les poignets enchaînés. Le fait que 40% de la population palestinienne soit passée par les geôles de l'occupation depuis 1967 n'interpelle en rien les journalistes et les professionnels des droits de l'homme. Ce chiffre, rapporté à la population française, signifie que 26 000 000 (vingt-six millions) de nos compatriotes auraient été embastillés en moins de cinquante ans! Rapporté à la population des Etats-Unis, 140 000 000 (cent quarante millions) d'Américains auraient été enfermés en une cinquantaine d'années! Ces chiffres astronomiques montrent que l'Etat sioniste est devenu une véritable "colonie pénitentiaire".

Ca se passe comme ça dans les geôles de la colonie pénitentiaire israélienne

On sait, qu'entre autres, croupissent dans les geôles de l'occupant vingt-deux membres du Parlement palestinien légalement élus et kidnappés nuitamment pour l'unique motif qu'ils ne plaisent pas à l'occupant, ainsi que trente quatre enfants de moins de quinze ans et un nombre important de prisonniers dits "administratifs", c'est-à-dire enfermés sans jugement et sans le moindre contact avec un avocat - la durée et les conditions de leur détention dépendant de l'humeur et de l'arbitraire des autorités d'occupation.

Cette situation est volontairement ignorée par la presse occidentale ou balayée d'un négligent revers de main. Seule s'exprime bruyamment l'allégresse suscitée par le retour d'un prisonnier de guerre capturé sur son char au cours d'une opération militaire, un jeune caporal israélien sans aucune valeur personnelle, symbolisant au-delà de toute rationalité et de tout intérêt national véritable, le statut "spécial" d'un hyper-humain et qui, durant sa captivité aura été mieux traité que les milliers de résistants palestiniens et les enfants lanceurs de pierres soumis à des tortures et des brimades permanents.

Gageons, d'ailleurs, que le vide laissé par le millier de prisonniers palestiniens libérés sera rapidement comblé au gré des rafles des forces d'occupation.

 

Un enfant palestinien dont le visage tuméfié porte la trace des méthodes de la "seule démocratie du Moyen Orient"

8 - Notre compatriote Salah Hamouri

Je voudrais rendre hommage à la vaillance et au somoud (l'esprit de résistance) de notre compatriote, le jeune Français Salah Hamouri - et non franco-palestinien comme on le présente par erreur volontaire ou ignorance - enfermé dans les geôles du colonisateur depuis sept ans après une caricature de jugement devant un tribunal militaire. En effet, bien que son père soit palestinien, le jeune homme n'est détenteur que de la nationalité française, la Palestine n'étant pas un Etat officiellement reconnu.

L'étudiant français Salah Hamouri est emprisonné en Israël depuis le 13 mars 2005.© François Mori / Sipa

C'est pourquoi la différence de traitement dont il est victime de la part des autorités de son pays, la France - à commencer par la Présidence de la République - et par la presse de l'hexagone dans sa totalité, avec celui réservé à un citoyen juif israélien, accessoirement détenteur d'un passeport français supplémentaire, reçu en héritage d'une grand-mère, est non seulement choquante, mais scandaleuse. Le statut "spécial" qui est réservé en France à ce jeune soldat israélien par tout ce qui tient un micro ou une plume, alors que ni ses parents, ni lui-même ne parlent un seul mot de français, aurait-il frappé une fois de plus?

Comme tout le monde a pu l'entendre de ses propres oreilles, cette famille ne s'exprimait qu'en anglais devant les micros qui lui étaient généreusement tendus par les journalistes de l'hexagone, ce qui prouve que son degré d'attachement réel à la France frise le zéro absolu et que le maintien de sa "nationalité" française demeure d'ordre strictement utilitaire. Notre gouvernement n'a-t-il pas exigé des candidats à l'acquisition de la nationalité française une connaissance suffisante de notre langue et de nos institutions?

*

La folie originelle dont parle le psychanalyste allemand, puis américain à partir de 1934 et d'origine juive, Erich Fromm, consiste à refuser d'une manière aussi violente que pathétique de quitter les lunettes roses de la fiction théologique et de nier les travaux des vrais historiens et des archéologues qui sapent les fondements mêmes du colonialisme politico-religieux du sionisme.

Mais même le sommeil le plus profond n'est pas éternel. Les rêveurs sionistes n'échapperont pas aux lois éternelles de l'histoire qui veulent que le principe de réalité finisse par triompher des idéologies tribales, des légendes et des fictions truffées de merveilleux et de miracles sur lesquelles leur esprit voguait si délicieusement dans la moyenne région de l'air.

Les idéologies politiques ou religieuses sont mortelles: le Royaume chrétien de Jérusalem n'est plus qu'un souvenir, le IIIe Reich est mort, le marxiste s'est écroulé comme un château de cartes et la colonisation sioniste n'échappera pas à la règle.

Le mythe est le destin de l'actuel Etat d'Israël et sa carapace mentale, mais il est également son talon d'Achille.

Notes
[1] Voir: Pour penser une nouvelle hasbara
http://jssnews.com/2011/10/09/pour-penser-une-nouvelle-hasbara/

[2] Les attaques des colons volent 500.000$ aux agriculteurs palestiniens sur la récolte des olives 2011
http://www.ism-france.org/communiques/Les-attaques-des-colons-volent-500000-aux-agriculteurs-palestiniens-sur-la-recolte-des-olives-2011-article-16202
[3] Un rabbin qui a bien mérité sa légion d'honneur
http://soutien-palestine.blogspot.com/2011/10/un-rabbin-qui-bien-merite-sa-legion.html
[4] Arno J. Mayer, De leurs socs, ils ont forgé des glaives, Histoire critique d'Israël, Fayard 2009, p.130

 

Bibliographie

Professor Abdel-Wahab Elmessiri:
The function of outsiders : http://weekly.ahram.org.eg/1999/435/op2.htm
The kindness of strangers: http://weekly.ahram.org.eg/1999/436/op2.htm
A chosen community, an exceptional burden : http://weekly.ahram.org.eg/1999/437/op5.htm
A people like any other : http://weekly.ahram.org.eg/1999/438/op5.htm
Learning about Zionism: http://weekly.ahram.org.eg/2000/476/eg6.htm

Mario Liverani, La Bible et l'invention de l'histoire, 2003, trad. Ed. Bayard 2008

Israël Finkelstein et Neil Asher Silberman,La Bible dévoilée. Les nouvelles révélations de l'archéologie, 2001 ,trad. Ed. Bayard 2002

Israël Finkelstein et Neil Asher Silberman, Les rois sacrés de la Bible, trad.Ed.Bayard 2006

Arno J. Mayer, De leurs socs, ils ont forgé des glaives, Histoire critique d'Israël, Fayard 2009

Ernest Renan, Histoire du peuple d'Israël, 5 tomes, Calmann-Lévy 1887

Douglas Reed , La Controverse de Sion

Shlomo Sand, Comment le peuple juif fut inventé, Fayard 2008, coll. Champs Flammarion 2010

Avraham Burg, Vaincre Hitler : Pour un judaïsme plus humaniste et universaliste , Fayard 2008

Ralph Schoenman, L'histoire cachée du sionisme, Selio 1988
Israël Shahak, Le Racisme de l'Etat d'Israël , Guy Authier, 1975

Karl Marx, Sur la question juive

SUN TZU, L'art de la guerre

Claude Klein, La démocratie d'Israël,1997

Jacques Attali: Les Juifs, le monde et l'argent, Histoire économique du peuple juif. Fayard, 2002

******************************************************************************************

http://www.alterinfo.net/Aux-sources-du-sionisme-VIII-La-legende-doree-du-sionisme_a65558.html

25 octobre 2011

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18 décembre 2010 6 18 /12 /décembre /2010 22:44
Juifs, judaïsme et judaïté

Dès lors qu’Israël se définit en tant que «l’Etat juif », nous sommes fondés à considérer ce que signifie le mot « juif ».

Dès lors qu’Israël se définit en tant que «l’Etat juif », nous sommes fondés à considérer ce que signifie le mot « juif ».

J’ai personnellement tendance à opérer un distinguo entre trois catégories distinctes (même si elles peuvent parfois introduire une certaine confusion) :

1) les juifs, des gens ;
2) le judaïsme, une religion ;
3) la judaïté, une idéologie.

Au cours de mes études consacrées au sionisme, à la politique juive, à la politique identitaire juive et à la culture juive, je suis parvenu à éviter de m’empêtrer dans la complexité inhérente à la première de ces trois catégories ; je ne m’adresse pas aux juifs en tant que race ou qu’ethnicité. Généralement, j’évite aussi de traiter du judaïsme (la religion). De fait, je reconnais moi-même le premier que le seul collectif juif à soutenir les Palestiniens est celui qui est formé par certains des groupes constituant le courant des juifs de la Torah. Le fait que ces groupes soutiennent l’autodétermination et l’autonomie des Palestiniens prouve d’abondance que certains aspects du judaïsme religieux peuvent être perçus comme amplifiant certains préceptes éthiques.

En revanche, je suis extrêmement critique envers ce que je considère être une « idéologie juive », et je suis tout aussi opposé à ce que je considère être une « politique identitaire juive.

L’« idéologie juive », fondamentalement, c’est un alliage d’arguments exclusivistes racialement connotés. Elle est alimentée par des assomptions au sujet d’on ne sait trop quel suprématisme ‘ethno’-centré et d’idées telles que l’« élection ». Etant un positionnement tribal, l’idéologie juive défie l’égalité. Elle s’oppose aussi à l’universalisme. Les adeptes de cette idéologie ont tendance à croire qu’ils sont quelque part différents, et même meilleurs (choisis) que les non-juifs. Et le plus gros de l’activisme politique juif consiste en une formulation et en l’expression d’un club exclusiviste tribal qui exige que l’on produise une carte d’accès délivrée aux seuls juifs.

Il est important de noter que l’idéologie juive et le sionisme ne sont pas totalement identiques entre eux. De fait, le sionisme devrait être vu simplement comme une manifestation parmi d’autres de l’idéologie juive. Bien qu’Israël soit le fruit du projet sioniste, il est vital de prendre conscience du fait que ce n’est pas le sionisme qui guiderait la politique juive ou l’idéologie juive. De fait, le sionisme est dans une large mesure un discours inhérent à la diaspora juive.

Alors que le sionisme des origines se présentait comme une promesse de « résorber la Galut (la diaspora) » en « transformant » le juif diasporique en un être humain « authentiquement civilisé », il est fondamental de rappeler que les dernières générations d’Israéliens sont nées en Sion (Palestine) et qu’elles n’ont pas, de ce fait même, été formatées par les idéologies sionistes. D’un point de vue sioniste, l’Israélien moderne est, dès lors, un sujet « postrévolutionnaire ». Et, de fait, j’ai moi-même, parmi des millions d’autres Israéliens, intégré l’armée israélienne parce que nous étions des juifs – et non pas parce que nous aurions été sionistes.

Toutefois, les Israéliens sont bel et bien régis par ce que j’appelle l’idéologie juive. Ils pratiquent et produisent un certain nombre de mesures qui n’ont d’autre fin que de pérenniser l’exclusivité juive sur la terre. Lorsque 94 % des Israéliens soutenait les tactiques criminelles de « Tsahal » à l’encontre des habitants de la bande de Gaza, à l’époque de l’Opération Plomb Durci, ce n’était pas le sionisme qui les motivait. C’était l’absence totale d’empathie envers d’autres êtres humains. C’était la cécité à l’existence d’autres (de non-juifs, ndt). C’était le suprématisme et le chauvinisme, autrement dit, c’était la plus atroce des manifestations homicides de leur (prétendue) élection.

La quasi-totalité des aspects de la politique israélienne, qu’il s’agisse du « désengagement unilatéral » ou de l’exigence de la prestation du serment d’allégeance, peut être comprise comme une tentative de projeter et de protéger l’exclusivisme juif sur la terre (en lieu et place d’essayer de résoudre la question de la Galut).

Vous aurez sans doute remarqué que je ne me réfère jamais aux juifs en tant que groupe ethnique ou racial ; je ne dirige pas non plus ma critique contre le judaïsme, cette religion. Et même si des juifs peuvent effectivement s’adonner à ce que je définis comme l’ « idéologie juive » (ce que beaucoup d’entre eux font), il est important de garder présent à l’esprit le fait qu’ils peuvent aussi en être les ennemis les plus virulents ; les exemples évidents de ce phénomène étant Jésus, Spinoza et Marx, auxquels il est loisible de joindre des Israéliens tels qu’Israel Shahak, Gideon Levy et d’autres. Il est également pertinent de mentionner que certains pionniers du sionisme, comme Nordau et Borochov, étaient aussi des détracteurs impitoyables de l’idéologie juive et de la culture juive. Pour eux, le sionisme était une tentative nécessaire d’amender les juifs. Ils étaient convaincus qu’une fois installés sur leur (fameuse) « terre promise », ce qui avait été jusqu’alors perçu comme des « tendances juives » (à l’instar des « inclinations non-productives ») disparaîtrait.

Il devrait être évident pour tout le monde que je soutiens à fond les idées universalistes et éthiques qui sont associées à l’UED (Unique Etat Démocratique) et à l’ETSC (Etat de tous ses citoyens). Je serais également le premier à soutenir et à explorer toute forme de réconciliation entre la population indigène du pays (les Palestiniens) et les nouveaux venus (les Israéliens).

Mais je pense qu’afin qu’une quelconque discussion viable et intelligible s’instaure, nous devons assurément être en mesure d’explorer en toute liberté la véritable nature de l’idéologie qui préside à l’Etat juif et à la politique juive dans le monde entier.

Il nous faut trouver le moyen d’être en mesure de reconnaître que le discours idéologique, politique et culturel juif est un discours tribal. Ce discours est étranger à l’universalisme et aux idées de véritable égalité. Nous devons aussi prendre conscience du fait que la notion israélienne du ‘shalom’ (paix) est interprétée par les Israéliens comme « la sécurité pour les juifs », en lieu et place de la réconciliation.

Tant que nous n’aurons pas le courage de nous colleter à ces problématiques et d’en débattre librement, le mouvement pro-palestinien restera empêtré dans un discours futile très proche de l’auto-complaisance.

Gilad Atzmon

www.gilad.co.uk
www.myspace.com/giladatzmon
www.jazzaproductions.squarespace.com


JEWS, JUDAISM & JEWISHNESS
par Gilad Atzmon, 15 décembre 2010
http://www.gilad.co.uk/writings/gilad-atzmon-jews-judaism-jewishness.html
traduit de l’anglais par Marcel Charbonnier


Samedi 18 Décembre 2010


http://www.plumenclume.net/articles.php?pg=art807 http://www.plumenclume.net/articles.php?pg=art807

http://www.alterinfo.net/Juifs-judaisme-et-judaite_a52830.html

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15 octobre 2010 5 15 /10 /octobre /2010 22:23
Religion et politique, le cas du sionisme

 

Les organisations sionistes exercent une grande vigilance sur les campus universitaires. C'est vrai en France mais encore plus aux Etats Unis, pays dans lequel le lobby sioniste peut souvent actionner des menaces de sanctions financières à l'égard d'établissements qui dépendent en partie de dons de personnes ou d'institutions privées. Par ailleurs, les universités sont le lieu quasi unique de production des élites dans un pays qui ignore le système des grandes écoles à la française (HEC, Ponts et Chaussées etc.)
Une caractéristique des universités aux Etats Unis est de souvent disposer d'une presse de qualité, animée par des étudiants. Les éditoriaux et les opinions qui paraissent dans cette presse témoignent généralement d'une diversité qu'on ne retrouvera qu'épisodiquement dans la presse professionnelle dite "mainstream".  Même si elle fait aussi parfois l'objet de pressions de la part de divers lobbies. L'article que je vous propose est une parfaite illustration de cette diversité persistante. Publié dans le Princetonian, il aborde de front la question du judaïsme politique, c'est-à-dire ce qui correspondrait à ce qu'on appelle aujourd'hui l'islamisme quand il s'agit de la religion musulmane. Nous n'avons pas de terme pour désigner ce judaïsme politique, hormis celui de sionisme quoique, si on lit attentivement l'article de Brandon Davis on peut aller jusqu'à penser que le sionisme n'est pas du judaïsme politique mais en réalité une nouvelle religion réservée aux happy few. 

La politisation du judaïsme
par Brandon Davis, The Daily Princetonian (USA) 6 octobre 2010 traduit de l'anglais par Djazaïri

Si vous avez écouté récemment Newt Gingrich, vous avez certainement peur de voir les Musulmans transformer les Etats Unis d'Amérique en République Islamique d'Amérique. Vous êtes peut être dominé par le sentiment que la religion musulmane n'est rien d'autre qu'un mouvement politique. Vous avez peut-être aussi le sentiment que le christianisme aussi devient rapidement un instrument politique. Mais dans toutes les récentes vociférations sur la religion et la politique, la troisième religion abrahamique a été pratiquement absente.

Peu de gens envisagent le judaïsme en tant que mouvement politique comme ils peuvent le faire pour l'Islam ou le christianisme. Quand je pense au judaïsme; je pense aux latkes (galettes de pommes de terre), au challah (pain), à Woody Allen et aux rituels de la Pâque. J'entends ma mère crier "oy vey" (malheur) quand j'avais raté une interro ou quand elle avait brûlé le morceau de boeuf de Rosh Hashanah. Si vous êtes un Américain de n'importe quelle religion, c'est probablement cette image que vous avez aussi des Juifs.

Mais il existe tout un autre pan du monde qui a une perception très différente du peuple juif. Pour eux, le judaïsme n'est rien d'autre qu'un mouvement politique. Ils pensent à des Juifs - les Israéliens - qui circulent dans des jeeps militaires et qui les ont expulsés de leurs maisons. Ils pensent à des Juifs qui les ont isolés du reste du monde, physiquement par un mur ou par un blocus économique. Ils pensent à des Juifs qui ont volé leur terre et nié leur histoire.

Je concède qu'il serait injuste de tirer des conclusions sur les Israéliens ou les Juifs en général à cause de certaines politiques et actions militaires israéliennes - tout comme il serait injuste de juger n'importe quelle communauté sur les actions de ses pires représentants. Mais comment traiter du judaïsme quand pratiquement toutes les organisations juives d'Amérique soutiennent inconditionnellement  les politiques israéliennes?

Dans l'époque sécularisée et post religieuse dans laquelle beaucoup d'entre nous vivent, le judaïsme a été préservé par une autre foi: le nationalisme. L'allégeance à Israël fait partie intégrante de l'expérience juive américaine, encore plus peut-être que la tradition culturelle et religieuse née de la Diaspora. Et les tendances politiques du judaïsme organisé sont presque monolithiques.

Mettre en question cette allégeance est le plus grand tabou de la communauté juive organisée. Des universitaires comme Noam Chomsky et Norman Finkelstein qui critiquent Israël sont qualifiés de Juifs atteints de la haine de soi par le courant principal du judaïsme américain. Des organisations juives pro palestiniennes telles que Jews Say No ou Jewish Voices for Peace sont extrêmement marginaux. Il existe quelques organisations juives relativement importantes qui critiquent Israël, mais aucune d'entre elles n'envisagera un instant l'idée d'un Etat israélo-palestinien non juif. 

Le résultat en est une politisation presque complète du judaïsme, analogue à l'islamisme au Moyen Orient ou au christianisme politique façon Sarah Palin ici. Si, à la différence de ces idéologies, les Juifs Américains ne militent pas pour que notre gouvernement [aux Etats Unis] soit basé sur des valeurs juives, nous soutenons des politiques bien précises au Moyen Orient. Comme les prières du Sabbat et les récits de la Torah, l'histoire de l'Israël moderne - souvent dépouillée de ses parties douteuses - fait partie intégrante de l'éducation juive. Les combattants de l'indépendance israélienne sont des héros pour les Juifs Américains, tout comme George Washington ou Paul Revere. Des millions de dollars sont dépensés pour apprendre aux jeunes Juifs à aimer Israël et à défendre Israël contre ses détracteurs. Les preuves sont massives et incontestables: le maintien d'un Etat nation juif en Palestine est devenu un des objectifs centraux du judaïsme organisé.

Et tout comme il est juste de critiquer les politiques israéliennes, il est juste de critiquer ceux qui en font l'apologie - des organisations qui affirment représenter l'ensemble de la communauté juive américaine. Traditionnellement, les Juifs Américains ont été à l'avant-garde des mouvements progressistes. Mais ces dernières années, les institutions juives américaines ont évolué vers le côté hideux du sionisme, soutenant - ou justifiant à tout le moins - le droite dure israélienne dans sa poursuite de l'occupation de la Cisjordanie et la répression de l'identité palestinienne. Les injustices indéniables commises par le gouvernement et l'armée israéliens justifient la critique; le silence devant ces injustices appelle également la critique.

Il est temps pour les Juifs Américains de se lever contre l'oppression, la violence et le fondamentalisme religieux. Le tribalisme qui a persuadé les Juifs de se ranger totalement aux côtés d'Israël depuis tant d'années est stupide et dépassé. L'occupation de la Cisjordanie est injuste. Le blocus de Gaza est injuste. Le déplacement des villages palestiniens est injuste. La poursuite de la construction de colonies est injuste. Et les Juifs Américains ont rendu tout ça possible. Il était grand temps qu'un Juif se lève pour le dire.


Mardi 12 Octobre 2010


http://mounadil.blogspot.com/ http://mounadil.blogspot.com/


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26 septembre 2010 7 26 /09 /septembre /2010 12:42

 


 

 

 


 

 


 
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2 janvier 2010 6 02 /01 /janvier /2010 21:40
Un Somalien de 28 ans armé d'une hache a été appréhendé par la police danoise peu après être entré dans la maison de l'auteur d'une des caricatures blasphématoires sur le prophète de l'islam. Selon l'agence France Presse, un Somalien de 28 ans armé d'une hache a été appréhendé vendredi le 1er janvier au soir par la police danoise peu après être entré dans la maison de Kurt Westergaard, l'auteur d'une des caricatures polémiques du prophète de l'islam, dessinateur danois qu'il avait l'intention de tuer, a-t-on appris de sources policières.

L'identité de cet homme, qui vit au Danemark, n'a pas encore été révélée, ajoute même source.
Vendredi soir, les policiers danois appelés au secours par le dessinateur ont tiré en direction de l'agresseur, qui les menaçait de sa hache et d'un couteau, et qu'ils ont réussi à arrêter, a expliqué à l'AFP, inspecteur en chef de la police locale.

En 2005, un journal danois a publié, entre autres, un dessein blasphématoire de Kurt Westergaard, sur le vénéré Mohammad, grand prophète de l'islam (Que le salut de Dieu soit sur lui et sur ses descendants), provoquant une vague de colère et d'indignation auprès des musulmans du monde.


http://french.irib.ir/ http://french.irib.ir/

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2 janvier 2010 6 02 /01 /janvier /2010 21:37

Des « dieux » et des « insectes » !


Si certains doutaient que l’on vivait dans un monde infesté de mirages et bien je pense que la « chute » de Dubaï va les ramener sur terre. Dubaï par ci et Dubaï par là, j’entendais les gens me vanter les merveilles de Dubaï. Quand je vois une activité comme celle qu’il y avait jusqu’à peu à Dubaï je me demande d’où sort le fric ? Parce que tout de même construire tout ça, ça devait demander pas mal de fric ! Ah le fric la clé des clés ou devrais-je dire le maître des clés ? La clé des dieux…
Notez

cybermoine3000@yahoo.fr
Samedi 5 Décembre 2009

Des « dieux » et des « insectes » !
•    Le fric !
Comme dit un de mes amis, le fric est « le dieu de ce monde » qui en a est vénéré, respecté et pire on lui pardonne tout. Moi je pense plutôt que le fric est l’outil de manipulation favori des « dieux de ce monde ». Il semble même que dans ce monde il y ait deux lois, une pour les riches (classe à laquelle appartient la célèbre « France d’en haut » de Raffarin) et une pour les pauvres. Donc ceux qui contrôlent le fric, contrôlent le monde. Et je le dis ceux qui ont conçu ce système où tout passe par le fric sont « diaboliquement » géniaux. Car ça leur permet de disposer des humains et des états comme de pions. Avec le fric on s’achète tout à moyen, à court et à long terme. Et ça m’a toujours amusé de voir certains dépenser du fric qu’ils n’ont pas. On vantait les mérites de la croissance américaine alors que celle-ci finalement ne reposait que sur une montagne de crédit. Les gens se sont « vendus » sans le savoir ! Accepter des crédits colossaux pour réaliser leurs fantasmes, ça dénote une sacrée dose de naïveté et d’immaturité (mais cette naïveté et cette immaturité ne sont pas spontanées pensez à l’ « american dream ») dont certains ont su profiter. On en vient à se demander pourquoi les forces du fric prêtent de l’argent à ceux qui n’en ont pas ! Et la réponse me semble évidente, il s’agit de contrôler ces personnes à court, moyen et long terme. A court terme ceux qui s’endettent vont bosser pour rembourser leurs créanciers, à moyen terme ils peuvent tout perdre et leurs créanciers saisiront tout ce qu’ils ont et à long terme ils pourraient être les esclaves des élites puisqu’ils n’auront plus rien et dépendront donc des élites pour tout (et c’est à mon avis vers cet état que les élites veulent tous nous mener). Du moment où quelqu’un s’endette (ou accepte que la communauté s’endette en son nom) il devient un esclave. Et on se rend compte que le système mit en place dans de nombreux pays occidentaux est une machine à endetter les gens (l’endettement étant le chemin vers l’esclavage) ! Certains s’endettent mais pour pouvoir survivre ce que je trouve choquant. Et notre ami, le « lutin hongrois de l’Elysée » voulait que les frenchies s’endettent pour devenir propriétaires. Mais si ceux-ci ne pouvaient rembourser leurs dettes, les banques et associés allaient tout leur prendre. Il voulait donc que les français s’engagent dans le même système pervers que les étatsuniens ! Mais cela n’est que peu étonnant puisqu’il est visiblement un pantin des mêmes forces mondialistes qui rêvent de Nouvel Ordre Mondial (et les nombreux signes qu’il fait dans ses discours sont sans aucun doute une preuve de cet état de fait) et de contrôle absolu du genre humain. Toute cette farce cynique ne semble finalement mener qu’à cela, faire du genre humain un groupe d’esclaves entièrement soumis à une élite dégénérée. Avant d’entreprendre quelque chose il faut toujours se demander pourquoi, car la vie est une suite de partie d’échecs. Rien ne m’agace plus que d’entendre des gens dire qu’on ne peut taxer les riches car sinon ils vont prendre la poudre d’escampette. Et Sarko est un champion en la matière ! Que les riches paient leur dîme, laquelle est un impôt moral et après on en reparlera. Voir d’un côté des gens qui tirent le diable par la queue et d’autres qui se bronzent le cul sur des yachts ça ne dérange pas le petit (de taille) qui se rêve un grand (homme), pas du tout. Et pourquoi ça ne le gêne pas, tout simplement parce qu’il rêve d’être comme ces milliardaires que l’on voit dans Paris Match et autres. Il rêve d’être une de ces stars d’Hollywood. Et beaucoup rêvent comme lui, autant d’idiots utiles dont la machine infernale de l’élite se sert et servira tant qu’elle en aura la possibilité. La même logique infernale est en marche partout avec les mêmes idiots utiles. L’Afrique mon continent se meurt aussi parce qu’il est infesté du même genre d’idiots utiles qui se disent :
•    Dans ce monde soit on est un dieu soit on est un insecte !
Comment appartenir au « club des dieux » à « l’Olympe moderne », voilà ce qui taraude tous ces idiots utiles. C’est simple se disent-ils, il faut du pouvoir ! Or pour avoir du pouvoir dans ce système là, il faut du fric. C’est simple comme bonjour voyons, tellement simple qu’il ne faut pas se poser de questions. Il vous faut donc courtiser les gens qui ont du fric, qu’ils soient banquiers ou riches hommes d’affaire. Bien sûr ils vous imposeront des conditions, mais peu importe vous dites-vous, on ne peut pas faire d’omelette sans casser les œufs. D’où vient leur fric ? Peu importe car vous avez un but bien précis, être un dieu. Et si cela signifie écraser des humains trop faibles et trop naïfs, pourquoi pas ? Car à vrai dire quand on voit souvent le niveau moyen de beaucoup de nos frères et sœurs humains on a envie de pleurer de dépit. Et je sais que le petit (de par ses qualités) homme qui se rêve empereur doit se dire ceci aussi. Il doit se dire que la populace ne mérite que de ramer au fond d’une cave comme les esclaves sur les galères romaines. Etre un dieu se dit-il ! Et être dieu, ça demande d’avoir à ses côtés une Aphrodite (déesse de la beauté grecque et femme du pas très beau Héphaïstos, le dieu qui boitillait) et quoi de mieux qu’épouser un mannequin. Et vlan, voilà la Carlita promue « première dame » des français. Amusant ce couple présidentiel qui n’a justement rien de français (et n’y voyez pas du « racisme », ces « dieux » sont des mondialistes donc ils n’ont pas de patrie, ils sont au dessus du monde). Mais Sarko a du montrer patte blanche aux puissances des ténèbres et il doit honorer son pacte. Est-il si mauvais que certains le disent ? Peut-être que oui, peut-être que non ! Mais il est un pion cela me semble évident ! Bon il est vrai que le richissime Dassault ne vole pas haut non plus, question niveau d’expression et pensée. Mais que voulez-vous lui aussi pense être un dieu qui n’a que faire des insectes que nous sommes ! Tant qu’il est accepté dans le « club des dieux », c’est l’essentiel. Mais attention dans ce monde impitoyable (tiens tiens on se croirait dans la série télévisée « Dallas » et « son univers impitoyable ») il faut faire gaffe de ne pas finir en bouc-émissaire comme Madoff. Car il faut à cet « olympe moderne » livrer en pâture de temps à autre un « dieu » à la populace pour que celle-ci se rendorme illico des fois qu’un « bruit » l’aurait réveillé. Et voilà Bernard « La gaffe » Madoff redescendu du mont Olympe et contraint de ramper avec nous autres pauvres insectes. Ces dieux (bien presentés il faut l’avouer dans le film « Titanic » de James Cameron) nous méprisent tellement que maintenant ils nous parlent comme on parlerait à des attardés mentaux. Regardez par exemple cette histoire de grippe A ! Mais avant il y avait la version officielle des attentats du 11 septembre 2001. Ce qui doit nous inquiéter c’est que certaines personnes croient encore à ce genre de manipulations de bas étages. Je me rappelle de ce père dont le fils était mort le 11 septembre 2001 convaincu que Bush, ce « dieu » ne pouvait mentir en disant que l’Irak avait un lien avec ces curieux attentats ! Non il ne s’est pas demandé comment malgré les centaines de milliards de dollars dont dispose l’armée américaine, quelques illuminés avaient pu réussir un coup aussi audacieux. D’autres se disent que les politiciens, les médecins et autres ne sont que des « amis qui nous veulent du bien ». Tant que certains verront en l’élite des dieux, nous ne sommes pas sortis de l’auberge. Alors il est nécessaire de :
•    Briser cette première illusion !
Mais l’élite utilise toutes ses connaissances pour hypnotiser les foules. Et le fait qu’un maître hypnotiseur (avec son fumeux mantra « yes we can ») comme Obama soit président des USA est vraiment effarant et effrayant à vrai dire. Et il est clair que le peu de libertés qu’il reste en Zunie vont disparaître bien vite. Alors certes on dit qu’Obama n’est plus aussi populaire qu’avant, mais le mal est déjà fait ! Il fallait à l’élite aux Etats-Unis, un petit répit pour pouvoir avancer encore plus vite et l’élection d’Obama leur a permis d’avoir ce répit. Et maintenant les dieux s’en donnent à cœur joie et pourront mettre en pratique leurs fantasmes. Fantasmes qui s’appellent eugénisme et sélection naturelle et cette idée qu’une minorité a un droit divin de disposer de la terre comme elle l’entend. L’arrogance de l’élite américaine vient selon moi de là. Mais cette arrogance est spécifique à cette élite que Pierre Hillard décrit assez bien dans sa conférence du 10 octobre 2009 voir ici : http://www.dailymotion.com/video/xb75kd_pierre-hillard-10nov09-dictature-mo_news. Pour cette élite, tout est permis quand aux insectes que nous sommes, nous avons juste le droit de nous terrer et de nous taire. Nous ne devons pas être le clou qui dépasse sous peine de recevoir le premier coup. Et nous avons subi un conditionnement pour ne pas nous rebeller contre les élites. Les élites nous ont hypnotisés littéralement et certains n’arrivent pas à se libérer de cette matrice. Soit parce qu’ils rêvent d’être des dieux, soit parce qu’ils ne voient pas d’autre système qui pourrait remplacer efficacement celui-là. Donc certains aiment ce système parce qu’ils veulent leur place au soleil, d’autres le tolèrent parce qu’ils sont convaincus qu’ils n’ont pas le choix. Mais nous entrons dans ce système quand nous naissons et nous en sortons véritablement quand nous mourrons. Nous n’emportons point notre fortune et nos titres de gloire terrestres dans le trou ! Quoiqu’en Afrique par exemple il est dit qu’on enterrait certains rois avec des dizaines d’humains pour que ceux-ci les servent dans l’au de là. Nous savons aussi que le « bouffon Mobutu » se prenait pour un dieu dont l’autorité devait être sacré. Alors ceux qui coopèrent avec le système sont soit pourris, soit désespérés. M’est avis que l’on peut essayer de discuter avec les désespérés mais quant à ceux qui rêvent de devenir aussi des dieux, il n’y a rien à attendre d’eux. Les désespérés ont selon moi besoin d’une espérance, quelque chose en quoi croire ! Me concernant je n’attends rien de ce monde matériel et j’essaie de leur faire comprendre que mon espérance est après la mort. Ils pourront toujours me demander comment je sais que les croyances auxquelles je suis attaché ne sont pas juste une illusion créée encore par cette élite tentaculaire. C’est une bonne question, je dois l’avouer ! Comment être sûr que nous ne sommes pas victimes d’une autre illusion créée par ces autoproclamés « dieux » ? Après tout certains n’hésitent pas à appeler le pape, sa « sainteté » (ce qui pour le croyant que je suis est un blasphème). Certains vénèrent des pasteurs comme des « dieux » notamment parce que ceux-ci font des « miracles ». Moi je vénère un Dieu que je ne pourrais voir au mieux qu’après ma mort (au pire je ne le  verrai pas…). Je sais que ça effraie beaucoup, attendre la mort pour avoir la « paix ». Mais dans ce monde ils n’auront (pratiquement) le choix que d’être un insecte ou tenter de devenir un dieu. En ce qui me concerne je préfère être un insecte à la conscience tranquille, qu’un dieu toujours sur mes gardes car je pourrais finir comme un Madoff ou être victime de cette « guerre » des dieux célèbre par exemple dans la mythologie grecque. Dubaï ressemblait à une demeure des dieux conçu avec la sueur des insectes… Ce « lieu paradisiaque » est selon moi symptomatique de la folie de ces « dieux ». Mais tout le monde connaît le secret de Dubaï à présent, espérons que ça fera réfléchir certains.


http://www.alterinfo.net/Des-dieux-et-des-insectes-!_a40042.html

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2 janvier 2010 6 02 /01 /janvier /2010 21:28

Théologie de la libération - Le document Kairos de Palestine


Un groupe de leaders religieux, représentant les principales confessions chrétiennes (à l’exception des Églises évangéliques anglo-saxonnes), demande aux théologiens de ne pas légitimer les injustices faites aux Palestiniens. Ils rappellent le devoir des fidèles de résister au mal et les appellent en particulier à participer au boycott des produits israéliens. En outre, ils dénoncent la définition juive de l’État d’Israël et appellent au respect de tous.
Sa Béatitude Mgr Michel Sabbah*, Sa Grâce Mgr Munib Younan*,
Samedi 2 Janvier 2010

Théologie de la libération - Le document Kairos de Palestine
Un moment de vérité :
Une parole de foi, d’espérance et d’amour venant du cœur de la souffrance palestinienne
Nous, un groupe de Palestiniens chrétiens, après avoir prié, réfléchi et échangé devant Dieu sur l’épreuve que nous vivons sur notre terre, sous occupation israélienne, nous faisons entendre aujourd’hui notre cri, un cri d’espoir dans l’absence de tout espoir, uni à notre prière et à notre foi en Dieu qui veille, dans sa divine Providence, sur tous les habitants de cette terre. Nous inspirant du mystère de l’amour de Dieu pour tous et de celui de sa présence divine dans l’histoire des peuples et, plus particulièrement, dans celle de notre terre, nous voulons dire aujourd’hui notre parole, comme chrétiens et comme Palestiniens, une parole de foi, d’espérance et d’amour.
Pourquoi maintenant ? Parce que le drame du peuple palestinien est arrivé, aujourd’hui, à une impasse, et que ceux qui peuvent prendre les décisions se contentent de gérer le conflit au lieu d’agir sérieusement pour le résoudre. Cela remplit les cœurs des fidèles de peine et de questionnements : que fait la communauté internationale ? Que font les chefs politiques en Palestine, Israël et dans le monde arabe ? Et, que fait l’Eglise ? Car il ne s’agit pas simplement d’une question politique, mais, plutôt, d’une politique qui détruit la personne humaine. Et cela concerne l’Eglise.
Nous nous adressons à nos frères et sœurs dans nos Eglises ici, dans cette terre. De même que nous adressons notre appel, en tant que Palestiniens et en tant que chrétiens, à nos chefs religieux et politiques, à notre société palestinienne et à la société israélienne, aux responsables de la communauté internationale et à nos frères et sœurs dans les Eglises du monde.
1. La réalité
1.1 “Ils disent ‘Paix ! Paix !’ et il n’y a point de paix” (Jr 6,14). Tous en effet parlent de paix et de processus de paix au Moyen-Orient, alors que tout cela n’est jusqu’à maintenant que pures paroles. Alors que la réalité est l’occupation israélienne des Territoires palestiniens, notre privation de notre liberté et tout ce qui en résulte :
1.1.1 Le mur de séparation, qui a été construit sur les terrains palestiniens, en a confisqué une grande partie, a converti nos villes et nos villages en prisons et en a fait des cantons séparés et dispersés. Gaza, après la guerre cruelle déclenchée par Israël en décembre 2008 et janvier 2009, continue à vivre dans des conditions inhumaines, sous embargo permanent et reste isolée géographiquement du reste des Territoires palestiniens.
1.1.2 Les colonies israéliennes qui nous dépouillent de notre terre, au nom de Dieu ou au nom de la force, contrôlent nos ressources naturelles, surtout l’eau et les terres agricoles, dont elles privent des centaines de milliers de Palestiniens. Elles sont aujourd’hui un obstacle face à toute solution politique
1.1.3 L’humiliation à laquelle nous sommes soumis chaque jour aux points de contrôle militaires, pour nous rendre à notre travail, à nos écoles ou à nos hôpitaux.
1.1.4 La séparation entre les membres d’une même famille, qui rend la vie familiale impossible pour des milliers de Palestiniens, lorsque l’un des époux n’est pas porteur d’une carte d’identité israélienne.
1.1.5 La liberté religieuse elle-même, à savoir la liberté d’accès aux lieux saints, devient limitée, sous prétexte de sécurité. Les lieux saints de Jérusalem sont inaccessibles à un grand nombre de chrétiens et de musulmans de la Cisjordanie et de Gaza. Les gens de Jérusalem eux-mêmes ne peuvent accéder à leurs lieux saints certains jours de fêtes, de même que certains de nos prêtres arabes ne peuvent entrer à Jérusalem sans difficultés.
1.1.6 Les réfugiés font partie de notre réalité. La plupart d’entre eux vivent encore dans les camps dans des situations difficiles inacceptables pour les êtres humains. Eux, qui ont le droit de retour, attendent ce retour depuis des générations. Quel sera leur sort ?
1.1.7 Les milliers de personnes détenues dans les prisons israéliennes font elles aussi partie de notre réalité. Les Israéliens remuent ciel et terre pour un seul prisonnier, mais ces milliers de prisonniers palestiniens qui croupissent dans les prisons israéliennes, quand verront-ils la liberté ?
1.1.8 Jérusalem est le cœur de notre réalité. Elle est en même temps symbole de paix et signe de conflit. Après que le “mur” a créé une séparation entre les quartiers palestiniens de la ville, les autorités israéliennes ne cessent de la vider de ses habitants palestiniens, chrétiens et musulmans. On leur confisque leur carte d’identité, c’est-à-dire leur droit de résider à Jérusalem. Leurs maisons sont démolies ou confisquées. Jérusalem, ville de la réconciliation, est devenue la ville de la discrimination et de l’exclusion, et donc source de conflit au lieu d’être source de paix.
1.2 Par ailleurs, Israël tourne en dérision le droit international et les résolutions internationales, avec l’impuissance du monde arabe comme de la communauté internationale face à ce mépris. Les droits de l’homme sont violés. Malgré les multiples rapports des organisations locales et internationales des droits de la personne, l’oppression continue.
1.2.1 Les Palestiniens de l’Etat d’Israël, tout en étant des citoyens ayant tous les droits et les devoirs que leur confère la citoyenneté, ont eux aussi subi une injustice historique et ne cessent de souffrir de politiques discriminatoires. Eux aussi attendent d’obtenir tous leurs droits et d’être traités à égalité avec tous les citoyens de l’Etat.
1.3 L’émigration est une autre dimension de notre réalité. L’absence de toute vision ou espoir de paix et de liberté a poussé les jeunes, chrétiens et musulmans, à émigrer. Le pays se voit ainsi privé de sa ressource la plus importante et la plus riche : une jeunesse instruite. La diminution du nombre de chrétiens, en particulier en Palestine, est une des graves conséquences de ce conflit, de l’impuissance et de l’échec aux niveaux local et international à trouver une solution globale au problème.
1.4 Face à cette réalité les Israéliens prétendent justifier leurs actes comme actes de légitime défense. C’est pourquoi l’occupation continue, de même que les punitions collectives et les représailles de toutes sortes contre les Palestiniens. C’est là, à notre avis, une vision renversée des choses. Oui, il y a une résistance palestinienne à l’occupation. Mais, précisément, s’il n’y avait pas d’occupation, il n’y aurait pas de résistance ; il n’y aurait eu non plus ni peur ni insécurité. Voilà ce que nous constatons, et nous appelons les Israéliens à mettre fin à l’occupation. Ils verront alors un nouveau monde, dans lequel il n’y a ni peur ni menaces, mais sécurité, justice et paix.
1.5 La riposte palestinienne face à cette réalité a revêtu de nombreuses formes. Certains ont choisi la voie des négociations : c’est là la position officielle de l’Autorité palestinienne. Mais cela n’a pas fait avancer le processus de paix. D’autres partis politiques ont eu recours à la résistance armée. Israël s’en est servi comme prétexte pour accuser les Palestiniens d’être des terroristes, ce qui lui a permis d’altérer la véritable nature du conflit, le présentant comme une guerre israélienne contre le terrorisme et non comme une résistance palestinienne légitime à l’occupation israélienne.
1.5.1 Le conflit interne entre les Palestiniens, ainsi que la séparation de Gaza du reste des territoires palestiniens n’ont fait qu’aggraver la tragédie. Il convient aussi de noter que bien que la division ait affecté les Palestiniens eux-mêmes, la responsabilité pèse pour beaucoup sur la communauté internationale, car elle a refusé d’accueillir positivement la volonté du peuple palestinien telle qu’elle a été exprimée avec les résultats des élections menées démocratiquement et légalement en 2006.
Encore une fois, nous proclamons que notre parole chrétienne, au milieu de toute notre tragédie, est une parole de foi, d’espérance et d’amour.
2. Une parole de foi
Nous croyons en Dieu, un Dieu bon et juste
2.1 Nous croyons en Dieu, un et unique, créateur de l’univers et de l’humanité, un Dieu bon, juste et aimant toutes ses créatures. Nous croyons que toute personne humaine est créée par Dieu à son image et à sa ressemblance. La dignité de l’être humain provient de celle de Dieu et elle est égale en toute personne humaine. Cela veut dire pour nous, ici et maintenant sur cette terre en particulier, que Dieu nous a créés non pour que nous nous disputions et nous affrontions, mais afin que nous nous connaissions et nous aimions les uns les autres, et pour édifier ensemble cette terre, par notre amour et notre respect mutuel.
2.1.1 Nous croyons en son Verbe éternel, son Fils unique notre Seigneur Jésus Christ, qu’il a envoyé comme Sauveur du monde.
2.1.2 Nous croyons en l’Esprit Saint qui accompagne l’Eglise et l’humanité dans leur cheminement. C’est lui qui nous aide à comprendre les Ecritures, dans les deux Testaments, formant une seule unité, ici et maintenant. C’est lui qui nous révèle la manifestation de Dieu à l’humanité, dans le passé, le présent et l’avenir.
Comment comprendre la Parole de Dieu ?
2.2 Nous croyons que Dieu a parlé à l’humanité, ici, dans notre pays : “Après avoir, à maintes reprises et sous maintes formes, parlé jadis aux Pères par les Prophètes, Dieu, en ces jours qui sont les derniers, nous a parlé par le Fils qu’il a établi héritier de toutes choses, par qui aussi il a fait les siècles” (Hb 1, 1-2).
2.2.1 Nous, Palestiniens chrétiens, comme tout chrétien dans le monde, nous croyons que Jésus Christ est venu accomplir la Loi et les Prophètes. Il est l’alpha et l’oméga, le début et la fin. Illuminés par lui et guidés par le Saint Esprit, nous lisons les Ecritures, nous les méditons et nous les interprétons, comme le fit Jésus aux deux disciples d’Emmaüs : “Et, commençant par Moïse et parcourant tous les Prophètes, il leur interpréta, dans toutes les Ecritures, ce qui le concernait” (Lc 24,27).
2.2.2 Le Christ est venu proclamer que le Royaume de Dieu est proche. Il a provoqué une révolution dans la vie et la foi de l’humanité. Il nous a porté un “enseignement nouveau” (Mc 1,27) et une lumière nouvelle pour comprendre l’Ancien Testament et les principaux sujets qui y sont mentionnés et qui ont rapport avec notre foi chrétienne et notre vie quotidienne, tels les promesses, l’élection, le peuple de Dieu et la terre. Nous croyons que la Parole de Dieu est une parole vivante qui jette une lumière nouvelle sur chacune des périodes de l’histoire. Elle manifeste aux croyants ce que Dieu dit ici et aujourd’hui. C’est pourquoi il n’est pas permis de transformer la Parole de Dieu en lettres mortes qui défigurent l’amour et la Providence de Dieu dans la vie des peuples et des personnes. C’est là le défaut des interprétations bibliques fondamentalistes, qui nous portent la mort et la destruction lorsqu’elles figent la Parole de Dieu et la transmettent, comme parole morte, de génération en génération. Cette parole morte est utilisée comme une arme dans notre histoire présente, afin de nous priver de notre droit sur notre propre terre.
La vocation universelle de notre terre
2.3. Nous croyons que notre terre a une vocation universelle. Dans cette vision d’universalité, le concept des promesses, de la terre, de l’élection et du peuple de Dieu s’ouvrent pour embrasser toute l’humanité, à commencer par tous les peuples de cette terre. A la lumière des Ecritures Saintes nous voyons que la promesse de la terre n’a jamais été à la base d’un programme politique. Elle est plutôt une introduction au salut universel, et donc le début de la proclamation du Royaume de Dieu sur terre.
2.3.1 Dieu a envoyé à cette terre les patriarches, les prophètes et les apôtres porteurs d’un message universel. Aujourd’hui nous y constituons trois religions, le judaïsme, le christianisme et l’islam. Notre terre est terre de Dieu, comme l’est tout pays dans le monde. Elle est sainte par sa présence en elle, car lui seul est le Très Saint et le sanctificateur. Il est de notre devoir, nous qui l’habitons, de respecter la volonté de Dieu sur elle et de la libérer du mal de l’injustice et de la guerre qui est en elle. Terre de Dieu, elle doit être terre de réconciliation, de paix et d’amour. Et cela est possible. Si Dieu nous a mis, deux peuples, dans cette terre, il nous donne aussi la capacité, si nous le voulons, d’y vivre ensemble, d’y établir la justice et la paix et d’en faire vraiment une terre de Dieu : “Au Seigneur le monde et sa richesse, la terre et tous ses habitants” (Ps 24,1).
2.3.2 Notre présence, en tant que Palestiniens - chrétiens ou musulmans - sur cette terre n’est pas un accident. Elle a des racines profondes liées à l’histoire et à la géographie de cette terre, comme c’est le cas de tout peuple aujourd’hui qui vit sur sa terre. Une injustice a été commise à notre égard, lorsqu’on nous a déracinés. L’Occident a voulu réparer l’injustice qu’il avait commise à l’égard des juifs dans les pays d’Europe, et il l’a fait à nos dépens et sur notre terre. Il a ainsi réparé une injustice en en créant une autre.
2.3.3 De plus, nous voyons certains théologiens occidentaux vouloir donner eux aussi une légitimité théologique et scripturaire à l’injustice commise à notre égard. Selon leurs interprétations, les promesses sont devenues une “menace pour notre existence”, et la “bonne nouvelle” même de l’Evangile est devenue pour nous une “une annonce de mort”. Nous invitons ces théologiens à approfondir leur réflexion sur la Parole de Dieu et à rectifier leurs interprétations, de sorte à voir dans la Parole de Dieu une source de vie pour tous les peuples.
2.3.4 Notre lien avec cette terre est un un droit naturel. Ce n’est pas seulement une question d’idéologie ou de théorie théologique. Pour nous, c’est une question de vie ou de mort. Certains ne sont pas d’accord avec nous, et nous traitent même en ennemis pour la seule raison que nous voulons vivre libres sur notre terre. Parce que Palestiniens, nous souffrons à cause de l’occupation de notre terre, et parce que chrétiens, nous souffrons des fausses interprétations de certains théologiens. Face à cela, notre rôle consiste à rester fidèles à la Parole de Dieu, source de vie, non de mort, et à conserver la “bonne nouvelle” comme elle est, “bonne” pour nous et pour tous les hommes. Face à ceux qui menacent notre existence comme Palestiniens, musulmans et chrétiens, par les Ecritures Saintes, nous renouvelons notre foi en Dieu, car nous savons que la Parole de Dieu ne peut pas être pour nous une source de mort.
2.4 Nous déclarons donc que le recours à l’Ecriture Sainte pour justifier ou soutenir des choix ou des positions politiques se fondant sur l’injustice, imposés par un homme à son prochain ou par un peuple à un autre, transforme la religion en idéologie humaine et prive la Parole de Dieu de sa sainteté, de son universalité et de sa vérité.
2.5 Nous déclarons également que l’occupation israélienne des Territoires palestiniens est un péché contre Dieu et contre la personne humaine, car elle prive les Palestiniens des droits humains fondamentaux que Dieu leur a accordés, et défigure l’image de Dieu dans les Israéliens - devenus occupants - comme dans les Palestiniens, soumis à l’occupation. Toute théologie qui prétend justifier l’occupation en se basant sur les Ecritures, la foi ou l’histoire est bien loin des enseignements chrétiens, car elle appelle à la violence et à la guerre sainte au nom de Dieu, le soumettant à des intérêts humains du “moment présent” et déformant son image dans les êtres humains qui subissent une injustice politique et théologique.
3. L’espérance
3.1 Bien qu’il n’y ait apparemment aucune lueur d’espoir, notre espérance reste ferme. La situation présente, en effet, n’annonce aucune solution proche, ni la fin de l’occupation qui nous est imposée. Les initiatives sont certes nombreuses, de même que les congrès, les visites et les pourparlers, mais tout cela n’est suivi d’aucun changement dans notre réalité et nos souffrances. Même la nouvelle position des Etats-Unis, annoncée par le président Obama, et sa volonté manifeste de mettre fin à ce drame, a été incapable d’y apporter un quelconque changement. La réponse israélienne, refusant catégoriquement toute solution, ne laisse aucune place à l’espoir. Malgré cela, notre espérance reste ferme, car nous la tenons de Dieu. Il est bon, tout-puissant et aimant. Sa bonté finira par vaincre un jour le mal dans lequel nous vivons. Saint Paul nous dit : “Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous ? Qui nous séparera de l’amour du Christ ? La tribulation, l’angoisse, la persécution, la nudité, les périls, le glaive ? Selon le mot de l’Ecriture : A cause de toi, l’on nous met à mort tout le long du jour.... aucune créature ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu” (Rm 8,31.35.36.39).
Que veut dire espérer ?
3.2 L’espérance qui est en nous signifie en tout premier lieu croire en Dieu et, deuxièmement, aspirer malgré tout à un avenir meilleur. Enfin, elle signifie ne pas fonder notre espoir sur des illusions, car nous savons que la solution n’est pas proche. Espérer veut dire être capable de voir Dieu au milieu de l’épreuve et d’agir avec son Esprit en nous. A partir de cette vision nous puisons la force pour persévérer, survivre et nous efforcer de changer notre réalité. Espérer veut dire ne pas se résigner devant le mal, mais dire non à l’oppression et à l’humiliation, et continuer à résister au mal. Nous ne voyons que destruction dans le présent et dans l’avenir ; nous voyons la tyrannie du plus fort et sa volonté d’imposer davantage de séparation raciste et de promulguer des lois qui bafouent notre dignité et notre existence. Nous voyons aussi perplexité et division parmi les Palestiniens. Cependant, si, aujourd’hui, nous résistons et agissons de toutes nos forces, peut-être que la ruine qui se dessine à l’horizon n’aura pas lieu.
Signes d’espérance
3.3 L’Eglise - ses chefs et ses fidèles - sur cette terre, montre de nombreux signes d’espérance, malgré sa faiblesse et ses divisions. Nos communautés paroissiales sont vivantes. Les jeunes y sont des messagers actifs pour la justice et la paix. Outre l’engagement des personnes, les institutions diverses des Eglises font de la présence chrétienne une présence active, de service, de prière et d’amour.
3.3.1 Parmi les signes d’espérance, il y a les nombreux centres locaux de théologie, qui ont un caractère social et religieux, dans toutes nos Eglises. Le caractère œcuménique, malgré certaines hésitations, se manifeste de plus en plus dans les rencontres entre les différentes familles d’Eglises.
3.3.2 Les nombreux dialogues interreligieux sont aussi autant de signes d’espérance, notamment le dialogue islamo-chrétien, au niveau des responsables comme au niveau d’une partie du peuple. Toutefois, il faut savoir que le dialogue est une longue marche et un effort qui se perfectionne jour après jour, en vivant les mêmes épreuves et les mêmes attentes. Le dialogue existe aussi entre les trois religions - judaïsme, christianisme et islam - et nombre d’autres dialogues ont lieu aux niveaux académique ou social. Tous ces dialogues s’efforcent d’abattre les murs qu’impose l’occupation et de s’opposer à la déformation de l’image de l’autre dans le cœur de ses frères et sœurs.
3.3.3 Parmi les signes les plus importants d’espérance, il faut mentionner la constance des générations qui croient à la justice de leur cause ainsi que la persévérance de la mémoire, qui n’oublie pas la catastrophe, “la nakba” et sa signification. La même prise de conscience est à l’œuvre dans de nombreuses Eglises à travers le monde, qui désirent mieux connaître la vérité sur ce qui se passe ici.
3.3.4 De plus, nous voyons, chez beaucoup de gens, une détermination à dépasser les rancunes du passé. Ils sont prêts à la réconciliation une fois la justice rétablie. Le monde prend conscience de la nécessité de restaurer les droits politiques des Palestiniens. Des voix juives et israéliennes plaidant pour la paix et la justice s’élèvent à cette fin, soutenues aussi par la communauté internationale. Il est vrai que ceux qui sont pour la justice et la réconciliation restent impuissants à mettre fin à l’injustice. Ils représentent cependant une force humaine qui a son importance et pourrait abréger le temps de l’épreuve et rapprocher celui de la réconciliation.
Mission de l’Eglise
3.4 Notre Eglise est une Eglise d’hommes et de femmes qui prient et servent. Leur prière et leur service sont une prophétie qui porte la voix de Dieu dans le présent et l’avenir. Tout ce qui arrive dans notre pays et à toute personne humaine qui l’habite, toutes les épreuves et les espérances, toute injustice et tout effort pour l’arrêter, tout cela est une partie de la prière de notre Eglise et du service de toutes ses institutions. Nous remercions le Seigneur parce qu’elle élève sa voix contre l’injustice, bien que certains voudraient qu’elle reste dans son silence, isolée dans ses dévotions.
3.4.1 La mission de l’Eglise est une mission prophétique qui proclame la Parole de Dieu dans le contexte local et dans les événements quotidiens, avec audace, douceur et amour pour tous. Et si l’Eglise prend un parti, c’est celui de l’opprimé. Elle se tient à ses côtés, de même que Jésus s’est mis du côté du pauvre et du pécheur qu’il a appelé à se repentir, à vivre et à retrouver la dignité que Dieu lui a donnée et dont personne n’a le droit de le priver.
3.4.2 La mission de l’Eglise consiste à annoncer le royaume de Dieu, un royaume de justice, de paix et de dignité. Notre vocation comme Eglise vivante est de témoigner de la bonté de Dieu, et de la dignité de la personne humaine. Nous sommes appelés à prier et à élever notre voix pour annoncer une société nouvelle où les hommes croient en leur dignité et en celle de leur adversaire.
3.4.3 L’Eglise annonce le Royaume de Dieu, qui ne peut être lié à aucun régime terrestre. Jésus dit devant Pilate : “Oui, je suis roi, mais mon royaume n’est pas de ce monde” (cf. Jn 18,36.37). Saint Paul dit : “Le règne de Dieu n’est pas affaire de nourriture ou de boisson, il est justice, paix et joie dans l’Esprit Saint” (Rm 14,17). C’est pourquoi la religion ne soutient et ne défend aucun régime politique injuste. Elle soutient et défend la justice, la vérité et la dignité humaine et essaie de porter la purification nécessaire dans les régimes qui pratiquent l’injustice et violent la dignité de la personne humaine. Le royaume de Dieu ne peut être lié à aucun système politique, car il est plus grand, plus universel que tout système politique en particulier.
3.4.4 Jésus dit : “Le royaume de Dieu est parmi vous” (cf. Lc 17,21). Cette présence en nous et parmi nous est l’extension du mystère de la Rédemption et c’est la présence de Dieu parmi nous et le fait d’en prendre conscience en tout ce que nous faisons ou disons. Devant cette présence divine, nous agissons jusqu’à ce que soit accomplie la justice que nous attendons sur cette terre.
3.4.5 Les dures circonstances qu’a vécues et que vit encore notre Eglise palestinienne l’ont amenée à purifier sa foi et à mieux connaître sa vocation. Nous avons réfléchi sur notre vocation et nous l’avons mieux découverte au milieu de la souffrance et de l’épreuve : aujourd’hui nous portons en nous la force de l’amour, non pas celle de la vengeance ; la culture de la vie, non pas celle de la mort. Ceci est source d’espoir pour nous, pour l’Eglise et pour le monde.
3.5 La Résurrection est le fondement de notre espérance. Jésus est ressuscité, vainqueur de la mort et du mal. Ainsi pouvons-nous, nous aussi, et tous les habitants de cette terre, vaincre le mal de la guerre grâce à elle. Quant à nous, nous resterons une Eglise de témoins, persévérante et agissante sur la terre de la Résurrection.
4. L’amour
Le commandement de l’amour
4.1 Le Christ nous a dit : “Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés” (Jn 13,24). Il nous a déjà montré comment aimer et comment traiter nos ennemis. Il a dit : “Vous avez entendu qu’il a été dit : aimez vos amis et haïssez vos ennemis. Moi, je vous dis : aimez vos ennemis, et priez pour ceux qui vous persécutent afin de devenir fils de votre Père qui est aux cieux, car il fait lever son soleil sur les méchants et les bons et tomber la pluie sur les justes et injustes” (Mt 5,45-47).
Saint Paul dit : “Ne rendez pas le mal pour le mal” (Rm 12,17) et saint Pierre : "Ne rendez pas mal pour mal, insulte pour insulte. Bénissez au contraire, car c’est à cela que vous êtes appelés, afin d’hériter la bénédiction” (1P 3,9).
La Résistance
4.2 Les paroles de Jésus sont claires. Aimer, voilà ce qu’il nous a donné comme commandement : aimer les amis et les ennemis. Voilà une directive claire, lorsque nous nous trouvons dans des circonstances dans lesquelles nous devons résister au mal, quel qu’il soit.
4.2.1 Aimer c’est voir le visage de Dieu en tout être humain. Toute personne est mon frère et ma sœur. Néanmoins, voir le visage de Dieu en toute personne ne veut pas dire consentir au mal ou à l’oppression de sa part. L’amour consiste plutôt à corriger le mal et à arrêter l’oppression.
L’injustice imposée au peuple palestinien, c’est-à-.dire l’occupation israélienne, est un mal auquel il faut résister. C’est un mal et un péché auquel il faut résister et qu’il faut écarter. Cette responsabilité incombe tout d’abord aux Palestiniens eux-mêmes qui subissent l’occupation. L’amour chrétien en effet appelle à la résistance à l’occupation, mais l’amour met fin au mal, en prenant les voies de la justice. Elle incombe ensuite à la communauté internationale, car la légitimité internationale gouverne aujourd’hui les rapports entre les peuples, et c’est en fin l’oppresseur lui-même qui doit se libérer du mal qui est en lui et de l’injustice qu’il exerce contre les autres..
4.2.2 Lorsque nous passons en revue l’histoire des peuples nous y trouvons des guerres fréquentes. Nous y trouvons la résistance à la guerre par la guerre, et à la violence par la violence. Le peuple palestinien a tout simplement pris la route de tous les peuples, surtout dans les premières phases de sa lutte contre l’occupation israélienne. Mais il a aussi résisté pacifiquement, notamment durant sa première intifada. Avec tout cela, nous voyons que tous les peuples doivent s’engager dans une nouvelle voie dans leurs rapports les uns avec les autres et pour la solution de leurs conflits : éviter les voies de la force militaire et recourir aux voies de la justice. Cela s’impose en premier lieu aux peuples puissants militairement qui exercent l’injustice à l’égard de peuples plus faibles.
4.2.3 Nous disons que notre option chrétienne face à l’occupation israélienne est la résistance ; c’est là un droit et un devoir des chrétiens. Or cette résistance doit suivre la logique de l’amour. Elle doit donc être créative, c’est-à-dire qu’il lui faut trouver les moyens humains qui parlent à l’humanité de l’ennemi lui-même. Le fait de voir l’image de Dieu dans le visage de l’ennemi même et de prendre des positions de résistance à la lumière de cette vision est le moyen le plus efficace pour arrêter l’oppression et contraindre l’oppresseur à mettre fin à son agression et, ainsi, atteindre le but voulu : récupérer la terre, la liberté, la dignité et l’indépendance.
4.2.4 Le Christ nous a donné un exemple à suivre. Nous devons résister au mal, mais il nous a enseigné de ne pas résister au mal par le mal. C’est un commandement difficile, surtout lorsque l’ennemi s’obstine dans sa tyrannie et persiste à nier notre droit à exister ici dans notre terre. C’est un commandement difficile. Mais c’est le seul qui peut tenir tête aux déclarations claires et explicites des autorités israéliennes refusant notre existence ou à leurs divers prétextes pour continuer à nous imposer l’occupation.
4.2.5 La résistance au mal de l’occupation s’insère donc dans cet amour chrétien qui refuse le mal et le corrige. C’est une résistance à l’injustice sous toutes ses formes et avec les moyens qui rentrent dans la logique de l’amour. Nous investissons toutes nos énergies pour faire la paix. Nous pouvons recourir à la désobéissance civile. Nous résistons, non par la mort, mais par le respect de la vie. Nous respectons et vénérons tous ceux qui ont donné leur vie pour la patrie. Et nous disons aussi que chaque citoyen doit être prêt à défendre sa vie, sa liberté et sa terre.
4.2.6 L’appel lancé par des organisations civiles palestiniennes, des organisations internationales, des ONG et certaines institutions religieuses aux individus, entreprises et Etats en faveur d’un boycott économique et commercial de tout produit de l’occupation, s’insère dans la logique de la résistance pacifique. Ces campagnes de soutien et de solidarité doivent se faire avec courage, tout en proclamant sincèrement et clairement que leur but n’est pas de se venger de qui que ce soit, mais de mettre fin au mal qui existe, pour en libérer l’oppresseur et l’opprimé. L’objectif est d’affranchir les deux peuples des positions extrémistes des différents gouvernements israéliens, afin de parvenir enfin à la justice et à la réconciliation. Avec cet esprit et cette action, nous finirons par arriver à la solution tant attendue, comme cela s’est réalisé en Afrique du Sud et pour d’autres mouvements de libération dans le monde.
4.3 Par notre amour nous dépassons les injustices pour jeter les bases d’une nouvelle société, pour nous et pour nos adversaires. Notre avenir et le leur ne font qu’un : ou bien un cercle de violence dans lequel nous périssons ensemble, ou bien une paix dont nous jouissons ensemble. Nous invitons les Israéliens à renoncer à leur injustice à notre égard, à ne pas déformer la vérité de l’occupation en prétendant lutter contre le terrorisme. Les racines du “terrorisme” sont l’oppression de la personne humaine et le mal de l’occupation. Il faut que cela disparaisse si vraiment il y a une volonté sincère de mettre fin au “terrorisme”. Nous invitons les Israéliens à être partenaires de paix et non partenaires dans un cycle de violence sans fin. Ensemble, nous résistons au mal, celui de l’occupation, et celui du cycle infernal de la violence.
5. Appel à nos frères et sœurs dans la foi
5.1 Nous sommes aujourd’hui tous dans l’impasse, et nous nous trouvons face à un avenir menaçant. Notre parole à nos frères et sœurs dans la foi est une parole d’espoir, de patience, de persévérance, et d’un effort toujours renouvelé pour préparer un avenir meilleur. Une parole qui nous dit à tous : nous sommes, dans cette terre, porteurs d’un message, et nous continuerons à le porter, même entre les épines, le sang et les difficultés quotidiennes. Nous mettons notre espoir en Dieu. C’est lui qui nous accordera la paix à l’heure qu’il voudra. Mais en même temps nous agissons. Avec lui et selon sa volonté divine, nous continuons d’agir, de construire, de résister au mal et de rapprocher l’heure de la justice et de la paix.
5.2 Nous leur disons : C’est un temps de pénitence, qui nous ramène à la communion de l’amour avec tout souffrant, avec les prisonniers, les blessés, ceux qui ont été atteints d’un handicap pour un temps ou pour toujours, avec les enfants qui ne peuvent vivre leur enfance, avec tous ceux qui pleurent quelqu’un qui leur est cher. La communion de l’amour dit au croyant en esprit et en vérité : mon frère est prisonnier, je suis donc moi prisonnier. Mon frère a sa maison démolie, c’est ma maison qui est démolie. Mon frère a été tué, c’est moi qui ai été tué. Nous faisons face aux mêmes défis. Nous sommes partie prenante de tout ce qui s’est passé et se passe encore. Peut-être que nous nous sommes tus, nous, fidèles ou chefs d’Eglises, alors qu’il fallait élever la voix pour condamner l’oppression et partager l’épreuve. C’est maintenant un temps de pénitence, pour le silence, l’indifférence, le manque de communion, ou parce que nous n’avons pas été fidèles à notre témoignage dans cette terre alors nous avons choisi d’émigrer, ou parce que nous n’avons pas assez réfléchi et agi pour arriver à une vision nouvelle qui nous unit alors nous nous sommes divisés, donnant un contre témoignage, affaiblissant ainsi notre parole. Une pénitence, pour nous être préoccupés de nos institutions aux dépens de notre message, et pour cela nous avons fait taire la voix prophétique que l’Esprit donne aux Eglises.
5.3 Nous invitons les chrétiens à résister dans ces temps difficiles, comme nous l’avons fait à travers les siècles et la succession des Etats et des gouvernements. Soyez patients, constants, pleins d’espoir et remplissez de cet espoir le cœur de tout frère et de toute sœur qui partage avec vous la même difficulté. Soyez “toujours prêt à répondre à quiconque demande raison de l’espérance qui est en vous” (1P 3,15). Soyez toujours actifs, partageant tous les sacrifices que requiert la résistance selon la logique de l’amour, afin de triompher de l’épreuve que nous endurons.
5.4 Notre communauté est petite, mais notre mission est grande et importante. Le pays a un grand besoin d’amour. Notre amour est un message pour les musulmans, pour les juifs et pour le monde.
5.4.1 Notre message aux musulmans est un message d’amour et de convivialité et un appel à rejeter le fanatisme et l’extrémisme. C’est aussi un message pour le monde, pour lui dire que les musulmans ne sont pas un objet de combat ou un lieu de terrorisme, mais un but de paix et de dialogue.
5.4.2 Notre message aux juifs leur dit : “ Si, dans le passé récent, nous nous sommes combattus, et aujourd’hui encore nous ne cessons de nous combattre, nous sommes cependant capables d’amour et de vie ensemble, aujourd’hui et demain. Nous sommes capables d’organiser notre vie politique avec toutes ses complexités selon la logique et la force de l’amour, une fois l’occupation terminée et la justice rétablie.”
5.4.3 La parole de foi dit à tous ceux qui sont engagés dans l’action politique : l’homme n’est pas créé pour haïr. Il n’est pas permis de haïr. Il ne vous est pas permis de tuer ni de vous faire tuer. La culture de l’amour est la culture de l’acceptation de l’autre. Par elle, la personne atteint sa propre perfection, et la société réalise sa stabilité.
6. Appel aux Eglises du monde
6.1. Notre appel aux Eglises du monde est d’abord l’expression de notre reconnaissance pour leur solidarité, par leur parole, leur action et leur présence parmi nous. C’est une parole d’appréciation pour la position de plusieurs Eglises et chrétiens qui soutiennent le droit du peuple palestinien à son auto-détermination. C’est aussi un message de solidarité avec ces Eglises et ces chrétiens qui souffrent parce qu’ils défendent le droit et la justice.
Mais c’est aussi un appel à la conversion et à la révision de certaines positions théologiques fondamentalistes qui soutiennent des positions politiques injustes à l’égard du peuple palestinien. C’est un appel à prendre le parti de l’opprimé, à faire en sorte que la Parole de Dieu reste une annonce de bonne nouvelle pour tous, et à ne pas la transformer en une arme qui tue l’opprimé. La Parole de Dieu est une parole d’amour pour toutes ses créatures. Dieu n’est l’allié de personne contre personne. Il n’est pas non plus l’adversaire avec l’un face à l’autre. Il est le Seigneur de tous. Il aime tous, il demande justice à tous et il donne ses mêmes commandements à tous. C’est pourquoi nous demandons aux Eglises de ne pas donner une couverture théologique à l’injustice dans laquelle nous vivons, c’est-à-dire le péché de l’occupation qui nous est imposée. La question que nous adressons aujourd’hui à nos frères et sœurs dans toutes les Eglises est la suivante : pouvez-vous nous aider à retrouver notre liberté ? Ainsi seulement vous aiderez les deux peuples de cette terre à parvenir à la justice, à la paix, à la sécurité et à l’amour.
6.2 Pour comprendre notre réalité, nous disons aux Eglises : venez et voyez. Notre rôle consiste à vous faire connaître la vérité et à vous accueillir comme pèlerins qui viennent pour prier et remplir une mission de paix, d’amour et de réconciliation. Venez connaître les faits et découvrir les gens qui peuplent cette terre, Palestiniens et Israéliens.
6.3 Nous condamnons toute forme de racisme, religieux ou ethnique, y compris l’antisémitisme et l’islamophobie et nous vous invitons à condamner tout racisme et à vous y opposer fermement de quelque façon qu’il se manifeste. Avec cela, nous vous invitons à dire une parole de vérité et à prendre des positions de vérité en ce qui concerne l’occupation du Territoire palestinien par Israël. Et, comme nous l’avons déjà dit, nous voyons dans le boycottage et le retrait des investissements un moyen non violent pour atteindre la justice, la paix et la sécurité pour tous
7. Appel à la communauté internationale
Nous demandons à la communauté internationale de cesser la pratique “des deux poids deux mesures” et d’appliquer à toutes les parties les résolutions internationales qui ont trait à la question palestinienne. Car l’application de la loi internationale aux uns et sa non-application aux autres laisse la porte grande ouverte à la loi de la jungle. Cela justifie aussi les prétentions de groupes armés et de nombreux pays qui disent que la communauté internationale ne comprend que le langage de la force. Nous vous invitons aussi à écouter l’appel des organisations civiles et religieuses mentionnées plus haut pour commencer à appliquer à l’égard d’Israël le système des sanctions économiques et du boycott. Nous le répétons encore une fois, il ne s’agit pas de se venger, mais de parvenir à une action sérieuse pour une paix juste et définitive, qui mette fin à l’occupation israélienne des Territoires palestiniens et d’autres territoires arabes occupés, et qui garantisse la sécurité et la paix à tous
8. Appel aux chefs religieux juifs et musulmans
Nous adressons enfin un appel aux chefs religieux et spirituels, juifs et musulmans, avec qui nous partageons la même vision : toute personne humaine est créée par Dieu et tient de lui la même dignité. D’où l’obligation de défendre l’opprimé et la dignité que Dieu lui a accordée. Ainsi, nous nous élevons ensemble au-dessus des positions politiques qui ont échoué jusqu’à maintenant et continuent à nous mener dans les voies de l’échec et de l’épreuve. En effet, les voies de l’Esprit sont différentes de celles des pouvoirs de cette terre, car “les voies de Dieu sont toutes miséricorde et vérité” (Ps 25/24,10).
9. Appel à notre peuple palestinien et aux Israéliens
9.1 C’est un appel à voir le visage de Dieu en chacune de ses créatures, et à aller au-delà des barrières de la peur ou de la race, pour établir un dialogue constructeur, non pour persister dans des manœuvres qui n’en finissent jamais et qui n’ont pour but que de maintenir la situation telle qu’elle est. Notre appel vise à parvenir à une vision commune bâtie sur l’égalité et le partage, non sur la supériorité, ni sur la négation de l’autre ou l’agression, sous prétexte de peur et de sécurité. Nous disons que l’amour est possible et que la confiance mutuelle est possible. Donc, la paix aussi est possible, tout comme la réconciliation définitive. Ainsi la sécurité et la justice pour tous se réaliseront-elles.
9.2 Le domaine de l’éducation est important. Il faut que les programmes d’éducation fassent connaître l’autre tel qu’il est et non à travers le prisme de la querelle, de l’hostilité ou du fanatisme religieux. En fait, les programmes de l’éducation religieuse et humaine sont aujourd’hui empreints de cette hostilité Il est temps de commencer une éducation nouvelle qui fait voir le visage de Dieu dans l’autre et qui dit que nous sommes capables de nous aimer les uns les autres et de construire ensemble notre avenir de paix et de sécurité.
9.3 Le caractère religieux de l’Etat, qu’il soit juif ou musulman, étouffe l’Etat, le tient prisonnier dans des limites étroites, en fait un Etat qui préfère un citoyen à l’autre et pratique l’exclusion et la discrimination entre ses citoyens. Notre appel aux juifs et aux musulmans religieux est le suivant : que l’Etat soit pour tous ses citoyens, bâti sur le respect de la religion, mais aussi sur l’égalité, la justice, la liberté et le respect du pluralisme, non sur la domination du nombre ou de la religion.
9.4 Aux dirigeants palestiniens, nous disons que les divisions internes ne font que nous affaiblir et augmenter nos souffrances, alors que rien ne les justifie. Pour le bien du peuple, qui passe avant celui des partis, il faut y mettre fin. Nous demandons à la communauté internationale de contribuer à cette union et de respecter la volonté du peuple palestinien librement exprimée.
9.5 Jérusalem est la base de notre vision et de toute notre vie. Elle est la ville à laquelle Dieu a donné une importance particulière dans l’histoire de l’humanité. Elle est la ville vers laquelle tous les peuples s’acheminent et où ils se rencontrent dans l’amitié et l’amour en présence du Dieu un et unique, selon la vision du prophète Esaïe : “Il arrivera dans la suite des temps que la montagne de la maison de Dieu sera établie en tête des montagnes et s’élèvera au-dessus des collines. Alors toutes les nations afflueront vers elle…. Il jugera entre les nations, il sera l’arbitre de peuples nombreux. Ils briseront leurs épées pour en faire des socs et leurs lances pour en faire des serpes. On ne lèvera plus l’épée nation contre nation, on n’apprendra plus à faire la guerre” (Is 2, 2-5).
C’est sur cette vision prophétique et sur la légitimité internationale concernant l’ensemble de Jérusalem – habitée aujourd’hui par deux peuples et trois religions - que doit se fonder toute solution politique. C’est le premier point à traiter dans les pourparlers, car la reconnaissance de sa sainteté et de sa vocation sera une source d’inspiration pour la résolution de l’ensemble du problème, qui relève de la confiance mutuelle et de la capacité à construire une “nouvelle terre” sur cette terre de Dieu.
10. Espérance et foi en Dieu
10. En l’absence de tout espoir, nous faisons entendre aujourd’hui notre cri d’espérance. Nous croyons en un Dieu bon et juste. Nous croyons que sa bonté finira par triompher sur le mal de la haine et de la mort qui règnent encore sur notre terre. Et nous finirons par entrevoir une “terre nouvelle” et un “homme nouveau”, capable de s’élever par son esprit jusqu’à l’amour de tous ses frères et sœurs qui habitent cette terre.


http://www.voltairenet.org/article163283.html http://www.voltairenet.org/article163283.html
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