Nous devons rager - Car c’est peut-être par la rage - Qu’un monde meilleur verra le jour
Je rage
Je rage
Je rage
Je rage contre
Les dieux qui ont laissé le monde échapper à tout contrôle
Je rage contre le système qui nous trompe
Je rage contre ces rouages qui nous broient
Huilés par le silence du peuple
L’acquiescement
L’apathie
Et la tromperie
Je rage parce qu’il nous faut rager
Et non être matés
Ni pacifiés
Ni traités avec condescendance
Je rage contre le système qui contemple avec jubilation
Comment nous nous entre-déchirons
Devenons des monstres qui hurlent à la lune
Montrant les crocs
Et des griffes d’acier
Je rage parce que le silence tue
Je rage parce qu’un vote signifie parfois
Un arrêt de mort
Pour quelqu’un quelque part
Je rage
Je rage
Je rage parce que nos instruments de paix
Sont récupérés
Biaisés
Injustes
Et loin d’être pacifiques
Je rage parce que nous avons ressuscité Rome d’entre les morts
Et lui avons donné sa puissance
Pour tuer
Mutiler
Créer le chaos
Pour dire non à la paix
Et faire de nous des bêtes assoiffées de sang
Je rage parce que c’est la couleur de ma peau
Qui détermine si je suis triste
Ou ignoré
Ou accusé
De ma propre misère et de ma propre mort
Je rage en silence
Je rage au grand jour
Je rage avec ma plume
Je rage avec mes pensées
Je rage
Je rage
Je rage
Je rage parce que nous avons de la pitié pour l’empereur
Et aucune pour les victimes
Qui jonchent les champs
Mutilées
Meurtries
Je rage parce que nous sommes délibérément aveugles
Consciemment sourds
Et notre tristesse sélective
Je rage de notre hypocrisie
Et de nos fausses valeurs
De notre double langage
Et de l’éternel
Inconditionnel
Amour de Rome
L’amour de l’empereur
L’amour de l’esclave pour le maître
L’amour du fouet
Et l’amour de notre propre humiliation
Dégradation
Et descente dans la bestialité
Je rage
Je rage
Je rage
Je rage parce que des enfants meurent
Que les balles sifflent
Que nous disons adieu à notre bon sens
Parce que les politiciens renient
Et que les veuves pleurent
Des reflets de diamants dans chaque œil
Devrais-je me croiser les bras et gémir
Non
Non
Non
Non
Non
Je rage
Je rage
Je rage
Je rage parce que je le dois
Je rage parce que l’histoire
Ne se modifie pas avec des hommes soumis
Ni des hommes silencieux
Mais avec des hommes en colère
Qui ragent contre l’injustice
Et crachent à la figure des oppresseurs
Et sont prêts à défendre leurs vérités
Pareils à des montagnes
Déterminés
Résolus
Je rage
Je rage
Je rage
Je rage
Je rage
Jusqu’à ce que je me révolte
Et que je brûle palais et cachots
Viens Frère
Sœur
Mère
Fille
Camarade
Ami
Donne-moi la main
Rage avec moi
Le silence est assourdissant
L’apathie tue
Plus insidieusement que les balles
Battons le tambour
De la justice
Vibre au plus profond de toi-même
Laisse ton sang bouillir comme la lave
Et ta colère comme les flammes
Fais exploser le soleil
Eclipse-le
Réduis-le
De telle façon
Que les temples de la vanité
Soient réduits en cendre
Et la puissance détruite
Je rage
Je rage
Je rage
Je rage
Je rage
Jusqu’à ce que justice soit faite
Et l’avenir de l’enfant assuré
Jusqu’à ce que la paix soit comme l’air que nous respirons
Et que dans les champs lèvent des fleurs de joie
Pas des os blanchis
Jusqu’à ce que les collines de Palestine
Retournent à leurs légitimes propriétaires
Et que les oliviers chantent sous la brise
Les symphonies des feuilles et des oiseaux
Lettres de paix
Pour un peuple las de la guerre
En grand besoin de répit
Jusqu’à ce que tout oppresseur
Soit happé
Craigne la rage
Du peuple
Jusque-là je dois rager
Tu dois rager
Nous devons rager
Car c’est peut-être par la rage
Qu’un monde meilleur verra le jour
The Palestine Chronicle est heureux de présenter un nouveau poème du distingué poète sud-africain, Rassool Snyman.
Autres poèmes de l’auteur :
Palestine is my
name
Jesus in Gaza