Le Hamas est en fait, avant tout, un parti politique enraciné (par le biais de son assistance sociale constante visant à la survie quotidienne de la population palestinienne) dans l’ensemble des territoires occupés par Israël depuis 1967. En janvier 2006, il a gagné des élections qui ont été unanimement déclarées parfaitement libres et démocratiques par tous les observateurs internationaux; il a alors conquis 76 sièges sur 132, le Fatah n’en remportant que 43. Depuis lors, il a progressivement adopté une position moins radicale que celle prévue dans ses statuts de 1988 (évolution similaire à celle de l’OLP d’Arafat) et si la comunnauté internationale voulait vraiment œuvrer à la paix, elle pourrait parfaitement partir de cette position actuelle.
Qu'on nous permettte de citer deux exemples éloquents:
— le programme électoral de 2006 contient des éléments empruntés aux démocraties occidentales: il affirme le droit des femmes et des minorités, notamment chrétienne; il crée «un médiateur civil»; il proclame «la séparation des trois pouvoirs, exécutif, législatif et judiciaire»; il prévoit la réforme de la magistrature palestinienne du siège et du parquet, s’engageant notamment à interdire «la politisation du Parquet général»; la défense de «la cohésion familiale», la «lutte contre la drogue», «la réforme des retraites» et «la sécurité de l’emploi»…
— le 9 novembre 2008, le premier ministre, Ismaïl Haniyeh, «a déclaré que son gouvernement était prêt à accepter un état palestinien dans les frontières de 1967».
Ce n’est pas rien dans l’optique d’une diplomatie internationale intelligente. Ceux qui dénigrent le Hamas rappellent néanmoins que ce mouvement entend défendre les racines islamiques de la Palestine, et mène, de plus, une lutte armée contre Israël: le premier point devrait être comparé par toute l’Italie républicaine à sa propre histoire, qui est marquée par une longue hégémonie de la démocratie chrétienne, bien qu’on en soit aujourd'hui à débattre des «racines chrétiennes»» du pays; le second point constitue en fait un droit inaliénable des peuples opprimés par une entreprise coloniale quelle qu'elle soit; rappelons que l’ONU affirme systématiquement le droit des peuples soumis à la domination coloniale et étrangère à recourir «par tous les moyens en leur pouvoir, y compris la lutte armée», pour s’en libérer (résolution 3070 de 1973). Les conventions de Genève et les protocoles additionnels de 1977 rappellent, eux aussi, ce droit né en droit et en fait à la grande époque de la décolonisation au XXe siècle.
Israël, pays né lui-même d’une entreprise typiquement coloniale, occupe de plus la Cisjordanie et Gaza depuis plus de quarante ans, malgré des centaines de résolutions qui exigent la fin de son ultra-colonialisme, et ce n’est pas un hasard que Bettino Craxi, alors président du Conseil italien, en soit venu à comparer Arafat à Mazzini dans un discours à la Chambre, le 6 novembre 1985. aujourd'hui, après avoir laissé Arafat complètement seul pendant le long siège israélien de Ramallah, le monde politique italien n’a plus le courage de l’homme de la crise de Sigonella (1985). Reconnaître que le Hamas n’est pas un «mouvement terroriste» mais un mouvement de libération nationale qui se livre, en tant que tel et en toute légitimité, à des actes de terrorisme; que les missiles du Hamas sont une réaction plus que compréhensible à la transformation de Gaza, depuis des années, en camp de concentration inhumain et sous embargo; qu’en conséquence, c'est Israël qui a rompu la trêve… reconnaître tout cela est un préalable nécessaire à une action diplomatique effective et destinée à mettre réellement terme à la crise extrêmement grave en cours.
Sinon, il n’y a qu'une autre issue, que certains pourraient justifier par l’approche des élections israéliennes, et c'est la reproduction en Palestine du modèle irakien, dont les erreurs, aujourd'hui admises par tous, ont provoqué l’échec de Bush et des Républicains aux États-Unis. En effet, derrière la disparition du Hamas souhaitée par des hommes politiques et des ministres irresponsables, c'est le spectre du terrorisme criminel d’Al Quaida qui se dessine, comme en Irak, comme partout où l’on réprime l’islam anticolonialiste et «politique» par la violence. Il est dramatique que si peu d’hommes politiques italiens prennent conscience de ce risque et agissent en conséquence… Et pendant ce temps-là, le peuple palestinien de Gaza quand il n’est pas tué par les bombardements en tapis et l’attaque militaire terrestre d’Israël risque la famine et les épidémies.
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