L'agression contre Gaza n'est que le dernier exemple de ce qu'il considère comme l'échec des stratégies sionistes, constat d'autant plus intéressant
qu'il a écrit les lignes que je vous propose avant même la proclamation d'un cessez-le-feu unilatéral par les terroristes sionistes.
L'article parle de lui-même tant il est clair et argumenté ; des liens dont certains figurent dans la traduction permettent d'ailleurs de vérifier la
pertinence du raisonnement de l'auteur.
Et n'allez pas croire que Stephen M. Walt est hostile à l'entité sioniste. Il cherche en réalité à protéger cette dernière contre elle-même et se
désespère de voir que les USA, son pays, ne trouvent rien de mieux à faire que d'encourager les sionistes dans leur course vers le précipice. Et l'avènement d'Obama au pouvoir n'a
semble-t-il pas provoqué en lui un regain d'optimisme. Il est également soucieux des intérêts de son propre pays qui lui semblent mis en cause par le soutien réflexe des diverses
administrations aux actions, sensées ou non, de la bande qui sévit à Tel Aviv.
Stephen M. Walt dit craindre pour la « démocratie » sioniste. On lui posera quand même la question de savoir s'il craignait pour la démocratie de
Pretoria avant la fin de l'apartheid.
Ceci dit, ce texte est d'un grand intérêt et met la situation actuelle en perspective avec le passé et l'avenir que Stephen M. Walt voit se dessiner
pour l'entité.
Le mythe du génie stratégique d'Israël
Foreign Policy (USA) 19 janvier 2009 traduit de l'anglais par Djazaïri
Beaucoup de partisans d'Israël ne critiqueront pas son comportement, même lorsqu'il se fourvoie dans des opérations brutales comme l'attaque récente contre
Gaza. En plus de leur hésitation compréhensible à dire quoi que ce soit susceptible d'aider les ennemis d'Israël, cette tendance est partiellement fondée sur la croyance que les
responsables politiques et militaires d'Israël sont des stratèges exceptionnellement habiles et réfléchis qui comprennent leur environnement menaçant et ont toute une histoire de victoires
contre leurs adversaires. Si c'est le cas, alors il n'est guère judicieux que des tiers se posent des questions sur leurs démarches.
Cette image du génie stratégique israélien a été cultivée par les Israéliens au fils des ans et semble être un article de foi pour les néoconservateurs et
d'autres partisans extrémistes d'Israël aux Etats-Unis. Elle cadre également très bien à l'image fausse mais populaire de l'Israël comme éternel David faisant face à un Goliath arabe
d'apparence indistincte ; selon cette représentation, seuls de brillants stratèges brillants ont pu être capables de toujours l'emporter sur des armées arabes supposées formidables et
coalisées contre eux.
L'idée que les Israéliens possèdent un sens unique de la stratégie renvoie assurément à un certain nombre de prouesses militaires effectives, dont les
victoires décisives dans la guerre d'indépendance de 1948, la conquête éclair du Sinaï en 1956, la capture très risquée d'Adolf Eichmann en 1960, le triomphe israélien stupéfiant au début
de la guerre des six jours en 1967, et l'audacieuse libération d'otages à Entebbe en 1976.
Ces réussites tactiques s'insèrent cependant dans un cadre plus large, et ce cadre n'a rien de reluisant. Israël a également perdu plusieurs guerres dans
le passé -- aucune d'entre elles n'était décisive naturellement -- et sa capacité d'employer la force pour atteindre les objectifs stratégiques les plus importants a diminué sensiblement
avec le temps. C'est pourquoi les Israéliens parlent fréquemment de la nécessité de reconstituer leur «dissuasion» ; ils se rendent compte que les succès tactiques occasionnels n'ont pas
amené d'améliorations à long terme de leur situation sécuritaire globale. L'attaque sur Gaza est simplement la dernière illustration de cette tendance inquiétante.
Que montrent les données ?
En 1956, Israël, la Grande-Bretagne et la France, avaient passé un accord stupide pour s'emparer du canal de Suez et renverser le régime de Nasser en
Egypte. (C'était après qu'une incursion israélienne contre un camp militaire égyptien à Gaza ait fini de convaincre Nasser de se procurer des armes en Union Soviétique). Initialement, le
premier ministre David Ben-Gourion espérait qu'on permettrait à Israël de conquérir et d'annexer la Cisjordanie, des parties du Sinaï, et des parties du Liban, mais la Grande-Bretagne et la
France avaient vite écarté cette idée. L'attaque qui suivit fut un succès militaire mais un échec stratégique : les envahisseurs furent forcés de restituer les terres qu'ils avaient
conquises tandis que le prestige de Nasser s'accroissait dans son pays et dans le monde arabe, alimentant le radicalisme et aiguisant les sentiments anti-israéliens dans toute la région.
L'épisode avait amené Ben-Gourion à conclure qu'Israël devrait renoncer à d'autres tentatives de repousser ses frontières – c'est pourquoi il était opposé à la prise de la Cisjordanie en
1967 -- mais ses successeurs n'ont pas suivi son sage conseil.
Dix ans plus tard, les politiques agressives d'Israël envers la Syrie et la Jordanie contribuèrent à précipiter la crise qui aboutit à la Guerre des six jours. Les gouvernements de
l'Egypte, de la Syrie, de l'URSS et des Etats-Unis ont également de lourdes responsabilités pour cette guerre, bien que ce soient les responsables Israéliens qui choisirent de la commencer,
quoiqu'ils aient reconnu que leurs ennemis arabes savaient
être incapables de surclasser l'armée israélienne et n'avaient pas l'intention d'attaquer Israël. Plus important, après s'être emparés de la Cisjordanie, du plateau du Golan et de la bande
de Gaza pendant la guerre, les chefs israéliens ont décidé de commencer à construire des colonies et de les incorporer par la suite au «Grand Israël. » Ainsi, 1967 marque le début des projets d'implantations de colonies
par Israël, une décision que même quelqu'un aussi bien disposé envers Israël que Leon Wieseltier avait qualifiée de « gaffe morale et stratégique de niveau historique». De façon
remarquable, cette décision importante n'a jamais a été ouvertement discutée dans la classe politique israélienne.
Les forces israéliennes occupant la péninsule du Sinaï, l'Egypte a lancé ce qu'elle appelait la guerre d'usure en octobre 1968 afin d'essayer de la
récupérer. Le résultat fut un match nul sur le champ de bataille et les deux côtés conclurent par la suite un accord de cessez-le-feu en août 1970. Cette guerre fut cependant un échec
stratégique pour Israël parce que l'Egypte et son parrain soviétique profitèrent du cessez-le-feu pour mettre en place un bouclier de missiles le long du canal de Suez de sorte à protéger
les troupes égyptiennes si elles attaquaient à travers le canal pour reprendre le Sinaï. Les chefs américains et israéliens n'avaient pas perçu cette évolution importante dans l'équilibre
des forces entre Israël et l'Egypte et restaient convaincus que l'Egypte ne disposait d'aucune option militaire. En conséquence, ils ignorèrent les ouvertures du président Egyptien Anouar
es Sadate et ne lui laissèrent guère d'autre choix que d'employer la force pour essayer de déloger Israël du Sinaï. A l'époque, Israël n'avait pas détecté la mobilisation de l'Egypte et de
la Syrie du début octobre 1973 fut victime d'une des attaques surprise les plus réussies de l'histoire militaire. L'armée israélienne s'est par la suite mobilisée et a triomphé, mais le
coût de cette guerre qui aurait facilement pu être évitée fut élevé.
L'énorme faux pas israélien qui suivra sera l'invasion du Liban en 1982. L'invasion était une idée personnelle du ministre de la défense Ariel Sharon, un
faucon, qui avait concocté un plan grandiose visant à détruire l'OLP, à avoir les mains libres pour incorporer la Cisjordanie dans le « Grand Israël » et à faire de la Jordanie un Etat
palestinien. Ce fut une grave faute stratégique : la direction de l'OLP échappa à la destruction et le bombardement de Beyrouth par Israël ainsi que sa complicité dans les massacres de
Sabra et Chatila furent largement et à juste titre condamnés. Et après avoir été d'abord accueillis comme des libérateurs par la population chiite du sud Liban, la longueur et la dureté de
l'occupation israélienne favorisèrent l'émergence du Hezbollah qui devint rapidement un formidable adversaire ainsi qu'une porte d'entrée pour l'influence iranienne à la frontière nord
d'Israël. Israël fut incapable de vaincre le Hezbollah et finit par retirer ses troupes du Liban en 2000, chassée en réalité par la résistance de plus en plus efficace du Hezbollah.
L'invasion du Liban non seulement ne permit pas de résoudre le problème d'Israël avec les Palestiniens, mais elle lui créa un nouvel ennemi qui menace Israël aujourd'hui.
A la fin des années 1980, Israël avait encouragé le renforcement du Hamas – oui, la même organisation que l'armée israélienne cherche actuellement à
détruire – dans le cadre de son effort de longue haleine pour affaiblir Yasser Arafat et le Fatah et entretenir la division chez les Palestiniens. Cette décision a eu également son revers
car Arafat a finalement reconnu Israël et accepté de négocier une solution à deux Etats, au moment où le Hamas émergeait comme un nouvel adversaire dangereux qui refusait de reconnaître
l'existence d'Israël et de vivre en paix avec l'Etat juif.
La signature des accords d'Oslo en 1993 offrit une chance sans précédent de mettre fin une fois pour toutes au conflit israélo-palestinien, mais les
dirigeants Israéliens ne surent pas saisir cette opportunité. Les premiers ministres Yitzhak Rabin, Shimon Peres, et Benjamin Netanyahu refusèrent tous d'avaliser l'idée d'un Etat
palestinien – même Rabin n'a jamais parlé publiquement de permettre aux Palestiniens d'avoir leur propre Etat – et l'offre tardive d'un Etat faite par Ehoud Barak au sommet de Camp David en
2000 n'allait pas assez loin. En tant que ministre des affaires étrangères d'Ehoud Barak, Shlomo Ben-Ami admettra plus tard, « si j'étais Palestinien, j'aurais aussi rejeté Camp David.»
Entre temps, le nombre de colons en Cisjordanie avait doublé pendant la période des accords d'Oslo (1993-2001), et les Israéliens ont construit plus de 250 miles de routes [interdites aux
Palestiniens] en Cisjordanie. Début 2000, Barak fit aussi capoter un traité de paix avec la Syrie qui semblait abouti du moins aux yeux du président Bill Clinton qui avait contribué à le
façonner. Mais quand les sondages laissèrent entendre que l'opinion israélienne pourrait ne pas soutenir l'accord, le premier ministre Israélien devint frileux et les discussions
cessèrent.
Plus récemment, les USA ont fait ensemble de mauvais calculs. Après le 11 septembre, les néoconservateurs aux USA qui poussaient à la guerre contre l'Irak
dès 1988, étaient parvenus à convaincre le président Bush d'attaquer l'Irak dans le cadre d'une stratégie plus large de « transformation régionale. » Les officiels Israéliens étaient
initialement opposés à ce projet car ils voulaient que Washington s'en prenne à l'Iran à la place, mais quand ils comprirent que l'Iran et la Syrie suivaient sur la liste des cibles de
l'administration, ils soutinrent ce plan avec enthousiasme. De fait, des personnalités Israéliennes importantes comme Ehoud Barak, Benjamin Netanyahu et le ministre des affaires étrangères
de l'époque Shimon Peres aidèrent à vendre la guerre aux Etats-Unis tandis que le premier ministre Ariel Sharon mettait la pression sur Washington pour éviter que Bush ne se dégonfle et
laisse Saddam [Hussein] en place. Le résultat ? Un bourbier ruineux pur les Etats Unis et un très net renforcement du rôle stratégique de l'Iran. Inutile de dire que ces évolutions
n'étaient guère dans l'intérêt stratégique d'Israël.
L'initiative ratée suivante fut la décision du premier ministre de l'époque Ariel Sharon d'évacuer unilatéralement tous les colons Israéliens de la bande
de Gaza en août 2005. Même si Israël et ses partisans en Occident ont décrit cette décision comme un geste de paix, cet « unilatéralisme » faisait en réalité partie d'une démarche plus
large pour torpiller ce qu'on a appelé la « feuille de route,» geler le processus de paix et consolider le contrôle israélien sur la Cisjordanie, reportant ainsi «indéfiniment» la
perspective d'un Etat palestinien. Le retrait fut réussi, mais la manœuvre de Sharon pour imposer les termes de la paix aux Palestiniens échoua complètement. Assiégés par les Israéliens,
les Palestiniens de Gaza commencèrent à tirer à la roquette et au mortier sur les villes israéliennes voisines, puis le Hamas remporta les élections législatives palestiniennes de janvier
2006. Cet événement reflétait sa popularité croissante face à un Fatah corrompu et à la poursuite de l'occupation de la Cisjordanie par Israël, mais Jérusalem et Washington refusèrent
d'accepter le résultat du scrutin et décidèrent de renverser le Hamas. Ce fut encore une erreur de plus : le Hamas expulsera finalement le Fatah de Gaza et sa popularité n'a cessé de
croître.
La guerre du Liban de l'été 2006 a très nettement révélé les déficiences de la pensée stratégique israélienne. Un raid transfrontalier du Hezbollah
provoqua une offensive israélienne visant à détruire l'important arsenal balistique du Hezbollah et à contraindre le gouvernement libanais à se retourner contre le Hezbollah. Cependant,
indépendamment de la pertinence de ces objectifs, la stratégie israélienne était vouée à l'échec. Les frappes aériennes furent incapables d'éliminer un arsenal du Hezbollah bien caché et le
bombardement de zones civiles au Liban ne fit que susciter plus de colère contre Israël et rehausser l'opinion sur le Hezbollah dans la population libanaise ainsi que dans le monde arabe et
islamique. Une offensive terrestre tardive ne parvint pas plus à résoudre le problème étant donné que l'armée israélienne pouvait difficilement accomplir en quelques semaines ce qu'elle
avait échoué à faire entre 1982 et 2000. De plus l'offensive israélienne était mal préparée et médiocrement exécutée. Il était également stupide de penser qu'un gouvernement central
libanais fragile aurait pu mettre au pas le Hezbollah ; si cela avait été possible, les autorités de Beyrouth l'auraient fait depuis longtemps. Il n'est pas surprenant que la commission
Winograd (commission officielle constituée pour examiner la conduite de la guerre par Israël) ait critiqué sévèrement les dirigeants Israéliens pour leurs multiples erreurs
stratégiques.
Finalement, c'est la même myopie stratégique qui apparait dans l'attaque contre Gaza. Les dirigeants Israéliens avaient annoncé initialement que leur but
était d'infliger suffisamment de dommages au Hamas afin qu'il ne soit plus en mesure de menacer Israël avec ses tirs de roquettes. Mais ils concèdent maintenant que le Hamas ne sera ni
détruit ni désarmé par leurs attaques et disent plutôt qu'un contrôle plus important empêchera l'entrée clandestine à Gaza de pièces constitutives des roquettes ainsi que d'autres armes.
C'est cependant un vœu pieux. Au moment où j'écris ces lignes, le Hamas n'a pas accepté de cessez-le-feu et continue à tirer des roquettes ; même s'il acceptait bientôt un cessez-le-feu,
les tirs de roquettes et de mortiers reprendront nécessairement à l'avenir. Pour couronner le tout, l'image d'Israël dans le monde a pris un sacré coup, le Hamas est probablement encore
plus populaire et des dirigeants modérés comme Mahmoud Abbas ont été largement discrédités. Une solution à deux Etats – qui est essentielle si Israël veut rester juive et démocratique et
éviter de devenir un Etat d'apartheid – est plus éloignée que jamais. La performance de l'armée israélienne a été meilleure à Gaza qu'au Liban, surtout parce que le Hamas n'est pas un
ennemi aussi redoutable que le Hezbollah. Mais ça n'a pas d'importance : la guerre contre le Hamas reste un échec stratégique. Et avoir infligé un tel carnage aux Palestiniens sans gain
stratégique durable est particulièrement répréhensible.
Dans pratiquement tous ces épisodes – particulièrement ceux d'après 1982 – la supériorité de la puissance militaire israélienne a été utilisée de manières
qui n'ont pas amélioré son positionnement stratégique. Compte tenu de ce bilan bien terne, il n'y a donc aucune raison de penser qu'Israël dispose de stratèges hors pair ou de décideurs en
matière de sécurité nationale qui procèdent régulièrement des choix judicieux et à long terme. En fait, ce qui est le plus remarquable avec Israël, c'est de voir à quel point les
architectes de ces désastres – Barak, Olmert, Sharon et peut-être Netanyahu – ne sont pas écartés de leurs rôles dirigeants mais se voient au contraire offrir une nouvelle chance de répéter
leurs erreurs. Où est la responsabilité dans le système politique israélien ?
Certes, aucun pays n'est à l'abri de la folie et les adversaires d'Israël ont commis de nombreux actes répréhensibles et fait eux-mêmes de nombreuses
erreurs. L'Egypte de Nasser avait joué avec le feu en 1967 et en avait été gravement brûlée ; la décision du roi Hussein de participer à la guerre des six jours fut une bévue catastrophique
qui coûta à la Jordanie Jérusalem Est et la Cisjordanie ; et les dirigeants Palestiniens firent de mauvais calculs et commirent bien souvent des actes brutaux et injustifiables. Les
Américains firent de graves erreurs au Vietnam et plus récemment en Irak, les Français se trompèrent complètement en Indochine et en Algérie, les Britanniques échouèrent à Suez et à
Gallipoli, et les Soviétiques furent sévèrement défaits en Afghanistan. A cet égard, Israël n'est pas différent d'Etats plus puissants : parfois il fait des choses admirables et sages et
d'autres fois il suit des politiques qui sont stupides et cruelles.
La morale de cette histoire est qu'il n'y a aucune raison de penser qu'Israël a toujours bien conçu ses stratégies pour gérer les problèmes auxquels il est
confronté. En fait, le niveau du raisonnement stratégique d'Israël semble avoir beaucoup baissé depuis les années 1970 – à commencer par l'invasion du Liban en 1982 – peut-être parce que le
soutien inconditionnel des Etats-Unis a contribué à couper Israël de certains coûts liés à ses actions, lui rendant plus facile de se laisser aller à ses illusions stratégiques et à ses
fantasmagories idéologiques. Compte tenu de cette réalité, les amis d'Israël – Juifs comme Gentils – n'ont aucune raison de rester silencieux quand il décide de poursuivre une politique
stupide. Et compte tenu que nos « relations spéciales » avec Israël signifient que les Etats-Unis sont invariablement associés aux actions de Jérusalem, les Américains ne devraient pas
hésiter à donner de la voix pour critiquer Israël quand il agit d'une manière qui n'est pas dans l'intérêt national des Etats-Unis.
Ceux qui refusent de critiquer Israël même quand il agit stupidement pensent sûrement qu'ils aident l'Etat juif. Ils ont tort. En fait, ce sont de faux amis car leur silence, ou pire leur soutien automatique, ne font simplement qu'encourager Israël à persévérer dans un cours potentiellement désastreux. En ce moment, Israël devrait écouter des conseils honnêtes et le véritable bon sens voudrait que son allié le plus proche soit capable de les lui prodiguer. Dans l'idéal, le conseil devrait émaner du président, du secrétaire d'Etat et de membres influents du Congrès – qui s'exprimeraient aussi ouvertement que certains politiciens le font dans d'autres démocraties. Mais il est improbable que cela se produise parce que les partisans d'Israël font en sorte qu'il soit impossible à Washington que de soutenir de manière réflexe les actions d'Israël, qu'elles soient sensées ou non. Et ces jours-ci, elles sont rarement sensées.